Retour sur notre expérience à Mysteryland 2022

Dernier week-end d’août rime avec Mysteryland. Le festival hollandais revenait pour sa 27 ème édition. Créé en 1993, c’est un des plus anciens festival de musiques électroniques toujours en activité comme nous vous l’indiquions dans notre article de présentation. Présent en 2019 également (récap dispo ici), dernière édition en date, quelques membres de notre équipe retournèrent sur place cette année pour (re)découvrir les charmes et les mystères de cet événement majeur de la scène électronique européenne.

Mascotes et devise de Mysteryland à l’entrée du festival


La programmation

Programmation de cette année

Mysteryland est avant tout un festival à la programmation électronique riche et variée. Avec plus de 300 artistes, la programmation propose aussi bien des têtes d’affiches grands publics (les headliners des deux soirs, DJ Snake et Armin van Buuren ainsi qu’une belle ribambelle de Djs-stars hollandais Oliver Heldens, Sunnery James & Ryan Marciano, Fedde Le Grand, etc…), que des spécialistes internationnaux des scènes plus underground Techno, Trance, House et évidemment Hard Music, l’ADN du festival. La programmation Hard Music reste en effet très présente et bien représentée par tous les cadors de l’industrie (D-Block & S-te-Fan, Sub Zéro Project, Ran-D, Sefa,…).

La force de Mysteryland réside dans celle de son organisateur ID&T. L’entreprise d’évènements est notamment organisatrice des events Q-dance, Thunderdome ou encore Trance Energy. C’est tout naturellement que ces marques appartenant à la maison mère se voyaient confier la direction artistique des stages importantes de l’évènement. Les pionniers de la scène techno Sven Vath et Carl Cox se voyaient également offrir la direction artistique des scènes Techno avec leur concept respectifs Cocoon et Awesome Soundwaves. Oliver Heldens invitaient les producteurs de son label Heldeep tandis que Sunnery James et Ryan Marciano présentaient leur concept Sexy By Nature. La marque Desperados quant à elle, s’emparait d’une scène indoor massive pour une programmation plus urbaine / hip-hop. Car Mysteryland ce n’est pas que de la musique électronique mais tout un panel de musiques estivales et festives ! Impossible de ne pas évoquer la disparition de la scène du label Monstercat initialement prévues pour l’édition 2020, et qu’on espère retrouver sur une des prochaines édition.

Mysteryland c’est aussi une multitude de petites scènes qu’il faut parfois savoir allé dénicher. Cachée dans le bois, serrée comme des sardines dans un party bus, les pieds dans le sable au bord de l’eau, au sommet de la pyramide avec une vue imprenable, avec des Djs aussi bons qu’inconnus. Mention spéciale également pour les « Sofa Sessions », véritables moments hors du temps et de l’effervescence du festival, alongés tranquillement, à se délecter des performances de musiciens acoustiques.

Les Sofa Sessions

Véritable différence avec les autres festivals dont nous avons l’habitude, les résidents au camping peuvent profiter d’une journée/soirée en plus le vendredi et d’afters entre 23h et 2h du matin le samedi avec des artistes en exclusivité. On y retrouvait notamment pour le vendredi Curbi, Sonny Fodera, Dom Dolla et Kapuchon. Sympa après avoir déposé ses affaires au camping. Des afters aussi bien chill que très (très) énervés ! On avait également noté d’aller faire un tour du côté de l’after où performait Moksi !

En conclusion, une programmation bien fournie qui permettait de satisfaire autant les fans les plus assidus que ceux qui viennent découvrir un méga-festival pour la première fois. On conseillerait même de commencer par Mysteryland avant de faire Tomorrowland par exemple. La programmation est certes moins fournie mais fais forcément moins de déçus.

Le lieu / les scènes

Au fil des années, Mysteryland à réussi à présenter des scènographies de plus en plus imposantes. Loin du gigantisme et du niveau de détail des scènes de Tomorrowland, le festival ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas et compte plutôt sur les caractéristiques du parc dans lequel il prend possession. Les festival prend ses quartiers chaque année depuis 2003 sur le terrain de la Floriade d’Harlemermeer, un espace gigantesque de plusieurs dizaines d’hectares qui accueille aussi bien le camping que le festival. La proximité entre les deux espaces est très appréciable quand on connait la longue marche qui mène Dreamville à l’entrée de Tomorrowland par exemple.

La Floriade, lieu de l’évènement

La scène Cocoon/Carl Cox tout de structure en bois vêtu était magnifié par le lac en arriere plan (notamment au coucher de soleil) alors que la scène Q-dance profite de son emplacement au pied d’une pyramide à 4 côtés pour se transformer en véritable arène de gladiateurs ! Les multiples îlots de la Floriade accueillaient des scènes couvertes agréables et bien équipés, sans fioritures ni extravagances. Si certaines scènes pouvaient décevoir en scénographie, force est d’admettre un énorme point positif sur la qualité des sonorisation des scènes : extrêmement puissants sans être agressifs, un véritable plaisir pour les oreilles et c’est bien plus importants (hors quelques exceptions sur les scènes hardstyle/hardcore don’t les sons joués sont les plus riches en fréquences et en distortion, bouchons obligatoires !!).

