DJ Snake fait du Parc des Princes son jardin pour une soirée mémorable

Le 11 Juin, une date cochée dans les agendas des fans de DJ Snake depuis plus de 6 mois maintenant, c’était hier. Et c’était également l’un des événements majeurs de la scène électronique de l’année, les DJs étant encore assez rares à se produire pour des shows solos dans des stades. Un pari qui pouvait paraître fou pour DJ Snake, mais pas tant que ça tant il a pris le temps de gravir les étapes une à une, enchainant depuis 2016 Olympia, Zénith, AccorArena et Paris La Défense Arena. Cette fois, c’est plus de 60 000 personnes qu’il a réussi à réunir dans l’enceinte du PSG, sold out pour l’occasion, un chiffre fou pour un artiste estampillé « electro » en France. Mais William est devenu bien plus qu’un « simple » DJ depuis quelques années maintenant, et cette date historique à plus d’un titre dans le stade de l’ouest parisien va cimenter un peu plus sa place de star mondiale.

Une date historique

Voilà plus de 10 ans que le Parc des Princes n’avait pas accueilli de concert et se contentait d’événements sportifs. 12 ans pour être exact, presque jour pour jour, les derniers artistes ayant joué dans l’enceinte étant le groupe américain Green Day le 22 juin 2010. Ils avaient pris la suite de légendes comme Michael Jackson, Prince ou encore Johnny Halliday, tous s’y étant également produit. Un rêve qui se réalise pour DJ Snake, lui le gamin qui a grandi en banlieue parisienne à Ermont en venant rêver devant les matchs du PSG. Il a su tisser des liens forts avec l’organisation du PSG depuis des années maintenant, ce qui aura probablement aidé à réaliser ce rêve de gosse.

Depuis tout petit, je viens dans ce stade supporter mon équipe de foot et se retrouver ce soir pour un concert solo chez moi, dans cette ville, c’est un truc de ouf

DJ Snake hier soir

Moyennant un dernier gros sprint de promotion ces dernières semaines dans divers médias, DJ Snake aura donc réussi à réunir 63000 personnes. Un chiffre fou, c’est évidemment le plus gros show solo pour un artiste electro, en France au moins. Voir la musique que l’on affectionne tant autant mise en lumière et attirer autant de monde est un plaisir que l’on ne va clairement pas bouder. Aussi bien par le set de DJ Snake, sur lequel on reviendra, que par les premières parties qu’étaient Acraze et Bellecour. Entendre aussi bien de la Tech House, de la Bass House, de la Trap que du Dubstep faire vibrer la pelouse et l’enceinte du Parc est véritablement jouissif.

Une belle entrée en matière

De notre côté, la journée avait commencé fort avec un before du show que l’on organisait juste à côté, à la brasserie de l’hôtel Molitor. On tenait d’abord à vous remercier d’être venus si nombreux profiter des sets de Kuarz, Venga, Norsheep, Frents, Lodgerz, Koos et Bellorum. Artistes que l’on remercie chaudement également au passage. Organisation puis rangement de l’événement oblige, on est malheureusement arrivé sur le tard au stade, trop pour profiter du set de Bellecour. Le duo formé par Tony Romera et Keeld, arborant fièrement des maillots de l’équipe de France Toto & Jojo, jouaient en effet leur dernier morceau quand on a enfin pu pénétrer sur la pelouse. Sympathique initiative, ils ont clôturé leur set en offrant dans la foule un ballon signé par leurs soins ainsi que DJ Snake.

On profite donc en arrivant de quelques minutes de répit pour admirer la fameuse scène qui interrogeait tant. Depuis la mise en vente des places, il apparaissait en effet clair que la scène serait au centre du terrain. Avec une production confiée à la société High Scream de Romain Pissenem, on pouvait donc s’attendre à une scène dantesque. D’autant que DJ Snake restait sur un impressionnant cube LED géant modélisant l’Arc de Triomphe à La Défense Arena. Et que High Scream a très récemment montré son savoir faire en la matière avec le show d’Indochine et cette scène en silo tellement haute qu’elle parait dépasser le stade.

Au final on découvre trônant fièrement au milieu de la fosse une scène rectangulaire, faisant entre 5 et 10 mètres de haut, recouverte sur tous les côtés d’écran LED. A chaque coin, des tourelles surmontées de multiples lyres, au sommet desquelles on devinait de la bonne grosse pyro. Les mêmes tourelles étaient disposées également à chaque coin de la pelouse et les regards avisés pouvaient également observer de la pyro disposée sur le toit du stade. Une scène imposante en volume, qui demande à voir à être animée et de nuit pour donner tout son potentiel. En plein milieu, le DJ booth, à l’observer on se doute qu’il va être amené à tourner pour que DJ Snake ne soit pas constamment de dos à une partie du public.

