Récap : 3 ans après la dernière édition, ASOT revenait au Jaarbeurs d’Utrecht pour une édition riche en émotions

La dévouée #trancefamily aura attendu plus de 3 ans pour retrouver son terrain de jeu préféré ! Entre une dernière édition 950 en février 2020 et sa suivante maintes fois reportées (on sait à cause de quoi !), il aura donc fallu patienter bien trop longtemps pour fouler les méga-dancefloors couverts du Jaarbeurs d’Utrecht.

Armin van Buuren retrouvait ainsi son temple local pour célébrer le 1000ème épisode de son radio show ASOT (qui entre temps est passé à l’épisode 1111 la semaine dernière). Une édition passée sous le thème des « Reflets » (Reflexion), thèmatique de la communauté web3.0 récemment créée par Armin et son équipe, et également le nom de l’hymne crée avec le duo allemand Cosmic Gate. Retour en détails sur l’évènement, qui pour la première fois se déroulait sur 2 soirées.

L’hymne de l’édition 2023 d’ A State of Trance

Programmation

Pour éviter de copier coller l’analyse détaillée de la programmation, on vous invite à retrouver le détail complet de notre analyse faite en amont de l’évènement. On ne parlera dans ce récap que des sets auxquels nous avons assisté.

Programmation des deux jours

Vendredi soir : en mode afterwork spécial « Classics »

Pour la soirée before du Vendredi, l’organisation proposait ainsi 2 salles. Une dans laquelle on retrouvait notamment Armin van Buuren pour un extended set de 6h. L’occasion pour la légende hollandaise de retracer ses 20 ans à la tête du radioshow et d’invité pleins d’amis (c’était la promesse faite en amont). L’autre salle proposait une programmation plus pêchue et à tendance uplifting. Une programmation non moins alléchante avec notamment Nifra, Factor B, ou encore Allen Watts. Une salle idéalement située entre les stands de restauration et la mainstage, habile … !

On ne pourra malheureusement débriefer que le set d’Armin sur lequel on est n’arrivé qu’à 21h à cause de la longue route entre Paris et l’hôtel puis le Jaarbeurs. Evidemment énormément d’attente sur ce set. C’est un peu comme aller comme au Vatican pour recevoir la messe du Pape, chaque mot, chaque parole sainte est minutieusement ingérée et décortiquée.

Pour résumer le set, on dira que c’était « très satisfaisant mais …« . Armin a en effet respecté la thématique, une avalanche de classiques et de « fan-service » avec énormément de tubes qui ont fait l’histoire, aussi bien de sa propre discographie que de celle du radioshow. Forcément quand on vit le truc avec ses amis, on se régale de vivre cela ensemble. Ca se sert dans les bras, ça lève les mains ensemble à l’unissoin et surtout ça hurle à tue-tête les paroles (de manière approximative parfois) ! Un bonheur simple, des sensations fortes !

Pour mettre un bémol, on dira qu’Armin ne s’est malheureusement pas aventuré très loin en dehors des sentiers battus sur le choix des morceaux. Ensuite concernant la construction du set, c’était forcément très décousu puisqu’il enchainait tout un panel de morceaux d’époques différentes : 2/3 tracks du début de l’ère trance des années 2000, s’enchainait avec des tracks plus récentes. Forcément, il y une sensation de montagnes russes d’énergie et de qualité de tracks tout au long du set. On aurait alors peut être aimé qu’Armin assume un poil plus le côté « oldschool » ou du moins sur des passages un peu plus longs et cohérents. Mais en même temps, il aurait surement perdu pas mal de monde qui s’est mis à écouter ASOT seulement au tournant des années 2010. Alors difficile de lui en tenir rigueur. Et puis c’est comme la composition des 23 joueurs de l’équipe de France, chacun a sa petite idée sur ce qu’il aurait fallu faire.

Par contre, on nous avait promis beaucoup de surprises, beaucoup de shows, on est resté un peu sur notre faim la dessus. Outre les performances live vocal de Christian Burns et Susana, toujours très bons en live et les semblant de B2B avec Ruben de Ronde, Cosmic Gate, Andrew Rayel, MaRLo et Ben Gold qui ressemblaient plutôt à des « Allez ! Monte sur scène avec moi, bro » qu’à autre chose de plus artistique, ça nous a semblé assez pauvre en guests. Il y avait surement plein d’autres guests iconiques à faire venir sur scène. Armin reste quand même quelqu’un de très influent et de très entouré. Il a collaboré avec un nombre incalculable d’artistes au fil des années.

