Cinq ans après notre dernière venue à Creamfields, il était temps pour nous de fouler à nouveau les terres de Daresbury. Ce n’est plus un secret, l’équipe Guettapen raffole de la scène UK. Qu’il s’agisse de Drum’n Bass, de house, de techno ou de sonorités plus rave, c’est une scène électro britannique florissante et en pleine effervescence qui nous attire ici.
Un festival made in UK
Pour ce retour à Creamfields, le line-up était ainsi des plus alléchants. C’est simple, on retrouvait les plus grosses têtes d’affiche de la scène européenne comme Calvin Harris, David Guetta, la Swedish House Mafia, DJ Snake, Oliver Heldens ou encore Lost Frequencies. Mais ce pour quoi on se déplace jusqu’ici, c’est également, et même principalement, pour voir les phénomènes d’outre manche comme Ewan McVicar, Hannah Laing, Schak, Patrick Topping, LF SYSTEM ou l’irlandais BLK, artistes que l’on ne voit pas en France.

Depuis 1998, le festival n’a pas bougé d’emplacement. Toujours situé à mi-chemin entre Liverpool et Manchester, Creamfields prend place dans la campagne anglaise de Daresbury. L’inconvénient, c’est donc son accessibilité qui pourrait en freiner plus d’un malgré un trajet rapide en taxi au départ de Manchester ou Liverpool.
L’autre inconvénient, c’est le terrain même où le festival prend place. L’expérience peut s’y avérer totalement différente d’une année sur l’autre selon les caprices de la météo. Et oui, avant de vous rendre à Creamfields, vous devez en être conscient. Ce festival est une véritable immersion en terre anglaise, pour le meilleur comme pour le pire.
La programmation
Commençons par le meilleur : la programmation. Le Royaume-Uni est connu pour sa grande histoire avec la scène électronique. Nous avions d’ailleurs pu l’évoquer rapidement dans notre article des artistes de la scène UK à suivre en 2023. Ça se ressent énormément dans la programmation où l’on retrouve tous les ans des artistes et des shows exclusifs dans le paysage des festivals européens. En 2018, nous avions notamment eu le droit au show Holo de Eric Prydz ou encore à une date exclusive de Virtual Self. Pour cette édition 2023, on pouvait retrouver Four Tet, la Swedish House Mafia, le nouveau show de Camelphat ou encore un b2b exclusif entre Vintage Culture et Solardo.

Mais le gros plus de cette programmation, c’est la place importante (en termes de nombre sur le line-up ou de slots qui leur sont réservés) qui est faite aux artistes de la scène britannique. C’est également souvent là où vous pouvez retrouver les ambiances les plus folles du festival. On pense notamment ici aux sets de Sub Focus, Third Party, Ben Hemsley (qui jouissait d’un slot Mainstage en sunset) l’ensemble des artistes de la maison Tricks Records (label de Patrick Topping), Calvin Harris, Ewan McVicar ou encore BLK.
Ainsi tout au long du week-end, vous pouviez retrouver des scènes house, techno, trance, drum’n bass, progressive, etc. Lors de la dernière journée, on doit cependant avouer que malgré un choix encore très large, la programmation était plutôt axée house et techno. Il manquait en cette troisième journée à minima une scène drum’n bass.
Les scènes

L’ensemble de cette programmation était répartie sur un total de 11 scènes. Pour rappel et à titre de comparaison, Tomorrowland compte aujourd’hui 16 scènes. Un nombre de scènes conséquent, cela a des avantages mais également des inconvénients. L’avantage, c’est de pouvoir offrir le choix au festivalier avec des ambiances et des scénographies différentes. Pour les inconvénients, on a retenu deux. Pour l’un, il s’agit des nombreux dilemmes artistiques auxquels nous devons ainsi faire face. Beaucoup d’artistes que nous souhaitions voir jouaient aux mêmes horaires ce qui obligeait à faire des concessions ou alors des fragments de sets ici et là.
Le deuxième inconvénient qui lui en est un véritable, car oui on ne va non plus trop se plaindre d’avoir le choix, ça a été la proximité entre les scènes. Il était en effet très fréquent d’entendre la musique qui se jouait sur la scène d’à côté lorsque l’on se situait par exemple sur la Arc stage ou sur la Mega Arena. Peu de scène était épargnée par ce problème. Seules la Horizon, la Runway et la Steel Yard faisaient exception. Bien dommage car cela nuit à l’expérience. De souvenir, cette problématique n’était pas aussi présente lors de notre précédente venue.
La sonorisation des scènes était d’ailleurs un sujet de discussion très présent sur les différents groupes Facebook du festival et nous ne pouvons que rejoindre un constat : souvent, le son d’une partie non négligeable des scènes était mal réglé. Celui de la Arc était trop faible. Même constat pour la Pepsi Max sur le set de Trance Wax où il était difficile de rentrer dans son univers avec le son de la Runway qui venait interférer de façon régulière. À l’inverse, la scène qui accueillait notamment MK et Andy C les basses étaient bien trop présentes. De ce fait, nous n’avons que très peu fréquenté cette dernière alors qu’elle accueillait l’une des programmations les plus alléchantes du week-end (LF System, MK, Friction, Mau P, Cloonee, Andy C, Eliza Rose, Paul Woolford, etc.).



