Album Release : Tchami exauce nos prières avec « Year Zero », son premier album studio

Les années sont passées, le style a souvent évolué mais l’esprit est resté inchangé. Sept ans après de prometteurs débuts chez Fool’s Gold avec l’EP « Promesses » , Tchami tient enfin son magnum opus.

Le discret Martin Bresso aura su construire la légende de son projet pas à pas, single par single, EP par EP, sans bruler d’étapes ni couper le lien fort noué très tôt avec son public. Tout vient à point à qui sait attendre. À 35 ans, le français atteint son « Year Zero » synonyme d’une certaine maturité dans sa vision créative. Un album qui peut prendre l’apparence d’un bilan, d’un pont entre deux ères ou d’une photographie fidèle de la vie privée de l’artiste parisien qui indique avoir vécu divers bouleversements relationnels parmi ses amis et proches durant la conception de l’œuvre.

En développement depuis deux ans et longtemps repoussé au sein d’une année qui aura prise à mille égards la forme d’un Year Zero , l’album est loin de porter un concept unique. Ne faisant pas table rase du passé, Tchami honore le style porté depuis ses débuts en y insufflant diverses aspirations stylistiques qu’on ne lui connaissait pas forcément. De Stacy Barthe déjà entendue sur « After Life » au rappeur d’Atlanta Gunna, le casting des 16 tracks illustre le registre varié d’un album peu formaté sur lequel les collaborateurs œuvrent au service de la versatilité qui caractérise la palette artistique de Tchami.

Je voulais aller plus loin dans mes explorations sonores, tester de nouveaux BPMs et de nouvelle structures. Je souhaitais aussi être en studio avec des songwriters. Je travaillais principalement depuis chez moi et j’ai eu envie bousculer quelque peu mon processus créatif. On a passé de merveilleux moments en studio. Si j’ai une obsession dans la vie, c’est certainement d’être capable d’écrire un titre à partir d’une page blanche, seul ou entouré. L’énergie des autres est importante et j’y prête attention.

Tchami pour grammy.com

Du processus de « Year Zero » ressort finalement un ensemble particulièrement complet. Si Tchami indique vouloir créer sans se soucier de laisser certains fans nostalgiques de sa discographie antérieure, difficile pourtant d’être déçu par une œuvre intimement sincère qui réussit néanmoins à en offrir pour tous les goûts.

On retrouve évidemment le style Bass House de Confession sur les titres « Praise », « All On Me », « Monseigneur » ou « Born Again », mais aussi un clin d’œil à la Future House passée avec « Toxic Love ». Les vibes plucky de « Proud », « Ghost » et « Faith » s’inscrivent en dignes successeuses de « Adieu » ; « Buenos Aires » et « The Light » retranscrivent pour leur part l’humeur plus funky de Tchami. Les belles découvertes de l’album sont les groovy « Shine On » et « Rebirth », la sublime interlude « Ain’t That Kind Of Friend » et le surprenant final synthpop « Damaged Hearts » aux côtés du légendaire Todd Edwards.

La raison de cet album vient d’une volonté de me surpasser. À certains moments, je me demandais « Qu’est-ce que je fais ensuite? » Un autre EP? Une pluie de singles? Je n’ai aucun problème avec ca mais le challenge n’était pas présent. En tant qu’auditeur, j’adore le format album. Ma plus grande difficulté a été de me demander « Comment vais-je réussir à garder l’auditeur attentif tout au long de l’album? » J’imagine que j’aurai bientôt la réponse.

Tchami pour grammy.com

Rapidement indépendant avec la création de son label Confession, Tchami conserve toute sa liberté créative sur « Year Zero », un album authentique qui ne déborde pas forcément d’ambitions commerciales mais se décline comme un témoignage de la culture musicale du parisien, producteur émérite qui déroule son large éventail sonore à chaque minute de l’opus pour notre plus grand plaisir. Le prêtre le plus acclamé de la scène électronique apparait comme plus humain que jamais et parvient brillamment le temps de 16 titres à briser la distance et le mystère qu’il a souvent cultivé.

L’album est disponible chez Confession