Ultra pluvieux, Ultra heureux ? Retour sur notre semaine à Miami !

Rendez-vous incontournable du début d’année, l’Ultra Miami se tenait la semaine dernière dans la plus grande agglomération de Floride. Toujours positionné pendant la fameuse Miami Music Week, le festival arrive comme la cerise sur le gâteau de cette semaine de soirées, pool parties et événements en tous genres. Un festival dont l’histoire récente a été marquée par de nombreux déboires.

Il y a eu évidemment les annulations de 2020 et 2021, comme tout le monde, pour cause de crise sanitaire mondiale. Mais aussi le déménagement dernière minute en 2019 pour cause de conflit avec le voisinage, pour une édition compliquée à Virginia Key. 2022 avait marqué le grand retour du festival sur ses terres de Bayfront park, et depuis le festival avait pu reprendre sa marche en avant. Comment s’est passée cette édition 2024, édition charnière avant la grande célébration des 25 ans du festival l’an prochain ?

Une Miami Music Week toujours aussi dense

Avant de rentrer dans le vif du sujet de l’Ultra, retour sur la Miami Music Week. Avec une programmation toujours aussi dense, la semaine proposait cette année une liste, comme à son habitude, impressionnante d’événements en tous genres, avec une diversité d’artistes inégalable. Cette semaine fait partie intégrante de l’expérience à Miami, et vous auriez tord de vous rendre à l’Ultra sans en profiter.

Elle vous permet d’assister à des afters après le festival, mais aussi de remplir votre planning avant le festival de pool parties en journée avant d’assister à des soirées. Une expérience complète, semblable à l’ADE et à l’EDC Week. Mais, pour nous, c’est vraiment la MMW qui a le plus gros potentiel de « soirées + festival » (l’ADE a son Amsterdam Music Festival pour ponctuer la semaine, qui ne dure qu’une journée ; l’EDC Las Vegas a son EDC week, mais plus pauvre en événements que la MMW).

De notre côté, on a profité de la MMW pour assister à 3 événements différents. On a tout d’abord eu le plaisir de retrouver Factory Town, qui est vraiment devenu depuis l’an dernier LE lieu incontournable des soirées de la semaine. Ancienne usine de matelas, le lieu a un cachet certain avec son atmosphère de friche industrielle. Sa taille lui permet de proposer chaque soir de la MMW pas moins de 4 soirées différentes !

On a pu assister à la soirée Experts Only x Repopulate Mars de John Summit et Lee Foss, et on s’est régalé sur les sets de Max Styler, Joshwa, Deeper Purpose et Layla Benitez. Une belle entrée en matière groovy sur fond de Tech House avant de découvrir un nouveau lieu le lendemain, le « Strawberry Moon ». On en profitera également pour faire un petit détour par l’événement habituel de 1001 Tracklist, pour un A-Trak b2b Honey Luv très alléchant.

Propriété de Pharrell et David Grutman (entrepreneur à succès à Miami, propriétaire de plusieurs clubs et restaurants), le lieu a ouvert il y a quelques années à South Beach et proposait plusieurs pool parties. Dont celle de STMPD, le label de Martin Garrix, à laquelle nous avons pu assister. Le lieu est classe et atypique, avec sa piscine en rooftop, mais n’a pas forcément le cachet des hôtels de Collins Avenue et leurs pool parties vraiment collées à la plage.

On est ici sur un toit voisin d’un parking, donc pas le même cadre… Arrivés en fin d’après-midi, on découvre une ambiance un peu timide sur le set de Bleu Clair. La foule se presse devant l’artiste, mais on sent qu’elle n’attend qu’une chose, l’arrivée du « secret guest » qui est évidemment Martin Garrix. A partir de là, les bras se lèvent enfin (et les téléphones avec), et la foule saute et chante à tue-tête chaque tube du néerlandais.

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Histoire de compléter la journée, on a choisi d’aller découvrir un autre lieu, le « Miami Marine Stadium ». Situé à Viriginia Key, c’est ce lieu qui accueillait la Mainstage de la tristement célèbre édition 2019 de l’Ultra. Et c’est Tale Of Us avec leur label Afterlife qui prenaient possession des lieux pour deux soirs. Tout comme pendant l’Ultra il y a 5 ans, le site est toujours aussi compliqué d’accès et il faut s’armer de patience pour y accéder en voiture. Mais le jeu en vaut la chandelle !

