Album Release : Kasbo nous fait voyager avec ‘The Making of a Paracosm’

Plus de deux ans après la sortie de son tout premier opus, Kasbo est pleinement de retour avec un nouvel album intitulé « The Making of a Paracosm » . Ce dernier succède à l’excellent « Places We Don’t Know », franc succès du label Foreign Family du groupe américain Odesza (pour qui Kasbo assurait l’opening au Zenith de Paris en 2019) qui aura su convaincre les critiques et le public avec plus de 100 millions d’écoutes sur Spotify à ce jour.

Faisant désormais référence au sein de la scène Electronica/Downtempo, le suédois a su puiser dans les nombreux bouleversements personnels qui l’ont animé au cours des dernières années pour offrir une œuvre dont la direction artistique affinée laisse transparaitre une prise de maturité sonore et créative.

En prenant le temps de le positionner au milieu de ses homologues Odesza, Petit Biscuit, Jai Wolf, Chet Porter ou Kidswaste, Kasbo est indéniablement l’artiste dont l’esthétique musicale inspire le plus au voyage. Une atmosphère soigneusement cultivée par le producteur originaire de Göteborg, qui imagine sa musique comme une ouverture sur un autre univers.

Le Paracosm de Kasbo, terme utilisé dans la psychologie pour désigner un monde imaginaire régi par ses propres normes, s’étoffe considérablement sur cet album de 14 titres au sein duquel Carl Garsbo confie un aspect plus personnel à son art.

Un processus créatif perturbé par des soucis de santé

Le jeune musicien de 25 ans construit sur son second album un tableau riche et complet dont la variation est le résultat de deux années de développement rythmées par des phases émotionnelles changeantes. Outre les parties les plus enjouées de l’album, celles plus sombres ont été puisées dans la souffrance amenée par une perte progressive de l’audition de Kasbo. Impossible à diagnostiquer, l’effrayante pathologie provient visiblement du caractère anxieux de l’artiste qui a donc du affronter ses démons pour retrouver une ouïe stable.

Au bout de quelques mois, j’ai du apprendre à faire avec [la perte d’audition]. C’était très dur. Je pense que le déclic s’est produit quand j’ai réussi à pleinement accepter le fait que je pourrais être sourd de l’oreille gauche. […] Mais cela m’a permis d’alléger la charge mentale qui allait avec. Une fois que j’ai compris ca, au bout de 8 ou 10 mois, ma situation s’est améliorée. Depuis Janvier, je n’ai plus vraiment de problèmes. Ce constat a été quelque chose d’important, ca m’a sorti de la spirale négative qui me rendait anxieux et faisait déconner mon audition.

Kasbo pour edm.com

Une production bonifiée au service d’émotions palpables

Avec ce deuxième LP, Kasbo atteint un nouveau stade dans sa qualité de production. On le répète une fois de plus, c’est par ailleurs cette pate bien plus personnelle qui diffère du premier opus et se ressent immédiatement à l’écoute.

L’univers de l’album se veut plus aérien, jouant de manière prononcée avec les émotions au travers d’une ambiance mélancolique accentuée. On le ressent particulièrement sur les morceaux ‘Shut The World Out‘, ‘Staying In Love‘ ou encore l’incroyable ‘Show Me‘.

L’atmosphère presque triste et déprimante qui habite partiellement « The Marking of a Pracosm » est reçue comme un message d’autant plus fort que l’on ressent parfaitement ce qu’a voulu retransmettre l’artiste dans une musique qui s’apparente sans aucun soucis à la BO d’un film, d’une vie. ‘Hemma‘ en est le parfait exemple. Quelle claque ! Unique en son genre, le titre et ses instruments à vent nous poussent au delà de l’imagination dans un monde d’amour, de délicatesse et de quiétude le plus absolu. ‘Skogsra‘ sera considéré comme l’ovni de l’album de part son esprit torturé alors que ‘Lune’ n’est autre qu’une invitation à un voyage spatial gravitant autour d’une voix lactée parfaitement dégagée.

Avec ‘The Making of a Paracosm‘, Kasbo délivre une œuvre aboutie et mature dont la portée émotionnelle est celle d’un véritable journal intime ouvert aux yeux de tous. L’artiste se met à nu au travers d’un monde imaginé dans lequel on plonge pour une bataille d’émotions de 54 minutes.

Disponible chez Foreign Family Collective / Counter Records