Rien qu’un petit B2B vinyl avec Ferry Corsten, nous semblait être une bonne idée pour pimenter la soirée ou encore un petit clin d’oeil à son acolyte de studio Benno de Goeij, du duo Rank 1, pourtant son collaborateur légendaire depuis plusieurs années…On ne sait pas comment analyser cela, était ce voulu par Armin ? On a malheureusement du mal à se dire qu’Armin et son équipe ont mis 100% le paquet sur cette performance du vendredi soir. Comme un petit goût d’inachevé. En tout cas, à la lecture des visages et des commentaires en sorties du Jaarbeurs la grande majorité était repartie content du Jaarbeurs, remontée comme des coucous pour la grosse soirée qui s’annonçait le lendemain.

Samedi soir : Une programmation de mainstage renouvelée, 5 scènes très diversifiées.

Le samedi, c’est le grosse nouba ! Les 5 salles habituelles de l’immense complexe du Jaarbeurs ouvraient leurs portes. Mais c’est aussi et malheureusement le temps des décisions et on n’oublie jamais que choisir, c’est renoncer ! Beaucoup d’artistes que nous n’aurons pas la chance de couvrir, et on choisit même volontairement de ne pas voir Armin ce soir là (trop de monde, vu la veille, replay disponible après l’évent) pour se concentrer sur des artistes qu’on ne voit pas forcément tout le temps. On avait évidemment préparé un programme qu’on a pu suivre qu’à moitiers, tant le Jaarbeurs est vaste, tant certains sets méritent de rester plus longtemps que d’autres, tant l’inverse est possible également …

On a commencé la soirée avec l’ami Ruben de Ronde, toujours cantonné à son rôle de warm-uper VIP mais qui correspond toutefois bien aux gouts du principal intéressé. Avec une playlist très coloré de progressive house / progressive trance, il a notamment joué son dernier EP « Raid » en collab avec atDusk, véritable missile électro-progressive ! Moment sympa avec la montée de Roger Shah puis de Ben Gold sur scène pour jouer en exclusivité des collabs ID savoureuse.

On est ensuite resté pour AVIRA, (ex-Assaf) qui aura régalé ce début de soirée avec ses inspirations mélodic-techno et oser quelques remix personnels de « trance-classics » comme « Gaia – Tuvan » ou encore « Silence ». Une première mainstage très réussie pour le natif de Toronto, qui aura servi de rampe de lancement parfaite pour ARTBAT. Le, normalement, duo ukrainien, solo pour l’occasion à cause d’un problème important de santé d’un des membres, fut la véritable sensation de la soirée. On connait leur appétence pour les productions simples et progressives, les kick-basses roulants et le sound-design des drops particulièrement léchés.

Vu du public

Dans l’enceinte du Jaarbeurs, avec le gros sound-system et le gros show ce fut une véritable claque. Notamment ce moment sur la collaboration Artbat x Guetta x Idris Elba « It’s Ours » qui est un véritable banger hybride techno-trance (incroyable et impensable de dire ça quelques années plus tôt). On s’est vraiment envolé sur ce drop mais sur pas mal d’autres aussi. Malgré un mix assez oldschool dans la manière (mix intro sur les outro qui manquent un peu d’énergie et de panache), la qualité des prods est venue faire oublier tout ça. C’est clair, on a pas pu décoller de l’heure et demi de set. Un véritable pari gagnant pour Armin et sa team d’avoir misé sur ce groupe.

Difficile ensuite de se remettre de ses émotions, on est parti retrouver Ben Gold sur la Sphère qui envoyait quelques uns de ses meilleurs titres euphoriques trance (I’m In A State Of Trance (ASOT 750 Anthem) ou encore City Sleeps Tonight) avant que Giuseppe Ottaviani ne reprenne le relai avec son live 3.0. Teinté de rythmiques infusées de techno ou de psy-trance et de grosse mélodies anthémiques, il a comme a son habitude régalé le public. On a notamment eu le droit à la toute première écoute de sa collaboration inattendue avec ilan Bluestone. Un morceau qu’ils avaient teasé sur les réseaux sociaux quelques jours avant. Un set toujours très diversifié dans les inspirations (remix de Top Gun pour commencer le set, ou de Guru Josh Project pour le terminer pour vous donner une idée). L’italien va chercher des inspirations là où on ne l’attend pas.

On a ensuite fait un petit détour sur la scène Oval. On a ainsi retrouvé la sensation Pretty Pink, pour mettre un peu de paillettes roses et de progressive house de qualité dans nos vies ! La DJ allemande possédait une foule assez conséquente devant elle, preuve de sa bonne réputation actuelle. On est arrivé lorsqu’elle jouait un remix de Miley Cyrus – Flowers, intéressant, pourquoi pas ! Puis elle a repris le fil en envoyant ses productions galopantes récentes sorties sur son label Deep Woods.

