Récap : Elektric Park 2017

Ce WE, c’était la première édition de l’Elektric Park Festival sur l’Île des Impressionnistes à Chatou en région parisienne. Première édition officiellement mais qui n’en était pas vraiment une, le festival prenant la suite de l’Inox Park après sept éditions, seul le nom a changé, tout le concept autour et l’équipe d’organisation restant globalement la même. L’évènement est un incontournable de la saison des festival française depuis 7 ans maintenant et l’évolution de sa programmation au fil des années a beaucoup fait parler, peut-être encore plus cette année. Malgré cela, Joachim Garraud continue de se démener pour proposer une atmosphère de fête année après année, voyons ce qu’il a réussi à nous offrir pour ce cru 2017.

La programmation

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Ah l’éternel débat autour des line up…  Alors que la programmation de l’Inox Park 7 proposait encore des gros noms de la scène EDM comme Don Diablo, NERVO ou W&W, les têtes d’affiches de cette année étaient Bassjackers et Laidback Luke, ce qui peu paraitre léger. Dans une interview pour DJ Mag France, Joachim Garraud a déclaré que c’était un choix délibré de sa part, que ce qui compte le plus ce ne sont pas les têtes d’affiche mais l’atmosphère que peut créer le DJ. Il insiste également sur sa volonté de ne pas proposer les mêmes DJs connus que tous les autres festivals propose déjà. Préférer miser sur l’esprit de fête que la course aux stars a été un choix courageux de sa part et il est vrai que la programmation avait le mérite de proposer quelque chose de différent de la majorité des autres festivals. On peut malgré tout comprendre la déception générale devant cette Yellow Stage pauvre en stars actuelles.

On est par contre très fan de cette scène Bleu Blanc Rouge et de l’idée de dédier une scène entièrement aux talents français, trop peu souvent mis en valeur alors qu’elle regorge de talents. S’y regroupaient des anciens tels que Muttonheads, DJ Getdown et Ralph, et des jeunes talents de la scène française comme Thomas Feelman, Madskies et Ravenkis. Quel plaisir également d’enfin revoir Tristan Garner sur scène juste avant son pote Klosman ! La scène Psy Trance a également ramené du beau monde entre Mandragora, Coming Soon et Captain Hook. La scène Bleu, devenue une scène Techno après la disparition regrettée de la scène Bass Music, proposait elle une programmation assurée par Trax Magazine. Une programmation peut-être trop pointu qui a fait que la scène a rarement réussi à faire le plein.

Le lieu / les scènes

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Yellow Stage

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Bleu Blanc Rouge Stage

trance stage

Red Stage

techno stage

Blue Stage

Le lieu n’a pas bougé, toujours sur l’Île des Impressionnistes, petite île sur la Seine coincée entre Chatou et Rueil-Malmaison, après 7 éditions du festival on s’y rendrait presques les yeux fermées. Ce qui frappe en arrivant sur le site, c’est l’absence quasi totale de décoration. Là où l’Inox était déjà critiqué pour son manque d’identité visuelle avec des décorations trop légères, on a ici malheureusement encore régressé. Exit le sympathique nain à l’entrée du festival, ici la seule décoration se résumait aux lettres géantes « EPK » à l’entrée et à des… vaches. C’est dommage, un minimum de décoration permet de renforcer l’esprit festif si cher à Joachim Garraud.

Au niveau des scènes, c’était par contre plutôt pas mal. On a pas pris de claque, mais la Yellow, scène principale du festival, était plutôt bien équipée en pyrotechnie. Articulée en arc de cercle, elle proposait une structure full LED qui rendait bien de nuit avec quelques lasers au-dessus du DJ booth. Les visuels en 3D étaient également très sympas, avec des jingles adaptés à chaque artiste. Comme toutes les scènes axées LED, ça rendait par contre pas grand chose de jour. Et ces échafaudages recouverts de filets de chantier étaient vraiment trop visibles pour apprécier visuellement la scène. Pas de folies sur les autres scènes. La scène Bleu Blanc Rouge reprenant la sobriété de la Blue Stage des années précédentes, la scène Techno offrant elle  une structure de panneaux LED plus originale et jolie. La Red Stage, traditionnellement la seule un peu décorée du festival, avait elle enfin un peu changé de décoration pour des motifs graphiques bien adaptés à l’ambiance Psy de la scène.

