A la free-party de Redon, l’intervention inédite du GIGN

Nouvelles révélations autour de la free-party de Redon, s’étant tenue dans la nuit du 18 au 19 juin 2021. Hommage à Steve Maia-Caniço, la fête a été fortement réprimée par la gendarmerie. Pour plus d’information, vous pouvez consulter nos précédents articles (ici et ). Depuis, des révélations font état d’une chaîne de commandement à la responsabilité défectueuse : les derniers articles de Médiapart écrits par la journaliste Pascale Pascariello, s’occupant de l’affaire Redon au sein de la rédaction, montrent alors plusieurs faits s’étant déroulés ce soir-là.

En premier lieu, selon un article Médiapart écrit par Pascale Pascariello, documents à l’appui (à savoir des notes issus des services de la gendarmerie), les forces de l’ordre qui ont détruit le système son des teuffeurs ne sont ni plus ni moins que des agents … du GIGN ! La journaliste écrit alors :

Le préfet d’Ille-et-Vilaine, Emmanuel Berthier, a fait intervenir 14 militaires de l’antenne du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (AGIGN) de Nantes pour saccager tout le matériel (enceintes, tables de mixage, groupes électrogènes) prévu pour la fête. Une présence et un rôle pour le moins inattendus. Les militaires du GIGN, qui constituent l’élite de la gendarmerie, sont formés et équipés de moyens et armements spécifiques, très sophistiqués, pour accomplir leurs missions. Ils interviennent généralement pour des faits très graves : terrorisme, prises d’otages, arrestations de dangereux forcenés, émeutes dans les prisons, risques ou menaces sur des intérêts vitaux pour l’État.

Pascale Pascariello, Médiapart

Nous avons donc des preuves que le GIGN fût alors appelé sur place dans le but de détruire des enceintes, groupes électrogènes, et tout matériel de musique. « Une source proche du dossier a confirmé à l’AFP la présence du GIGN sur place« , écrit également Libération (entre autres). Cette simple observation de l’intervention de l’unité d’élite de la gendarmerie sur un lieu festif conforte malheureusement l’idée que les free-parties sont alors traitées par le pouvoir de la même manière que « l’anti-terrorisme », comme le rappelle Elsa Gambin. La répression fût alors « inédite« , pour reprendre alors le témoignage de Ben chez Joachim Garraud.

Autre point, non moins intéressant, la journaliste révèle également, toujours documents à l’appui, que les pompiers cette nuit-là ont été interdits d’intervention sur le site pendant que l’affrontement entres ravers et gendarmes battait son plein. Bloqués pour inexistence d’un « accès sécurisé« , les secours n’ont pas été autorisés à intervenir… du moins pour les teuffeurs. Car dans le même temps, le témoignage de nombreux pompiers relatent du secours porté à des gendarmes blessés sur place, avec des escortes :

À 4h08, les pompiers reçoivent un appel d’un « gendarme blessé » léger. Deux minutes plus tard, il est pris en charge, et conduit à l’hôpital où il est admis vers 4h30. Lorsque les gendarmes sont pris en charge, l’ambulance est parfois « encadrée par un groupe d’intervention de gendarmerie spécialisé dans la récupération des GD [gendarmes] blessés », précisent les pompiers.

Pascale Pascariello, Médiapart

Le traitement asymétrique des secours est alors évident. Des gendarmes secourus en une vingtaine de minutes, contre une impossibilité de s’occuper des 22 jeunes blessés, dont, rappelons-le de nouveau, une main arrachée à la grenade (dont la victime a du par elle-même se rendre à l’hôpital), un tir de LBD à la tête, de multiples éclats de grenades, ainsi que des personnes tombées à l’eau pendant l’intervention (de la même manière dont Steve est mort). Rappelons enfin la grenade GM2L et le LBD-40 sont toutes deux considérées comme des armes de catégorie A2 aka « matériel de guerre ». La violence sans-précédant qui s’est abattue cette nuit-là à Redon ne sera sûrement pas la dernière… Nous vous tiendrons informés des prochaines révélations.