Interview avec Marcus Schossow et Thomas Sagstad pour nous présenter leur duo anamē

En plus de 15 ans de carrière, le suédois Marcus Shössow possède une sérieuse réputation de producteur versatile et accompli. Traversant les années et les styles dans un milieu ultra concurrentiel et en perpétuel évolution, il revient nous présenter son nouveau duo « anamē » en collaboration avec son ami et fidèle acolyte de studio Thomas Sagstad. Rencontre exclusive avec le duo à l’occasion de la sortie de leur premier single « Gratitude » avec l’iconique trio Above & Beyond.

Above & Beyond & aname feat Marty Longraff – Gratitude (Anjunabeats)

Guettapen : Salut les gars, merci de nous accorder cette interview. Pour commencer l’interview, je suis curieux de l’origine du mot anamé, d’où cela vient t’il ?

Marcus : Alors anamē se prononce « anamé ». Cela vient du mot scandinavien, je crois norvégien « anama », qui veut dire changer, s’adapter. Nous pensions que c’était un mot intéressant pour ce que nous voulons faire avec ce projet.

Guettapen : En parlant d’adaptation, c’est intéressant car effectivement dans ce milieu vous avez déjà un long parcours dans le milieu de la musique électronique. Je vois notamment que vous avez sorti des tracks tous les deux à la fin des années 2000. Racontez nous l’histoire de votre relation.

Thomas: Nous nous sommes rencontrés via un ami commun de Copenhague. Je suis norvégien, Marcus est suédois. Marcus célébrait son anniversaire et nous y sommes allés avec mon ami. Pendant la soirée, nous nous sommes bien entendu et puis nous avons commencé à discuter ensemble, à passer des weekends ensembles.
Puis je suis venu en Suède quelques mois après, car la vibe était vraiment cool ici. et j’y suis resté 10/12 ans. Y’avait rien d’intentionnel au départ, je venais de finir mes études. Je voulais prendre une année off.

Guettapen : Comment cela se fait-il que vous avez pris autant de temps pour faire un projet commun ?

Marcus : On en parlait depuis tellement de temps en fait. Et puis avec nos agendas communs, c’était compliqué. Entre temps mon son a beaucoup changé. Il est passé de la Trance à la House, puis de retour à la Trance. Puis là on sent qu’on a trouvé un compromis entre les deux, et nous nous rejoignons bien tous les deux dans ce style.

Thomas : Tout à fait, les deux bouts du cercle se rejoignent. C’est comme ci on se retrouvait là où on avait commencé mais avec un « modern twist » dedans. Tout dans la vie est une question de timing et de feeling. On travaillait en fait déjà toutes ces années ensemble. On s’apportait du soutient mutuellement et étions très proches tous les deux. Et en fait on s’est senti assez prêt et à l’aise pour commencer un projet ensemble. Tout s’est passé naturellement, en plus nous avons un label (Anjunabeats) qui nous a soutenu à 100% dans le projet.

Guettapen : Pourquoi un projet avec un nom commun plutôt que Marcus Schossow et Thomas Sagstad comme vous aviez pu le faire auparavant ?

Marcus : On voulait vraiment redémarrer un projet frais, moderne. On a pensé qu’en ressortant des tracks comme « Marcus Schossow & Thomas Sagstad », ça serait plutôt comme relancer un projet du passé que vraiment proposer quelque chose de nouveau. Nous voulions redémarrer d’une page blanche. Le problème quand tu restes accroché à un nom pendant plusieurs années, forcément tu vas changer de son. Et c’est ce que nous avons fait plusieurs fois déjà par le passé. Donc nous avons senti ok quand on fait ce projet, on recommence à 0. C‘est aussi un challenge alors que si nous avions utilisé nos propres noms, ce serait comme vouloir réutiliser nos projets passés…

Thomas : Ce que j’ai appris avec le temps, c’est que ce n’est pas vraiment à propos de ce que tu veux faire mais aussi ce que tu ne veux plus faire. Avec ce projet il y a un véritable alignement de nos pensées. A l’époque, nous collaborions plutôt en mode « Marcus voudrait aller plutôt là, et moi plutôt ici » et nous essayons de trouver des points d’accords et de combiner nos idées. Maintenant, c’est vraiment « ce que Nous voulons faire » et musicalement nous avons à coeur d’apporter des nouvelles idées, et dans des styles différents.

Marcus & Thomas avaient collaboré notamment sur ce progressive banger de 2011

Guettapen : En tant qu’actif dans la scène depuis de nombreuses années, Comment voyez-vous l’évolution de la musique électronique actuellement ?

Marcus : C’est une question intéressante. A nos débuts nous étions vraiment dans ce que faisant Sasha, John Digweed, aussi les débuts de la Swedish avant qu’ils soient la swedish, sans oublier la Trance plus oldschool, principalement Tiesto. C’était vraiment une combinaison de trois styles qui nous inspiraient. Avec les années on a senti que les gens se désintéressaient de ça et la scène devenait de plus en plus « commercial ». Maintenant disons 15 ans après, on a l’impression que c’est fini et la qualité semble de retour et qu’il y a de la place pour la qualité. La scène se réorganise d’une certaine manière et les producteurs retrouve de la place pour produire de la qualité.

Thomas : Il y a de la place pour la créativité et pour de nouvelles choses. On était arrivé à un point où tout devait sonner d’une certaine manière, tout était très formaté et répétitif. Je pense que c’est pour ça que le public s’est éloigné de cette musique et on revient à un modèle où on peut innover, mélanger les styles de nouveaux pour « être soi et être unique ». Tu ne dois pas être ça, où ça. C’est pour cela que nous ne souhaitons pas et ne donnerons pas d’étiquettes à notre musique.

