Le phénomène Afterlife a régalé Paris la Défense Arena

Sébastien Pelissier

L’un des labels les plus en vogue du monde de la musique électronique était ce samedi dans la plus grande salle de concert d’Europe, Paris la Défense Arena. Afterlife, c’est ce fameux label Melodic Techno très populaire créé par le duo italien Tale Of Us. Si vous suivez quelques artistes de ce registre musical, vous avez forcément vu passer des shows avec des visuels impressionnants, diffusés sur des écrans gigantesques. Les soirées Afterlife ont lieu absolument partout dans le monde, et c’est un véritable carton à chaque représentation.

Pour cette première date à Paris et à la Défense Arena, la programmation est très très costaud : Tale Of Us, Argy, Cassian, Recondite (Live) et Olympe. Mais aussi 2 shows spéciaux des maîtres des lieux, avec Anyma presents Genesys et MRAK presents We Don’t Follow. C’est parti pour notre récap complet de l’événement.

Un format quasi jamais vu sur Paris

Ce n’est pas tous les jours que la musique électronique s’installe dans la plus grande Arena d’Europe et ce jusqu’à 5h du matin. Après DJ Snake en février 2020 puis la soirée Techno VISIV en mars 2022, c’était seulement la troisième fois qu’un événement électro se déroulait dans l’immense Paris La Défense Arena. Mieux encore, c’était seulement la deuxième fois qu’un événement se déroulait sur l’entièreté de la nuit dans l’Arena, après VISIV. En effet, voir une soirée jusqu’à 5h du matin dans l’une des arenas de la capitale est assez rare (la prochaine sera d’ailleurs DJ Snake à l’Accor Arena en after de son show au Stade de France).

La soirée VISIV était à moitié capacité alors que Afterlife a réussi à reunir 40000 personnes. D’ailleurs le format 19h jusqu’à 5h du matin était également tout nouveau : 10h de fête, du jamais vu pour une arena, ce qui pouvait en partie expliquer le tarif de l’entrée, 100 euros en fosse et 140 en catégorie Or, un prix très élevé pour une musique qui vient à la base de l’underground.

https://twitter.com/ParisLaDefArena/status/1779242039391015212

Le public, parlons-en. 40000 personnes présentes, mais qui-étaient-elles ? Premièrement, on y a découvert un public très étranger avec énormément de nationalités, la France étant la seule date Afterlife en Europe avant cet été (Barcelone mi juin et deux dates au Théâtre Antique d’Orange). Énormément d’espagnols, d’anglais ou encore d’allemands. La communauté Techno et Melodic s’était donc réunie en masse à Paris pour cette date emblématique. Mais ce n’est pas tout. On retrouvait également de nombreuses personnes ‘novices’ dans la Melodic Techno venus découvrir pour la première fois le phénomène Afterlife. Une moyenne d’âge d’environ 30/35 ans, un public un peu plus âgé que la communauté EDM classique.

Une immersion visuelle toujours aussi impressionnante

Côté scénographie, sans grande surprise, un immense écran LED arborait la Défense Arena au niveau des artistes. C’est la fameuse particularité du label : miser sur les visuels. Il y a peu d’artistes sur la planète qui sont plus connus par leur visuels que par leurs musiques. Demandez à toutes les personnes présentes à la soirée de vous sortir un titre de Tale Of Us, très peu réussiront. En revanche, tout le monde connaît leurs visuels, et beaucoup sont venus pour les observer.

https://twitter.com/1001TLtv/status/1779479879060258898

Car c’est vrai que le show visuel est une vraie claque, notamment sur Anyma et Tale of Us (on en reparlera par la suite). Très peu d’artistes investissent autant sur la partie visuelle : Eric Prydz, Excision et Afterlife sont les maîtres en la matière. La très grande majorité des scènes visuelles proposées dans ce show sont absolument incroyables de réalisme et de beauté. Des scènes 3D d’une très grande qualité qui apportent un vrai plus à l’univers Afterlife dans son ensemble. Après, le visuel ne fait pas tout, la musique aussi est importante, et pour le coup, il y a eu à redire sur cette soirée.

