Defqon.1 2023, une édition en dents de scie

L’édition 2023 de Defqon.1 est terminée ! Après plus d’un an d’attente, les « weekend warrior » ont quitté la capitale de la Hard Music, Biddinghuizen. Alors que penser de cette édition ? Énormément décriée sur les réseaux pour plusieurs aspects, retour sur notre propre expérience de cette édition 2023.

La programmation

Une fois n’est pas coutume, la programmation de Defqon.1 était tout simplement gargantuesque. Avec le passage à 4 jours de festival depuis l’édition 2022, presque l’intégralité des artistes de Hard Music étaient présents. Nouveauté 2023, deux nouveaux styles de musique faisaient leur apparition sur la journée du vendredi, de quoi grossir le line-up avec des artistes d’autres horizons. Avec l’ajout de la scène Green (Hard Techno) (en remplaçant la Silver, Industrial) et la Orange (Psy Trance) en remplaçant de la Purple (nouveau talent), impossible de s’ennuyer. Bref, la programmation était excellente. Il manquait certes quelques DJ reconnus (Radical Redemption ou Noisecontroller pour ne citer qu’eux), mais ça serait chipoter.

La chose qui nous a le plus dérangé, c’est la présence de Sefa sur énormément de sets, malheureusement tous payants, chose que nous avions déjà évoqué dans un article à retrouver ici. Mais devoir payer 15€ pour une heure de set après avoir déjà déboursé 250€ pour un billet 4 jours, c’est une certaine somme. On peut aussi évoquer un vrai manque de B2B sur l’ensemble du week-end. Avoir quelques B2B un peu plus loufoque serait une bonne idée pour le futur.

Le lieu – les scènes

Voila l’un des points les plus marquants de ce week-end. Après une année 2022 tout simplement incroyable au niveau des scènes, l’année 2023 a été une douche froide pour beaucoup de monde. Première scène que nous avons pu apercevoir une fois arrivé le jeudi soir, la fameuse Blue (Raw Hardstyle). Pour les néophytes, seules quelques scènes sont ouvertes pour la première journée réservée au campeur. La Blue est alors la plus grosse scène du festival ouverte à ce moment là. Mais le premier hic arrive très vite. Exit les énormes structures de lumières au plafond. Cette année, la scène paraissait vraiment plus cheap que les années précédentes. Heureusement pour nous, le light show était très bon. Heureusement, la Black Stage et son Hardcore étaient une vraie réussite, avec cette fois, les fameuses structures au plafond.

Autre gros point de discord, la Red aka mainstage. Si Defqon nous habitue depuis des années à des mainstages très impressionnantes, la scène de 2023 a fait beaucoup parler. La scène étant encore inaccessible le jeudi soir, c’est le vendredi à partir de 13h que la découverte se fait. De notre côté, nous étions légèrement déçus au tout début. C’est au fur et à mesure du week-end que nous avons commencé à l’apprécier. La scène était quand même vraiment massive (au moins 45 mètres de hauteur) et surtout regorgée de petits détails un peu partout. On est loin de la scène 2022, mais elle restera tout de même une très belle scène à nos yeux.

Autre scène légèrement décevante, la UV (Live stage et Hardstyle). Reprenant d’anciens décors d’autres événements Q-Dance, la scène reprenait des pyramides pouvant faire référence aux illuminaties. La scène n’étant pas non plus spécialement moche, mais beaucoup plus simpliste comparée aux éditions précédentes. La Yellow et ses sons les plus violents était elle encore un peu plus grande que l’an dernier, preuve que l’uptempo ou la terror prennent une place de plus en plus importante dans la Hard Music. Les autres scènes n’ont pas réellement bougé. La Silver restait la même au bord du lac, la Purple a bougé de place (et c’était une très belle scène !). Quant à la Indigo, elle gagnait en espace mais restait globalement similaire aux autres années.

Point positif du festival tout comme l’année dernière, les différentes activités un peu partout lors du festival. On retrouvait une nouvelle fois des scènes secrètes un peu partout avec parfois des sets d’artistes très connus comme Korsakoff pour Dominator. Mention spéciale à la scène Shitty Poop dans les toilettes près de la black, un gros moment de n’importe quoi. Le coin chill a aussi bien évolué et était très joli, tout comme celui derrière le lac. Avec ses différentes foodtruck et ses hamacs, le coin nourriture derrière le lac était un véritable petit coin de calme. Nouveauté aussi, l’ouverture du lac et la baignade pour les journées très chaude. On se rappelle que les années précédentes, la baignade était interdite.