Le lieu est vaste, et laisse largement la place pour accueillir le monde venu admirer les célèbres visuels Afterlife. Avec la mer des deux côtés et la skyline de Miami en fond, on est plutôt conquis par le cachet cette fois ! En face de nous, c’est un énorme écran LED qui s’élève, à la définition impressionnante, prêt à en mettre plein les yeux des festivaliers. Les sets de Mind Against et Adriatique sont une mise en bouche intéressante avant les gros morceaux de la soirées. Le show solo de MRAK tout d’abord, qui a du mal à convaincre autant que le show solo de Anyma, aussi bien musicalement que visuellement.

Avant le set de Tale Of Us pour clôturer la soirée et ses visuels humanoïdes. Venue évidemment essentiellement pour ça, la foule s’extasie enfin sur « Pictures Of You » (le remix de Cassian, excellent) et c’est parti pour la fête aux téléphones en l’air. Une excellente soirée tout de même, mais on choisit de se retirer à la moitié du set de Tale Of Us pour éviter la cohue de la sortie et ne pas avoir à marcher plus de deux heures pour s’extirper de Virginia Key.

Pool party géante à Bayfront Park

Quelques heures après (et oui, vous vous en doutez, on ne dort pas beaucoup à Miami…), le réveil sonne et on se lève de bonne humeur car c’est enfin le jour J. Le début de l’édition 2024 de l’Ultra Miami. Enfin de bonne humeur, ou presque, car cela fait déjà quelques temps que la météo n’annonçait rien de bon pour le vendredi et le samedi du festival… Et elle ne s’est pas trompée, le ciel est plus que menaçant, la pluie tombe déjà sans discontinuer, même si ce n’est qu’une pluie assez fine. On essaie de garder espoir et, comme à peu près les ¾ de la ville, on se met en quête de ponchos avant d’aller au festival pour éviter de se retrouver trempés jusqu’à l’os le soir même (spoiler : on le sera quand même).

Même si le temps n’est pas à la fête, on est quand même toujours aussi heureux de retrouver l’enceinte de Bayfront Park. Nos repères sont toujours là, l’agencement des lieux n’a pas changé. La Worldwide Stage présente une nouvelle structure conique au plafond, agrémentée de LEDs et lyres pour un effet qui s’annonce saisissant. La Mainstage fait elle déjà beaucoup parler avec son aspect « éclaté » en différents écrans triangulaires.

Comme d’habitude, il faudra attendre d’être de nuit pour vraiment juger, mais elle ne nous a en tout cas jamais paru aussi large, les écrans dépassant sur les côtés. La Megastructure présente plusieurs écrans LED « éclatés » également derrière le DJ, et une production massive en termes de lumières, notamment au plafond. Même si pas de décoration façon Tomorrowland (ce n’est pas l’esprit du festival), la production a encore mis de très gros moyens cette année.

On n’aura de toute façon pas vraiment le temps d’en profiter… On commence d’abord par aller écouter tout le set de Nostalgix sous une pluie fine sur la Live Stage. L’une des figures montantes de la Bass House délivre un gros set plein d’énergie, sans vraie pause, avec de nombreux mashups (parfois un peu trop faciles) pour attraper l’attention du public. Ce sera malheureusement le seul set qu’on aura l’occasion de voir en entier, la pluie étant sur le point d’achever de gâcher la journée.

Mais elle aura aussi créé quelques moments mémorables, comme sur le « sunset set » de Tiësto, qui n’avait plus grand-chose de sunset vous vous en doutez. La foule ne se démonte pas, et on retiendra notamment ce moment incroyable où elle chante à l’unisson « Set Fire To The Rain » de Adele, frissons. Le temps de profiter d’une partie de l’excellent Live Brass Orchestra de Apashe, on se dirige vers la scène The Cove pour Massano b2b Chris Avantgarde.

L’un des sets que l’on attendait le plus du WE, mais la pluie devient malheureusement vite insupportable. Alors que l’on avait déjà dû traverser la boue pour accéder à la scène, on se retrouve rapidement trempé jusqu’à l’os et on décide d’aller s’abriter difficilement en face de la Live Stage. Tout le monde essaie tant bien que mal de se mettre à l’abri, à part une poignée de courageux, même si au final le déluge est tellement intense qu’on se demande si c’est vraiment utile.

Le festival ne met d’ailleurs pas longtemps à annoncer l’évacuation de Bayfront Park pour raisons de sécurité. L’orage commence en effet à gronder, et une alerte à la tornade est également annoncée pour la nuit. Rideau, clap de fin, on rentre dépités à l’appartement… On découvre d’ailleurs une fois rentrés les images de rues de Miami complètement inondées, qui allaient bien au-delà des flaques déjà bien imposantes devant la Mainstage.

