Album Release : Netsky dévoile enfin “Second Nature”, son sublime nouvel album

Plus tôt dans l’année, l’un des pionniers de la Drum’n Bass répondant au nom de Netsky annonçait son grand retour dans ce genre qui l’a vu grandir et s’épanouir. Un double retour aux sources pour le Belge puisque ce nouvel album est annoncé sur le label qui l’a vu émerger, j’ai nommé Hospital Records. En effet, il y a 10 ans de cela, Netsky faisait ses débuts sur le label londonien et marqua à jamais de son empreinte la scène Drum’n Bass.

Après s’être essayé à de nouvelles sonorités plus pop, Second Nature sonne comme un point médian de sa carrière. Établissant un pont entre son passé et son futur, revenant à ce qui était devenu au fur et à mesure des années, une seconde nature, pour le plus grand désarroi de ses fans de la première heure. On ne peut pas reprocher à un artiste de s’essayer à de nouvelles choses et d’élargir ses horizons musicaux de temps en temps. Cependant on ne va pas bouder notre plaisir de retrouver Netsky dans son domaine de prédilection qu’est la Drum’n Bass. 

Pour ce 4ème album studio, le belge originaire de Edegem nous offre pas moins de 18 morceaux incluant des collaborations avec de véritables icônes de la scène DnB tel que Rudimental, Hybrid Minds ou encore Sub Focus. Bien que cet album soit sans conteste l’œuvre la plus importante de Netsky à ce jour, c’est aussi grâce à la contribution de ces noms de haute renommée que Second Nature est aujourd’hui  accueilli comme l’un des meilleurs albums de Drum’n Bass depuis des années.

Parmi ces 18 morceaux présents sur l’album, 3 étaient déjà connus du grand public. I See The Future In Your Eyes sorti en avril dernier nous avait donné un premier aperçu de ce à quoi nous préparer pour ce nouvel opus : une vibe très nostalgique, un voyage dans le passé, nous ramenant au début de sa carrière. Rappelant son ancien style, il nous a ensuite offert Mixed Emotions et Blend, mettant en vedette des collaborations avec Rudimental, Montell2099 et Afronaut Zu. L’excitation pour Second Nature était alors à son comble.

Nous voici donc aujourd’hui avec l’œuvre au complet. Quinze titres totalement inédits, de très belles collaborations et une seconde nature remise au goût du jour. Alors qu’en est il vraiment ?

Review track by track

L’album débute de la plus belle des manières avec Hold On, soutenu par l’incroyable voix de Becky Hill. Définissant parfaitement le thème de l’album, ce morceau nous plonge dans une nostalgie instantanée, nous rappelant les premiers titres de Netsky avec un drop unique, non pas par son nombre d’apparition mais par sa construction. La capacité de Netsky à produire un rythme puissant mais délicat derrière la voix de Becky Hill donne immédiatement le ton pour le reste de l’album. 

Sorti en Août dernier, le deuxième single de l’album est très vite devenu extrêmement populaire auprès de sa fanbase. Avec un vocal dans un style proche de ce que peut proposer le projet Virtual Self de Porter Robinson, Mixed Emotions crée une incroyable ambiance Drum & Bass quasi expérimentale qui tire profit de ses expériences pop des dernières années. C’est tout simplement Netsky à son meilleur niveau. Une interprétation moderne du son qui a gravé son nom sur la scène mondiale, un chef-d’œuvre de Drum’n Bass façon 2020.

On enchaine avec l’une des collaborations les plus excitante de l’album : Destiny. Voir Sub Focus et Netsky sur un même titre est forcément un événement dont on attend beaucoup ! Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on est pas déçu. Sub Focus a ici injecté sa signature avec des synthés puissants et très énergiques. On y retrouve également une grosse caisse des plus entraînantes et un drop insatiable qui ne manquera pas de vous faire bouger à coup sûr. 

Vient ensuite I Choose You qui est en réalité un remix du classique de la soul de Willie HutchI Choose You. Que dire de ce titre excepté que c’est un véritable bijou. C’est le premier titre de l’album qui est exclusivement réalisé par Netsky himself. Les premières notes donnent le ton du morceau : joyeux, chaleureux et extrêmement entraînant. Parfait pour nous réchauffer durant les mois d’hiver qui nous attendent. Une véritable bouffée d’air frais. Il sait exactement comment alléger l’ambiance avec son style exaltant.

Comme mentionné dans diverses interviews au fil des ans, les parents de Netsky sont de grands fans de soul, de funk et de jazz. C’est donc également le premier titre de cet album qui montrent clairement à quel point la collection de disques soul de ses parents a eu comme influence sur lui et sur ses productions. Si vous écoutez côte à côte la version originale et la version de Netsky, le remix peut sembler simple au premier abord, mais il est terriblement efficace. Le chant, les trompettes et l’ensemble de l’arrangement en général fonctionnent vraiment bien dans un tempo DnB. 

