Récap : Justice à l’AccorHotels Arena

C’était l’un des évènements de la fin d’année 2016 : l’annonce par Justice de deux shows en France pour clôturer leur tournée mondiale pour leur album ‘Woman’. Deux dates à Lyon et Paris, respectivement à la Halle Tony Garnier et l’AccorHotels Arena. Clôturer par la plus grande salle de concert indoor de France était à la fois une belle consécration et un sacré challenge pour le duo, le seul artiste électronique s’étant essayé à remplir l’ancien POPB sur son seul nom jusqu’ici étant David Guetta (avant la première de DJ Snake en février prochain). Nous les premiers étions un peu sceptiques sur leur capacité à remplir l’enceinte parisienne, et bien nous avons rarement été aussi heureux de nous tromper ! Après avoir pris notre première claque en Juin pour leur passage au festival We Love Green, il nous tardait vivement de prendre la seconde en ce 14 Octobre. Récit !

La salle / la scène

22049981_10156669240077519_7050175723134005845_n

Premier challenge réussi pour Justice, les 20000 places de l’AccorHotels Arena avaient trouvé preneur avant le show ! Pour l’occasion de cette date sold out, le duo avait évidemment ressorti sa scène amovible qu’il trimballe un peu partout depuis de nombreux mois maintenant et c’est peu dire qu’elle fait toujours son petit effet…

Véritable scène vivante, le show visuel était encore plus époustouflant dans une enceinte de la taille de l’AccorHotels Arena. Toujours entourés des caissons Marshall qui les accompagnent maintenant depuis de nombreuses années, les Justice étaient entourés d’une véritable machinerie. Une série d’une vingtaine de structures à LED carrées amovible, abritant chacune 4 panneaux à LED pivotant sur leur axe. Ces structures étaient constamment en mouvement, pour un jeu scénique absolument captivant. Tantôt en dôme au-dessus des Justice, tantôt en forme de croix ou de losange. Tantôt complètement rouge pour une ambiance oppressante sur la terrible ‘Stress’, tantôt en mode voie lactée pour coller à l’atmosphère planante du vocal de ‘Audio Video Disco’. C’est simple, chaque morceau était comme un nouveau tableau à découvrir, et même les panneaux publicitaires faisant le tour de la salle furent sollicités par moments. Une scénographie époustouflante, tout simplement.

Le public / l’ambiance

21369185_10156586762692519_2805172129887099460_n

Notre dernier event dans la salle était la Fun Radio Ibiza Experience du début année. Autant dire que le changement au niveau du public était radical  pour le coup ! Une moyenne d’âge globalement plus élevée, une bonne partie du public semblant être dans la trentaine bien tassée et adepte de la French Touch depuis plusieurs années. Que ça fait du bien de se sentir plus en communion avec le public pour une fois (c’était la minute vieux con) !

Un public qui est monté en pression lentement mais sûrement tout au long du warm up, bien aidé par la prestation de SebastiAn, et absolument bouillant tout au long du live set de Justice. Pogo, slam, chant, bras en l’air… Une ambiance presque étouffante dans la fosse tant la température est vite montée et tant le public ne s’arrêtait quasiment jamais. Une communion ininterrompue avec en chef d’orchestre Xavier et Gaspard, un vrai bonheur.

Les sets

justice1

Début de soirée en famille avec une bonne partie de la clique Ed Banger et aux manettes le patron, monsieur Busy P. Lorsqu’on arrive dans la salle, c’est d’ailleurs lui qui est aux platine pour un b2b avec Myd qui se transforme rapidement b2b2b une fois qu’ils sont rejoints par Surkin. Un petit set qui met parfaitement dans l’ambiance avec les sonorités Electro French Touch que l’on connait chez Ed Banger, proposant des classiques comme le ‘Gare Du Nord’ de Carte Blanche ou le ‘Da Funk’ des Daft. Mais aussi de belles influences plus Disco / New Wave comme le classique ‘Video Killed The Radio Star’. C’est SebastiAn qui finit par prendre la relève pour achever ce warm up en beauté et surtout de façon plus énergique avec des tracks bien plus Electro et dark comme ses énormes remixes de ‘D.A.N.C.E’ ou de ‘Killing In The Name Of’ des Rage Against The Machine. Un warmp-up parfait qui aura aussi été une belle démonstration de deejaying, avec une technique parfaite et des transitions plus variées et osées que les simples beatmatch intro sur outro qu’on voit dans beaucoup trop de DJ sets aujourd’hui.

