Récap : Creamfields 2015

Comme chaque année depuis 1998, le festival Creamfields se déroulait le WE dernier en Grande-Bretagne. Il est maintenant implanté près de la petite ville de Daresbury, située dans la campagne anglaise entre Liverpool et Manchester.

Nous avons donc expérimenté pour la première fois cette année ce festival. Nous avions beaucoup d’attentes dessus au vu de la popularité de celui-ci et surtout de la line up assez dingue. Nous avions donc hâte de tester ce festoche et de voir ce que les anglais ont dans le ventre. C’est parti pour un recap complet de notre expérience !

Line up

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Il faut le dire, la line up du Creamfields UK était le gros point fort du festival. En effet, on y retrouvait clairement les plus gros DJs de la planète avec une diversité des styles qui permettait de toucher un public varié, allant des amateurs de Techno, aux amoureux de Progressive, de Trance ou encore Drum’n’bass. On n’oubliera évidemment pas toute la programmation mainstream avec des Axwell & Ingrosso, Steve Angello, Hardwell, Martin Garrix, Oliver Heldens et on en passe. En dehors de Deadmau5, pourtant un habitué, Jack Ü, Snake et Calvin Harris, la campagne anglaise était donc clairement the place to be ce WE pour tous les plus gros artistes de la musique électronique. On en a allègrement profité en allant voir des artistes aussi variés que Dyro, Tchami, Otto Knows, Eric Prydz, Deniz Koyu, Bryan Kearney, Paul Van Dyk, Afrojack, AN21, Julian Calor…

Scènes – Décorations

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Peut être que certains vont nous trouver dur, mais on ne peut s’empêcher de comparer les décors de Tomorrowland aux autres et l’écart est évidemment énorme. Très peu, voire pas de décoration dans l’ensemble de l’enceinte du festival, excepté la Ants Arena du deuxième jour à la décoration rappelant une fourmilière. Il y a deux types de gens : ceux qui recherchent une ambiance façon parc d’attraction plus immersive, et ceux qui cherchent simplement des grosses lights et se fichent pas mal qu’elles soient entourées d’un château médiéval. A vous de voir dans quelle catégorie vous vous situez.  On retiendra néanmoins les deux mainstages et leurs écrans massifs qui permettaient de diffuser de la vidéo de manière assez impressionnante. Deux mainstages vraiment gigantesques qui rivalisent sans peine avec la plupart des plus grosses mainstages de la planète (celle de l’Ultra par exemple).

Le sound system était quant à lui assez fou (du Funktion One et du L-Acoustic de dernière génération pour les connaisseurs). En revanche, on notera un point négatif non négligeable, que l’on a déjà pu constater : la gestion de la puissance sonore sur certaines scènes. En effet, le son (notamment avec les aigus) était beaucoup trop fort, ce qui pouvait vraiment perturber la qualité du son et surtout le confort des oreilles. Sans boules quies, bonjour les acouphènes. Cela restait tout de même rare et le reste du temps, le son était vraiment impressionnant de clarté et de puissance.

Public – Ambiance

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Ce qui est appréciable avec le public anglais, c’est que c’est un public de connaisseur de musique électronique. Ils sont donc toujours très réactifs sur quasiment tous les titres et n’hésitent pas à chanter à l’unisson les paroles et les mélodies de plusieurs titres. Ils sont toujours chauds bouillants et en train de danser. On apprécie beaucoup leur énergie débordante, ça met une ambiance vraiment dingue. De ce point de vue là, c’est sûrement un des meilleurs publics de festival qu’il nous ait été donné de voir, bien mieux qu’une mainstage du Tomorrowland par exemple, où le public chante sur du Calvin Harris et saute sur des drops principalement…

En revanche, nous n’avons pas retrouvé autant de communion et de convivialité qu’au Tomorrowland (encore une fois…). Nous avons pu constater qu’il y avait très peu de pays représentés en dehors du Royaume-Uni. Et les étrangers n’étaient pas forcément bien intégrés. Ce manque de diversité en termes de nationalité nous a un peu manqué. Surtout que les anglais sont globalement assez fermés et ont des délires qui leurs sont propres.

Organisation

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Creamfields est globalement un festival très bien organisé, ce serait de la mauvaise foi de dire le contraire. Même s’il y a des points à améliorer, on sent clairement l’expérience d’un festival vieux de plus de 15 ans.

Dans l’enceinte du festival, il y a très peu, voire pas du tout d’attente aux bars et aux snacks, présents en nombre suffisant et parfaitement répartis. On n’a jamais attendu plus de 5 minutes pour être servis. Concernant les prix, ça reste honnête quand on a l’habitude des prix pratiqués dans les évènements electro français (8€ la vodka Red Bull, 3,5€ la bouteille d’eau ou de soda). Des points d’eau gratuits sont accessibles, sans aucune queue encore une fois, à chaque coin du festival.