L’organisation

Voilà le (très) gros point noir de cette édition. Si déjà l’an dernier, on avait pu apercevoir quelques couacs, l’édition 2023 n’aura pas corrigé ses problèmes, pire encore, ils se sont empirés. Premier point, l’attente de plus de 4h pour arriver aux parkings. Avec plus de 40 événements à travers l’Europe, nous n’avons jamais eu autant d’attente pour simplement rentrer sur un parking. Ce point noir nous a fait raté la majeure partie des sets du jeudi soir étant donné que nous sommes arrivés sur le camping à 19h. Autre point noir à la suite de ce dernier, le manque de place dans le camping. A Defqon.1, les gens s’installent un peu où ils veulent sans vraiment se soucier de la place qu’ils prennent. Et il n’est pas rare de voir certaines personnes prendre de la place pour 10 alors qu’ils sont seulement 4.

Avec ce manque de réglementation, les gens s’installent sur des zones non conçues pour les campeurs dû au manque de place. De notre côté, nous nous sommes retrouvés au camping 0, censé être réservé à des gens qui ont payé plus chère. Le tout à cause des campings pleins ailleurs. Et ce même camping l’était quasi tout autant. Courage à ceux arrivés le vendredi.

Et comme les points noirs au camping ne s’arrêtent pas ici, on continue avec sûrement la chose la plus énervante, les sanitaires. C’est simple, il n’y avait pas un moment dans la journée sans file d’attente pour les toilettes. Même à 05h du matin, il y avait du monde tellement les sanitaires étaient peu présents au camping. Et ses mêmes sanitaires étaient parfois en très mauvais état voire ne fonctionnaient plus du tout. Comment un festival comme Defqon.1 peut autant négliger l’un des points les importants dans un festival ? Même point avec les douches, malgré les douches froides (vraiment très froide) gratuite, les douches chaudes étaient payantes pour 1 token (3,80€). Le prix étant quand même vraiment très élevé, on s’attend à un minimum de standard, mais non. En plus d’attendre 30 minutes, vous aurez une douche avec un débit abominable.

Des prix trop haut ?

On l’a évoqué un peu plus haut, mais le prix des tokens a encore évolué. Passant de 3€60 à 3€80, le prix suit la logique de l’inflation. Le problème c’est que les prix deviennent vraiment insupportables sur certains produits comme la bière (25cl pour un token) ou encore des frites (2 tokens, soit 7€60). Beaucoup de gens font donc l’impasse. De même, Q-Dance commence vraiment à tout faire pour gagner le moindre euro comme les sets de Sefa, les différentes attractions à des prix astronomiques (quasiment 8€ un tour de manège ou 90€ le saut à l’élastique). Tomorrowland est un festival cher, mais avec les prestations que le festival nous propose ce n’est pas forcément un problème. Et il est là le problème de ce Defqon.1, les prix évoluent énormément sans forcément proposer quelque chose qui le justifie.

Outre ses points négatifs, il y a quand même beaucoup de bonnes choses. Les temps d’attentes aux bars/points de restaurations sont corrects, de même pour rentrer sur le festival ou sur les différentes scènes. Les afters étaient aussi plus nombreux. Certes toujours en silent disco, mais au moins présents jusqu’à 03h du matin. Exception pour le vendredi et samedi avec la Blue jusqu’à 1h30. Changement aussi à ce niveau là, avec le déménagement des silents disco à travers le camping. Elles étaient présentes dans le camping 0, 5 et dans le Wasted Land. La Silver aussi proposait un after silent disco, de quoi avoir énormément de choix, un très bon point. L’indigo était une nouvelle fois ouverte le jeudi tout comme la Magenta pour une scène entièrement en silent disco (comme ses afters). C’est une très bonne chose, car le festival évolue musicalement, mais c’est au détriment de la qualité de vie qui devient vraiment pénible à Defqon.1.

