Habstrakt vous fait voyager dans son univers avec la sortie de son premier album

Si vous êtes des lecteurs assidus de Guettapen, vous connaissez probablement déjà Habstrakt. Mais commençons par réintroduire un peu la carrière de Adam, avant de se pencher sur cet album. Originaire du sud de la France, Habstrakt a commencé à se faire connaitre vers la fin des années 2010. D’abord dans le dubstep. C’est sur le label Never Say Die qu’il commence par faire ses armes. Il devient vite un collaborateur régulier d’artiste comme Eptic. Mais c’est en étant l’un des premiers à s’orienter vers ce qu’on appelle aujourd’hui la Bass House qu’il explose véritablement. Comme il nous l’expliquait en interview en 2019 (vidéo ci-dessous). Cette montée en flèche lui a permis de faire partie de ces artistes français partis chercher le succès aux Etats-Unis. Mais également de collaborer avec Skrillex pour son plus gros tube à date, « Chicken Soup », sorti en 2017 sur la fameuse compilation HOWSLA.

Une volonté de s’émanciper

Il a depuis enchainé les succès et les tournées nord-américaines. Mais on a quand même eu la chance de le revoir revenir en France quelques fois ces dernières années. Même si les différentes grèves et crise sanitaire lui ont à chaque fois compliqué la tâche… Et le voilà enfin arrivé à une étape cruciale dans sa carrière, son premier album !

Annoncé comme lancé sur un coup de tête l’été dernier, Habstrakt a pris le temps de le teaser. Car c’était l’occasion aussi pour lui de reprendre le contrôle sur sa musique. On se souvient de son « coup de gueule » de l’été dernier sur les labels. Reprochant aux labels de prendre une bonne partie des royalties des artistes pour une promotion de titres à la chaîne, sans considération artistique, il décide ainsi de casser les codes et proposer sa musique comme il l’entend. Une démarche artistique complète car c’est également lui qui a réalisé les covers de l’album et des singles.

Un album dont on attendait beaucoup de notre côté. Habstrakt a évidemment prouvé à travers les années sa capacité à délivré bombe sur bombe dans toutes les composantes de la Bass. Mais il a aussi montré qu’il pouvait exceller dans des ambiances plus planantes. Tout en ayant un mystérieux side project synth wave… Sur les premiers singles déjà sortis, les excellentes « Outer Space », « Vision » et « Molotov« , c’est surtout le Habstrakt énervé et percutant qui s’exprimait. Celui que l’on connait et qu’on adore, qui délivre banger sur banger en Bass House, avec une touche de folie en plus sur la collaboration avec Malaa. On espérait découvrir avec le reste de l’album d’autres ambiances. Au menu, 15 titres, ce qui est bien consistant. Avec un « Préambule » en introduction douce et posée, portée par quelques notes de piano de son compère de Contrebande, Asdek.

Des bangers et des OVNI

On retrouve ensuite très vite nos repères avec « Tonight », premier « vrai » titre de l’album. Et quelle ENORME bombe ! Déjà entendu plusieurs fois dans les sets récents d’Habstrakt, le titre dispose d’un drop à l’énergie phénoménale, avec une bassline bien saturée qui va venir vous faire vriller les oreilles sur le second drop. Du Habstrakt à l’état pur, sombre, brut, des drops en forme de déflagration avec un côté très métallique. Les fans de Bass House seront aux anges. Changement progressif d’ambiance sur « Call Me » avec la chanteuse américaine Notelle. Avec le titre, Habstrakt rappelle qu’il apprécie aussi les vibes Baile Funk (souvenez vous de « Es Isso » avec Asdek mais aussi de ‘ »Ice Cold »), avec un titre qui vous donnera aussi bien envie de casser votre meilleur déhanché que de taper dans un sac de frappe. L’atmosphère est brute et impactante, on streame !

Mais on en vient à l’OVNI de l’album, le titre « Libre » avec le génial IMANU. Le titre est un hybdride Bass/Trap/Electro assez difficile à décrire qui vous prend aux tripes dès les premiers grésillements de la basse en intro. Un morceau imprévisible et captivant comme on en a rarement entendu, avec des changements de rythme bruts mais tellement bien amenés. L’impression que les deux artistes ont réussi à mixer ensemble une foule d’éléments normalement incompatibles. LE morceau de l’album pour nous ! Dans le genre choc des univers, on découvre aussi avec étonnement la collaboration Habstrakt / Plastic Toy. Les deux artistes ayant des univers radicalement opposés, ça donne « Don’t Worry ». Une track agréable où on sent la patte d’Habstrakt sur le travail des kicks et de la basse et la présence de Plastic Toy sur le vocal très réverbé.

Un album à son image

C’est aussi sur un morceau comme « Hostile » qu’on sent que Habstrakt a eu envie de laisser libre court à ses envies artistique. On sent en effet cette fois ses influences Punk/Rock, en reprenant le titre « Confusion » du groupe de new wave britannique New Order. Sur « Paradise », Habstrakt penche vers des influences Techno, là où « Hollow » vient de rappeler en plus des interludes son amour pour les balades planantes. Tout comme « Juste Like The Rest Of Us », qui vient comme une pause envoutante bienvenue entre « Juicy », encore un morceau difficile à classer et à la construction complexe, et « Molotov ». Un morceau qui repose entièrement sur sa mélodie, avec aucun kick ou bass. Une volonté d’Habstrakt de montrer qu’on peut proposer de la musique reposant uniquement sur une mélodie.

Au final, « Heritage » porte admirablement bien son nom. Habstrakt y a réellement laissé toutes ses influences et propose plusieurs morceaux vraiment fascinants dans leur construction. L’artiste a voulu casser les codes et vous serez à la première écoute parfois déstabilisés par certains titres complètement inattendus. Avant d’être réellement fascinés par cette masterpiece. Un album à écouter et réécouter dans l’ordre pour profiter des multiples ambiances qu’il propose. Un album surtout à l’image d’Habtrakt : non conventionnel et qui casse les codes.

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