Récap : Quand Paul Kalkbrenner fait sa crémaillère à l’Olympia

S.Camelot

Après le retour progressif des festivals et clubs cet été dans le pays, quel plaisir de retrouver enfin nos chères salles de concert. La saison des festivals s’achevant. Les différents open air de l’été fermant leurs portes. Il est temps de retrouver la chaleur de nos emblématiques enceintes ! Avec en premier lieu évidemment, l’Olympia et ses mythiques lettres rouges en façade. Alors qu’elle accueillera bientôt Folamour, la salle parisienne recevait hier soir, une figure emblématique de la scène électronique. MONSIEUR Paul Kalkbrenner. Enfin, c’était même presque plutôt l’allemand qui nous recevait chez lui !

La scène

C’est ce qui frappe au moment où la scène finit enfin par se dévoiler après une demi-heure de retard sur l’heure annoncée. Sur les coups de 21h30, on découvre en effet sur scène un Paul Kalkbrenner à l’aise, cigarette à la bouche et verre à la main, semblant tout simplement mixer dans son propre studio ! Un concept de scène imaginé et pensé avec les inévitables équipes de High Scream, décidément partout. Pour plus d’infos sur cette société qui prend de plus en plus de place sur la scène électronique, et même dans l’événementiel plus globalement, vous pouvez toujours retrouver notre interview de son patron Romain Pissenem juste ici !

Le mobilier tout d’abord. Il rappelle immanquablement un appartement. Avec ce tapis au sol et surtout ces inhabituelles lampes trépied en fond à côté de pots de fleurs. Les murs latéraux en bois supportent de larges panneaux à LEDs rectangulaires. Ils faisaient eux clairement penser aux mousses acoustiques que l’on trouve dans les studios de tous les artistes. Autour de Paul K, trois caméras. Elles diffusaient ainsi en continue des images de l’artiste sur un écran géant derrière lui et en noir et blanc.

En toute transparence, l’artiste s’affiche ainsi devant son public avec un set up inhabituel sur la scène électronique, mais sans surprise pour les suiveurs habituels des lives de l’allemand. Mais on y reviendra plus loin. Au final, le seul élément qui pouvait faire oublier un instant cette impression de cocon berlinois sur la scène, ce sont ces deux légères structures devant l’écran géant. Supportant plusieurs lyres qui s’animaient de temps à autre, elles restaient néanmoins très discrètes et s’inséraient parfaitement dans le décor. Une scénographie étonnamment sobre et classe donc, et un concept réellement original. Un nouveau travail de haute volée de la part de la société High Scream.

Le public

Arrivés sur les coups de 20h30 dans la salle, on a pu d’abord prendre le temps d’analyser cette foule venue remplir lentement mais sûrement l’enceinte de l’Olympia. Le concert ne présentant pas en effet de vraie première partie, en dehors de la diffusion du film ‘Berlin Calling‘, qui a fait la renommée de Paul Kalkbrenner de 18h30 à 19h30. La pièce s’est donc remplie timidement l’heure du début approchant. Une date tout de même sold out (tout comme celle du samedi à l’heure où l’on écrit ces lignes), mais jauge à 75% oblige, l’Olympia n’était clairement pas pleine à craquer. Ce qui est d’ailleurs plutôt un excellent point ! Le bonheur de retrouver les salles de concert n’en est que décuplé sans avoir à être serrés comme des sardines. D’autant que ça ne s’est pas vraiment ressenti sur l’ambiance.

Face à la horde de merch à la gloire de l’allemand, on a d’ailleurs vite compris à qui on avait affaire. A une foule de fans assidus de l’artiste originaire de Leipzig. Entre Tshirts de la tournée, hoodies et les fameux maillots de l’équipe d’Allemagne de foot floqués « Kalkbrenner 10 », pas de doute, on savait à quel concert on était. Paul K rassemble d’ailleurs un public à la moyenne d’âge un peu plus élevée que la moyenne des events de la scène électronique. Une moyenne qui devait tourner autour des 30/35 ans. Pour un public souvent silencieux en dehors des rares tracks vocales de Paul K et de quelques « heeey ooooh » qui nous avaient presque manqué. Silencieux mais toujours à fond dans la musique de l’allemand, jamais immobile, et semblant toujours aussi en transe que Paul K lui-même sur les tracks envoyées.

Le set

Armé de son habituelle table de mixage analogique 16 voix, de ses différents contrôleurs et son séquenceur Ableton Live, Paul Kalkbrenner a délivré sa traditionnelle prestation 100% live. Le genre de performances souvent bien plus impressionnante que nombre de DJs sets aseptisés que l’on peut voir un peu partout dans les festivals depuis une dizaine d’année maintenant. Du 100% live matérialisé par quelques imperfections à l’oreille, qui rendent justement ce set moins parfait et tellement plus humain. Surtout dans ce cadre limite intimiste, Paul nous accueillant chez lui. Cela change des DJs sets parfaitement calibrés à la seconde près, sur fond de pyrotechnie grandiloquente.

Musicalement, Paul K a fait du Paul K. Entre Techno limite indus et ambiance plus Minimal. Entre envolées mélodiques légères au pur Piano et basses agressives aux teintes Acid. Avec un début de set presque exclusivement instrumental. Avant de laisser progressivement place à des tracks vocales reprises en coeur par la foule. Vous l’avez compris, un concert de Paul Kalkbrenner est vrai voyage où l’on ne voit pas le temps passer. Et où l’on passe par des émotions très variées. D’autant plus que le voyage est long ! Quand beaucoup d’artistes étiquetés Electro se contentent d’un set d’à peine plus d’une heure même lors de leur propre show, l’allemand a délivré un set ici de 2h30 ! Il ne semblait d’ailleurs plus vouloir quitter la scène. Et ce malgré les visites régulières d’un technicien sur la fin de son set. Clairement le public en a eu pour son argent en tout cas.

Les pics de la soirée ? De notre côté, coup de coeur pour son récent et excellent remix sur le titre ‘Invisible‘ de N’To. Mais la foule a vraiment commencé à exploser sur un autre remix, l’inévitable ‘Te Quiero‘ de Stromae. De gros passages évidemment sur les plus gros classiques de sa discographie, de ‘Sky and Sand‘ à l’incontournable closing sur ‘Aaron‘, accéléré pour l’occasion comme si Paul savait que le temps pressait pour fermer la salle. La foule aura probablement été le plus en fusion au moment de chanter à tue tête ‘Feed Your Head‘. Gros plaisir perso enfin sur son remix pour ‘La Mezcla‘ de Michael Cleise et sa mythique mélodie à la flute. Tout comme sur la légèreté et le groove de ‘Der Buhold‘, antithèse de la fureur de la basse de ‘Altes Kamuffel‘.

Prochaines crémaillères de l’ami Paul ? Ce soir et demain soir ! Et après le moment vécu hier soir, on resignerait bien volontiers pour ces nouvelles sessions. Paul Kalkbrenner se démarque vraiment et est un artiste totalement uniquement sur la scène électronique. Par sa carrière, mais surtout par ses prestations. Qu’il vit à fond pour son public et qu’il est l’un des seuls à proposer (100% basé sur sa propre discographie).