L’album de deadmau5 & Kaskade « Kx5 » est une immense déception

On l’attendait sans impatience, on pressentait la catastrophearriver et ça n’a décidément pas loupé. Depuis maintenant un an, deadmau5 et Kaskade, deux producteurs talentueux, ont décidé de collaborer de nouveau après avoir marqué l’histoire de la Progressive House avec « I Remember » et « Move For Me ». C’est ainsi que « Escape » vit le jour, hommage old-school très cool en l’honneur. Et aujourd’hui, c’est la consécration avec 10 morceaux sous « Kx5« . Maintenant que le tableau est posé, vous connaissez l’expression « Mettre de l’eau dans son vin » ? Parce que cet album est, en résumé, un pichet d’Evian versé dans une bouteille de Cheval Blanc Grand Cru 1990. Ce fut une écoute qualifiable de frustrante quand on sait qui en est aux commandes, et on va s’en expliquer titre par titre.

On commence avec « Alive« , qui démarre bien avec des nappes qui rappellent « I Remember » tant dans la texture que dans les accords avec cependant une bassline plus timide que d’habitude, quand on sait que deadmau5 est aussi aux commandes de ce projet (c’est une remarque qui va revenir très souvent) mais qui drop sur … du Afterlife. On retrouve un pattern typé Melodic Techno complètement hors de propos, en dehors de ce qu’on peut attendre des codes de la Progressive House. Quand on casse les règles, on essaye a minima de proposer quelque chose de neuf ou d’au moins intéressant à l’écoute, qui plus est quand on s’appelle Kaskade et deadmau5. L’écoute démarre bien …

« Sacrifice » se dote d’un vocal sympathique qui déraille directement sur de la grosse Techno aux stabs acides. Une fois encore, d’où ce type de son sort dans un album Kx5 ? Cela aurait été un son estampillé UMEK, Sanguiliano, ou Sian, oui pourquoi pas. Mais dans la narration des deux figures Progressive, il y a un gros problème de cohérence. Avec une fois de plus, des basses plus que timide.

On arrive à « Escape« , première pierre qui fût posée par le duo. Notre avis sur le titre à l’époque est disponible ici et il n’a pas bougé. Banger issu d’un mood nostalgique, à la sonorité fraîche et moderne.

On découvre « Bright Lights » qui sonne un peu mieux que les autres en termes de mixage et d’arrangement, techniquement, sans être un banger non plus. Mais ce vocal et cette non-intensité dans les sons choisis en font un titre plat. On avait pourtant un break qui commençait bien avec ces puissants accords qui montaient progressivement et qui ne finissent même pas dans le drop, laissant alors la bassline seule avec le vocal. Quelle déception.

« When I Talk » est en résumé, un follow-up de « Bright Lights » avec la basse une octave au-dessus. On continue dans cette vibe chill et mélodique bien éloigné de ce qu’on attendait initialement.

« Take Me High » est avec « Escape » la meilleure track de l’album. Son argument majeur : son break, avec son esprit full « Insomina » qui vient, de la même façon que « Espace », titiller la fibre nostalgique de l’auditeur. Le drop est cependant un copié-collé des autres tracks d’avant. Kick, pluck bass, des coups de 303 pour donner un peu de grain et ça repart.

« Eat Sleep » reprend les mêmes codes que les tracks Melodic Techno, aux percussions et attaques des synthés désynchronisés mais sans les sonorités du genre. Le vocal est appréciable, mais comme d’habitude, le drop est rapidement inintéressant. Et mine de rien, on en parle de la durée des morceaux ? Il est loin l’époque des extended mixes de 9-10 minutes …

« pwdr Blu » rejoint un peu la vibe de « Escape » sans réellement l’effleurer, préférant se diriger vers des sonorités Deep House lentes qui ont cependant leur charme mais une fois de plus, on s’éloigne de la Progressive percutante pour copier le style de Lane8, par exemple. Et si on veut écouter du Lane8 … on va écouter Lane8, en fait.

CEPENDANT !!! (vous avez la ref’ ?) « Unobsidian » tranche nettement avec le reste, et ça s’entend. Mais ça s’entend genre très fort ! Le mixage et la compression générale ne sont pas du tout les mêmes que le reste des morceaux, le choix des sons, la stéréo des synthés, la complexité mélodique du break … C’est du deadmau5 tout craché ! Bien qu’estampillé « Kx5 », on nous la fait pas. Un des seuls (le seul ?) banger de cet album.

On finit avec « Avalanche » qui donne tout dans ses drops à la TB-303, avec aussi un peu de neurobass et un des vocals qui, disons-le, est un des plus intéressants de l’album, rappelant la tessiture de voix de Artche, fidèle comparse de Cristoph. Même sur le fond, même remarque que les autres titres.

CONCLUSION

Après cette écoute qui mérite à peine le 10/20, on ne comprend pas. Où est passée la rigueur technique de deadmau5 ? Où sont les grosses basslines du canadien, où sont les gros pads, les mélodies que « I Remember » que nous laissaient entrevoir « Escape » ? On a l’impression que Joel a été complètement absent de la production de ces tracks. Et cette intuition bien qu’osée repose sur 2 pistes : la première est que lors de leur dernière collaboration qui datait de « Beneath With Me », deadmau5 himself avait avoué que la track a été faite en grande partie par Kaskade.

Deuxième indice et non des moindres : quand on écoute le dernier album de Kaskade « Fire & Ice », on se rend immédiatement compte de la porosité entre les sons des 2 albums, mais aussi tous les arrangements. « Waste Love v3 », « Room For Happiness v3 », « lLove v3 », « ICE v3 » … pourraient être des titres de l’album Kx5, cela en est frappant. On reconnaît bien plus Kaskade que deadmau5 dans ce projet collaboratif, en sachant que les titres de « Fire & Ice » ne sont vraiment pas oufs, disons les termes. Le même mood plat, sans relief, sans grande dynamique, où on s’ennuie tout au long d’un recueil de morceaux. C’est simple, il n’y pas de prise de risques ni d’innovation, et ça fait très mal de se dire « ouais, bof … » sur une production où deadmau5 est impliqué directement. On espère alors le revoir en solo bientôt, à l’instar de sa dernière sortie « XYZ » qu’on recommande bien plus que le projet Kx5 dans sa généralité.

ERRATUM : les critiques de « pwdr Blu », « Eat Sleep » et « Unobsidian » ont été rajoutées en MaJ à cet article. Les sons manquants n’étaient pas présents dans la playlist officielle Youtube lors de l’écoute, nos excuses.

Beatport