Elément assez perturbant de prime abord tout de même pour les première parties, Bellecour et Acraze ne mixaient pas sur la scène, mais à ses pieds. Du coup, si on n’était pas du bon côté de la scène, impossible de les observer, d’autant qu’il n’y avait qu’un seul écran dans le stade pour le retour vidéo. Passé cette surprise, on a donc pu rentrer dans le set de Acraze progressivement. Alors qu’on l’avait découvert à Miami à l’Ultra cette année, on a pu observer un set semblable au mois de mars. L’américain sait emporter rapidement et facilement son public avec ses remixes Tech House de grands classiques type Abba, Final Countdown, One… Mais aussi quelques sons plus pointus comme « Strung Up » de Sorley, sorti sur le label de Fisher, ou le remix de notre Habstrakt national sur son mégatube « Do It To It ». Pour une première partie, ça fait le taffe !

DJ Snake attaque fort direct

Avec un léger retard, DJ Snake fend la foule tel Johnny en son temps pour arriver sur scène et prendre enfin les commandes de son show. Pas de concessions, il attaque tout de suite très très fort dans une ambiance Dubstep / Hard Trap qui électrise le public qui l’attendait impatiemment pour certains depuis plusieurs heures (ouverture des portes 16h30). Snake ouvre son set avec du Bellorum, comme plusieurs fois dernièrement, et enchaine avec des cartouches telles que « Quiet Storm », sa collab’ avec Zomboy, ou encore « Core » de RL Grime. Une petite touche de Bass House avec le toujours génial remix de Habstrakt sur « Ring The Alarm » et on est sur 30/40 premières minutes de très haute volée et intenses. Le DJ Snake violent comme beaucoup l’aiment !

Pour accompagner le set, dès le début la scène commence à balancer de la très grosse pyro avec de multiples lance flammes assez haut et dans toutes les directions. L’ambiance ne retombe pas, même si (de notre côté en tout cas), on n’observe pas encore vraiment de pogos. De ce côté là, ça s’animera plus vers le dernier tiers du set où les aficionados de pogos ont repris le contrôle de notre côté de la scène, avant un mur de la mort qui fera date également. On sent tout de même une partie du public un peu circonspecte, les habituels qui suivent Snake pour ses hits radio essentiellement. Mais ça rajoute au « folklore » des concerts de Snake avec ce public aux deux visages, représentatif du côté très large de la discographie de Snake. Le premier guest de la soirée arrive déjà : Sheck Wes. Le rappeur américain devenu basketteur à Paris interprète « Enzo » puis son mégatube « Mo Bamba ». Un premier guest d’une longue liste qui va animer la soirée.

Des invités incroyables

Les tribunes sont parsemées d’invités de renom. Mais la scène également ! Après Sheck Wes, DJ Snake ramène également avec lui son fidèle compère Malaa pour jouer son dernier single « How It Is ». Mais aussi et surtout, Cheb Khaled, David Guetta et Stromae. Trois invités totalement inattendus qui ont mis la foule en délire. Avant cela, on a eu droit à une sympathique intervention de Omar Sy, venu « aider » DJ Snake a contrôler la foule sur « Get Low ». Mais la première vraie folie de la soirée est donc arrivée avec l’apparition de Cheb Khaled. Avec l’invitation du roi du raï, Snake voulait montrer la France multi culturelle comme il l’aime. Khaled a ainsi pris le temps d’interpréter deux de ses tubes, « Abdel Kader » avec son groupe 1 2 3 Soleil, et l’inoubliable « Aïcha », reprise en coeur par tout le stade dans une ambiance indescriptible.

Sans David (Guetta), il n’y a pas de Snake.