Broken Bottles prend quant à lui un malin plaisir à jouer avec l’idée que l’on se fait sur l’ambiance général du titre durant le build up pour au final venir la défaire la minute suivante avec son drop. Le build up qui nous semble si mélancolique et triste avec ses notes de piano et le vocal qui l’accompagne vient se fracasser sur un drop d’une efficacité ravageuse au groove si dansant.   

Blend est le troisième et dernier single de l’album sorti au début du mois d’octobre. Réalisé en featuring avec Afronaut Zu et Rudimental, le titre se démarque très clairement par son rythme plus lent, sa ligne de basse groovy et son côté funky. Avec l’omniprésence des cuivres dans le morceau, il n’est d’ailleurs pas sans nous rappeler Rio sorti sur le précédent album du belge. Netsky démontre ici une fois de plus la polyvalence musicale qu’il a pu acquérir au fur et à mesure des années. 

Retour aux émotions avec la très attendue Let Me Hold You en collaboration avec Hybrid Minds. Les attentes étaient hautes, et elles ont été balayées dès la première écoute. Le morceau principalement axé sur le vocal et accompagné d’une ligne de basse raffinée est d’une puissance sans nom. Rajoutez à cela un piano avant-gardiste mais émotionnel, une performance vocale époustouflante qui pourrait probablement conduire à la paix dans le monde, et les violons qui vous feront pleurer sans effort. L’émotion qui s’y dégage est telle que lorsque la piste se lance, on se surprend à arrêter toutes nos activités afin de savourer l’instant. 

Changement brutal d’ambiance avec Look At Me Go en collaboration avec Darren Styles. Les adeptes d’un style de musique électronique plus puissant et plus rapide seront ici ravis. Avec un BPM de 174 et les influences psytrance du producteur anglais qui viennent se mêler aux influences DnB de Netsky, le résultat est véritablement surprenant. Avec comme seules paroles les quatres mots « Look At Me Go » répété en boucle, le titre tire tout son intérêt dans son drop. Un titre qui fera à coup sûr des ravages lors des événements live lorsque ceux-ci reprendront. 

C’est alors qu’un ovni apparait au milieu de cette tracklist extrêmement fournie. C’est un peu un son signature « Daft Punk » à la sauce Netsky. C’est ainsi que l’on s’aperçoit que c’est avec des morceaux comme celui-là que l’on comprend que Second Nature est un album faisant un lien entre son passé et son présent. Retourner aux sources sans renier les différents horizons qu’il a pu explorer. Don’t Care What People Say en est l’exemple parfait tout comme Dreaming of You que l’on retrouve un peu plus loin dans l’album. Avec ses voix robotiques et son ambiance funky house totalement assumée, Don’t Care What People Say est un titre qui rappelle une fois de plus l’éclectisme que défend Netsky

Après l’apparition de cet ovni, on se surprends à le rejoindre parmi les étoiles au travers de Complicated. Le producteur belge s’essaie ici à un tempo beaucoup plus lent. Avec son vocal très aérien et son instru minimaliste sans véritable moment fort, Complicated donne l’impression d’être transporté dans un monde au-dessus des nuages, flottant dans les airs et entouré de rien d’autre que de bonnes vibes. L’arrivé du drop qui introduit une basse assez lourde et « chaude » permet cependant de pimenter quelque peu la piste.

Le voyage se poursuit avec Free qui s’avère être une fois de plus une reprise, cette fois ci de Deniece Williams avec Free. On continue alors sur la même lancée avec un titre dans une ambiance globalement très posée, à la limite du romantisme. Il nous ramène ici à ce qu’il pouvait nous proposer en 2009 lorsqu’il a pu signer pour la première fois chez Hospital Records. C’est une ode au début de sa discographie, qu’il écrit en tant qu’artiste assumé et épanoui aujourd’hui. Les éléments du morceau original sont quant à eux tous là, mais produits et masterisés très différemment. Les trompettes sont beaucoup plus proéminentes et la voix a été réduite à l’essentiel, c’est à dire au refrain.

On ne présente plus I See The Future In Your Eyes. Premier single sorti en avril dernier, il a été le titre qui a accompagné l’annonce de l’arrivée de ce nouvel album. De ce fait, le titre nous replonge véritablement dans sa Drum & Bass mélodique et planante, teintée de synthés entraînants qui ont fait autrefois sa renommée. Le titre sait réveiller la nostalgie des premiers titres de Netsky, ancrés dans une époque qui paraissait lointaine mais qui revient désormais sur le devant de la scène grâce à ce nouvel album, et cela pour notre plus grand plaisir. 