Guettapen : On avait déjà pu sentir ça avec Marcus sous le projet gardenstate. Il y avait de la breakbeat, mélodic techno, etc. Auparavant on avait l’habitude des sets plus « monotones » en terme de style. Est-ce que c’est quelque chose qu’on va retrouver avec anamé ?

Marcus : On ne veut pas du tout se focaliser sur les genres. On veut juste jouer ce qu’on aime. Parfois c’est plus sur des rythmiques breakbeat, d’autre fois c’est très chill, sans oublier notre ADN club. Nos sets seront à cette image.

Thomas : à 100% !

Guettapen : On a pu récemment entendre votre premier morceau « Gratitude » en collaboration avec ni plus ni moins qu’Above & Beyond ? Comment s’est passé cette collaboration, d’autant plus dans le ocntexte ou Marcus était encore dans le projet Gardenstate.

Marcus : Le projet a commencé il y a 1 an et demi. J’étais avec Paavo (du trio Above & Beyond) en studio, en train de « jammer ». On avait un début de démoi et puis il me dit « heyy tient on va tester cette démo pour ABGT 450 ». Depuis lors, on a rebosser le son, améliorer le mixage, etc. C’est pendant ce temps qu’on était aussi en train de monter le projet . et on a discuter avec toutes les parties et on s’est dit naturellement que cela sera parfait pour le premier single.

Thomas : Pour gardenstate, ce que les gens ne savent pas aussi, c’est que même si je ne faisait pas partie officiellement du projet, je travaillais « behind the scene ». C’est bien aussi que les choses aient évolué dans ce sens ; J’étais avec Paavo en studio il y a deux mois encore pour les dernières touches. Je suis très reconnaissant envers Paavo, Above et les gens à AnjunaHQ qui nous soutiennent vraiment beaucoup. 

Guettapen : Comment travaillez vous en studio ? Je crois que Marcus est en Suède, toi en Norvège. Vous travaillez ensemble ou à distance et avez-vous le temps de vous retrouver ?

Marcus : La manière dont on travaille se fait via l’envoi de projets et de parties de projets. Et on s’envoi et se renvoi. La plupart du temps, un des deux à créer une idée brute. Puis l’autre la finie. Le problème c’est que si on s’envoi et se renvoi les fichiers indéfiniment, ça fonctionne pas très bien.

Thomas : Y’en a un qui va finir presque 80/90% de la track et l’autre va y apporter les dernières touches. Aussi vu que nous avons deux studios à des endroits différents, on s’est demandé comment faire pour que nos deux environnements de travail respectifs sonnent quasiment pareils. Ca perme aussi que lorsque l’on se voit ensemble, le rendu sonore nous est familier. On a travaillé avec une compagnie du Danemark (Buchardt Audio) qui nous a aidé avec les speakers, le traitement acoustique ; etc. Marcus a plus de hardware et de matos mais nos deux studios sont très similaires. Nos deux ordinateurs sont identiques également ce qui nous permet de nous envoyer des sessions entières qui se chargent directement dans l’ordinateur de l’autre, ce qui est aussi très important.

Guettapen : Dans le duo, quelle est la qualité de producteur que vous apprécier chez l’autre ?

Marcus : Thomas est meilleur pour voir les idées dans leur ensemble et la construction des morceaux. Je suis celui qui est plus sur l’aspect mélodique c’est certain.

Thomas : Marcus est vraiment plus nerdy que moi sur les bidouillages de synthés hardware. Les petits détails qui font une grosse différences. J’aime ça aussi, mais Marcus c’est vraiment next level.

Guettapen : Dans vos shows : allez vous jouer ensemble ou séparément ?

Marcus : Sur les gros shows, on sera en deux. Et sur les shows clubs, on sera probablement séparé. On ne veut pas être sur les routes tout le temps et consommer notre énergie.

Thomas : On voit parfois des Djs qui sont en tournées et qui sont super fatigués, on ne veut pas retrouver dans cette configuration et on veut être sûr que les gens qui viennent voir un show anamé, on puisse leur donner 100% de notre énergie et notre passion et respecter le public. Mais on veut pas se mettre la pression non plus, le projet est basé sur le fun qu’on a ensemble.

Guettapen : Quelles sont les autres projets qui vont suivre du coup ?

Marcus : Nous allons jouer la semaine prochaine au Gashouder d’Amsterdam. Nous allons y jouer pleins de nos morceaux. Nous avons un projet également sur le label de Luna Samara, elle est française. Elle vient de faire un remix de notre track et aussi elle chante dessus ; c’est la première fois que ça m’arrive sur un remix, c’est super. Nous avons aussi un single qui s’appelle Influencer qui va arriver en Juin.

Thomas : Nous n’avons pas encore tout planifié mais on voulait être sûr en lancant le projet d’avoir plein de contenu. Après « Gratitude » on va aller plus dark, puis « Influencer » je ne sais pas vraiment comment le qualifier mais c’est un morceau que nous aimons beaucoup.

Photographer: www.lukedyson.com

Guettapen : Question bonus pour terminer – Allez vous utiliser de nouveaux vocaux français, comme Marcus l’a fait avec Gjon’s Tears « Répondez moi » ?

Marcus : Ahah, pourquoi pas ?! La première fois que j’ai entendu ce son, j’étais en train de regarder l’Eurovision, j’étais habillé de mes pires vêtements je crois, et puis je zappais « ah ça c’est nul, ça c’est bof, etc », puis j’entends ce titre. Et là je suis tombé du canap’ ! J’ai tout de suite voulu faire un bootleg et le label a validé. Donc j’adorerai travaillé avec lui c’est sûr !

Guettapen : Merci beaucoup pour cet interview les gars, et on va suivre le projet de très prêt !

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