Dossier : L’Eurodance, les origines

Oyez Oyez brave gens, il est l’heure de prendre des notes, c’est l’heure d’un cours d’histoire, et pas n’importe lequel, un cours d’histoire sur l’Eurodance !

Alors que la France ne s’est jamais vraiment remise des années 80 et de ses divers titres kitsch, nullissimes, mais aujourd’hui cultes, le reste de l’Europe lui, a du mal à se remettre des années 90, et en particulier de l’Eurodance ! Le style s’est étalé sur presque 2 décennies, et influence encore les productions actuelles. Ultra populaire quasi du jour au lendemain, grâce à des mélodies faciles d’accès, un rythme rapide et entraînant, il fut en tête de tous les classements, a rempli les plus grosses salles et fait la fortune de bon nombre de labels indépendants et de majors, qui se sont transformées en véritables usines à eurodance.

Face à un tel dossier, il semble nécessaire de structurer le propos en 3 parties. Nous couvrirons d’abord ses origines de 1990 à 2000, de 2000 à 2010, et nous conclurons sur l’héritage laissé par le style défunt. Mettez vos lunettes, alerte au pavé !

1990 – 2000
La Genèse

L’eurodance prend source dans les sonorités, tenez vous bien, de la techno ! A l’époque, le genre est déjà très populaire et grâce à des événements comme la Love Parade en Allemagne, il se démocratise, mais son rythme trop rapide, et surtout trop redondant, le rend difficilement accessible aux masses et n’atteint pas les ondes radios.

Vient alors des groupes comme Technotric ou Snap !, qui mélangent mélodies simples et rap, sur des productions entièrement électroniques qui tournent aux alentours des 140BPM ; l’Eurodance est née, et se classe immédiatement en tête des ventes. L’engouement en Europe est immédiat, les allemands, pionniers en matière de musique électronique, deviennent les plus gros producteurs et consommateurs du genre et le virus se répand rapidement en Suisse, Espagne, Hollande, Italie, et même jusqu’au Japon ainsi que dans le reste des pays asiatiques. La recette fait le succès de titres comme « Capella – Move Your Body » « Culture Beat – Mr. Vain » « Corona – The Rythm Of The Night » ou encore « Haddaway – What Is Love »

Conquète de l’hexagone

Concentrons nous sur l’hexagone; dès le début, impossible de passer à côté du genre, omniprésent en TV ou radio, les grandes enseignes de malbouffe se mettent même à distribuer des compilations Eurodance avec leurs menus. Fun Radio met le paquet, et organise avec M6, Dance Machine, l’ancêtre de la Fun Radio Ibiza Experience, à Bercy, dans la continuité de leurs soirées « La Plus Grande Discothèque du Monde ». L’événement, retransmis en simultané TV/Radio, durera presque une dizaine d’années, donnant lieu à une quinzaine de concerts, avec au sommet de sa popularité, pas moins de 3 concerts complets par an en 94, 95 et 96. Les compiles Eurodance affichent des chiffres effarants, la marque Dance Machine sortira à elle seule 30 volumes de sa compilation sur 10 ans.

(En bonus dans la vidéo, Difool chez FunRadio avec ses cheveux longs)

Alors que l’Allemagne produit hits sur hits (Sash, La Bouche, Masterboy, Scooter), l’Europe de l’Est se réveille et les suédois donnent naissance à des projets comme Dr. Alban, Da Buzz, E-type, Ace Of Base, ces deux derniers produits par le roi de la pop actuelle, Max Martin, (une centaine de titres dans le Top100 ces 20 dernières années, mais on y reviendra plus tard).

Un peu plus au sud, l’Italie y va aussi de son grain de sel, en produisant bon nombre de tubes, on pense à Whigfield, Capella, Bamble B, sans oublier le grand classique « Gala – Freed From Desire ».

Après 95, la formule rap + vocal féminin s’essouffle, la technique sonore s’améliore permettant au style d’évoluer vers une structure entièrement chantée, plus accessible au public radio, avec un fort accent sur le refrain et une mélodie entêtante au synthé.

Arrivent alors des groupes comme les danois d’Aqua, ou les hollandais de Vengaboys, appartenant au courant de la Bubblegum Dance, un sous-genre privilégiant des voix acidulées et des paroles complètement stupides, sans compter la vague des divers boys band détruisant la réputation du style, clouant son cercueil.

L’overdose

Le style s’essouffle doucement à la fin des années 90, sa formule, trop répétitive, et ses titres produits en quantité industrielle lassent le public, laissant de nouveau place à la Pop et aux musiques urbaines. Le style, pour perdurer, aurait du s’exporter aux Etats Unis, mais même Scatman John (avec 3 albums, et des dizaines de disques d’or et de platines en Europe et au Japon), pur produit américain, n’a pas su convertir ses compatriotes, n’atteignant même pas le top 50 chez lui.

Le style semble au fond du gouffre; après 10 ans dans les charts, des soirées monumentales à travers l’Europe, et surtout premier engouement de masse pour la musique de club, le style est prêt à moisir dans les vieux tiroirs, mais celui-ci prépare déjà une nouvelle offensive…

La suite de ce dossier arrive dans les jours/semaines à venir.

Sabotage

Tiraillé entre un gout prononcé pour le Hardstyle et un amour pour la pop adolescente.