L’ambiance

C’est sûrement le point qui bouge le moins, mais l’ambiance à Defqon.1 est toujours incroyable. Comme dans n’importe quel festival de Hard Music, les gens sont toujours très heureux de revenir fouler les terres de Defqon.1. L’ambiance au camping peut même être trop présente avec certaines personnes qui n’hésitent pas à ramener des enceintes portables de plus en plus grosses et fortes. C’est simple, à certains endroits le son ne s’arrête jamais.

On retrouvait comme chaque année énormément de gens déguisés et ceux même avec les fortes chaleurs que nous avons pu avoir, chapeau à eux. En dehors de tout ça, on a pu malgré tout voir quelques problèmes dont un qui prend trop d’ampleur. Nous n’avons pas été témoins direct ou même victime de ce problème, mais même à Defqon, on retrouve des personnes qui mettent des choses dans les verres. Certaines personnes ayant même été victime de piqûres… un grave problème qui dépasse les limites de la Hard Music.

Les sets

Geck-O

Voici l’artiste le plus productif du week-end. Geck-O n’était pas présent pour seulement 2 – 3 sets, mais bien 8 ! Et en plus, ils étaient gratuits… Bref ! Si l’artiste a comme l’année dernière comblé quelques trous, il était aussi bien présent pour des sets travaillés et différents tout au long du week-end. C’est pourquoi on ne parle pas d’un set en particulier, mais d’un ensemble. Sur les 8 performances, nous avons pu en voir 6. Que ce soit sur la mainstage, la green, les afters ou encore la Magenta en B2B avec Thera, chaque set était différents avec sa propre vibe. Cerise sur le gâteau, l’énorme ID qu’il nous a sorti. Joué pour la première fois à l’after du jeudi, Geck-O l’a rejoué à plusieurs reprises dont les deux fois où il a eu les commandes de la mainstage. Sortie prévue dans l’année, confirmé par Geck-o lui même.

Rooler

Difficile de passer à coté du phénomène Rooler tant l’italien prend une place importante dans le monde de la Hard Music. Présent pour deux sets dont l’un avec Sickmode avec ‘The Gang‘ sur la mainstage (nous n’étions pas présents), Rooler a pu se défouler en solo sur la Blue samedi en fin de journée. Un set totalement fou qui a su convaincre une scène qui s’est bondée à l’arrivé de l’artiste. Outre énormément de musiques de sa tracklist jouée, on a pu entendre un remix de la fameuse ‘Drugs From Amsterdam’ de Mau P ou encore un édit de la délirante ‘Hammertime’ à plus de 200 BPM. Une nouvelle fois, nous ressortons d’un set de Rooleur comblé, une valeur sure.

The Prophet

C’était le dernier set de The Prophet à Defqon.1. Après une carrière de plus de 30 années, le néerlandais avait indiqué qu’il tirait sa référence. Considéré comme l’un des créateurs du Hardstyle, il est aussi le créateur du célèbre label Scantraxx. Pour sa dernière, The Prophet et Q-Dance nous auront permis d’avoir l’un des meilleurs sets du week-end. Aussi bien musicalement, avec des classiques du néerlandais comme ‘Wake up’ ou encore la fameuse ‘Listen To Your Hardcore’, qu’au niveau du show avec des feux d’artifices tout au long du set. Sans oublier, la montée de plusieurs fans pour célébrer le set. Merci encore The Prophet et bonne retraite.

Conclusion

Defqon.1 2023 se termine sur une très bonne note tout de même avec ce très bon set de The Prophet et son dernier endshow. Malheureusement, le festival a souffert de plusieurs gros problèmes qui font tache pour un événement de cette envergure. Si l’on peut en pardonner certains sous fond d’inflation, certains sont inacceptables et viennent donner une mauvaise image. Pourtant, Defqon.1 est l’un des festivals les plus en vue ces dernières années. L’Intents Festival qui vient de se terminer au début du mois commence à rattraper son retard, tout comme Decibel, deux mastodontes avec une popularité de plus en plus forte.

Outre les problèmes, Q-Dance nous a quand même donné une très bonne édition. La Power Hour était totalement dingue, surtout avec l’avion de voltige. Les endshows, signature de Defqon.1 étaient à la hauteur et les sets ont su nous régaler. On ne sait pas si on reviendra en 2024 à cause de tous ses problèmes, mais on espère que Q-Dance saura les résoudre dans le futur.