Dossier : 5 techniques avancées pour améliorer vos DJ sets

Bienvenue à toutes et tous; ce dossier sera consacré, ce dimanche, à des techniques avancées que nous vous proposons afin de rendre vos DJ sets uniques et imprévisibles, surtout si vous produisez. Dans ces modestes paragraphes, nous allons détailler des techniques qui nous semblent aussi pertinentes que rares. Ces tips sont distillés dans des sets, des podcasts ou encore des tutoriels piqués à droite à gauche, et qui apportent une plus-value non-négligeable. Nous vous proposons alors 5 pistes et idées :

I. Ré-analyser des morceaux au même BPM

Pour notre premier tips, nous allons étudier la relation qu’il existe entre le changement de BPM et le changement de tonalité d’un morceau. La tonalité correspond à la gamme musicale qui sera prédominante durant l’oeuvre, analysable à l’oreille si vous êtes éduqués pour, ou alors via des logiciels comme MixedInKey si, comme nous, vous n’avez pas l’oreille formée. En effet, lorsque vous prenez un vinyle, et vous le jouez, le fader du pitch vous permet d’accélérer ou de réduire la vitesse du morceau. Se faisant, un effet de montée ou de descente des fréquences se fait entendre. On peut se rendre compte qu’un doublement de la vitesse multiplie également toutes les fréquences par 2. On en déduit alors la fonction linéaire ci-dessous. On convertit alors les fréquences en demi-tons  (saut de fréquences entre 2 notes consécutives), pour plus de praticité. Résultat : une augmentation de 100% de la vitesse d’un morceau revient à le monter de 12 demi-tons, c’est-à-dire un octave. 

Donc si vous passez par exemple un morceau en C (Do) min de 128 à 118 BPM, vous pouvez avoir une idée de sa nouvelle clé : 

128 –> 118 = 8%; 8×0,12 = 0,96 ≈ 1 demi-ton. On peut alors estimer un passage de C (Do) min à D (Ré) min.

Veuillez également trouver ici la relation fréquence/note, pour d’avantage de précision. 

Cependant, le mix harmonique n’est qu’un procédé parmi d’autres. Au cours de la création de son podcast mensuel « Cycles Radio », Max Graham formule une phrase à considérer pour les obsédés de la Camelot Wheel : « La vibe prend le pas sur le mix harmonique ». En gros, même si 2 morceaux ont une vibe similaire mais par la même clé, il y a quand même matière à faire une transition cohérente et justifiée. Alors ne perdez pas cette possibilité pour vos mixs.

II. Construire des « DJ Tools »

Une autre astuce qui peut tout à fait fonctionner est l’utilisation des projets finis (ou non) d’Ableton, FL, Cubase, peu importe. L’idée est d’en prélever des breaks, des drums loops, des FXs … pour alimenter des transitions et des parties de morceaux. L’exemple le plus simple reste le mash-up live avec l’acapella d’un de vos morceaux et de le superposer sur une track (BPM et tonalité respectés) pendant un break. Une autre idée peut aussi de faire des transitions avec des FXs de bruits blancs ou impacts, afin de rajouter de la personnalité dans vos mixs. Dans l’image ci-dessus, nous avons par exemple préparer un pack de samples de FXs (tonaux et atonaux) que l’on peut utiliser à notre guise via un sampler Ableton, Traktor, un pad de contrôleur Serato … Variez les idées pour avoir un maximum de possibilités à votre disposition, et faites également attention au volume des sons et fabriquer des versions alternatives pourvues d’un effet de sidechain pour avoir autant de possibilités durant un break que durant un drop. 

III. Écrire des morceaux en fonction du morceau précédent ou suivant

Un des nombreux conseils que l’on peut retrouver dans la Masterclass de deadmau5 est d’écrire le début ou la fin d’un morceau (au choix) en fonction d’un autre morceau. Le meilleur moyen d’y arriver est, dans une session de production d’un morceau A (le votre, dans le groupe rouge), de placer le morceau B (l’autre morceau, dans le groupe vert) comme si vous le mixiez en live, de la façon représentée avec l’image ci-dessus.

