La sortie d’un album de Ben Böhmer est toujours un petit événement. Nous avons assisté à son arrivée sur la scène chez Anjuna, puis à sa confirmation avec ses albums et le lancement de son label Ton Topferei. L’heure est désormais à la stabilité, tant sur le plan personnel que musical. Après deux opus (Breathing, sorti en 2019 et Begin Again, sorti en 2021) et 3 ans d’attente, nous pouvons enfin poser nos oreilles sur Bloom. Bloom signifie Floraison, et quel meilleur mot pour décrire la beauté des tracks qui vont suivre ?
11 titres, pour près de 40 minutes, vont définir ce troisième album de l’Allemand, sorti non pas sur Anjunadeep mais sur Ninja Tune, avec une foule de guests dont on parlera en infra. Ben Böhmer restait d’ailleurs sur des productions plus que mémorables, avec une liste pêle-mêle assez longue : In Memoriam, Wall Of Strings, Escalate, Decade, Cappadocia (avec Romain Garcia), ou encore Weightless. Cet LP va-t-il ajouter des morceaux à cette énumération ?
Nous vous le disons d’avance : oui. Mais pas pour les raisons que vous imaginez. En effet, la série susmentionnée est constituée de beaucoup de titres très compatibles avec les DJ sets ou le clubbing. Alors qu’aujourd’hui, Bloom propose certes des titres de ce genre, mais aussi de superbes morceaux oniriques, mélodieux. Ben Böhmer a troqué la puissance contre la finesse. Et bon sang, que c’est bon ! Le changement de label a-t-il permis un élargissement du cahier des charges ?
Ben Böhmer avait annoncé Bloom au moyen de Best Life. Déjà, une différence se faisait ressentir : des sonorités breakbeat, pas nouvelles mais plus rares autrefois pour le producteur, et qui ont fait du bien, avec toujours le fidèle JONAH aux commandes des paroles d’un hymne à la vie.
Commençons l’album avec le titre Martin, qui est un showcase de ce que fait de mieux Ben Böhmer : chords, nappes mélodiques envoûtantes, basses enveloppantes. Puis, ce passage au piano. Si le mot introduction avait une bande-son dans le dictionnaire, ce serait ce titre, qui lance parfaitement Bloom.
Suit Hiding, avec la fabuleuse Lykke Li (I Follow Rivers) à la voix, pour un morceau ambient/breakbeat, dont la batterie folle hante nos esprits. Accompagnée d’une superbe ballade au piano et de kicks très discrets mais présents, la vocaliste fait sienne l’ambiance durant 3 minutes et 42 secondes. Le tout au moyen d’une écriture aux petits oignons.
On passe ensuite à Memory Cassettes, qui a été le premier titre à nous donner des frissons. Cette intro style 90s au filtre passe-haut, le retour des productions façon Breathing, et ce drop tout simplement submergeant. On se surprend à fermer les yeux, à sentir ses yeux picoter de larmes… Et à avoir la chair de poule. L’un de nos titres préférés, tout simplement, qui doit valoir sacrément le détour en live.
Retour au calme avec Beautiful, en featuring avec Malou, désormais habituée (si vous lisez nos reviews d’albums) des collabs avec le boss de Ton Topferei. Les deux compères délivrent une superbe ballade Melodic House au tempo contenu, avec un second drop très aérien.
On baisse encore le tempo sur Faithless, et l’ambiance change. C’est le retour des frissons, et une fois n’est pas coutume, ce n’est pas la production qui fait tout, mais bien la voix d’Erin LeCourt, une chanteuse et parolière dont vous devez absolument retenir le nom. Sa prestation est tout bonnement époustouflante : elle insuffle de l’émotion dans un morceau déjà bien produit à son fondement, avec ses kicks lourds et ses claps étendus. Vous l’aurez compris, second gros, gros banger de l’album, et encore une fois, ce n’est pas le titre le plus puissant de l’opus, mais l’un des plus finement réalisés.
Passons désormais à Rust. Pierre angulaire des derniers lives de Ben Böhmer (qui n’hésite pas à la jouer avec un fondu sur l’excellente Beyond Beliefs, cf. plus haut), ce morceau combine de paroles simples mais ô combien touchantes, à un rythme musical qui est remonté entre-temps. Cela donne un titre très joyeux, hyper optimiste et qui, de l’aveu de son concepteur « résonne en lui ».
On le comprend tant. Evermore, en featuring avec Enfant Sauvage reste dans la même veine musicale, mais troque les paroles contre des gimmicks vocaux qui nous rappellent fortement ceux de The Blaze ou… de Romain Garcia. On se fait même surprendre à 1:54, le morceau devenant absolument fou. L’on se sent comme projeté en l’air, à toute vitesse, accompagné du gimmick vocal qui devient de plus en plus audible et compréhensible.
On aborde déjà la fin de ces 40 minutes, et il ne reste que trois morceaux. L’antépénultième est Rain, en featuring avec Max Milner. Exit la grosse production lourde, bienvenue aux violons, aux pianos, aux chords orchestraux, ainsi qu’aux paroles qui invitent à continuer de danser. Une sublime ballade, en somme, de 3:43 minutes, qui passent en un battement de cils.
On enchaine ensuite avec The Sun, en featuring avec le duo Oh Wonder. On n’en parle pas souvent sur ce site, mais allez faire un tour sur leur profil musical, depuis la plateforme que vous utilisez. The Sun est un excellent morceau Deep House, porté par le sublime tandem qui comme toujours, véhicule des messages d’amour et d’optimisme. Le cachet un peu 90s (bruits de cassettes/VHS) donne même cette impression de souvenir déjà eu, que l’on se remémore avec affection.
On arrive enfin à Blossoms (Fleurs). La floraison a eu lieu, et ce morceau nous le confirme, avec une puissance mélodique et onirique remarquable, soutenue par des riffs de guitare acoustique, des chants d’oiseaux… Un magnifique point final.
Bloom est donc cet album parfait avec l’arrivée de l’automne. Au quotidien, en arrière-fond ou avec les banquettes poussées : le dernier album de Ben Böhmer contient forcément un morceau qui correspondra à votre humeur du moment. On le disait en introduction, l’Allemand a privilégié la finesse à la puissance. Cela donne des morceaux ultra bien produits, et un ensemble très homogène. Pour rappel, Ben Böhmer passera par nos contrées à l’Adidas Arena. C’est le 22 novembre prochain !
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