Ultra Miami 2022, retour sur un festival qui fera date à plus d’un titre

Le vendredi 25 mars 2022 fera date dans l’histoire des festivals de musique électronique. Vendredi dernier marquait en effet, enfin, après 4 longues années d’attente, le grand retour de l’Ultra Music Festival dans l’enceinte de Bayfront Park qui avait fait sa renommée. Entre conflit ouvert avec les habitants du quartier et crise sanitaire, les dernières images que l’on avait en tête de l’Ultra en centre ville étaient tout simplement celles du come back de la Swedish House Mafia en 2018. Un déménagement et deux annulations plus tard, nous avons eu la chance d’être présent pour ce come back mémorable à plus d’un titre. On vous raconte tout ça !

Le lieu / les scènes

Bayfront Park est donc un parc du centre-ville de Miami. D’une superficie de 13 ha, il est coincé entre les buildings de la ville d’un côté et la mer de l’autre avec la baie de Biscayne et son ballet incessant de bateaux de toutes les tailles. On trouve également collé au nord la marina de Bayside et sa marketplace. C’est d’ailleurs par le nord que se fait l’entrée dans le festival sur le bitume de Biscayne Boulevard, fermé à la circulation pour l’occasion. Boulevard qui longe la ligne de monorail empruntée par une bonne partie des festivaliers pour arriver sur place. Déjà une expérience en soit, l’arrivée via ce petit train permet, une fois extirpé d’un passage entre deux buildings, de découvrir émerveillés le U géant de la mainstage et de survoler en partie la zone de festival et longer la Worldwide et la Megastructure. Un cadre atypique assez unique, entre urbanisme démesuré et océan, un temps parfait quasi toute l’année, encore faut-il proposer des scènes à la hauteur !

A gauche la Worldwide Stage, à droite la Megastructure

7 scènes au programme cette année. On retrouve évidemment toujours les fameuses scènes qui ont fait la renommée du festival à travers les années, les massives Mainstage et Megastructure, ainsi que la bouillante Worldwide. La Live Stage et sa configuration d’amphithéatre sont évidemment toujours là, tout comme l’UMF Radio, qui déménage par contre de derrière la Live Stage pour se retrouver tout au sud du festival, à côté de la petite scène Oasis. Elle a été remplacée par une nouvelle scène The Cove à son emplacement d’origine.

Les scènes Worldwide et Megastructure, marques de fabrique du festival, sont sans surprise identiques aux années précédentes. Pourquoi changer une formule qui marche après tout ? La scène Worldwide présente toujours sa sa structure incurvée sur la longueur, très peu large, comme un simple toi pour s’abriter. Avec ses écrans à LED jusqu’à la moitié de la structure, elle a surtout la particularité d’être littéralement posée sur le trottoir du boulevard qui longe le festival. On peut donc danser au son de la scène littéralement sur la rue. C’est clairement la scène qui donne le plus l’impression d’avoir le festival posé au milieu de la ville.

La Megastructure porte elle toujours aussi bien son nom. Même si elle parait moins grande en vrai que sur le livestream, elle reste une scène massive, tout en longueur, à la structure arrondie. De large panneaux LED amovibles rectangulaires descendant au-dessus de la foule au son de la programmation Resistance. La scène qui propose clairement les jeux de lumières les plus massifs et les plus impressionnants du festival derrière la Mainstage.

Du côté des scènes iconiques du festival, on retrouvait également la Live Stage et sa configuration en amphithéatre pour accueillir des formats plus « concert » que DJ Set. Une scène avec des sièges donc réduisant en bonne partie l’espace dédié à la fosse, et une configuration assez déroutante pour un festival electro. Cela ne l’empêche pas de faire régulièrement le plein grâce à sa programmation pointue.

Venons y d’ailleurs à la Mainstage. Premier élément du festival que l’on peut apercevoir au loin quand on arrive et première scène que beaucoup vont voir en débarquant dans l’enceinte du festival. On compare souvent les scènes Ultra et Tomorrowland, les deux misant chaque année sur des stratégies radicalement différentes. Le festival belge est connu pour ses décorations minutieuses toutes plus resplendissantes les unes que les autres. Le mastodonte américain mise irrémédiablement sur une stratégie 100% LED et structure en prolyte. Les deux ont leurs partisans et leurs détracteurs, mais ce qui est sûr c’est que Ultra arrive chaque année à proposer, de nuit du moins, un show light dévastateur.