Notre morceau « A » est en A min et notre morceau « B » est en C min. Nous trouvons une vibe similaire qui serait plaisante d’enchaîner harmoniquement. Durant la phase d’outro du morceau « A« , nous trouvons alors un moyen, sur notre piste « Plucked Lead », de passer de la mélodie principale (bleu clair) à une mélodie alternative (bleu turquoise) pour faciliter l’insertion du morceau « B » sans que le clash de mélodie soit détectable, et ainsi penser cette transition de façon intelligente. Le résultat est une bonne méthode pour troquer un peu de spontanéité dans un DJ set contre un mix qui sonnera plus calculé et efficace.

Par exemple, durant l’outro, vous pouvez imaginer un changement de tonalité pour que le morceau actuel puisse être enchainé par un autre ayant le même esprit, la même vibe, tout en conservant l’harmonie. On peut s’inspirer de l’exemple ci-dessous :

Dans ce extrait de HOLO LONDON, Eric Prydz mixe « You (Interlude)  » avec la fin de « Lillo ». Notez le changement de tonalité de l’arp de « Lillo » qui passe d’un Eb (Mi bémol) maj à un G (Sol) mineur pour ensuite suivre mélodieusement « You » dans son intégralité. 

IV. Désactivez le Master Tempo des CDJs / Key Lock des softwares

Ce tip nous provient d’une publication Facebook de Sébastien Léger (qui ne date que de 3 ans). En effet, activer le Master Tempo / Key Lock d’un morceau revient à lui faire comprendre que, quelque soit le BPM d’un morceau, la tonalité doit rester intacte. Le logiciel doit littéralement créer du signal supplémentaire en plus pour le morceau afin d’en conserver la clé. Les algorithmes embarqués ne sont pas encore au point à 100% même en 2020, même avec les dernières versions de Traktor ou Serato et ceux embarqués dans les platines CD les plus fiables ne sont guère mieux. Là où le vinyle troque sa tonalité contre une qualité constante, les outils informatiques peinent encore à maximiser les résultats de ces 2 variables indépendamment l’une de l’autre. C’est pourtant crucial, et on peut le comprendre aisément, pour des mixes où les morceaux doivent se suivre harmoniquement mais sachez que ce dilemme BPM/Tonalité VS Qualité est encore présente, même avec la technologie de 2020. Pour s’en convaincre, prenez un morceau avec une bonne basse, et changez le BPM en conservant le Master Tempo / Key Lock, vous entendrez alors les artefacts que produit le time-stretching.

V. Jouer sur la polyrythmie

Enfin, notre conseil le plus original de cette modeste liste : utiliser la relation de tempo qui existe entre un croche, une croche pointée, et une triolet (une 1/4 Note, Dotted Note et Triplet Note en anglais). En effet, si on considère une track à 128 BPM et une track à 96 BPM ayant une vibe similaire et une clé similaire, et que vous voulez mixer; il existe alors une possibilité rythmique où ces 2 morceaux peuvent cohabiter. Il faut bien sur préparer cette transition très peu intuitive mais qui laisse entrevoir une piste, une exploration sonore assez unique et peu répandue dans le DJing.

Soit N un nombre entier naturel (1,2,3,4, …). Pour calculer le BPM « Dotted » par rapport à un BPM d’origine, il suffit de multiplier ce dernier par : 0,75 x N. Pour calculer le BPM « Triplet » par rapport à un BPM d’origine, il suffit de multiplier ce dernier par : 2/3 x N. Vous obtiendrez alors des BPM qui peuvent se combiner de façon poly-rythmique à votre morceau actuel. L’image ci-dessus montre, en couleur, les motifs qui se répètent en boucle avec un tempo à 128 BPM. Pour une partie bleue (BPM d’origine), il faut 2 parties rouges (BPM Dotted) et il faut 3 parties vertes (BPM Triplet). Il est important de noter, suite à cette démonstration et durant le beatmatch imaginaire entre 2 morceaux aux BPM combinables, que le schéma se répète tous les 6 temps, au lieu de 4 ou 8 temps habituels, la fameuse signature rythmique 4/4 ! Pour contrecarrer ce problème, le meilleur moyen est de boucler le morceau le plus rapide sur un temps dans le cas d’un mix « Dotted » (car 3 temps ferraient moche) et sur 2 à 4 temps dans le cas d’un mix « Triplet ».

Voilà notre petit dossier conclut, on espère que les idées évoquées ici pourront vous donner des idées de mix uniques et surprenant. Rendez-vous sur notre Discord pour nous faire écouter vos retours, tentatives et feedbacks.