Anyma au top, MRAK très en dessous

Malheureusement avec la gestion du Before que nous avons organisé juste en face de l’Arena, nous sommes arrivés sur place à minuit, et n’avons donc pu profiter que des sets de MRAK, Anyma et Tale of Us. Et à la vue de ces 3 sets, ce qui ressort et qui était évident aux yeux de tout le monde : le projet Anyma est de très très loin le projet le plus construit de l’univers Afterlife.

Tout est au top dans le set d’Anyma. C’était musicalement très bon : une intro sur le fameux remix de Massano, ses nombreux hits notamment ‘Eternity’ avec Chris Avantgarde ou encore ‘Syren’ avec Rebuke, son titre très attendu avec Rüfus Du Sol ou encore sa toute nouvelle collaboration avec sa compagne Grimes (ex de Elon Musk) intitulée ‘Taratata’. Un vrai voyage musical qui nous a fait vibrer pendant 1h30. Bon gros kiff. Et la partie visuelle était tout aussi exceptionnelle : de loin les plus beaux tableaux de la soirée. Mention spéciale pour celui de son intro.

Et la différence avec MRAK, passé juste avant lui, était abyssale. Le show de MRAK était tout sauf bon. C’était musicalement lent, mal mixé et techniquement très limité. On a même trouvé le temps long sur son set. De nombreuses personnes se sont même assis en fosse. Sur l’un des artistes principaux de la soirée, ça fait mal. Et la partie visuelle n’en parlons pas : que se passe-t-il pour qu’il ait une telle différence de qualité entre Anyma et MRAK ? Les tableaux de MRAK étaient cheaps, mal terminés voire pixelisés à certains moments. Un gouffre entre les deux. C’est peut-être une volonté de sa part de partir sur un projet plus ‘brouillon voire underground’ mais dans ce cas là, il faut nous expliquer pourquoi.

Le set de Tale of Us était quant à lui un vrai mix des deux univers que sont Anyma et MRAK. Malheureusement, à partir de 4h du matin, la salle s’est considérablement vidée. Il faut dire que pour ceux qui sont arrivés à 19h ou 20h, la soirée commençait à être longue. À noter cette sublime scène de fin avec l’arrivée du logo Afterlife et de l’Arc de Triomphe accompagné du titre ‘Proper Education’ d’Eric Prydz et des Pink Floyd. Magnifique !

Sébastien Pelissier

Quelques couacs dans cette grande fête

Une fête aussi grosse ne vient jamais sans quelques problèmes, forcément. Les premiers côté organisation : beaucoup (beaucoup) de monde aux toilettes femmes côté fosse avec une queue de presque 100 mètres, les TPE de la moitié des bars ne fonctionnaient pas pour payer par carte. Mais à la limite, on s’adapte. Les vrais gros problèmes sont venus côté scène.

La gestion du son a été plus que compliquée tout au long de la soirée. Impensable selon nous de faire une soirée à 40000 personnes avec une entrée à 100 euros et de ne pas réussir à avoir un son d’une qualité parfaite. Là on en était très loin. De gros problèmes de gains et des mix de balances en fonction des sets et même des titres. Même problème pour le micro utilisé. La fin de la soirée a aussi été marqué par une utilisation très importante des lumières blanches qui gâchaient grandement le show.

Une soirée parisienne qui restera dans les mémoires

Malgré quelques loupés, l’expérience Afterlife à Paris aura été une réussite, et un très bon essai pour le lieu. Faire des soirées format club dans la plus grande salle d’Europe, c’est possible. On est également, en tant que média de musique électronique, ravi de voir que ce genre d’événements ramène autant de monde en France.

Maintenant, il ne faut pas que le projet Afterlife se reposent sur ses lauriers et qu’il réussisse à se renouveler. Car le vrai risque derrière le concept, notamment visuel, c’est qu’il s’essouffle, les gens finissant par s’en lasser. Hâte de voir comment les deux italiens et leur équipe vont réussir à faire évoluer le projet dans les années à venir. Maintenant, on vous donne rendez-vous au Théâtre Antique d’Orange fin août pour deux nouvelles dates du projet Afterlife en France.

Créateur de Guettapen et passionné de musiques boom-boom depuis plus de 20 ans.