Parmi les conditions qui ont permis le retour du festival à Bayfront Park, il y avait le fait de raccourcir le temps d’occupation du parc. Ce qui fait que les organisateurs du festival n’avaient plus que 15 jours pour montrer l’ensemble des scènes, au lieu de 1 mois auparavant. Ce qui explique peut§être en partie une scène cette année plus légère en écrans. Il y avait notamment un espace libre entre le toit de la scène et ces cubes en milieu de la structure assez surprenant. Cela n’a pas empêché un show light dantesque de nuit, mais plusieurs festivaliers ont souligné cette Mainstage plus légère que d’habitude et clairement pas la plus impressionnante de l’histoire du festival. Les shows pyrotechniques notamment étaient absolument massifs, en particulier sur le set Illenium où on n’avait jamais vu autant de lance flammes tout au long d’un set.

A gauche la scène UMF Radio, à droite la scène The Cove

Concernant les autres scènes du festival, on descend clairement en taille, mais pas forcément en programmation. Si la traditionnelle scène Oasis était toujours bien là, proposant une sélection de petits artistes en devenir, elle était assez souvent bien vide. Les scènes UMF Radio et The Cove proposaient elle des programmations qui ont attiré du monde tout le festival. Si la seconde faisant partie de la programmation Techno/Tech House « Resistance », la première faisait honneur à différents labels chaque jour, STMPD, Gud Vibrations et Dirty Workz.

Deux scènes assez similaires et simplistes dans leurs structures, même si la scène The Cove était légèrement plus grande et décorée avec des branches de palmiers. Sinon des scènes assez classiques, forme rectangulaire, DJ booth légèrement surélevé, grand écran LED derrière le DJ. Petite déception de ce côté là quand on se rappelle qu’en 2018 il y avait l’incroyable scène Arcadia en forme d’araignée à la place de The Cove. Si on sait depuis un moment maintenant que Ultra a abandonné l’utilisation de cette scène (qui n’est d’ailleurs pas une scène propre à Ultra), on espérait que le retour à Bayfront et l’apparition de cette « The Cove » donne lieu à quelque chose de moins simpliste.

L’organisation

Si l’Ultra présente un savoir-faire reconnu dans la production de shows d’envergure, avec des scènes visuellement impressionnantes et des programmations massives, qu’en est-il de tous ces à côtés qui peuvent grandement participer à améliorer votre expérience de festival ? Cela commence notamment dès l’entrée sur les lieux. Dans nos récaps de l’Ultra 2018, on soulignait l’utilisation encore de billets à l’entrée du festival, certes jolis, mais dépassés depuis longtemps dans quasi tous les festivals au profit des traditionnels billets cashless. Si depuis l’Ultra s’y est mis également, cela n’a pas semblé accélérer l’entrée dans le festival. Le premier jour du moins, où plusieurs festivaliers nous ont indiqué avoir patienté au moins 1h30 dans la queue. De notre côté, nous n’avons pas pu constater ces lenteurs de nos propres yeux, l’entrée de la presse se faisant à un autre coin du festival.

Ce qu’on a pu constater en tout cas niveau circulation, c’est les flux de personnes dans le festival, souvent compliqués à plusieurs endroits pendant les pics de fréquentation. Là où un festival comme Tomorrowland impose des sens de circulation à plusieurs endroits pour fluidifier le passage, ce n’est malheureusement pas le cas à l’Ultra. Le festival étant en plus au final assez petit par rapport au nombre de personnes qu’il accueille, il faut souvent s’armer de patience pour passer d’une scène à une autre, plusieurs endroits étant régulièrement bouchés.

A côté de ça, le festival propose quelques rares espaces détentes, les plus intéressants étant ceux réservés aux billets VIP. Notamment la petite plage aménagée face à la mer. Mais là encore, le festival fait avec la place qu’il a et chaque cm2 est plutôt bien optimisé. Difficile de proposer plus d’espaces détentes que cela, les moyens les plus simples au final pour faire une pause restant de se poser dans l’herbe en face de la Live Stage ou sur la colline à côté de l’UMF Radio.