On a filé rapidement pour voir le début de Ferry Corsten, le magnifique, l’éternel et aussi dernier survivant des artistes historiques de la scène trance sur la mainstage (Paul Van Dyk, Markus Schulz, Aly & Fila …?). Il faut dire que Ferry reste le co-animateur désormais d’ASOT avec sa résidence mensuelle. Entrée en matière parfaite puisqu’il a démarré avec le banger de Matt Fax « Energy » avant d’inviter l’artiste ukrainien Cubicore sur scène. On quitte la scène lors de la transition entre le dernier remix de Burma d’Anamé et la track de Bicep – Water. Décidément Ferry s’est diversifié et s’est assagi… Peut être un poil trop pour un set peak-time à 3h du matin. Un placement plus tôt dans la soirée aurait surement été plus adapté.

La fatigue commençait à frapper, c’était l’heure d’aller se faire un petit café et d’apporter un soutien psychologique à notre frenchy star de la soirée aka Matt Fax. On le suivit sur scène et on resta avec lui finalement tout le set. Notre valeur sûre de la scène progressive, parfois attiré par le côté obscur de la force (la techno) délivra un set de qualité dans lequel on retrouva quelqu’uns de nos banger préférés comme « Collide », « Close My Eyes ». Il surprit également avec quelques nouveaux remix également comme le classic « Rank1 – Beats at Rank1dotcom » ou encore un vieux Tiesto « The Love We Lost ». Matt a clairement sorti ça de ses archives. Le tout avant de clôturer le set sur un remix de Prodigy – Smack My Bitch Up (Noisia Remix), on était clairement pas prêt.

La fatigue se fait sentir et on reste encore un chouïa sur MaRLo qui tabassait sévèrement la mainstage et envoyait même des gros piep-kicks. Définitivement on avait plus assez de juice ni d’envie pour prendre cette avalanche de kicks. Par contre, le set semblait intéressant et unique, à réecouter en replay donc ! 5h15, fin du game, on quitte le Jaarbeurs. On en profite pour attraper la crève … Dank u well !

Scènes

Mainstage

Toujours très impressionnant de se trouver dans la salle principale du Jaarbeurs, c’est quelque chose de fort à vivre ! Une capacité d’environ 20 000 personnes à elle seule, absolument immense !

Pour cette édition, le thème du « reflet », du « réfléchissement » était traduit sur la mainstage par une installation métallique conséquente et rectiligne sur toute la superficie du Jaarbeurs. L’ensemble de la structure venait s’éclairer de nombreux tube LED et de lights multicolores et sobres. Sur scène, un immense bandeau réfléchissant était installé et renvoyait des reflets des DJs vers le public. Au dessus, un immense bandeau d’écrans led venait se développer sur toute la surface du Jaarbeurs.

Evidemment quelques lasers venaient arrosés le public à partir des horaires de peak-time. A première vue, la déco de la mainstage rendait mieux en livestream qu’en vrai, la structure venait complexifier la lecture et la scène difficillement compréhensible. On voyait difficillement le DJ exécuté son set. De loin dans les estrades et en hauteur, le rendu était cependant meilleur … mais loin. Un peu dommage comparé aux années précédentes qu’il n’y avait pas de structures mécanisées, cela permet de varier les thèmes et les ambiances pendant la soirée.

Vu depuis le VIP

Sphère

Deuxième salle la plus grande du complexe, la Scène Sphère venait donner sens à l’ensemble des noms des scène du festival. En effet, on retrouvait tout un ensemble de petites boules led lumineuses et mécanisées. Un clin d’oeil à la mainstage de l’édition 950 !

Giuseppe Ottaviani et son set-up live 3.0 sur la scène Sphère

Cube

Autre clin d’oeil à une ancienne mainstage, la décoration de la scène Cube et ses éléments Led en forme de rectangles mécanisés rappelaient la scénographie de la mainstage de l’édition 900

Craig Connellu sur la scène Cube

Line

Autre flashback à l’édition 800, la décoration de la scène Line faisait part belle à des élégants tubes led disposés autour du Dj Booth.

Bogdan Vix sur la scène Line

Oval

Seule scène ouverte les deux jours avec la mainstage, la scène intimise Oval proposait de nombreux écrans led disposés tout autour de périphérie de la scène.

Nifra aux commandes de la scène Oval

Bonus : une scène cachée pendant la soirée !

Située entre la line et la cube, une scène secrète brandée par la marque de boisson houblonné Heineken surprenait les quelques personnes qui avaient suivi les annonces sur les réseaux sociaux. On y aura retrouver des sets exclusifs d’Armin van Buuren, Ruben de Ronde, Ferry Corsten, Factor B, Nifra ou encore W&W alors qu’ils ne jouaient nulle part ailleurs ce soir là. Un petit bonus appréciable d’autant qu’il n’y avait pas le fameux Radio Dome cette année .