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Une gestion de crise quasi parfaite de la part de l’Ultra

Le lendemain, le doute est dans tous les esprits concernant la tenue de la suite du festival. Il faut dire que les images de Bayfront Park n’inspirent pas confiance. Une très grande quantité d’eau est toujours présente dans la fosse de la Mainstage. On peut également voir de grandes étendues de boue un peu partout. D’autant plus que… il pleut toujours ce samedi matin ! On a alors du mal à imaginer la tenue du deuxième jour. Mais les équipes de l’Ultra auront abattu un boulot incroyable tout au long de la nuit et la journée du samedi pour faire en sorte que le show reprenne.

De grandes quantités de copeaux de bois sont ramenées pour rendre de nouveau la majeure partie du terrain praticable. Des camions de pompage passeront la matinée et le début d’après-midi à évacuer l’eau. Mais le plus étonnant connaissant l’historique récent du festival avec la ville et son voisinage, c’est que l’Ultra aura réussi à prolonger d’une heure la journée du samedi ! Cela aura permis de reprogrammer l’essentiel des têtes d’affiches de la veille qui n’avaient pas pu jouer.

En prolongeant d’une heure le samedi, et en comptant sur la solidarité des autres artistes pour réduire leurs sets, l’Ultra a réussi à résoudre un casse-tête insoluble en reprogrammant ainsi sur le samedi et le dimanche Hardwell, Adam Beyer, Amelie Lens, Joris Voorn & Köslch, Sub Focus ou encore Masterhand. Fisher & Chris Lake auraient probablement pu être recasés également si leur agenda le leur avait permis. Le seul petit reproche qu’on pourrait émettre au final, c’est la communication tardive sur le décalage de l’ouverture le samedi.

Le festival devait ouvrir ses portes à midi, et la communication n’est venue qu’après pour annoncer une ouverture sur les coups de 16h. Mais on ne leur jette pas la pierre, car tout le monde se doutait du retard ce jour-là, et les organisateurs ont dû attendre de maîtriser un peu plus l’évolution de la météo pour donner des infos sûres.

Une journée mémorable avec des sets de folie

La journée du vendredi au samedi nous aura ainsi donné notre plus grand ascenseur émotionnel en festival. Heureusement dans le bon sens ! Car une fois cette deuxième journée enfin lancée, on aura en effet profité de l’une des meilleures journées de festival de notre vie tant on s’est régalé du début à la fin sur les sets. On inaugure la journée avec Miss Monique sous la Megastructure, déjà bien remplie de festivaliers avides d’enfin démarrer pour de vrai leur festival. L’ukrainienne livre un set quasi parfait, avec en conclusion un moment émouvant où elle porte fièrement le drapeau de son pays en jouant l’edit de Hugo Cantarra sur le titre « Coming Home » de Skylar Grey.

Vient ensuite l’un de nos 3 sets favoris du WE avec celui de Mathame. Le duo italien nous a conquis du début à la fin et même plutôt surpris plusieurs fois, comme avec un remix de  « Shook Ones Pt II » des Mobb Deep ou encore le fameux troll de Four Tet avec « Country Riddim » placé en plein milieu de leur remix de « Baby Again ».

Le set est disponible sur YouTube, foncez l’écouter ! On s’attarde rapidement sur le set de Hardwell en Mainstage (rien contre l’artiste, mais la fosse est tellement blindée que c’est dur de vraiment en profiter) pour aller voir le b2b entre Joris Voorn et Kölsch. Les deux patrons de la scène Techno livrent une masterclass, sans surprise. Avec les buildings de Downtown en fond et l’excellente scène The Cove, la vibe est géniale, avec en point d’orgue évidemment l’exceptionnel « Transmission (Joris Voorn Remix) ».

Excision aura aussi marqué la journée en venant mettre à l’honneur la Bass Music en Mainstage, chose assez rare et appréciable. Mais le point d’orgue de la journée aura été le set de RL Grime et Knock2 sur la Worldwide. La scène aura rarement été aussi pleine dans l’histoire du festival, avec une ambiance folle furieuse tout le long du set. Un mélange explosif de Bass House, Dubstep et Trap, ISOxo en guest, des IDs en pagaille, vous tenez là notre meilleur set du festival et de loin !

Alors qu’il y avait tout de même de sérieux concurrents côté Live Stage également. Eptic, Space Laces et Svdden Death ont tout explosé avec leur projet Masterhand. Kasablanca nous a touchés avec le retour sur scène de Shaun Frank après son cancer, avec un discours poignant à la fin du set pour annoncer « Remission », leur nouveau titre avec Lane8. Jai Wolf aura été lui notre plus belle surprise du festival, avec un set ultra dynamique sur fond de plusieurs classiques qu’on ne pensait pas réentendre en festival.

On retrouve enfin l’Ultra que l’on connaît !

