Notre avis sur « Reborn », le nouvel album de Kavinsky

C’est un retour pour le moins attendu, et c’est un euphémisme de le dire. 9 ans après « Outrun », le français Kavinsky prend le risque de revenir sur le devant de la scène avec un second album. Pour accompagner la sortie de ce dernier, il a par ailleurs travaillé sur une montre en collaboration avec Yema, a l’effigie de son univers. Le danger est alors d’essayer à tout prix d’égaler le premier, subir une pression morale et mentale sur l’obtention d’un accueil similaire, même si cela semble impossible. « OutRun » a eu à l’époque un retentissement planétaire, contribuant à la création de la scène Synthwave française en 2013, avec une esthétique novatrice et relativement sous-exploitée jusqu’à cet album. Alors qu’en est-il de « Reborn », ce nouvel album ?

Après une première écoute de A à Z, que l’on détaillera ensuite tout au long de cet article (faites vous chauffer un café !), on peut d’ores et déjà dire que l’esthétique et l’intention de l’album coïncident avec « OutRun » avec cette vibe Synthwave, 80’s, remis à neuf version 2022. Pour parler brièvement des clips, « Cameo » est marrant dans le sens où masse d’amis de Kav’ s’est prêté une nouvelle fois au jeu d’apparaître furtivement les clips des uns et des autres. Sauriez-vous spot Gaspard et Xavier de Justice ? Le clip de « Renegade » est quant à lui un plaisir graphique copiant totalement une scène de « Matrix : Revolutions » où l’Agent Smith envoie Néo dans un building. On reprend également l’imaginaire « Driver » avec la même veste et le même décor de nuit et sombre. On peut alors dire que le passage entre le premier et deuxième album est comparable à la différence entre « Blade Runner » et « Blade Runner 2049 ».

On a vu la surface, voyons le fond, maintenant : « Reborn » sonne globalement bien plus épique et lounge que « OutRun ». Il est également à souligner que tout est moins compressé, moins sidechainé et sonne moins « rentre-dedans » que le premier album. Les kicks sont plus courts, moins mis en avant, et les subs sont moins pénétrants, d’où le côté lissé, plus Spotify-orienté que vers le club. Le BPM est globalement plus lent, donc on va gagner en atmosphère, en ambiance, et perdre en danse, en physique. « Reborn » est alors davantage dédié à l’écoute personnelle qu’à la diffusion club / festival. Si nous devions voir les prémices de cet album dans le premier, nous pourrions dire que « Odd Look » est la track la plus « Reborn » de « OutRun », avec son léger groove et ses textures un peu plus polies que les autres morceaux bruts et secs.

Les tracks qui retiennent particulièrement l’attention de la rédaction sont :

« Trigger » reprend tous les codes de Kavinsky pour les rendre plus épiques que jamais en délaissant les drums. Piano, synthés virevoltants, et violons sont de sortie. Une superbe vibe à savourer. « Vigilante » vient avec son côté Justice et pas étonnant alors de retrouver Gaspard Augé crédité sur ce morceau. Le vocal et les synths passés dans les Hyper Dimension / Chorus ont cette patte « Escapades ». « Zombies » fait également appel à Gaspard pour une vibe similaire à « Vigilante » avec ses sons passés au pitch bend. Enfin, on notera « Plasma » comme une belle conclusion faisant écho à « Trigger » avec ses pianos, strings et synthés à la « Protovision ».

En conclusion, cet album est une belle continuité à « OutRun » mais manque cruellement de punch. « Reborn » est alors dédié à l’écoute personnelle, plus posé et ambiant que son prédécesseur. On troque ici le dancefloor contre le canapé de salon et les avis seront alors d’autant plus tranchés. Cependant, grosse réussite mélodique qui fait voyager et qui creuse un peu plus l’univers de Kavinsky.