Mardi soir, nous étions à l’Accor Arena pour la première des deux dates parisiennes de Justice dans le cadre de leur nouvelle tournée européenne. Après un album ‘Hyperdrama’ salué par la critique sorti en début d’année, c’est enfin une nouvelle occasion de revoir le duo français sur scène. 7 ans après leur tournée ‘Woman Worldwide’ qui aura laissé un souvenir indélébile dans tous les esprits.
De notre côté, ça reste encore aujourd’hui l’un des shows les plus marquants auxquels on a eu la chance d’assister. Quand Xavier et Gaspard ont annoncé ces dates parisiennes il y a de longs mois maintenant, on n’a donc pas hésité une seule seconde à prendre nos places. Il nous tardait de voir s’ils allaient réussir à atteindre le niveau de ‘Woman Worldwide’ une nouvelle fois, voire même le dépasser. Après une première claque reçue en 2017, déjà à l’Accor Arena, est-ce que la deuxième joue allait prendre ?
La famille Ed Banger en première partie
La soirée avait déjà de quoi se lancer sur de très bonnes bases avec une première partie plus que consistante. Ce n’est pas un ou deux artistes qui sont venus soutenir le duo, mais bien une bonne partie de la famille Ed Banger ! Au programme, Busy P, Andy 4000, Breakbot & Irfane, Carlita, Kavinsky et un interlude instrumental de Paul Prier au milieu. Rien que ça.
Malheureusement, des contraintes d’agenda ne nous auront pas permis d’en profiter entièrement. On ne sera arrivé que pour les deux derniers morceaux de Kavinsky, qui clôturait cette première partie, avec un Pedro Winter chaud bouillant au micro en chauffeur de salle.
L’occasion de découvrir une Accor Arena pleine à craquer, qui attendait impatiemment les Justice. Un public assez diversifié, entre jeunes excités et quadras grisonnants plus posés. Signe d’un groupe iconique de la scène électronique, le merch à l’effigie de Justice est partout dans la salle.
Les fameux bombers avec la croix dans le dos notamment n’étant pas rares. Un public à l’image de ce groupe incontournable de la scène électronique mondiale des années 2000, qui sait encore fédérer aujourd’hui plusieurs générations de fêtards, un peu à l’image des… Daft Punk, on y reviendra plus tard.
Un show light de folie
Après 15/20 minutes de change over pour ranger le DJ booth de première partie, les Justice débarquent sur scène sur les coups de 21h20, avec une ponctualité qui ferait envie à la SNCF. Toute la scénographie se met enfin en marche. Et on se rend vite compte qu’on va en prendre plein les yeux toute la soirée.
Derrière le duo, on retrouve toujours évidemment leur croix symbolique, qui donne parfois à la salle une ambiance quasi mystique. Autre habitude avec les shows de Justice, une scène mobile.
Au-dessus de leur tête, une douzaine de bancs lumineux en mouvement constant pendant le show. Tantôt plafond semblant se rapprocher dangereusement de leurs têtes, tantôt capsule ovale donnant à la scène un air de vaisseau spatial, cette structure en lévitation aura donné un côté vivant à la scène.
Et aura permis au show d’en faire prendre autant plein les yeux que plein les oreilles! D’autant que tout autour de ça, des dizaines de lires étaient réparties tout autour de la structure de la scène et au plafond de la salle, formant un couloir rappelant celui de notre dernière visite à l’Arena pour la Fun Radio Ibiza Experience.
Derrière le duo, une série de carrés lumineux qui viennent rajouter de la couleur et de nouvelles possibilités de création artistique. Une scène très proche, pour ne pas dire quasi identique, à ce qu’on a pu voir sur leur show à We Love Green en juin dernier. Mais la taille de l’Accor Arena rajoute une dimension de gigantisme non négligeable et une immersion supplémentaire dans le show.
On tire en tout cas notre chapeau aux équipes artistiques et techniques de Justice. Elles auront su tirer tout le potentiel de cette scène. Comme on l’a dit, celle-ci était vivante pendant tout le show. Tous les tableaux étaient différents, les formes, les jeux de couleurs, le rythme, tout était personnalisé pour chaque morceau et parfaitement adapté à l’ambiance musicale du moment. Du travail d’orfèvre !
Les Justice pas venus pour faire dans la dentelle
Côté audio, on sent dès le début que les Justice ne sont pas venus pour nous jouer des berceuses. On rentre très vite dans le vif du sujet avec leur légendaire « Genesis ». Tout de suite, on comprend que ça va cogner sec. Et ce n’est pas pour déplaire à une foule en folie qui est immédiatement à fond et en communion avec le duo. La tracklist sera un savant mélange de versions live de ‘Hyperdrama’, et de mashups de leurs morceaux iconiques. Pour un voyage complet à travers tout leur univers musical !
Les basses martèlent le corps tout au long du show mais on ne s’en rend presque pas compte tant la scénographie aimante toute l’attention. Le set est en tout cas aux petits oignons et les transitions d’une fluidité déconcertante. Leur faculté à retravailler tous leurs morceaux pour des edits live, et en faire des mashups tellement bien pensés qu’on croirait que ce sont des morceaux originaux, est toujours aussi bluffante.
Cela leur permet de marier leurs créations les plus récentes à leurs tubes les plus anciens avec une facilité presque insolente. D’autant que sur scène, Xavier et Gaspard sont toujours aussi stoïques derrières leurs lunettes de soleil et leurs vestes à paillettes. Certains y voient de la prétention, nous, une présence scénique qui dégouline de charisme.
Postés face à face, les deux compères jouent avec la foule. Enchainant entre montées pleines de tension captivantes et débauches d’énergie ininterrompues, allant même flirter avec la Hard Techno par moment. « We Are Your Friends » entonné à tue-tête est toujours un grand moment de communion. « Stress », l’occasion de pogos survoltés.
Et « Neverender », joué deux fois, semble le morceau le plus apprécié par le public dans leur dernier projet. Le duo va même chercher dans des recoins plus confidentiels de sa discographie. En ressortant par exemple des éléments de leur EP « Planisphere » lors du rappel après s’être éclipsés de scène.
Quel héritage pour Justice ?
Ce nouveau live de Justice met bel et bien la barre encore plus haut que « Woman Worldwide ». C’est une vraie célébration de tout ce que le groupe a construit depuis presque 20 ans. Ils sont aujourd’hui clairement les seuls à faire ce qu’ils font. Mêlant l’énergie brute des sonorités Electro/Rock de leurs début avec des influences récentes plus Funk/Disco, pour une pop avant-gardiste.
Proposer de telles prestations live fait du du bien à une scène électronique saturée de DJ sets trop aseptisés. Et lier tout cela à une esthétique visuelle aussi habilement travaillée les fait clairement rentrer dans une catégorie à part. Celle des artistes qui sont probablement parmi les plus proches de ce que pouvaient proposer les Daft Punk. Profitons le plus possible de ces monstres tant que l’on peut !
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