Côté sanitaires, l’offre proposée est à notre sens largement suffisante, on n’y a jamais constaté de longue queue interminable. Parmi les avantages proposés aux détenteurs de bracelets « PGA » (ceux ayant acheté en 2020 et reporté leurs billets), il y avait d’ailleurs cette année une zone de sanitaires supplémentaires appréciable, dans des roulottes climatisées. Toujours bon à prendre.

Au niveau de l’offre en boissons et nourritures, là encore un large choix s’offre à vous, sans atteindre néanmoins le côté très international de Tomorrowland. Une offre assez variée et bien répartie sur l’ensemble du site, évitez les heures d’affluence et vous ne devriez pas avoir trop de queue à faire pour vous restaurer. Des tarifs néanmoins assez élevés à noter. Niveau services proposés dans le festival, vous pourrez y trouver un système de lockers plutôt bienvenu quand vous avez beaucoup d’affaires sur vous, et un gros stand de merch si vous êtes friands de vêtements et accessoires brandés Ultra.

Le public / l’ambiance

Comme on avait pu le constater sur place il y a 4 ans, le public est à l’image de Miami. A savoir en grande partie américain évidemment, mais aussi une grosse communauté sud-américaine. Des brésiliens venus en nombre supporter leur star Vintage Culture aux péruviens, colombiens et autres dominicains, on a probablement pu croiser au moins une fois un drapeau de chaque pays du continent. La communauté française est également présente en nombre et on a pu croiser plusieurs d’entre vous sur le festival. C’est d’ailleurs toujours un plaisir d’échanger avec vous sur les festivals et on passe en particulier au passage un petit coucou au collègue de Hands Up croisée entre deux pogos sur la Worldwide. Sur la Mainstage, il n’était pas rare de voir également de grands groupes de festivaliers asiatiques, nettement moins sur les autres scènes.

L’un des aspects qui fait qu’on est particulièrement amoureux de l’Ultra, l’ambiance survoltée qui peut régner sur des scènes comme la Worldwide ou l’UMF Radio par exemple. La scène Worldwide est clairement pour vous si vous êtes amateurs de pogos endiablés ininterrompus. La Megastructure propose elle une ambiance plus intimiste et immersive du fait de la programmation musicale, mais un public toujours à l’unisson devant les DJs proposés par Carl Cox. La Live Stage nous a également bien bluffés avec un public notamment survolté sur la performance de Madeon, rajoutant des frissons à ceux que le français nous donnait déjà. Belle surprise également sur une scène The Cove particulièrement blindée pour le set de John Summit. Le festival ne déroge néanmoins toujours pas à la règle universelle qui veut que le publics sur la Mainstage soit surtout chaud sur les plus gros hits des artistes qui y jouent.

Enfin, on a (malheureusement) retrouvé une mode que l’on n’avait de notre côté constatée qu’à l’EDC Las Vegas 2019 pour le moment : les éventails qui « claquent » en rythme avec la musique. OK cela rajoute au « folklore » du festival, mais on ne vous souhaite clairement pas d’en avoir un à côté des oreilles tout au long d’un set… On a hâte de voir à Tomorrowland cet été si la mode aura traversé l’Atlantique.

Les sets

A la découverte de la programmation 2022, on n’a pu s’empêcher d’avoir une pointe de déception. La programmation prévue à l’origine en 2020 était en effet quasi parfaite à nos yeux, et même si on s’y attendait, voir certains artistes disparaitre de la programmation nous a fait un petit pincement au coeur. On pense par exemple aux performances prévues en Mainstage de Above & Beyond et Eric Prydz. Mais aussi et surtout à cette live stage de folie qui devait proposer, entre autres : Flume, Gesaffelstein ou encore la scène « Orbit » de Zedd.