La mainstage était cette année bâti sur le thème de l’arche de Noé, en référence aux aventures que nous avons vécu tous ensemble ces dernières années. On peut également y voir la symbolique des enjeux climatiques et de preservation de la biodiversite en cours. De nombreux éléments faunistiques se retrouvaient ainsi sur scène notamment de grands papillons en guise de mâts ! Bien que moins compacte et cohérente que la sublime princesse de 2019 ou l’attrape rêve de 2018, la scène paraissait bien plus large que les années précédentes. Le spectacle de cette arche n’en paraissait que plus impressionnant de nuit. 

Mainstage

La Q-dance quant-à-elle dévoilait une figure mi-humaine mi-végétale avec des immenses structures en bois ébouriffées. Fidèles à l’esthétique guerrière de Q-dance, on retrouvait des grandes lames métalliques qui structurait le bas de la figure. Commes les années précédentes, pas d’écrans LED, une déco faite entièrement à partir d’éléments décoratifs.

Q-dance Stage

On notait ici que l’organisation réutilisait habillement des éléments de décors des années précédentes pour la création de ces scènes. Une belle logique de ré-emploi. Cette logique de ré-emploi et de mutualisation a été poussée un peu plus loin dans le fait de réutiliser des scènes du festival de journée pour les afters. Un peu dommage comparé aux années précédentes ou les afters se déroulaient dans le camping même et qui rajoutait ce supplément de vie au camping qui fait l’unicité de ce festival. Les gros dormeurs en revanche ont certainement appréciés !

Ainsi le camping se révélait en journée un espace d’activités gratuites très sympa (pool party, wellness avec massage, sauna, piscine, l’espace Hangout avec des activités de yoga, ou de sports) et le soir un espace de repos où l’on peut se restaurer ou bien chiller au coin d’un brazéro. Restait encore un silent disco pour prolonger la journée mais loin de l’énergie d’un dernier after devant une scène dans un avion comme en 2019.

Organisation

Qui dit Mysteryland dit Pays-Bas, qui dit Pays-Bas dit organisation au top forcément !

Pour parler du camping tout d’abord, cette année aucun problème à l’arrivée, aussi bien pour le parking que pour l’entrée au festival. Les clients qui optaient pour des packs lodge un peu plus prémium (de nombreuses offres de logements sont proposées) se voyaient remettre un petit pack de bienvenu avec quelques goodies brandés Mysteryland sympatiques (freesbie, raquette de plages, jeux de cartes,…). Côté paiement dans le festival, il fallait aller s’armer de quelques tokens, un système plutôt oldschool. 1 token équivalent à 3,5€; Il fallait compter entre 1 et 3 tokens pour les boissons et en général entre 2 et 3 tokens pour se nourrir. L’addition monte assez vite et on sent que Mysteryland subit aussi l’inflation cette année.

Autre petit point de changement, les douches étaient payantes d’1 token entre 7h et 2h du matin (autrement dit pour quasi tout le monde) alors que les années précédentes se doucher était gratuit ! Pas foufou mais important de rester propre, et les douches sont chaudes au moins ! Pas de miroirs dans les douches des hommes, ni de douches collectives extérieures gratuites comme on a pu le voir dans certains festivals.

Tant côté camping ou que festival, tout est mis à disposition pour se substanter ; de nombreux food-trucks proposent de la nourriture de bonne facture et dans des gastronomies variées. Les bars sont également présents en nombre suffisant. De multiples stands proposent également des services adaptés (recharge de téléphone (en nombre peu suffisants toutefois !), coiffeurs, vêtements, lunettes, etc).

On note ici l’engagement de Mysteryland envers le respect de l’environnement. De nombreux bénévoles passent leurs journées à nettoyer le site, à collecter les gobelets (sytème de consignes mise en place, attention à ne pas jeter sa canette ou son gobelet !), cigarettes ou autres déchets. Le festival propose également de l’eau du robinet de manière gratuite…à condition d’avoir acheter une gourde estampiller Mysteryland pour la modique somme de 2 tokens (!). C’est en revanche dommage de se voir refuser le remplissage de sa propre bouteille d’eau à ses spots; même si on peut toujours remplir sa bouteilles aux toilettes.

A l’intérieur du festival, pas de soucis à déplorer mais plutôt quel joie de parcourir l’ensemble du domaine de la Floriade et de s’y perdre dans les multiples activités proposées. Outre les scènes, de nombreuses curiosités sont à y découvrir. On ne vous dit pas tout mais notamment cette installation son, lumière et fontaine que l’on traverse en marchant quasiment sur l’eau ou bien la piste de danse disco niché sur le haut de la collone et sur laquelle on peut patiner en roller en écoutant des vieux Michael Jackson notamment. Improbable, étonnant, c’est là aussi l’ADN de Mysteryland. Les amateurs de sensations fortes pourront déplorer quand même l’absence de cette immense tyrolienne de 400m qui parcourait en 2019 du haut de la colline à un des ilots de la Floriade. Ils pouvaient se rattraper toutefois avec le grand manège en amont de la mainstage !

