Les CamelPhat dévoilent leur très attendu deuxième album studio, ‘Spiritual Milk’

La rentrée 2023 de la Dance Music commence fort ! Dave Whelan & Mike di Scala, que le monde entier connaît comme le duo CamelPhat, a décidé que le 15 septembre serait la date de sortie de son deuxième album studio, ‘Spiritual Milk’. On évitera les jeux de mots quant au titre choisi, que nous ne comprenons toujours pas à ce jour. Nous nous contenterons de dire que celui-ci succède, 3 ans après, à Dark Matter, qui nous avait ébloui. En effet, cet album marquait un renouveau dans l’approche du format LP, car les deux Brits ne se contentaient pas de rassembler leurs titres sortis (à l’instar de certains collègues). Non, ils proposaient bien une grande majorité de nouveautés, parfois jamais entendues. On a pu écouter l’album dans son intégralité. Voilà notre avis !

Promesse tenue

Petit propos avant d’entrer dans l’analyse : force est de constater que le duo a tenu sa date de sortie ! Souvenez-vous, nous avions qualifié Dark Matter de véritable arlésienne à l’époque. Le premier projet des CamelPhat avait en effet connu moult reports. A tel point que nous avions cru que l’album ne sortirait jamais. Serait-ce dû au fait que Spiritual Milk soit sorti sur When Stars Align, label des principaux concernés, et donc affranchi des règles des majors ? C’est une piste. Mais une chose est sûre : la date initialement annoncée a été respectée. L’album a connu une promo tout à fait normale, avec la parution de certains titres en avance (Hope, The Sign). Mais une fois encore, plein d’exclus font partie du projet.

Une pluie de nouveautés, de styles et de guests

Pas moins de 13 morceaux sont des originaux. Et comme lors du premier album, les CamelPhat ont fait appel à des amis producteurs et vocalistes pour les accompagner. Ainsi, des noms comme Kölsch, Mathame, Anyma, Shimza ou Eynka figurent aux crédits de l’album. Côté vocalistes, des habitués comme Jake Bugg, Ali Love ou Max Milner sont là. RHODES imite ses congénères. Et celle qu’on attendait un peu, c’est Hannah Reid de London Grammar

Les styles sont également multiples : entre deep house, progressive house, techno, afro house, tech house, Whelan & Di Scala parcourent le scope de la Dance Music. Comme indiqué plus haut, certains titres étant sortis (Hope, The Sign), on ne les évoquera pas. On dira juste qu’ils bénéficient d’un Spiritual Milk Edit qui, comme dans le précédent opus, est une sorte de rework avec une nouvelle intro plus orchestrale.

Une faille spatio-temporelle musicale

Dès lors, on lance notre écoute par Rennen. La voix de SOHN est un pur délice, et cette douce ballade Deep House nous conquiert, avec son piano et percussions. On enchaîne sur Home, dont la vibe rappelle un peu les productions que peuvent sortir des RUFUS DU SOL. Le morceau est calibré sur le vocal de RHODES (For A Feeling, vous vous souvenez?), et reste dans le registre Deep House. Cependant, point de ballade, ici c’est une belle intro de set qui commence. Car la construction de l’album ressemble un peu à une grande performance.

Arrive alors Compute, qui est selon nous l’un des titres de l’album. Une véritable arme Tech House, avec une vibe infectieuse. Elle est soutenue par le vocal d‘Ali Love, qui est l’un des membres de Hot Natured, l’un des groupes House les plus influents de la dernière décennie. Un petit côté acid.délicieux porte le morceau.. quel kiff ! On passe ensuite à Many Times, en collaboration avec Mathame et Flynn. Changement de style ici : un côté très mélodieux, voire Trance émane du morceau. Une émotion palpable s’empare de nous : on tient un autre des morceaux caractéristiques de l’album. In Your Eyes porte des stigmates des productions Afterlife; Turning Stones, Primavera et Bloom nous rappelent les CamelPhat des débuts.

On lance par la suite Colossus, en collaboration avec … Kölsch. Deux monuments de la Melodic House contemporaine se sont rencontrés, et ont donné cet excellent titre, que nous avions déjà eu l’occasion d’écouter. En effet, Kölsch l’avait joué en intro de son set mainstage de Tomorrowland 2023 (avec un vocal de Robyn). L’alliage des styles du duo ainsi que de l’homme au chapeau est simplement parfait, et on sent bien les deux styles. L’aspect mélodique se poursuit sur Embers, en collaboration avec Shimza, ce qui donne une vibe Afro House bienvenue. Un style à la mode, c’est bien, mais maîtrisé, c’est mieux. Rain continue également sur cette lancée (et quel formidable break au milieu du morceau!).

Le moment est parfait quand What A Day, produit avec Eynka se lance. Une interlude mélodieuse à souhait s’empare de nos oreilles. Delilah Montagu (qui chante sur Delilah – Pull Me Out Of This de Fred Again..) bénit ces dernières avec son vocal angélique. Une autre stentor succède à Delilah : Hannah Reid des London Grammar. Elle pose sa voix sur Higher, qui est assurément l’un des très gros titres de l’album. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il a été listé dans les titres promo de l’album. L’association du duo et de la chanteuse de London Grammar ne pouvait qu’aboutir à un carton.

C’est enfin avec Love is Something que nous disons au revoir à l’album. Une géniale ballade pop-folk (oui, oui), chantée par Jake Bugg (qui avait déjà collaboré avec CamelPhat sur Be Someone) et qui semble faire défiler les crédits de l’ensemble des contributeurs de l’album. A la façon d’un excellent film. Dont on attend une scène post-crédits. Mais non. C’est sur le dernier coup de snare que s’achève Spiritual Milk.

L’un des meilleurs albums de ces dix dernières années

Beaucoup d’albums de DJ/producteurs sont bons. Certains listent leurs derniers morceaux sortis, les compilent. D’autres sont des explorations, des expérimentations bienvenues. Spiritual Milk, quant à lui, est la suite d’un Dark Matter déjà excellent. Il réussit cependant l’exploit de non seulement le dépasser, mais également de le surclasser.

Spiritual Milk nous rend plus que tolérants au lactose musical de Dave Whelan et Mike di Scala. Plus qu’un voyage, il s’agit d’une masterclass démontrant la connaissance pointue du duo de la scène actuelle. Voyageant entre les styles, d’une durée plus que convenable, conviant moult acteurs de la scène musicale, cet album est, en notre sens, un sérieux contender pour un titre d’album de l’année. Peut-être même de la décennie. On va oser le postulat.

Mino
Grooves endiablés et douceur mélodique rythment mes journées. Je passe également des disques avec l'équipe après les 39h.