Release : Kölsch livre enfin son nouvel album, le très attendu « Now Here, No Where »

Nous attendions cet album avec ferveur chez Guettapen. Après trois opus remarqués, opérant en guise d’autobiographies, ainsi qu’une compilation pour Fabric, Rune Reilly Kölsch revient sur nos radars pour ‘Now Here No Where’. Un album que le Danois au chapeau sort chez Kompakt Records, le label qui a toujours accueilli ses releases et l’a propulsé au rang de star de la scène techno underground.

Qui dit nouvel album dit exclusivités et nouveautés. Et il y a fort à faire… Après 1977, classique s’il en est, renfermant les hits du Danois (Opa, Goldfisch, Oma, Silberpfeil); un 1983 moins connu mais tout aussi classique et s’appuyant sur une collaboration remarquée avec Gregor Schewellenbach et un 1989 très personnel et intime, inutile de dire que Kölsch est attendu au tournant. Du moins, de notre côté !

Now Here, No Where comporte donc 12 morceaux, et quelque chose saute déjà aux yeux. Nous connaissons déjà 7 pistes de ce LP, du fait de leur sortie anticipée sous forme d’EP promotionnel. Ainsi, nous opérerons par renvoi pour Shoulder of Giants et Glypto, Time et Sleeper Must Awaken, et Remind You. Petite surprise de ne pas retrouver The Great Consumer au sein de la mouture finale : le morceau allait pourtant de pair avec Remind You, et constituait l’un de ces morceaux typiques de Kölsch qui auraient pu apporter une dose supplémentaire de dynamisme à l’album. De plus, l’EP Now Here Nowhere/While Waiting For Something To Care About achevait, encore très récemment, de dévoiler un peu plus le contenu de l’album, alors que le dernier morceau était un des ID les plus attendus par les fans du producteur de Calabria.

Cela dit, il convient de s’atteler aux nouveaux tracks proposés par cet album. Commençons par le commencement. The Great Escape assure l’introduction de ‘Now Here, Nowhere’ avec une composition très progressive et symphonique, aidée d’un vocal discret mais poignant dans le style qu’affectionne particulièrement Kölsch. Comme un prélude calme annonciateur d’une tempête, celle que Shoulder of Giants déclenche suite à ce morceau.

Après Shoulder of Giants, Remind You, Sleeper Must Awaken et Time (que nous connaissons mais qu’il faut impérativement écouter tant l’enchaînement de ces 4 tracks constitue un moment fort de l’album, voire de peak time), intervient Traumfabrik. Une usine à rêves (traduction en français du titre) : tel est le sentiment qu’a voulu retranscrire le Danois au travers des 5 minutes du morceau. Ce qu’il réussit, avec cette basse et ce synthé roulants qui semblent tracer un chemin continu, parfois interrompu par un gimmick vocal un peu choral ou un break plus mélodieux que la globalité du morceau.

Puis, le glas du réveil sonne. C’est Fandango, et le bonheur nous envahit. Ce morceau tournait dans ses sets, notamment lors de son dernier set de 10 heures à Antwerp ou à Grand Factory, Los Angeles, en février 2020, lors duquel il l’a utilisé comme intro. Kölsch emploie une formule désormais connue, mais qui reste terriblement efficace : une intro avec quelques notes qui nous permettent de reconnaître le morceau, un break ultra mélodieux qui nous transporte aux cieux, et un drop big room techno qui agit comme la plus douce des chutes. C’est notre morceau préféré de l’album, car il synthétise tout le talent du DJ/producteur danois, et qu’il s’avère versatile : utilisé en intro, en peak time d’un set, ou même à sa fin, l’effet demeure le même.

S’ensuivent Glypto et le titre éponyme de l’album, pour enfin parvenir à Romtech User Manual, un morceau plus électronique qu’à l’accoutumée, très sympathique à l’écoute mais qui ne nous marque pas plus que ça. On passera vite dessus.

Alors que While Waiting For Something To Care About prend la suite et se termine, l’album finit avec Pause, en featuring avec Beacon, que nous avions pu entendre plus tôt dans l’album sur le morceau Time. Pause avec 6 dernières minutes relativement calmes et portées par la voix de la vocaliste de Beacon, vient atténuer le joyeux tumulte et clore ce merveilleux voyage d’une heure et quelques.

Au final, Kölsch livre un album au rendu très fin et très homogène, qui lui permet de franchir le pas de la biographie personnelle et démontre que le Danois est désormais l’un des patrons de la scène techno. Seul bémol : on ne découvre que très peu de choses. En effet l’essentiel est déjà sorti auparavant sous forme d’EP, ce qui prive l’auditeur de l’effet de surprise totale ou de découverte, et lui laisse un arrière-gout subrepticement amer d’inachevé. Comme s’il manquait un ou deux tracks de plus, parmi la panoplie d’IDs dont dispose Kölsch dans sa besace. Mais s’il dévoilait tout, l’artiste perdrait de son intérêt, et vu ce qu’il reste à entendre de la part du monsieur au chapeau, ce serait dommage de chipoter pour si peu. Surtout au vu de l’excellent rendu ici décrit. Bravo Maestro !

Mino
Grooves endiablés et douceur mélodique rythment mes journées. Je passe également des disques avec l'équipe après les 39h.