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Au niveau hébergement, nous avions opté pour le camping, obligatoire pour pouvoir assister à la journée du vendredi. Une partie de l’équipe était dans la zone dite ‘Dreamfields’, le camping haut de gamme. La zone était assez calme pour dormir, propre, avec des sanitaires en libre accès en nombre suffisant et une réception 24h/24 pour répondre à nos moindres demandes. Rien à dire, excellent point ici.

L’autre partie de l’équipe était au camping standard, et là c’est certainement le gros point noir de ce festoche. Nous avons tout simplement halluciné en voyant à quel point les gens se laissaient totalement aller. Il semblerait que beaucoup d’anglais ne comprennent pas le concept des poubelles à tel point que le camping était un ramassis de déchets. Nous avons également pu constater certaines tentes déchirés, retournées. Par ailleurs, n’espérez pas dormir trop tôt, ça gueule et on en passe… De plus, l’accès aux sanitaires, en l’occurrence la douche, nécessitait de payer 10 pound.

L’autre petit coup de gueule concerne le partenaire Ticketmaster du festival, qui nous signale 3 jours avant que les billets de navette Manchester / Festival ne seront pas envoyés en France à temps. On a donc du se débrouiller tout seul pour trouver une solution de remplacement.

Qualité des sets

Nous avons touché à tout pendant cette édition, avec des styles très variés (EDM, Techno, Trance, Psy-Trance, Trap, Drum’N’Bass, Electro, Progressive…). Voici les sets qui nous ont marqués :

1. Dimitri Vangelis & Wyman

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LE set du festival pour nous. Un début absolument surpuissant avec plusieurs IDs complètement démentes, dont l’intro qu’ils avaient déjà utilisé à Tomorrowland et une nouvelle track d’un jeune frenchy dont vous entendrez parler très bientôt. Une ambiance de folie également sur la scène Size, pleine à craquer pour l’occasion. La majeure partie de la discographie des suédois y est passée : ID2, Zonk, Running To You, leurs remixes de Younger, People Of The Night et Another Love… On a été complètement scotché, y’a pas d’autres mots.

2. Eric Prydz

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C’était le gros dilemme du WE. Aller voir Eric Prydz ou Axwell / Ingrosso pour clôturer le festival ? On a finalement décider d’aller voir Eric Prydz. Le suédois ne nous a pas fait regretter notre choix, avec un set juste hypnotique du début à la fin, débutant par ‘Welcome To My House’ et s’achevant en apothéose sur ‘Opus’. On a pu également profiter d’un show visuel magnifique, parfaitement adapté au son. Notre seule minuscule regret au final, qui fait qu’on ne le place pas en numéro 1, c’est que le set était 100% Cirez D et donc axé Techno, en dehors de ‘Opus’. On aurait adoré pouvoir également savourer en live des titres comme ‘Tether’ ou ‘Loving You’.

3. Kryder

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Même en étant des grands fans de Kryder, on reste plutôt sur notre faim niveau productions cette année. On avait donc hâte de voir si en live il avait gardé son excellent niveau. Le britannique nous a clairement rassuré avec un set gigantesque et ultra-énergique, dans la droite ligne de son back 2 back avec Tom Staar à Tomorrowland. Du coup, on a d’autant plus hâte de le voir enflammer le Yoyo vendredi, une double dose de Kryder en une semaine ça ne se refuse pas !

4. Otto Knows

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Ce fût clairement une excellente surprise de découvrir qu’Otto Knows avait un public très averti en Angleterre. Honnêtement, on ne s’attendait pas à voir beaucoup de monde sur la stage et celle ci était en fait remplie. Mais ce qui nous a le plus surpris était d’entendre les anglais chanter les paroles des chansons presque par cœur. Le suédois a su nous conquérir avec des incontournables comme Next To Me (en closing) ou Million Voices en bootleg avec ‘If I Lose Myself’, un des meilleurs moments. En clair, nous avons adoré autant l’ambiance que la playlist du génie Otto Knows.

5. Dyro

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On a toujours eu un faible pour le côté assez dirty des tracks de Dyro. On apprécie encore plus son travail depuis qu’il a crée son label WOLV. Bref, nous attendions un set très énergique avec des releases de son label et ses propres tracks. Et bien on peut dire que nous n’avons pas été déçu, notamment la dernière demi heure du set, où il a balancé un enchaînement assez impressionnant de mashups avec des sons très variés allant de la Trap à la Dubstep en passant par des titres plus Big Room. Dyro mérite clairement sa place dans ce top 5 et n’a rien à envier à ses anciens collègues de chez Revealed, Hardwell inclus.