L’ambiance

Mysteryland est un festival que l’on sent plus mûr. Probablement du à son histoire, le public qui s’y trouve est plus proche de la trentaine/quarantaine que de l’atteinte de la majorité. Un public assez relax donc, cosmopolite mais très largement dominé par les néerlandophones. Nous avons eu la chance de croiser beaucoup de français (qu’on salue d’ailleurs), et qui sont majoritairement des connaisseurs de musique électronique (et de Guettapen !). C’est toujours très agréable de ne pas se faire bousculer à outrance et de pouvoir profiter de la musique, de l’environnement dans un cadre safe et responsable. Les ambiances les plus survoltés sont évidemment à retrouver sur les scènes hardstyle bien que les autre scènes underground aient également leurs publics dévoués. La mainstage qui proposait une programmation plus mainstream n’était pas en reste, bien qu’un peu plus timide parfois.

Les meilleurs sets de l’équipe

Dans la globalité du festival, nous avons passé de très bons moments. Encore une fois la qualité des soundsystems permettait une écoute agréable et puissante. On a quand même pu ressentir la forte présence de sonorités tech-house, assez redondante et parfois sans grande énergie. On regrette que certains artistes fassent le choix de quitter leurs styles originaux pour ce style hype du moment. A noter les fameux End Show qui cloturent chaque soirée du festival et qui ont lieu sur la mainstage et la Q-dance. De véritables shows audio/lumières/Pyro qui semblaient cette année bien plus impressionnant que les années précédentes.

Nous précisons ici que les avis se basent sur les membres de l’équipe présente sur place, en fonction de leur propre connaissance, affinités et forcément des sets vécus en live.

SONNY FODERA (Mainstage Camping Vendredi)

Premier set qui lanca véritablement notre festival, le DJ/Producteur UK House a su nous mettre dans une très bonne vibe house, groovy ! Alors évidemment lorsqu’il décide de jouer Adieu, au moment du coucher de soleil, avec vu sur le lac, on se dit qu’il a tout compris !

OLIVER HELDENS (Mainstage samedi)

Pas facile de maintenir le niveau d’énergie laissé après les W&W et leur set un peu fourre tout (Big Room, Trance, Hardstyle,Uk Hardcore) à base de gros drops. Oliver lui ne se démonte pas quand il faut aller au charbon et reste fidèle à lui même. Un set House/Future House très cohérent. Et quand il révèle la part de Hi-Lo qui est en lui, forcément on se régale encore plus !

DOM DOLLA (Mainstage Camping vendredi)

L’auteur du hit de l’été « Miracle Maker » était très attendu. Et il n’a pas déçu. Dans la continuité d’Afrojack et son alias Kapuchon, il a su redonner toute suite une bonne dose d’énergie et de groove dans un style tech-house bien travaillé et pas assomant.

REBELION (scène Get Wack ! Camping vendredi)

Absolument incapable de sortir la tracklist du set, on a catégorisé ce set comme un des meilleurs moments du festival de part l’énergie aboslument inégalable qui s’est dégagée par la foule durant ce set. Alternant break anthémique et drop aux « piep kicks » totalement violent, cette sur-enchère à la violence des kicks-basses a provoqué en nous une certaine forme de jouissance et d’hilarité, difficilement contrôlable.

ORJAN NILSEN (Trance Energy Dimanche)

Artiste progressive-trance d’origine norvégienne, Orjan Nilsen propose un savant mélange entre rythme et basseline électro et mélodie très euphorique trancy. Fidèle à sa réputation, il a délivré tout en énergie un set moderne de grande qualité et su glisser quelques clins d’oeils à d’anciens de ses morceaux qu’on adore comme Between The Rays ou Violetta

ARMIN VAN BUUREN (Mainstage Dimanche)

Tête d’affiche du dimanche, la légende de la Trance règne en maître dans son pays. Après une dernière apparition en 2017, Armin a proposé un set varié (première partie très cheesy pop-edm et dernière partie plus tech-trance) et a fait le boulot en cloturant son set en même temps que le end-show tant attendue. Une performance rare à laquelle il a associé une joueuse de Didgeridoo et la chanteuse Natalie Wamba avec laquelle il a composé le banger psy-trance « Yama ».

Conclusion

Mysteryland confirme la bonne réputation que l’on se fait et que l’on a de lui. Malgré quelques aspects à revoir, notamment par rapport aux années précédents sur le camping ou sur les prix, Mysteryland reste un rendez vous incontournable pour tous les fans de musique électronique et un passage obligé pour les artistes internationnaux. Un évènement que l’on recommande de faire sans hésiter ! L’année prochaine le festival fêtera ses 30 ans, et on peut parier que l’organisation saura célébrer ça avec style !