L’organisation

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Le festival peut difficilement être critiqué là-dessus. L’organisation s’est déjà nettement améliorée depuis quelques années, notamment en ce qui concerne l’attente aux bars qui pouvait paraitre interminable aux débuts du festival. Entrée et sorties du festival, sanitaires, fontaines, bars, nourriture, stands d’animation (manège, saut à l’élastique et stand Pioneer), tout est bien réparti sur le festival. Introduction cette année de la carte Cashless, ce qui est également un bon point, le dispositif étant là base de beaucoup d’évènements aujourd’hui.

Le public / l’ambiance

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Le public de l’Elektric Park n’a pas changé, c’est le même que celui de l’Inox, à savoir en grande majorité un public jeune, certains même mineurs accompagnés de leurs parents. Venus pour faire la fête sans se prendre la tête, les festivaliers n’ont pas été arrêtés par la météo délicate de l’après-midi. Même si la moitié du lieu avait des allures de Mud Day, certains n’hésitaient pas à se jeter torse nu dans la boue. Une vraie volonté de bouger et d’aminer l’Elektric Park c’est un bon point. Le public a tout de même toujours du mal à se bouger sur autre chose qu’il connait. Globalement ça saute sur les drops, ça se dandine sur ‘Mi Gente’ et ça chante sur les titres Pop à la ‘Lean On’, le reste du temps c’est léger. Mais bon on a l’habitude maintenant !

Un public malheureusement nettement moins présent que les années précédentes, probablement l’effet combiné de la programmation qui a déçu et de la météo capricieuse. La Red Stage était compacte avec une ambiance survoltée pendant l’enchainement Coming Soon / Mandragora / Captain Hook où ça tapait sévèrement du pied. La Blue est elle restée peu remplie la majeure partie de la journée, quand la Yellow a eu un pic d’affluence pour Laidback Luke mais pouvait facilement abriter deux fois plus de monde le reste du temps. La scène Bleu Blanc Rouge aura elle accueilli une belle fréquentation assez constante à partir de 18h.

Les sets

Rentrons maintenant dans le cœur du festival, la musique ! On a fait un peu tout le tour du festival, à l’exception faite de la Blue Stage, les membres de l’équipe présents n’étant pas particulièrement amateurs de Techno. Nos impressions sur les sets sur lesquels on s’est arrêté assez longtemps pour avoir un avis.

Tristan Garner

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Assez nettement notre set favori de la journée ! Qu’est ce que ça fait plaisir de revoir Tristan Garner sur scène ! C’était limite frustrant de n’avoir droit qu’à 45 min de sa part. Le français aux allures de rocker n’a absolument rien perdu de son talent après cette longue absence. Toujours aussi propre techniquement, toujours aussi doué en mashup, il a proposé un set explosif avec ses propres titres qui n’ont pas pris une ride comme ‘Sloan’ ou ‘Pressure’ en compagnie de Klosman et Albin Myers. Entre grosse Electro aux influences rock et french touch et dubstep, Tristan a fait forte impression et on espère que c’était l’annonce d’un retour en force pour lui.

Laidback Luke

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Le néerlandais est toujours un monstre de technique aux platines. S’il s’emmêle parfois un peu les pinceaux, ses sets sont toujours impressionnant de démonstration de DJing en live. Ses mashup sont stupéfiants, certains même totalement inattendus comme ce Toto – Africa / DJ Snake – Middle qui est passé crême. Une fusion totale des styles, Laidback Luke jonglant astucieusement entre Trap, Moombahton, Electro, Hip-Hop, Pop… Une bonne partie du catalogue Barong y est passé notamment. Ça peut être dur à digérer pour un public non averti tous ces styles, mais la performance technique est fascinante pour les autres. Petit moment WTF qui a bien pris sur le public quand il nous a sorti de nulle part le titre ‘Ego’ de Willy William.