Une deuxième journée au goût de résurrection donc, qui nous permet d’enfin retrouver l’Ultra que l’on connaît et qui nous manquait tant. Avec ses nombreuses qualités, sa programmation géniale en premier lieu, mais aussi ses quelques défauts toujours présents. La fréquentation était en nette hausse ce deuxième jour (normal, pas de pluie), et ça nous a rappelé que Bayfront Park est un endroit assez petit au final, où la circulation peut être compliquée quand le festival est plein.

Mais c’est probablement le prix à payer pour pouvoir profiter d’un festival au pied des buildings du centre-ville de Miami. Et en parlant de prix, les consommations sur place sont toujours à un tarif assez salé. Ce qui n’est évidemment pas propre à l’Ultra, c’est dans la norme des tarifs dans le pays. Mais vous avez intérêt à vous mouiller la nuque avant de payer 15$ la canette de bière ! La queue pour rentrer dans le festival semblait aussi fastidieuse, comme souvent les premiers jours.

A côté de ça, on retrouve l’ambiance toujours plus survoltée de la Worldwide Stage. Un public très international, avec une grande proportion de festivaliers venus d’Asie. Une production de haut niveau avec de nuit des effets de lumière impressionnants, de la pyrotechnie saisissante et un show drones toujours aussi magique. La Mainstage notamment en met plein les yeux la nuit. L’offre de boisson, nourriture et sanitaires est assez bien répartie sur l’ensemble du site également. Il faut tout de même penser à s’éloigner des scènes pour faire moins de queue, notamment pour les toilettes, celles placées à côté de l’UMF Radio étant de loin les plus accessibles.

La Drum’n’bass en force

Musicalement, ce qui nous a marqués durant les 3 jours, c’est la grosse poussée de la Drum’n’bass. On avait déjà remarqué la mise en valeur dans la programmation, avec l’apparition de Chase & Status en tant que headliner. Mais il était impressionannt de voir les autres têtes d’affiches également se saisir du phénomène. Armin en a joué, Martin Garrix également, tout comme Tiësto. Quant aux sets de Dimension, Chase & Status et Sub Focus, ils font clairement partie des moments forts du festival, avec des scènes blindées à chaque fois.

Si le style est évidemment loin d’être nouveau, il a clairement le vent en poupe en ce moment. « Baddadan » de Chase & Status est d’ailleurs probablement l’un des morceaux que l’on a le plus entendu (dont un banger de remix de la part de Knock2) pendant le festival avec… « Satisfaction » de Benny Benassi qui a toujours autant la cote 20 ans après.

Cette édition a moins été marquée par des gros guests inattendus en Mainstage. Par le passé, la scène principale du festival avait par exemple vu défiler des gens comme Madonna, Will Smith, 50 Cent ou encore Justin Bieber. Là, c’est surtout Armin Van Buuren qui a marqué les esprits en ramenant avec lui Bon Jovi, pour présenter une étonnante collab’ explosive. Le set du néerlandais aura été l’un des plus appréciés du week end.

De notre côté le dimanche on avait décidé de commencer sur une vibe plus douce avec Nora En Pure et Eelke Kleijn, pour une ambiance Melodic/Deep House qui s’accordait particulièrement bien avec le soleil enfin présent. Avant un peu plus de puissance avec les sets de Sub Focus et HI-LO b2b Eli Brown (sur le podium de nos meilleurs sets). Avant le closing tant attendu de M. Calvin Harris. Une performance assez déroutante de la part du britannique…

Pas forcément idéalement placés au fond de la fosse, le son n’était pas toujours assez fort. On n’a donc pas vraiment réussi à rentrer dans un set composé évidemment quasi exclusivement de ses titres, lui qui est une machine à hits. Hits certes, mais ici remixés à la sauce Techno/Tech House qui auront eu beaucoup de mal à emporter le public autour de nous. Ce n’est qu’aux ¾ du set que l’énergie s’envole vraiment avec « Under Control », avant un final en apothéose sur « Miracle » et le remix de Hardwell.

Dommage que Calvin Harris n’ait pas ramené avec lui quelques invitées, entre Ellie Goulding, Dua Lipa ou Rihanna, il y avait du potentiel. Dommage également que visuellement il n’y ait pas eu plus de visuels spéciaux pour l’événement. On salue en tout cas la prise de risque sur l’ambiance très Tech, clairement pas la solution de facilité pour un closing Ultra.

Rendez-vous pour les 25 ans !

Clap de fin donc pour une édition 2024 dont tout le monde se souviendra. Ultra a réussi à éviter le pire après une première journée annulée et a magnifiquement rattrapé le coup. On a désormais hâte de voir ce que le festival prépare pour célébrer en grandes pompes ses 25 ans l’année prochaine. Pour une édition anniversaire à laquelle nous assisterons à coup sûr !

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