Débuts réussis pour les Lastlings avec l’album ‘First Contact’

Il s’agissait d’un album très attendu du côté des fans de Rose Avenue Records. Après Solace des RÜFÜS DU SOL et l’émergence exponentielle de Cassian, le label australien connaît une expansion notable en accueillant la fratrie Dowdle, aka les Lastlings, en leur sein.

Influencé par des Nicolas Jaar ou Jamie XX, féru de culture japonaise, le duo a commencé à faire son trou en 2017. Les RÜFÜS DU SOL les embarquent en tournée régionale. En 2019, ils les accompagnent au niveau national. Avant de connaître les joies de l’international, aux Etats-Unis. Début de la consécration, après leur mix sur la radio australienne Triple J, laquelle joue celui-ci en boucle. 2018 marquait également la sortie de leur titre Deja Vu, également massivement playlisté, et présent sur ce LP.

Il était donc logique, presque prévisible, de voir l’album Lastlings sur Rose Avenue. First Contact parachève donc le travail titanesque du projet familial né en 2015. Qu’en penser? Réponse ci-après.

6 morceaux qui offrent une sensation (pour une fois plaisante) de Déja Vu

En effet, sur les 12 morceaux que comporte ‘First Contact’, nous en connaissions déjà six.

Le premier est Deja Vu. Celui-ci sert d’introduction, et met d’emblée en valeur la voix d’Amy dans une atmosphère très calme aux premiers abords. Les premiers kicks de basse infusent progressivement le morceau, avant un drop electronica qui place le contexte. Les influences de Solace se font ressentir, le synthé et les horns envoûtent les oreilles. Le morceau a des allures quasi-cinématographiques, et plante le décor de remarquable façon. Il ne s’agit pourtant que du premier track mais nous voyons où se dirige la suite.

L’album nous prend la main pour nous placer dans celle de Take My Hand, deuxième composition déjà promue par les frère et soeur plus tôt dans l’année. Il s’agit d’une jolie et puissante ballade deep house, encore une fois portée par la voix angélique et quasi-magnétique d’Amy. Out of Touch prend la suite. C’est un régal d’entendre ces petites notes de guitare conjuguées à une instrumentale électronique, quand la chanteuse nous demande tout au long de la composition : ‘Is This What You Really Need’ ?. First Contact, bien que dansant, traite de sujets sérieux. Se perdre. Se retrouver. Savoir ce que l’on désire. Prendre son temps. Lâcher prise. Ce projet musical est une ode aux premières fois, et le duo s’emploie à nous répéter qu’ils ont essayé. Qu’ils ont échoué. Mais qu’il faut continuer d’essayer jusqu’à réussir. Quel meilleur message que celui-ci, actuellement ?

Last Breath amène un peu de neuf en termes d’instrumental, passant de la deep house et de l’electronica plus lente et plus grave à des éléments de breakbeat. Cependant, son message n’est pas si joyeux, et on comprend vite le changement de rythme. Last Breath traite du décès d’un des proches de la chanteuse, laquelle lui demande de rester et de ne pas lui dire au revoir. C’est, en outro, qu’on découvre qu’elle a espéré en vain.

No Time avait déjà enchanté nos oreilles auparavant, avec sa vibe housy issue de la co-production avec le prodigieux Cassian. Aussi nous réitérerons la validation de ce morceau sans entrer dans les détails, tant cette sérénade house au laisser-aller envers l’autre nous emplit de positivité. I’ve Got You reprend les mêmes codes. Les Lastlings confient encore une fois les rênes de la coproduction à Cassian, et le résultat est brillant, d’autant plus qu’il s’agit du finish de l’album. La synergie entre les trois fait des étincelles, et on sent que Cassian a contribué à la construction de la structure de l’album.

De l’inconnu à vivre avec 6 nouveaux morceaux

Les Lastlings, mettant en exergue leurs influences japonaises au travers de leur art

Il nous reste alors à découvrir six nouvelles compositions dans cet album, et non les moindres.

False Reactions succède à Out Of Touch et plonge dans une veine encore plus deep que celle-ci, tout en transmettant cette sensation d’enfermement. Si bien que le morceau prend une tournure étouffante, jusqu’à requérir de l’aide. ‘Stay a while with me‘ répète Amy inlassablement sur le pre-chorus final. Ce track est saisissant d’honnêteté. S’ensuit 9400, un interlude dans la même veine que False Reactions tout en progression crescendo. Celui-ci se compose avec d’éléments de musique électronique et de coups de basses et kicks qui font se rapprocher une sorte de menace. Nulle menace cependant : il s’agissait d’une introduction nécessaire à Last Breath (cf. plus haut).

Le 8ème track de l’album, Visions, nous séduit par cet emploi remarquable du piano qui soutient la globalité de l’instrumental du morceau. Il témoigne également de la complicité entre Josh et Amy, le premier composant et la seconde écrivant par-dessus (ou l’inverse, c’est selon), car les paroles et l’instrumental semblent être indissociables l’un de l’autre.

AI, quant à lui, est le premier morceau dans lequel Amy ne pose pas sa voix, ce qui donne une drôle de sensation. On se demande quand celle-ci va surgir. Que nenni : c’est full instrumental, et le rythme exclusivement house amène du peps à l’ensemble et justifie ce titre, sorte d’hommage à la musique électronique. Se lance alors Held Under, lors duquel Amy reprend le micro et nous demande : Will you be around ? Will you be the one ? Please take me anywhere … Oui, Held Under parle de liberté, de liberté à deux, d’expression de soi ou d’expression commune. Ce, de façon remarquable. Et si le track demande à la fin une mise en lumière, c’est l’interlude First Light qui s’en charge. Le morceau ressemble à ce moment de retour à la vie, porté par des battements de coeur ainsi que par des sonorités grégoriennes et paradisiaques qui symbolisent un retour à la vie. La basse nous signifie le retour à la mobilité, et l’accélération du rythme la reprise de conscience. Nous sommes prêts pour le final qu’est I’ve Got You (cf. plus haut), que nous connaissions déjà, mais qui signe avec brio la fin de First Contact.

La plus exposée des introspections

C’est donc via un ensemble homogène que les Lastlings nous autorisent à entrer dans leurs réflexions et pensées. Ils ont tout partagé avec nous durant 46 minutes : peurs et épreuves issues des premières fois. Mais aussi leur optimisme et leurs retours en force. Après 3 EP plus que réussis, Amy et Josh Dowdle signent un premier album pétri de bonnes intentions et de bonne musique. Une pilule réconfortante et émouvante qui saura titiller vos cordes les plus sensibles. 2020 n’était pas la plus belle des années, mais a révélé des parcours de vie. Celui des Lastlings peut servir d’exemple (brillant, qui plus est).

Mino
Grooves endiablés et douceur mélodique rythment mes journées. Je passe également des disques avec l'équipe après les 39h.