Madskies

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Fred Spieler, aka Madskies, a proposé l’un des sets les plus appréciés de la journée sur la scène Bleu Blanc Rouge. L’une des nouvelles signatures Confession de l’année n’a pas fait de détails. Gros set Bass House énervé, le public s’est régalé et l’a fait savoir. On espère revoir Madskies sur une belle scène très bientôt, il a fait ses preuves cette fois.

Thomas Feelman

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Premier festival important également pour Thomas Feelman. Le français signé chez Size et régulièrement supporté par Steve Angello a proposé un très bon set entre Electro et Progressive House. Son set a marqué le début d’un bon enchainement de sets sur la scène Bleu Blanc Rouge pour le pic de la journée avant d’aller finir sur la Yellow Stage.

Damien N Drix

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Pas aidé par la pluie et la boue qui commençait du coup à bien se former devant la scène, Damien N Drix a tout de même su maintenir son public en haleine à gros coup de basse. Ouvrant et terminant son set sur son titre ‘Let It Ring’ qui aura bien tourné cet été (supporté notamment par David Guetta, Dillon Francis et Oliver Heldens), on a aussi apprécié sa bomba ‘Pusha’. Le créneau était difficile du fait de la météo, le DJ originaire du sud de la France s’en est au final bien sorti.

Ravenkis

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C’était l’une des performances attendues, le fameux show live à la guitare de Ravenkis. Le nouveau signé sur Size Records aura proposé quelques morceaux à la guitare au milieu de son set toujours teinté de ses fortes influences Progressive. Il a notamment profité pour dévoiler son nouveau titre qui semble être le digne successeur de ‘Stellar’ dans les sonorités employées.

Lost Frequencies

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La seule tête d’affiche étrangère de la journée avec Bassjackers a ramené du public sur la Yellow Stage et l’aura animé avec des titres assez faciles. Un set sympathique mais pas tout à fait au point techniquement pour le belge.

Bob Sinclar

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On apprécie toujours voir le vétéran Bob Sinclar sur scène tant il aime jongler entre les époques dans sa tracklist, n’hésitant pas non plus à piocher dans l’ensemble de sa discographie, de l’intro de son set sur son titre ‘Rock The Boat’ avec Pitbull à ‘Burning’ et ‘Someone Who Needs Me’ ses derniers succès, en passant par ses classiques comme ‘Love Generation’. On a évidemment eu droit également à son dernier titre avec Akon, ‘Till The Sun Rise Up’. Bob Sinclar reste une figure importante de la scène française et l’un des artistes les plus connus pour un public comme celui de l’Elektric Park, son set a donc très bien pris sur la foule.

Conclusion

Difficile de juger un event comme l’Elektric Park. Quand on y va comme nous depuis la seconde édition, on est évidemment déçus par la direction qu’il a pris mais ce n’est pas nouveau, cela fait quelques années que ça dure, et on n’y reverra probablement plus des Axwell, Tiësto, Skrillex, Eric Prydz, Hardwell, Armin Van Buuren… Ce sont des éditions d’une autre époque, le contexte a beaucoup changé. La programmation a changé, l’organisation s’est améliorée mais la décoration a disparu, les styles se sont diversifiés mais la Bass Music a disparu cette année alors qu’elle était largement appréciée… Il y a beaucoup à dire sur l’Elektric Park. Disons que le public Electro aguerri, qui fait plusieurs festivals dans l’année, n’est plus vraiment le cœur de cible du festival et pour ce genre de public le festival n’est plus vraiment un incontournable de la saison. Pour un public jeune, qui s’en fiche pas mal d’écouter un nom connu, et qui veut juste faire la fête sans se prendre la tête, l’Elektric Park reste un event très sympa.

En conclusion,  on tient surtout à tirer notre chapeau à un grand monsieur, monsieur Joachim Garraud, qui se démène maintenant depuis des années, avec des moyens pas toujours conséquents, pour proposer une expérience musicale variée aux portes de Paris et mettre en valeur la scène française. Si les « puristes » Electro ont pu être déçus par l’édition de cette année, on a tout de même besoin de gens comme Joachim pour essayer de faire évoluer la scène électronique dans le bon sens.

Crédit Photos 📷 S.Camelot

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