Mention spéciale aux anglais de Third Party, qui font une grosse année en termes de releases et qui nous ont d’autant plus régalés qu’ils sont assez rares en festival. Énormes sets de Tchami et Paul Van Dyk également.

Mais tout n’a pas été bon, voici nos déceptions :

1. Steve Angello

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Vous allez sûrement être très étonnés de voir Steve Angello en numéro 1 de nos déceptions. Alors entendons nous bien, ce n’est pas dû à la qualité de son set, mais à plusieurs autres facteurs. Tout d’abord, la première partie de son set comprenait des sons beaucoup plus dark que d’habitude. Pour illustrer, il a notamment joué du Gesaffelstein. Après déjà 10h de festival dans les jambes ce jour là, on s’attendait au plus lourd du catalogue Size Records pour garder notre énergie. C’était peut-être pas le meilleur moment pour nous pour un set comme ça. Il y a aussi eu plusieurs problèmes de scène, mais pour le coup ce n’est pas de la faute de Steve : 5 ou 6 fois le son s’est coupé pendant quelques secondes avec uniquement les retours de la régie DJ qui restaient. De plus, les canons à effets pyrotechniques étaient mal réglés et en faisaient sursauter plus d’un à chaque fois qu’ils tiraient un coup, chose extrêmement désagréable. Dommage pour un set qui devait être l’apothéose de la stage Size. Les Third Party nous ont fait vite oublier cette déception juste après Steve, et on reste persuadés qu’Angello nous fera lourdement kiffer à l’Inox samedi.

2. Armada Stage

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En numéro 2, on ne va pas mettre un artiste mais plutôt toute une scène, en l’occurrence tout la scène Armada du vendredi. Arrivés trop tard, on n’a pas pu assister au set de Jochen Miller, mais on a pu voir l’ensemble des autres artistes. Les sets n’étaient pas mauvais, loin de là, mais pour un label comme Armada on s’attendait à beaucoup plus de sons Trance. En dehors de Cosmic Gate (meilleur set de la scène) et une bonne partie de MaRLo, les sons joués étaient trop electro pour ce que l’on est en droit d’attendre sur une scène Armada. Heureusement, la scène Trance du dimanche nous a permis de prendre notre dose pour le WE avec des sets énormes de Bryan Kearney, Simon Patterson et, surtout, de la légende Paul Van Dyk.

3. Michael Calfan

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Un set sympathique mais pas transcendant selon nous, dans le sens où celui ci était trop classique. Michael Calfan s’est en effet contenté de jouer les gros titres du moment qui fonctionnent et on aurait aimé plus de prises de risques. On a également pu constater que le public anglais n’était pas forcément très connaisseur de notre frenchy puisque très peu de monde sur la stage.

4. Don Diablo

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Dans un creux dans notre programme, on s’est dit qu’on allait retourner faire un tour sur la stage Size pour voir le Don, aux sets toujours très énergiques. Globalement, on a été plutôt déçu car on a trouvé son set vraiment très brouillon. A vouloir jouer trop technique et jouer trop rapidement, c’était trop décousu et on a eu du mal à rentrer dans son set.

5. Sick Individuals

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Nous n’avions pas forcément beaucoup d’attentes sur les Sick Indiviuals et les deux dutch nous ont déçu. Un set sans grande saveur de la part des hollandais sur la Revealed Stage, eux qui sont pourtant d’ordinaire plutôt connus pour envoyer beaucoup d’énergie dans leurs prestations. Ici, on a plus eu l’impression de les voir brasser de l’air avec leurs bras que d’essayer de faire un set de qualité.

Conclusion

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Le Creamfields est un énorme festival qui mérite sa place dans le Top 5 mondial et qui au final n’a qu’un seul vrai défaut : sa localisation. Elle implique une météo incertaine, et on a eu une sacré chance de ce point de vue là puisque, s’il faisait tout de même un peu frais, on n’a pas eu de pluie de tout le festival. Elle implique également un public à 90% britannique qu’il faut savoir appréhender, et donc peu de diversité culturelle (c’est un bonheur dans un festival comme Tomorrowland de pouvoir rencontrer des gens du monde entier). Le festival étant maintenant assez vieux, on ne pense pas de toute façon que les organisateurs aient une volonté particulière de rattraper les mastodontes Ultra, EDC ou Tomorrow. Ils préfèrent rester fidèles à cette identité dance très ancrée dans la culture britannique. Creamfields n’a pas vocation à être une sorte de parc d’attraction de l’electro comme peuvent l’être les exemples précédemment cités. Creamfields est beaucoup moins dans le spectacle et la démesure, et beaucoup plus dans l’efficacité et l’essence même d’un festival, la musique. Vous n’en prendrez pas forcément plein les yeux, mais vous en prendrez assurément plein les oreilles, et vous auriez tord de passer à côté de cet énorme festival.

Apdore & Bulbi