Moog délocalise en Asie et licencie ses employés historiques

C’est une nouvelle qui ne fait pas assez trembler les murs et pourtant elle est très dommageable pour notre éco-système et va affecter la qualité de nos outils de production de musique. Moog, la marque la plus mythique du métier, symbole du savoir-faire américain dans l’ingénierie du son, a été acquise en juin 2023 par le géant InMusic, déjà propriétaire de Denon, Rane, Akai et Numark. Et les effets se font déjà ressentir… Afin d’optimiser ses coûts et donc sa marge, on apprend via Le Canal Auditif et Citizen Times que l’entreprise cède à la délocalisation de sa production à Taïwan en renvoyant près de la moitié de ses effectifs d’Ashville, site de production historique de la marque, comme bien d’autres. Cela représente tout de même une trentaine d’ouvriers…

Moog, Ashville, USA

InMusic met alors un terme à deux particularités qui faisaient de Moog une entreprise à part : sa conception et sa production 100% Ashville mais surtout, sa politique d’entreprise. En effet, la boîte et son créateur, Bob Moog, avaient mis en place un système plus horizontal qu’habituellement à l’échelle d’une PME, avec un actionnariat détenu par ses employés à hauteur de 49%. En licenciant près de la moitié du personnel, Moog ébranle cette structure pour probablement revenir à un modèle plus vertical et moins égalitaire, quelque chose qu’InMusic pourra plus facilement contrôler. On regrette également que les artistes qui ont contribué à la gloire et la validation de cette marque, tels que Jean-Michel Jarre, Giorgio Moroder ou Hannes Bieger, ne se soient toujours pas exprimés sur le sujet alors que leur parole pourrait être un argument d’autorité pour empêcher cette perte, mettre en place un rapport de force dont les licenciés et licenciées pourraient se saisir afin de se défendre.

La conception des Moog, avril 2019

La déclaration du directeur de la marque, Logan Kelly, affirme que « rien ne changera [après cette délocalisation] ». Rien ne va changer pour qui ? Pour les consommateurs qui vont se retrouver certes avec des prix abordables mais avec une qualité moindre ? Ou pour la trentaine d’ouvriers et ouvrières historiques congédiés ? L’objectif est-il de finir avec la même réputation que Behringer et Numark ?

Car, en regardant les commentaires sous le communiqué de presse de Moog ci-dessous, il semble évident que pour les clients, il y aura un avant et un après InMusic, tellement le downgrade de la marque va impacter son image même. Et ce n’est certainement pas ce que Bob Moog aurait souhaité. En tous cas, si vous souhaitez acquérir du Moog encore garanti 100% Ashville, ne tardez pas, car le marché de l’occasion risque de vite flamber.