Le Soundstorm 2023 débute aujourd’hui en Arabie Saoudite, entre influence et controverse

Du 14 au 16 décembre 2023, se tiendra une nouvelle édition du Soundstorm, anciennement festival du MDL Beast. Il s’agit là d’un événement majeur dans l’un des pays les plus controversés du Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite.

Cette manifestation fait partie de la nouvelle politique du prince Mohamed Ben Salmane baptisé “Vision 2030”. Celle-ci consiste en un plan de “renouveau” ayant pour but de libérer l’Arabie Saoudite de sa dépendance à l’or noir en amorçant une transition économique. Pour ce faire, il faut attirer de nouveaux investisseurs étrangers afin d’ouvrir le pays au tourisme : c’est l’un des axes principaux de cette politique.

Investissements dans les nouvelles technologies, les événements sportifs comme la Coupe du monde 2034, le tourisme, la recherche, les services hospitaliers ou encore l’aviation : l’ambitieux plan Vision 2030, lancé en 2016, prévoit d’investir d’ici là plus de 7 000 milliards de dollars dans les secteurs à fort potentiel de croissance.

Des headliners occidentaux au service de la culture moyen-orientale

Le festival, pour son édition 2023, comptera donc sur plus de 150 artistes et 450 000 festivaliers. Y sont attendus pas mal d’artistes internationaux, à l’instar de Martin Garrix, la Swedish House Mafia, Calvin Harris ou encore Afrojack. Une belle partie de la scène underground y sera aussi présente (Nic Fianciulli, Solardo, Marco Carola ou encore Hot Since 82 …), ce qui ne manquera pas, on le pense, de faire jaser les anti-Business Techno.

Un festival suscitant la controverse parmi les fans et acteurs de la scène

Un line-up exceptionnel donc, mais dans un royaume ultraconservateur où pétrole, violations des droits de l’Homme et négation des droits des femmes demeurent monnaie courante. Sans compter sur la vaste politique de communication autour de l’événement, qui avait été jugée par Twitter comme étant de la désinformation. Le royaume n’avait pas hésité à financer des artistes occidentaux, comme Steve Aoki, pour faire parler du festival.

Des têtes d’affiches se retrouveront donc dans un pays qui suscite la controverse. En effet, leur choix d’y jouer, s’il se comprend en matière de business model, peut provoquer certaines questions voire remises en cause. Les valeurs défendues (PLUR, droits LGBTQIA+) par les musiques électroniques et leurs hérauts se heurtent à la répression qu’elles subissent au sein dudit pays.

Nombre de DJs ont été harponnés par leurs fans sur la question de l’éthique et de la morale. Dès lors, la sphère de la Dance Music s’interroge fortement et est tiraillée sur le sujet. Elle gardera cependant un œil attentif sur cette itération du MDL Beast Soundstorm. Car disons-le, artistiquement, cette line-up n’a rien à envier à celle des plus grands festivals mondiaux.

La réalisation de ce festival reste donc une avancée notable dans le pays dirigé par Ben Salmane. Cela démontre l’ouverture progressive de l’Arabie Saoudite au reste du monde. Il conviendra néanmoins de garder en mémoire l’aspect ultra-conservateur du régime saoudien, car celui-ci, à terme, ne peut être compatible avec tout ce que représente un festival de musiques électroniques, sauf à changer fondamentalement.

Loys & Amine