Qu’à cela ne tienne, on ne boude clairement pas notre plaisir devant l’affiche de 2022. Proposant des b2b inédits comme Vintage Culture / Claptone, des shows lives encore jamais vus en Europe comme le Good Faith Forever de Madeon et une scène Resistance plus que massive, il y a totalement de quoi se régaler. En soulignant évidemment le nouveau closing surprise du festival, que la majorité avait deviné comme étant Hardwell depuis longtemps.

Day 1

Arrivés le premier jour, on commence très naturellement notre tour du festival par la Mainstage et Nicky Romero donc. Parmi les premières grosses stars de l’ère « EDM », la présence du néerlandais en Mainstage a pu encore en surprendre certains, lui qui n’a plus d’aussi gros hit qu’au début de sa carrière depuis un moment. Sa performance a en tout cas montré que sa présence n’était pas usurpée. Ouvrant son set avec sa récente collab’ ‘So Much Love‘ avec le français Almero, Nicky Romero a alterné entre ses derniers morceaux, et vieux classiques (quel plaisir de réentendre ‘Metropolis‘ ou ‘Ladi Dadi‘). Un beau concentré de Progressive House & Electro House pour une entrée en matière agréable.

Devant s’absenter un moment pour aller tourner une interview avec DubVision, on zappe les performances suivantes pour ne revenir devant la Mainstage qu’une heure plus tard pour le set de Fisher. On voit tout de suite que l’australien est toujours aussi bankable, même si quelques années ont passé maintenant depuis le succès de ‘Losing It‘. La fosse commence à être particulièrement serrée et Fisher ouvre directement en fanfare avec ‘Palm Beach Banga‘. Si il nous a surpris en jouant ‘World Hold On‘ de Bob Sinclar, le set de l’australien aura été pour le reste très efficace mais sans surprise pour qui connait un minimum ses performances. Mention spéciale néanmoins pour la dernière ‘400‘ de son acolyte Chris Lake et énorme tuerie en live.

Toujours sur la Mainstage, c’est Alesso qui prend la suite. Le public se masse encore plus et ça devient vite difficilement supportable. On prend quand même le temps d’écouter au moins la moitié du set du suédois avant une pause ravitaillement bien méritée. Et ça vaut le coup, Alesso arrive très en forme et surtout… souriant ! Avec de splendides visuels inspirés de son nouveau concept « Eclipse », le suédois démarre notamment avec le Toxic Mix de ‘Somebody To Use‘, un petit régal à mi-chemin entre Tech et Electro House, dans la veine de ‘Progresso‘ qu’il joue plus loin. Un Alesso qui nous fait plaisir comme il ne nous avait pas fait plaisir depuis longtemps !

La suite de la journée s’articulera entre l’inédit b2b Armin Van Buuren / Reinier Zonneveld, le set solo d’Armin lui-même et le set surprise en closing de la scène STMPD. Le b2b est impressionnant de puissance, ça tape très fort sur la Wordlwide Stage. Les deux artistes fusionnent au final très bien et jouent 1h de Techno percutante qui ravie le public. Côté scène STMPD, on s’y rend en espérant voir un set surprise de Martin Garrix en mode YTRAM. Si c’est sans surprise bien le patron du label qui vient clôturer sa scène, c’est un « simple » set de Martin Garrix qu’il propose, mais en b2b avec l’ensemble des artistes du label ! Un beau moment de communion avec le public et un moyen de profiter d’un set de Garrix dans une ambiance plus respirable que la Mainstage quelques heures plus tôt. Y sont passés les classiques du label comme les prochaines grosses tracks de la maison, comme la toute nouvelle collaboration entre Garrix et les DubVision.

Day 2

Gros gros programme en ce deuxième jour de festival. Celui qu’on attendait clairement le plus. On décide d’arriver aux alentours de 16h sur place pour enfin découvrir LE phénomène du moment, John Summit. Un phénomène qui se matérialise dès l’accès à la scène, la The Cove étant absolument plein à craquer. Les gens au fond se trouvaient d’ailleurs confrontés au son de la Live Stage voisine qui venait parasiter le set. L’américain a lui absolument régalé de bout en bout pendant 1h30, délivrant quelques IDs savoureuses et offrant évidemment au public ses plus gros titres, de ‘Make Me Feel‘ à la dernière ‘La Danza‘. Avec des passages très Techno mais un set globalement Tech House, on ne saurait que trop vous conseiller de vous jeter sur un set de l’américain si vous avez l’occasion de le voir prochainement. Un régal sous le soleil et au milieu des palmiers.