À ce jour, la Steel Yard reste notre scène préférée du festival. Sûrement celle où nous avons passé le plus de temps. Avec une capacité totale de 20 000 personnes, elle dispose de la meilleure sonorisation du festival de notre point de vue. Le show light y est vraiment impressionnant et les structures amovibles y apportent une réelle plus value. Chose qu’il manquait sur les scènes sous chapiteaux : un véritable travail de scénographie et de show light.
La Arc stage reste quant à elle toujours aussi impressionnante avec ses énormes écrans led placés en arc de cercle et ses flammes démesurées. La petite nouvelle, la Runway est également redoutablement efficace mais malheureusement mal placée. Il n’était pas rare lors des sets les plus attendus, que la foule présente sur la scène gêne le passage depuis l’entrée du camping gold et l’accès aux sanitaires ou à la scène Pepsi Max située un peu plus haut.
L’organisation

Au global, l’organisation était moindre en comparaison de ce que l’on avait pu expérimenter en 2018. Premier point : les toilettes. Les sanitaires cette année étaient littéralement disposés aux quatre coins du site. Souvent à côté des grosses scènes, il était parfois compliqué de s’y rendre et n’était pas toujours très propre. L’emplacement des manèges en plein milieu du festival n’était pas optimum avec seulement deux passages pour se rendre d’un côté ou de l’autre du festival ce qui allongeait drastiquement les temps de marche entre certaines scènes.
L’espace camping VIP appelé Dreamfield mériterait une entrée dédiée afin de fluidifier les flux de personnes. Pour ce qui est de l’espace pre-pitch où nous logions (zone de camping avec des tentes prémontées), la zone manquait cruellement de douches. Seulement quatre cabines pour environ 150 à 200 campeurs, cela est clairement insuffisant et s’est grandement ressenti. Beaucoup d’attente excepté le soir en rentrant des concerts et des douches inutilisables le dernier soir. Pour le prix, ce n’est pas le niveau de service que l’on attend d’avoir.

Quand on vous parlait du meilleur et du pire en introduction, nous y voilà : la météo. Ce n’est ici pas la faute des organisateurs bien entendu. Cependant, organisé un festival en pleine campagne, avec des annonces d’épisodes pluvieux conséquents, devrait avoir comme conséquence la mise en place de moyens pour rendre à minima les accès au festival et la zone village praticable. Rien n’a cependant été mis en place de manière durable si ce n’est l’étalage de copeaux de bois ou de foin sur le sol ainsi que le pompage des zones où l’eau stagnait le plus. Cependant aucun revêtement sur le chemin principal menant de la zone village au festival et rien non plus sur la zone village en elle-même. La boue était présente absolument partout et pouvait compliquer certains déplacements.
Pour ce qui est de la zone de concert, nous aimerions soulever deux derniers points. Le premier est l’absence totale de zone de détente afin de pouvoir s’y reposer, manger un morceau ou boire un coup. Une zone food-truck avec des tables, chaises le tout couvert afin de s’abriter du mauvais temps ou du soleil serait le bienvenu. Le deuxième point est le manque cruel de poubelle dans l’enceinte du festival et au-delà. C’est réellement dommage pour un festival qui essaie de transmettre depuis quelque temps un message écologique afin de réduire son impact.
Parmi les points positifs on relève l’arrivée d’une supérette sur le village de la zone camping. Une nouveauté qui est plus que bienvenue pour vous permettre de faire votre ravitaillement en nourriture de toute sorte et en boissons non alcoolisées. On relève également une entrée fluide dans le festival, très peu d’attente au check de sécurité ce qui était plutôt très agréable. Très peu d’attente également aux différents bars du festival. L’arrivée d’une application mobile est également une belle amélioration à noter et permet d’avoir le line-up en direct sur son téléphone ainsi qu’un plan du site sur lequel vous pouvez vous géolocaliser.
Le public
Un point qui nous avait conquis lors de notre précédente venue et sur lequel nous sommes mitigés à la suite de cette édition 2023 c’est le public. Là où Creamfields faisait avant partie des incontournables pour l’ensemble des fans de musique électronique européens, on a eu cette sensation d’être parmi les seuls étrangers à nous rendre au festival. Avec cela, une étrange sensation donc que le festival a quelque peu perdu son public de connaisseurs venant des quatre coins de l’Europe (et même au-delà) face à un public purement britannique, relativement jeune et où la consommation de drogue et d’alcool est l’un des incontournables pour pouvoir passer un bon festival. Cela s’est ressenti sur des sets comme celui de la Swedish House Mafia, Camelphat, DJ Snake ou encore Soldardo.