justice2

Après quelques derniers mots de Busy P en maître de cérémonie et une pause de 15 minutes le temps de tout mettre en place, c’était enfin l’heure des stars de la soirée, les Justice, qui ouvrent d’entrée sur l’un des titres phares de leur album ‘Woman’, ‘Safe & Sound’, reprise en cœur par absolument toute la salle qui n’attendait que ça. Si le contenu du live set restait le même que ce qu’on a pu entendre à We Love Green, ce qui est normal pour une date s’inscrivant dans leur tournée, leur performance reste l’un des meilleurs sets auquel nous avons pu assister dans notre vie. Toujours un savant mélange entre leur dernier album et leurs anciens tubes, Gaspard et Xavier enchainant rework et mashup avec une dextérité rare.

Il y a bien sûr eu plusieurs pics, comme par exemple les premières notes épiques de la très orchestrale ‘Genesis’ qui aura fait sauter la fosse comme jamais. ‘D.A.N.C.E’ fait toujours son effet des années après sa sortie, en ouverture comme en fin de set. ‘Stress’ est toujours terriblement angoissante et immersive.  L’enchainement ‘Waters Of Nazareth’ avec ‘We Are Your Friends’ est assez fatal aussi, surtout avec cette petit coupure d’une trentaine de secondes en plein milieu avec Gaspard et Xavier restant immobile avant d’envoyer le vocal si attendu, frissons garantis au son de la foule qui chante. Autre moment assez culte quand le duo s’absente de scène de longues minutes avant de réapparaître en haut des gradins à droite de la scène pour interpréter ‘Stop’ avec notamment Gaspard au synthé puis de redescendre à pieds les marches comme si de rien n’était.

justice3

A noter que les Justice restent des showmen sans forcément en faire trop pendant qu’ils jouent et qu’ils affectionnent toujours autant ces petits happenings où ils coupent le son sans prévenir de longues minutes. Ou aussi ces petites attitudes de rock star, comme quand Xavier s’en grille une petite en fin de performance avant de venir slammer un coup dans la foule et littéralement se tenir debout sur le public pour saluer une dernière fois la salle. C’est aussi ça Justice !

Conclusion

17554301_10155958653432519_7915779315663925569_n

On peut dire qu’on aura été sacrément chanceux sur Paris cette année puisqu’on peut dire sans exagérer qu’on aura peut-être pu assister aux deux meilleurs shows de musique électronique de 2017 après le ‘Shelter Tour’ de Madeon et Porter Robinson. Car oui, le show ‘Woman’ de Justice est à ranger dans cette catégorie, celle des live uniques en leur genres et des prestations qui vous marquent à vie.

Une scénographie travaillée comme rarement et un live set à des années lumières de la majorité des DJ sets aseptisés qu’on peut entendre trop souvent aujourd’hui dans le monde de la musique électronique, voilà les ingrédients pour se placer comme des artistes vraiment à part. Un show à ranger à côté du ‘Shelter Tour’ donc, mais aussi à côté d’autres shows de légende comme le ‘One Last Tour’ et, toutes proportions gardées, ‘Alive’ :  cette catégorie d’event qui vous marquent et après lesquels beaucoup de prestations vous paraissent terriblement fades. Félicitations Justice, félicitations Xavier et Gaspard, vous êtes des légendes.

Bulbi