Et quel bonheur de pouvoir enchainer avec un set de notre Tchami national sur la Mainstage ! Le prêtre de Pardon My French a sans surprise délivré un set de très haut niveau. Toujours là pour mettre en valeur les talents bien de chez nous, il a notamment joué quelques grosses IDs, une de Aazar et une collaboration avec Frents absolument massive. House, Bass House, Tech House, Future House, un sacré cocktail et un de nos meilleurs sets du festival sans trop de débat possible. Le set qu’on a probablement déjà le plus réécouté depuis la fin du festival.

Pour la suite, on avait choisi d’aller voir Gareth Emery et son show ANALOG, pour présenter son nouvel album. Venu avec tout un orchestre et des chanteurs, il a choisi de présenter son album dans une forme totalement acoustique. Une performance audacieuse et atypique de la part d’un DJ, mais on n’a malheureusement pas réussi à rentrer totalement dedans après un set de Tchami. Cela vaudrait le coup de revivre le show dans un format uniquement concert et pas au milieu d’un festival. On bascule donc sur la Megastructure pour Tale Of Us après un mini détour par l’excellent Whethan sur la Worldwide, et là c’est la claque par contre. Le set des italiens nous fascine dans une ambiance Tech/Progressive hypnotique, avec en point d’orgue une ID Anyma / CamelPhat vraiment excellente. Passés par là par hasard, on cochera clairement plus tôt à l’avenir un set de Tale Of Us sur nos plannings de festivals !

Mais le meilleur de cette journée d’anthologie était encore à venir pour les deux derniers shows de la journée. On passe d’abord sur la Live Stage pour découvrir le nouveau Good Faith Forever de Madeon, sorte de mise à jour de son show Good Faith vu à Paris. Et bien quelle énorme claque ! On n’avait pas était autant subjugué par un show depuis Woman Worldwide des Justice. L’esthétique est incroyable avec des visuels tous plus fins et travaillés les uns que les autres. Avec au milieu un Madeon véritable acteur de son show, prenant le micro, des poses en fonction des visuels et changeant de tenues, la montée de niveau du show depuis Paris est absolument phénoménale. Un show qui doit se vivre en live, pas juste s’écouter à la maison. Absolument splendide et impressionnant de travail.

Changement radical de style mais belle claque aussi avec le closing de Illenium sur la Mainstage. Le closing de la veille avait été assuré par un set de Kygo qu’on qualifiera de surprenant, partant notamment en showcase de 50 Cent à un moment. Illenium lui ne fait pas dans la dentelle. Toujours avec son style un peu schyzophrénique alternant douce voix et mélodies avec drops trap/dubsteps ravageurs, l’américain a absolument retourné Bayfront Park. Bien aidé par une scénographie impressionnante avec des lance flammes en veux tu en voilà, et des écrans amovibles rajoutés pour sa prestation. En bons fragiles que nous sommes, on reste marqués par les passages de ‘Takeaway‘ et ‘Sideways‘ et leurs vocaux d’une douceur frissonnante. Mais l’américain a aussi su surprendre avec des Edit de ‘If I Lose Myself‘ et ‘Calling‘ qu’on attendait pas du tout pour le coup. Un closing magistral.

Day 3

Déjà le dernier jour du festival. On commence par aller se placer pour le set de ACRAZE sur la Mainstage et on arrive donc sur la fin du set de Vini Vici, Pour une fois présent à deux, les deux représentants de la Psy Trance font déjà bien galoper le public et on se demande comment ACRAZE va réussir à maintenir l’ambiance après ça. Mais la révélation de 2021 s’en sort plutôt bien. Si l’alternance de styles peut parfois surprendre, l’américain alternant aussi bien des tracks assez pointues et quali comme ‘Talamanca‘, ou encore du Anti Up et du Rebuke que des morceaux « bingos » comme ‘Eyes Of The Tiger‘ ou ‘Sweet Dreams‘. Pour les 3/4 du set la tracklist nous a en tout cas totalement conquis et sa performance a plutôt bien pris sur le public, avec en point d’orgue évidemment l’inévitable ‘Do It To It‘.

