Dossier : Le sampling, son histoire, ses origines

Aujourd’hui, l’équipe de Guettapen profite d’un documentaire tout droit venu de l’un des chaînes les plus intéressantes de la TNT, ARTE, pour creuser un peu plus en détail l’histoire de ce qui va provoquer la révolution de la musique à la fin des années 70 : le sampling.

Les premiers à s’emparer de cette révolution, ce sont les jamaïcains qui ont immigrés dans le South Bronx de New York avec leur culture du sons réutilisés des morceaux de musique déjà existants afin d’y poser leur propre voix. Ils utilisaient notamment du James Brown.

james_brown

1964 voit apparaitre le titre de ce dernier intitulé « Papa’s Got A Brand New Bag ». La particularité de ce morceau ? James Brown voulait que la guitare sonne comme une batterie, que la trompette sonne comme une batterie, que la basse sonne comme une batterie. Ce morceau donne ainsi naissance … au Funk. Et par extension, nous pouvons l’affirmer : le père fondateur du Hip Hop, c’est James Brown. Car la quasi totalité de ses morceaux ont été samplés par le Hip Hop. Gros exemple avec « Funky Drummer » et sa rythmique novatrice.

Puis vint l’impact du Disco, qui a aidé avec ses grooves  de basses. Là dessus, on peut remercier Nile Rodgers et son groupe Chic. D’ailleurs, le DJing est né avec le Disco et la possibilité de faire les premiers « Extended Mix », appelés des « Maxi » à l’époque. 1979 voit le 1er sampler de l’Histoire : le Fairlight CMI, capable de faire des enregistrements de … 0,8 secondes, qualité … 8 bits !

Fairlight-CMI

Un exemple d’utilisation ? « Champ Magnétiques » de Jean Michel Jarre, avec des sons pluie ou de vent. D’ailleurs ce dernier est l’un des premiers à l’utiliser pour créer des « vocals cuts » de façon musicale. 25 ans avant le Melbourne Bounce et la Trap quand même…

Revenons aux States : Sugar Hill Gang sort en 1980 « Rapper Delight », samplé de « Good Times » de Chic, et devient officiellement le premier morceau de Rap créé et commercialisé, une veritable révolution. Puis vint Arfika Bambaataa, père du modèle de DJ Electro et (accessoirement) chef de gang de New York. Enfin, le E-mu SP 1200 a lancé la « démocratisation » du sampling, avec des enregistrements possibles de plusieurs secondes.

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Marley Marl débarque ainsi en 1986, pionnier du rap de nos jours, avec « The Bridge ». Un sample provenant d’Impeach The President et mélangé avec des sons de percu et des synthés. Puis RUN MC commence à rapper sur du rock, par exemple sur « Rock This Way » de Aeorsmith, ce qui signe la fusion du rap et du rock. Le début des années 90 devient définitivement l’âge d’or du Rap avec Public Enemy ou Bomb Squad. Leurs samples proviennent des Rolling Stones, des Beatles et d’Earth Wind & Fire.

Mais les DJs et les rappeurs commencent à sampler des sons provenant de la télé, du cinéma et de la radio pour accentuer le message de révolte (avec par exemple « Fight The Power »), à l’époque où la communauté afro continue d’être victime de discrimination. Le Wu Tang Clan, pionnier également, suit le mouvement dans les années qui suivent. Et nos talents français débarquent en 1990 avec I.AM et NTM.

public enemy

Ce qu’il faut aussi retenir, c’est que les artistes samplés sont reconnaissants de servir d’inspiration à cette mouvance et toute la portée politique de ce nouveau genre musical.  Mais après 1990, le sampling devient mal perçu par les majors labels, qui voyaient leurs précieux sous exploités de cette façon et commencent à mettre au point un législation, rendant l’opération de « clearing » du sample (c’est-à-dire payer les droits sur un morceau) extrêmement chère. Et avec cette politique, les profiteurs apparaissent et la pop s’empare de la révolution. La démocratisation de l’outil informatique au service de la musique explose alors, une bonne chose au final, permettant à n’importe qui de pouvoir produire sans avoir à être en studio d’enregistrement.

ableton vinyl

Au final, il est vertigineux de voir d’où vient notre culture de musique électronique. Passer des sampleurs, aux drum machines avec les TR-808 et 909 de Roland, puis les synthés Moog et Roland qui deviennent de plus en plus accessibles pour finir aux DAW qu’absolument tout le monde peut obtenir. Une folle histoire qu’il est intéressant de comprendre et d’apprécier. Nous fermons cet article en vous proposant d’aller jeter un coup d’oeil à la série « Soundbreaking » d’ARTE, tout bonnement passionnant.

https://www.youtube.com/watch?v=CjcQofT8Syk&

 

Scorch