Les W&W ont surpris de leur présence dans la scène secrète.

Organisation

Sans vouloir épiloguer ou faire des redites avec ce qu’on sait déjà, niveau organisation ALDA c’est du solide. Aussi bien en amont de l’organisation où l’on est mis au courant de l’ensemble des informations nécessaires que pendant la soirée avec des stands de boissons et de nourriture en quantité suffisante, les petits stands de merch et de protection auditive, bref tout est fait pour que l’expérience se passe au mieux.

Petit bémol sur la qualité du son le vendredi soir, aussi bien sur la mainstage que sur la scène Oval, et surtout sur la scène Oval. Sans bouchons d’oreilles c’était acouphène au bout de 2 minutes, beaucoup trop d’aigus, un son très froid. Sur la mainstage, on se dit que c’était également dû au fait qu’Armin envoyait des tracks plus anciennes donc moins bien mixées / masterisées que maintenant. Bien rattrapé le samedi, la qualité du son paraissait de très bonne qualité sur l’ensemble des scènes. Une qualité à analyser avec la galère que cela doit être de sonoriser des espaces aussi grands et principalement fait de béton et d’acier… Bien joué là dessus !

Ambiance

Quel plaisir de revoir la #trancefamily dans son enceinte mythique ! Beaucoup de T-shirts ASOT ou Armin mais également beaucoup de gens qui soutiennent leurs artistes favoris ou bien représentent leur #trancefamily nationales ! Comme dans la scène Hard, les fans représentent leurs couleurs et ça fait plaisir ! L’ambiance est très bon-enfant, good vibes. Le public trance, qui est habituellement d’une moyenne d’âge plus élevée, sait bien se tenir mais n’en est pas pour autant « boring », et les hollandais savent organiser et faire la fête depuis des décennies désormais. Le public semblait toutefois se rajeunir par rapport aux années précédentes, une lueur d’espoir pour le renouveau de la scène ? « En tout cas, on te le souhaite ! »

Niveau ambiance, avec la soirée spéciale « classique » le vendredi soir, on ressentait forcément plus de frissons et d’énergie que la soirée du samedi. Normal quand l’ensemble de la mainstage reprend à tue-tête les hymnes de la trance des 20 dernières années (le moment sur « Light Between Us », j’en ai encore des frissons). Les sets du samedi ont reçu dans l’ensemble également de très bonnes réactions mais il s’agit souvent pour les DJs de présenter leurs nouveautés, donc des morceaux que les fans ne connaissent pas forcément tous encore. On a toutefois ressenti une belle énergie sur les sets des plus petites salles, peut être plus intimistes. Si on avait su pour la scène cachée, je pense qu’on aurait pas hésité à y faire un tour également. Preuve qu’il ne suffit pas d’aller sur la mainstage pour passer une excellente soirée !

Conclusion

Les années passent mais un ASOT au Jaarbeurs reste un évènement incontournable de l’année pour les amoureux de Trance & progressive, mais aussi pour les curieux. La variété et la richesse de la scène font qu’il est possible d’y trouver pour ses goûts. Niveau musique, on s’est régalé bien qu’on ressent que la scène trance est de plus en plus « contaminé » par les rythmes plus lents de la Mélodic-techno et de la Future Rave ou encore par les kicks plus percutant de la Techno. Les choix d’ARTBAT et d’Enrico Sangiuliano sur la mainstage ne sont pas anodins. Les prochaines années s’inscriront très probablement dans cette tendance. Il faudra toutefois écouter plus de sets qui ont été joués dans la soirée pour prendre le pouls plus global de la scène.

Avec 2 ans de décalages successifs, niveau show, on ressort du Jaarbeurs avec un sentiment toutefois mitigé. On sait que les années ont été compliquées chez ALDA mais attention toutefois à conserver un niveau d’investissement (et de passion peut être ?) constant pour maintenir vivant et passionnant cet évènement si particulier.

L’absence du radio-Dome cette année (et donc pas de live stream et peu d’activités et de vie au sein du Jaarbeurs), une décoration de la mainstage un peu moyenne, les intros des DJs assez courtes et bâclées, il en faudra plus niveau show les années prochaines pour retrouver un niveau de production digne des années précédentes et qui ne crée pas de lassitude chez un public connaisseur et exigeant. Bon point à conserver si toutefois c’est possible, le format sur 2 soirées aux horaires différentes était vraiment très appréciable pour profiter d’un long weekend de Trance mais aussi de détente à Utrecht ! See you next year en tout cas, les réservations ont déjà commencé pour 2024 !