On n’a malheureusement pas pu profiter pleinement du back 2 back inédit entre Claptone et Vintage Culture, une obligation en zone presse nous forçant à le sauter. Des 15 minutes qu’on a pu voir, on va en tout cas clairement se le refaire en entier avec une ambiance House très chill & good vibes qui faisait plaisir sur la Mainstage. Une tracklist quasi exclusivement made in Claptone et Vintage Culture, c’est à souligner.

Fort heureusement, on n’a pas raté une miette de l’un des autres sets qu’on attendait le plus, le duo GHOSTRYDR formé par JOYRYDE et Ghastly. L’ambiance la plus surchauffée du WE sous le toit de la Worldwide, on y a laissé quelques litres de sueurs après une bonne séance de cardio. Un set brut de décoffrage et sans compromis avec les plus gros bangers Bass House, Trap et Dubstep de leurs catalogues. A vous refaire à la salle de sport si vous voulez vous défoulez. Sur le podium de nos sets favoris du festival. Le suivant en est pas très loin, à savoir Seven Lions. Trop rare en Europe, l’américain fait partie des artistes inratables quand on a la chance de le croiser en festival. Roi de la Melodic Dubstep avec son label Ophelia, il a ramené une foule compact sous la Worldwide, encore plus que le duo précédent. Des drops fracassants, même une touche de Psy, et surtout l’inégalable ‘First Time‘.

Mais il est temps de se rendre sur la Mainstage pour découvrir en fin ce surprise guest plus si surprise que ça. Enfin presque. Car même si tout le monde avait compris que Hardwell allait prendre les platines depuis des semaines, l’Ultra a réussi à semer le doute dans les esprits avec une pub bien placée pour la Swedish House Mafia. En diffusant tout d’abord un extrait de leur prochain single, puis en rappelant la date de sortie de leur album à venir. Enfin en affichant les fameux trois poins du groupe, aussi bien sur les écrans de la scène que… dans le ciel grâce à un show drones déjà utilisé le premier jour pour Kygo. C’était en fait l’occasion pour le festival d’annoncer, déjà, la venue du trio suédois pour 2023, et c’est bel et bien Hardwell qui a pris les commandes de la Mainstage.

Et dieu sait que le néerlandais à surpris pour son retour après plus de 4 ans de pause ! De notre côté, on ne n’est jamais caché que l’on n’était plus très fans du style du néerlandais avant sa pause, bien qu’il ait bercé, comme beaucoup d’autres nos débuts dans la musique électronique. On était donc très curieux de voir ce qu’il avait fait pendant toutes ces années. Et bien on n’a pas été déçu, Hardwell proposant un set entre Techno et Future Rave, même Tech Trance, qui en a scotché plus d’un. Il a même réussi à déstabiliser une bonne partie du public, certains quittant même assez rapidement la fosse. Probablement déçus de ne pas retrouver le Hardwell Big Room, et c’est bien dommage. De notre côté, on a été totalement conquis par ce changement de cap et on est ravis de voir qu’une telle tête d’affiche n’hésite pas à aller à contre courant de ce que tout le monde attend pour faire ce qu’il a envie. Une belle leçon pour beaucoup d’artistes et une belle conclusion à ce festival incroyable.

En faisant son grand retour à Bayfront Park et en accueillant Hardwell, l’Ultra a, à sa façon, marqué une date importante dans l’histoire des festivals de musique électronique. Et alors que certains les voyaient perdus et au bord de la faillite, a rappelé que sa place est bien très solidement ancrée sur le podium des meilleurs festivals du genre. Des aspects logistiques perfectibles sur lesquels le festival n’égalera probablement jamais Tomorrowland, mais un cadre et une ambiance uniques au monde qui donnent à ce festival un charme si particulier. C’est un budget certain, en particulier pour s’y rendre depuis l’Europe, mais si vous avez la chance de tester ce festival au moins une fois dans votre vie, foncez y les yeux fermés.