Dossier : YouTube Music a-t-il réellement de l’avenir ?

Lancée en novembre 2015 aux USA, YouTube Music est une plateforme qui a récemment commencé à s’imposer sérieusement dans le paysage du streaming musical. Remplaçant désormais Google Play Music, le service payant compterait à ce jour plus de 15 millions d’utilisateurs. Si nous sommes loin des résultats espérés par Google, qui voulait faire de la plateforme un concurrent à Spotify (100 millions d’abonnés) et Apple Music (60 millions d’abonnés), elle a néanmoins dépassé Deezer et ses 10 millions d’abonnés. Et ce nombre pourrait exploser grâce à l’envahissante promotion au sein de YouTube, qui cumule 1,5 milliard d’utilisateurs mensuels.

Mais commençons à présenter YouTube Music en revenant sur la raison de sa création.

YouTube, un modèle économique devenu difficile

« Broadcast Yourself », tel est le slogan de la plus importante plateforme de streaming à ce jour. Appliquant le principe simple de permettre le dépôt et le visionnage de vidéos à tout le monde, le site s’industrialise en 2006 avec le rachat de Google, qui en fait un support publicitaire pour tout annonceur désireux de diffuser son spot vidéo.

Google étant une entreprise très compétitive comme nous le savons tous, elle profite de la plateforme pour tenter d’avoir un pieds dans les nouveaux secteurs de divertissement qui apparaissent. Ainsi, en 2015 sont lancés YouTube Premium, qui propose la lecture de vidéos sans publicité et des contenus originaux afin de faire concurrence aux services de VOD comme Netflix et HBO, ainsi que YouTube Music pour le streaming de musique. Bien que redondante avec Google Play Music, l’application s’adresse à ceux qui consomment leur musique sur YouTube. Aucun de ses services ne rencontrera de vrai succès.

Puis vient 2017 et le premier coup dur pour la viabilité de YouTube. Des publicités apparaissant sous des contenus appelant à la haine et extrémistes, poussant plusieurs annonceurs majeurs à se détourner de la plateforme, comme Coca Cola, Dr. Pepper et BMW. Plus tard dans l’année, ce sont Adidas, Mars ou encore HP qui se séparent des services de YouTube après qu’une controverse concernant des contenus douteux impliquant des enfants éclate.

YouTube comprend donc bien que faire confiance aux créateurs indépendants n’est plus suffisamment viable, le risque de froisser un annonceur qui verrait sa marque « associée » avec une vidéo problématique étant trop grand. C’est pourquoi elle a recentré ses ressources sur ses services payants lui permettant de générer un chiffre d’affaire stable, et s’est aussi mise à pousser les contenus de créateurs « sains » comme les chaînes de télés ou les labels au travers des recommandations et de l’onglet « Tendances », ce qui a créé une controverse sans fin au sein de sa communauté.

YouTube Music, un vrai potentiel ?

Revenons à ce qui nous intéresse en premier lieu. Entièrement repensée, désormais disponible sur desktop, YouTube Music est maintenant une application bien plus attractive qu’à son lancement. Elle propose deux offres d’abonnement, le premier à 10 euros pour l’application seule ou pour 12 au travers de l’abonnement YouTube Premium, nous y retrouvons toutes les fonctions typiques de ses concurrents, comme la lecture sans pub, hors connexion ou de fichiers locaux. Rien de spécial de ce côté donc. Mais elle possède bien entendu la lecture de vidéo intégrée, qui passe en fichier audio lorsque l’écran est éteint afin de minimiser l’utilisation des données réseau. De plus, Google y a implanté ses algorithmes de recherche, recoupement et tri qui font le succès de Chrome, afin de proposer playlists et suggestions le plus adaptées possible à l’utilisateur. Et bien entendu, le catalogue de l’application couvre tout YouTube, devançant de loin Spotify et Apple Music sur ce point.

Une option intéressante dans un marché saturé

Si Spotify a profité d’être le pionnier de ce type d’application de streaming moderne et Apple Music d’être implantée nativement sur iOS, on a de la peine de voir comment YouTube Music peut se hisser à leur niveau de popularité. Option intéressante pour toute personne consommant sa musique via YouTube, celle-ci n’a-t-elle pas meilleur temps de continuer à faire tel quel et ainsi s’éviter de payer un abonnement pour le maigre sacrifice de quelques fonctionnalités ? La balle est dans le camp de Google, à eux de trouver un moyen de rendre leur offre plus compétitive pour percer ce marché saturé.

Pitt