Cela ne nous a pas empêchés de prendre notre pied sur certains acts comme Sub Focus, Third Party, Hannah Laing, Ewan Mcvicar, Patrick Topping, Dimension, MK ou encore Schak et de voir qu’il subsiste bel et bien des artistes qui font bouger les foules et un public connaisseur. Des sets où l’énergie était débordante et le public connaisseur. Quel kiff !
Nos coups de cœur

Camelphat
Le duo nous a tout simplement régalés. Il faisait partie des sets à ne pas manquer en cette édition 2023 et force est de constater que nous ne nous sommes pas trompés ! Nouveaux visuels, nouvelle scénographie et quelques ID’s, de quoi bien clôturer le festival dans cette Steel Yard que l’on affectionne tant.
Third Party
Nous devions simplement passer mais nous nous sommes finalement arrêtés. Le duo originaire de Manchester a su nous conquérir. Après l’énorme claque et l’ambiance de folie qui avait régné durant leur set au week-end 2 de Tomorrowland, nous avions peur de ne pas retrouver la même énergie mais il n’en fut rien ! Third Party jouait ici à domicile et le public a répondu en nombre pour assister à leur set. L’énergie était folle la foule reprenait en chœur chaque mélodie de leurs morceaux. Une véritable bouffée d’air frais.
Sub Focus
Premier set Drum’n Bass du festival, juste après un set magistral de Eric Prydz dans la Steel Yard. Il était alors 2h du matin et la tente qui accueillait Sub Focus était pleine à craquer. Une chose est sûre, il ne restait plus que les fans absolus de l’artiste et cela s’est ressenti du début à la fin du show chantant les paroles de chacun de ces morceaux. Il a su maintenir les festivaliers en ébullition en jouant ses plus grands classiques entremêlés de titres puissants comme Hedex – MIHTR (Semi-Automatic).

Schak
Le petit protégé de Patrick Topping et de sa maison Trick Records a rempli la scène Runway dès 15h. Un large public de fans du label et de l’artiste s’était déjà donné rendez-vous pour assister à sa performance. Et quel set ! Se baladant entre old school et new school, entre sonorité happy house, rave, trance, le natif de North Shields a mis tout le monde d’accord. Une ambiance digne des plus grosses têtes d’affiche.
Eric Prydz
Eric Prydz et Creamfields c’est une grande histoire d’amour. Le Suédois a toujours proposé des sets de qualité et relativement différents lors de ses apparitions dans le festival (quasi annuelle) lorsqu’il ne présentait pas un show exclusif comme sa série Epic, Holo, Holosphère ou encore son b2b avec Deadmau5. Cette année n’a pas fait exception avec un set magistral et une tracklist aux petits oignons.
On ne les a pas cités ici mais on tenait également à faire une mention spéciale pour les sets de BLK., d’Hannah Laing, Carl Cox ou encore de Franky Wah qui nous on grandement séduit.
Un seul Creamfields pour 2024

C’est la grosse news qui a suivi le festival. Creamfields stop Creamfields South qui prenait place au mois de mai près de Londres, pour se concentrer sur Creamfields North à Daresbury (le festival historique). Il semblerait que l’édition South rencontrait des difficultés à vendre des billets. On espère que ce focus qui sera fait sur l’édition de Daresbury aura un impact positif sur son évolution.
Malgré les points d’amélioration qui ont été soulevés précédemment, Creamfields reste un festival qui joue dans la cour des grands et cela sans aucun doute possible. Son line-up reste l’un des plus impressionnants d’Europe et doit rester un must have à cocher sur votre liste des festivals européens à faire au moins une fois. On a pris un plaisir non dissimulé à participer à cette édition 2023 et on reviendra avec joie enfiler nos bottes et notre K-way pour prendre part à l’édition 2024.
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