Comment Skrillex, Four Tet et Fred again.. redéfinissent les codes actuels

La musique électronique a connu par le passé de nombreuses vagues d’artistes marquants. À l’heure ou cette musique n’a jamais été aussi diversifiée, les DJ’s stars que l’on connaît bien, commencent doucement, mais sûrement à laisser la place à une nouvelle génération. Une nouvelle génération qui ne se cantonne plus à un seul genre et qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus.

Ce bouleversement s’opère de bien des manières, mais provoque parfois de belles rencontres inattendues. Si l’on vous parle de ça, c’est bien pour une raison. Un trio d’artistes que l’on ne pensait pas voir ensemble un jour est en train, à son tour, de marquer l’histoire de nôtre chère musique électronique. Mais contrairement à n’importe quel autre artiste, ce phénomène nous est arrivé si vite en pleine face, que personne ne l’a vraiment vu venir. Enfin, presque…

Venu tout droit d’un échange anglo-saxons, Skrillex, Fred again.. & Four Tet forment la Pangbourne House Mafia. Pangbourne pour le nom de ce petit village du sud-est de l’Angleterre où le trio s’est retrouvé pendant un mois afin de brandstormer musique. House Mafia en référence évidente au trio formé par Axwell, Sebastian Ingrosso & Steve Angello. Projet naissant en Angleterre, se développant à Londres à la suite de 3 soirs de suite sold out et éclatant finalement aux yeux du monde sur le sol américain. Comme un véritable ouragan emportant tout sur son passage, les 3 DJ’s stars ont réussi à développer en un lapse de temps record, un phénomène inédit. Sans jouer de la comparaison avec un certain duo français (coucou les Daft), ce mouvement marquera sans aucun doute l’histoire de la musique électronique. 

Un trio atypique

Skrillex, Fred again.., et Four Tet qui ne sont plus à présenter, représentent en quelque sorte le passé, le présent, ainsi que le futur de la nouvelle musique électronique. Le trio possède de nombreux arguments rendant le projet aussi exceptionnel qu’inattendu. En jouant sur une exclusivité et sur la rareté dans leurs apparitions, la Pangbourne House Mafia se veut être imprévisible et inédite. Après un sold out du Madison Square Garden en l’espace de 3 minutes, un live sur Time Square sans aucune publicité ou un closing de Coachella totalement imprévu, on peut réellement se demander qui peut encore les concurrencer ? On a notre petite idée : personne.

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La Pangbourne House Mafia au Madison Square Garden

Mais alors quelles sont les raisons d’un succès si important ?

Comment est né ce projet fou à la vue des profils artistiques si différents ? Avant toute chose, il ne faut pas oublier que les jeunes hommes ne débarquent pas de nulle part. Entre l’immense carrière de Four Tet, l’incroyable retour de Skrillex et le phénomène récent qu’est Fred again.., autant dire qu’il y a du bagage derrière tout ça. Mais comment faire pour matcher tout ce beau package ?

Que ça soit Fred again.., Skrillex ou encore Four Tet, chacun possède une véritable fan base. Depuis plusieurs années comme depuis quelques jours, le supertrio s’est construit une communauté très active. En se rassemblant, la PHM réunit aussi bien une communauté de puristes que beaucoup plus généralistes. Ce crossover et cette limite franchie est quelque chose de totalement inédit dans la musique électronique. Jamais la frontière entre l’underground et le commercial n’avait été aussi mince.

Et puis il y a une chose qui marque, c’est cette manière de s’en foutre royalement des normes actuelles. Le trio bouscule les codes sans aucun complexe et de quelle manière ! À l’inverse de n’importe quel artiste, tout est prévu sur « des coups de tête » et sur des paris toujours plus fous les uns que les autres. Évidemment, derrière tout ça une réelle communication est orchestrée, mais finalement très minimaliste par rapport à l’ampleur des événements qui suivent. Bref, tout semble d’une facilité déconcertante.

Ce qui rend le projet d’autant plus beau et admirable, c’est cette liberté artistique qui semble retrouvée. On s’explique. Dans un monde où tout devient aseptisé, prévisible et préparé en amont, le trio lui navigue à vue. Leurs sets (de parfois 5 ou 6 h) sont décousus, les transitions approximatives, les loops parfois foirés, mais tout est live. Aucune véritable préparation ne semble être faite en amont.

Tout se fait au feeling. Et ça se voit ! Les réactions de chacun durant leurs lives sont souvent mythiques. Entre admiration, surprise ou encore rires, on retrouve finalement l’essence et la définition même d’un DJ set. Là encore, aucune fioriture ne vient entacher leur DJ set. Aucun écran LED ou encore aucune pyro qui pourrait distraire le public. Un laser, des platines et le pouvoir de la musique suffisent.

Le retour du véritable DJ

Skrillex, Fred again.. et Four Tet redéfinissent les codes d’une scène devenue un véritable showbiz et spectacle d’elle-même. En poussant toujours plus loin la technologie et les visuels, on tend à perdre le charme et la raison première qui nous pousse à assister à un DJ set. Quand on prend l’exemple d’Eric Prydz ou encore de Tale Of Us, malgré une qualité de show exceptionnelle, on arrive à se poser la question si l’expérience visuelle ne prend pas le pas sur la musique.

Certaines vidéos du public entier téléphone en main font parfois froid dans le dos. À l’inverse, la stratégie de la Pangbourne House Mafia est claire. Miser en premier lieu sur une expérience sonore et d’être en totale osmose avec le DJ. Cette confrontation des deux univers pose un nouveau débat ouvert

Une chose est bien sûre, Fred again.., Skrillex & Four Tet imposent le respect aussi bien chez les DJ’s que chez les fans de musique électronique. Une telle unanimité n’était pas arrivée depuis très longtemps sur notre scène. Avec une stratégie tout aussi aléatoire qu’impressionnante, le trio n’en finit pas de repousser les limites.

Ruben
You'll see me crying while dancing.