Waiting All Day to Get to You a pu en surprendre plus d’un sur les premières secondes avec ses notes de guitares qui servent d’entrée au titre. Les premiers instants semblent en effet sortir tout droit de la scène pop rock des années 2010. Mais au fur et à mesure que nous continuons à parcourir le morceau, cela devient rien de moins qu’un titre au refrain contagieux. Il résume parfaitement le sentiment de nostalgie et parvient à se transformer en un très certainement prochain summer hit. Les voix se complètent extrêmement bien avec la guitare et la basse lourde mais mélodique qui vient s’ajouter lors du drop.

Power continue dans la lancée de son prédécesseurs durant les premières notes avec ce riff de guitare qui accompagne l’ouverture du morceau. Mais tout cela trouve très vite sa place et son explication. Réalisé en collaboration avec Urbandawn qui a littéralement dominé l’année 2019 avec son hymne Come Together, il a réussi à se faire une place de choix au sein de la famille Hospital Records. Son style de DnB regroupant des influences rock, funk et métal exprime ici tout son potentiel. Il en découle un son très expérimental et extrêmement puissant. Le funk de cette piste est d’ailleurs palpable avec des guitares funky dès l’introduction et durant le buildup. Les basses surpuissantes dans le drop viennent quant à elle dynamiser le tout. Un véritable banger ! L’association avec Netsky crée ainsi des ravages et il n’hésitera pas à exprimer son plein potentiel en live.

S’ensuit Float. Un titre Drum’n Bass calme mais très bien rythmé avec un drop pour le moins original tablant sur des notes de flûte distordues. Ici la même boucle de voix tourne sans cesse, l’instru est en revanche beaucoup plus mise en avant.  Le titre sert d’interlude avant de rentrer dans la dernière ligne droite de l’album. 

Cette dernière ligne droite débute avec Dreaming of You qui vient exploiter les styles de production plus pop que Netsky a pu acquérir ces dernières années. Le vocal d’Elias se prête à merveille au titre. C’est comme si la voix d’Elias avait été faite sur mesure pour s’intégrer parfaitement dans l’univers de Netsky. L’ensemble créé un mélange des plus harmonieux et sait nous régaler comme il faut.

On continue avec l’avant dernier titre de l’album, j’ai nommé Everybody Loves the Sunshine, réalisé en featuring avec Daddy Waku & Chantal Kashala. Ils signent ici une superbe reprise de Everybody Loves the Sunshine de Roy Ayers Ubiquity paru en 1976. Et c’est vrai que au final tout le monde aime le soleil non ? On pourrait presque ressentir les rayons du soleil sur notre peau durant l’écoute de ce morceau. Comme une chaude journée d’été au bord de mer. Une aventure musicale chatoyante et émotive parfaite pour les longues journées estivale.

Nous y sommes. Basic Instinct. La dernière track qui clôt ce retour dans le passé. Un retour aux instincts primaires de Netsky, à sa seconde nature, en bref il clôt cet album en affirmant une dernière fois son retour à la Drum’n Bass. Tous les éléments que l’on a pu découvrir au fur et à mesure que l’album avançait se réunissent parfaitement ici pour vous donner l’impression que vous venez de rentrer chez vous après un long voyage. Un retour au son authentique de Netsky

Conclusion

Dans l’ensemble, Second Nature est une lettre d’amour émouvante à l’ensemble de sa carrière, de ses débuts à aujourd’hui. Comme l’a dit Netsky lui-même, dans une récente interview avec Red Bull Electronica, cet album n’est pas sur une histoire ou un thème. C’est juste une collection de tous les styles musicaux différents qui font Netsky Netsky. Il s’agit de se connecter avec son passé sans renier son parcours, et il n’aurait pas pu le faire d’une plus belle manière. 

Car si il y a bien une chose qui définit cet album c’est la diversité qu’il présente. Presque chaque piste a une idée ou un son unique, tout en restant clairement un son signature de Netsky. Cela montre vraiment ses capacités de production et qu’il est capable de créer autant de bons morceaux dans autant de styles différents sans perdre son identité. Même avec toute cette diversité, il y a encore des thèmes récurrents dans cet album. L’influence soul de ses parents sur lui est indéniable sur cet album, trois morceaux étant essentiellement des remasters DnB d’anciens classiques de la soul. Avec de grands noms comme Hybrid Minds, Sub Focus ou encore Urbandawn impliqués dans le projet, c’est aussi l’album sur lequel il a le plus embrassé la scène Drum’n’bass.

Second Nature est donc un énorme succès pour le producteur chevronné et un retour bienvenu au son qui a défini sa carrière. Un rappel rafraîchissant que la Drum’n Bass est là pour durer et que cet album pourrait très bien être un tournant pour le genre dans son ensemble. Même si vous n’avez jamais été fan de DnB, Second Nature devrait figurer sur la liste des incontournables de tout le monde.

Loys
Ambassadeur Guettapen dans l'Ouest de la France, retrouvez moi en club à Nantes ou à Paris et en festival au travers de l'Europe. Amateur de douceur mélodique et de kick techno, je garde un amour inconditionnel pour les rares pépites électro house qui pointent encore le bout de leur nez.