DJ Snake au micro hier soir

La deuxième claque de la soirée ? L’incroyable venue de David Guetta sur scène. Comme Snake l’explique lui-même, ils ont souvent été (injustement) opposés, parce qu’ils ne font pas le même type de musique. Mais ce sont deux figures emblématiques de la scène française et même mondiale, et surtout, Snake doit beaucoup à Guetta comme la plupart des DJs. Il a souligné à quel point Guetta méritait le respect pour toutes les portes qu’il a ouvertes pour les autres par la suite. C’est simple, « sans Guetta, pas de Snake ». Alors qu’on se prend à rêver d’une collab’ entre les deux dévoilées, c’est au final 10/15 min de sets de David Guetta auxquelles on a droit. David joue un gros mégamashup de ses plus gros tubes et fait résonner la Future Rave dans l’enceinte du Parc, jouissif ! Pendant ce temps, Snake disparait mystérieusement…

Il finira par revenir par là où David disparait, sous la scène. Snake revient alors en s’élevant dans le ciel, montrant une nouvelle fonctionnalité de la grosse production imaginée par High Scream et Romain Pissenem. Et alors qu’on se remet à peine de la rencontre Snake / Guetta que tout le monde espérait depuis des années sans jamais trop y croire, William dévoile un nouvel invité qu’on a vraiment pas vu venir. Après une mini session de scratch rappelant que DJ Snake est avant tout un DJ de talent depuis de longues années, jouant avec les notes de « Show Me Love », il envoie finalement « Alors On Danse ». Et qui débarque ? STROMAE ! Malgré un léger problème de micro pour le belge qui dure quelques secondes, la foule est en fusion et le belge prend le temps d’interpréter son tube ainsi que son dernier succès « L’enfer », remixé pour l’occasion. Il prendra le temps d’expliquer ensuite que DJ Snake avait été l’un des premiers à supporter « Alors On Danse » il y a douze ans. Une façon de lui renvoyer l’ascenceur donc.

Des tubes et du show !

Mais un show de Snake n’est pas un show de Snake sans ses innombrables tubes, de « Lean On » à « Let Me Love You », en passant par « Middle » ou son dernier « Disco Maghreb ». Tous ont réveillé la foule, chantant à tue tête tous ces morceaux devenus des classiques à travers les années. Un set vraiment intéressant, bien équilibrés entre bangers Trap/Dubstep, tubes radio, et quelques surprises appréciables comme l’excellente « 400 » de Chris Lake, plus quelques nouveautés (notamment un nouvel arrachage de tête pour le morceau du mur de la mort). Pour entourer tout ça, toujours ses fameuses prises de micro qui font le charme de ses shows pour les fans les plus assidus, lui donnant un côté plus « humain » à communiquer énormément avec ses fans. Et dans un événement comme celui-ci, chez lui, dans le stade qui l’a fait rêver toute son enfance, difficile de lui reprocher de vouloir partager son bonheur. Cela a d’ailleurs donné lieu à un moment touchant à la fin, Snake finissant par ne plus trouver ses mots pour son « discours » de fin. On le sentait ému et on devinait quelques larmes derrière ses incontournables lunettes.

Tous ces éléments sont des composantes intégrantes du show à la Snake, qui est bien plus qu’un simple DJ set. Et du show, il y en a eu. Une fois la nuit tombée, c’était un véritable déluge de lasers, pyro, feux d’artifices et lumières en tous genres. La configuration stade permet d’avoir ces effets pyro qui nous encerclent entièrement pour un spectacle saisissant qui pète de partout. Vraiment un spectacle rarement vu pour un show solo d’un artiste (pas vraiment pertinent de comparer ça avec certains gros festivals comme a pu le lire sur les réseaux sociaux). Au final, un show de plus de 2h30, des guests inattendus et du spectacle visuel impressionnant, DJ Snake ne s’est clairement pas foutu de nous !

Et après ?

Une soirée mémorable donc, pas seulement pour DJ Snake, mais aussi pour les 63000 personnes présentes et la musique électronique en général qui a résonné fort dans l’une des plus grandes enceintes de France. L’accomplissement d’un long travail des équipes de Snake qu’il faut saluer également, de Julie sa manageur, aux équipes techniques de High Scream, en passant par sa team audiovisuelle (Multyde, Cody McFly), Tarek Okbir au graphisme, et bien d’autres qu’on oublie sûrement (coucou Camille). Ils ont tous participé, à leur manière, à la réalisation d’un rêve d’un artiste d’une part, et la mise en valeur de la musique qu’on aime tous tant d’autre part.

Le prochain objectif de DJ Snake ? Il l’a déjà en bonne partie admis en interview : le Stade de France. Un Parc des Princes devait se faire avant pour l’aspect sentimental que le stade du PSG avait à ses yeux. Mais l’étape suivante est naturellement l’enceinte de Saint-Denis. Pour quand, a-t-il même déjà commencé à travailler dessus, et s’il le fait comment pourra-t-il continuer à aller plus haut lui qui a déjà tant accompli ? L’avenir le dira, mais de notre côté on a hâte de voir, tant DJ Snake va là où peu de personnes sont allées avant lui.