2017, Lollapalooza faisait son arrivée en grandes pompes à Paris et continuait son internationalisation. Un sacré événement pour le public français à l’époque, Lollapalooza étant l’un des plus gros festivals américains, au même titre que Coachella. La marque arrivant dans l’Hexagone était ainsi un gage de qualité et l’assurance de voir nombre d’artistes majeurs venir se produire sur l’Hippodrome de Longchamp. Depuis, 4 éditions à succès ont eu lieu. De nombreuses têtes d’affiches sont effectivement venues. De la scène Pop/Rock, mais aussi de la scène électronique. David Guetta, Eric Prydz, Diplo, DJ Snake et tant d’autres.
Concernant les musiques électroniques, le festival s’est en tout cas bâti une belle image en ramenant nombre d’artistes de qualité, souvent rares voire jamais venus en France. Il est vrai souvent dans un style très Bass Music, mais ça a contribué à forger une identité au festival. En dehors du passage de la Perry d’une scène extérieure à une scène couverte, il n’y avait en tout cas pas eu de gros changement majeur sur le festival depuis ses débuts. Jusqu’à cette année et le passage pour la première fois à un format sur 3 jours ! Alors 1 jour de plus, pour plus de plaisir ?
Une configuration presque inchangée… mais optimisée !
Première observation en arrivant sur les lieux : pas grand chose n’a changé dans la disposition du festival, ou presque ! En effet, on retrouve toujours à un bout du festival la Perry Stage, et à l’autre bout les deux Mainstage. Ces deux Mainstage qui permettent à chacune des plus grosses têtes d’affiche de ramener leur propre show avec eux et pouvoir ainsi enchainer les performances sans pause entre les artistes. Petite évolution néanmoins pour les deux autres scènes du festival, qui changent d’orientation. La Hip Hop Stage passe d’une orientation plein Nord à une orientation vers l’Est. L’Alternative Stage change elle de côté dans l’Hippodrome, et n’est ainsi plus orientée vers l’Ouest mais vers l’Est également. Au milieu de toutes ces scènes trône toujours fièrement le symbole du festival, sa fameuse Tour Eiffel.
Sur tous les côtés du festival, toujours un très large choix de stands de nourriture et de boissons. C’est l’un des gros points forts du festival d’ailleurs, si vous aimez vous faire plaisir il y a vraiment de quoi goûter à tout. De nombreux food trucks et stands sont présent et représentent un large pan de la cuisine mondiale, des classiques burgers à du rougail saucisse, en passant par des sandwiches raclette ou des pad thaï. Vous y trouverez forcément votre bonheur. Côté boissons, si la majorité des bars proposent les mêmes softs et bières de base, vous trouverez également au milieu du festival un bar à bière et un bar à vin avec une offre plus large. Le tout dans des tarifs qu’on va dire, « parisiens ». Ça ne vous choquera pas si vous avez l’habitude de la capitale, mais ça pourra légitimement paraitre cher à certains.
Côté animations, piscine à boules, jeux vidéos, stands photos… là aussi le choix est large si vous voulez faire une pose entre deux sets. Point important évidemment, niveau sanitaires et point d’eau, la disposition est également toujours la même. On aura néanmoins moins vu de queue interminable comme les autres années. En dehors du set de DJ Diesel qui avait ramené beaucoup de monde vers la Perry, pas de point négatif à noter de ce côté là.
Plusieurs spots de photos sont positionnés astucieusement dans le festival d’ailleurs. Pour vous permettre de faire vos plus beaux posts sur les réseaux sociaux. On pense notamment à ce logo Snapchat géant dans l’axe de la Tour Eiffel, pris d’assaut toute la journée par des influenceurs en herbe. Ce côté très réseaux sociaux/influenceurs est aussi caractéristique du festival depuis ses débuts. Le festival aime se donner cette image « paillettes » en invitant nombre de célébrités (côté stands de nourritures, plusieurs Top Chef étaient présents, tout comme Cédric Grolet) et influenceurs pour donner de la visibilité à l’événement. Ce qui donne un peu une double facette au festival avec la Perry Stage et ses fans de Bass Music à un bout et le reste du festival.
Un public à deux visages
Car oui, si vous venez à Lollapalooza Paris avec l’intention de visiter principalement la Perry Stage, ça risque de vous faire bizarre si vous sortez un peu le nez de la tente ! Côté Mainstage, paillettes et couleurs flashy. Côté Perry Stage, ambiance pogo, headbang, sueur et torses nus. On caricature un peu volontairement, mais il y a vraiment ce sentiment de deux salles deux ambiances. Encore plus cette année avec l’impression que l’essentiel de la fréquentation s’est concentrée à l’autre bout du festival, côté Mainstage.
Car oui, malheureusement cette année la Perry Stage paraissait bien vide la plupart du temps. Si la fréquentation globale du festival ne semble pas avoir diminué (sauf le vendredi qui sans surprise paraissait moins rempli que le WE, et qui a ramené principalement des fans de Kpop venus voir les Stray Kids), la Perry Stage n’aura été vraiment pleine que lors des prestations de Mosimann et Shaquille O’Neal, aka DJ Diesel. Moments où on a clairement vu une diversification du public, le premier ayant un public assez large depuis sa révélation dans la Star Academy, le second ayant probablement ramené beaucoup de gens venus voir un « nom » connu.
Du coup, l’ambiance aura été un peu timide tout au long du WE sous la Perry, du fait d’une affluence en retrait par rapport aux années précédentes. Difficile de l’expliquer. Peut-être l’augmentation du prix des places, passées à 90€ la journée ? Car à côté la programmation était de qualité (pour peu qu’on aime la Bass Music). Avec une flopée d’artistes ô combien talentueux tels que Imanu, Nitepunk, Peekaboo, des talents bien de chez nous tels que CloZee, Tony Romera, Koos, Kl!p… Sans oublier évidemment le très attendu phénomène Knock2, pour la première fois en Europe après deux dates à Londres et Amsterdam. Peut-être un manque de grosses têtes d’affiche, notamment pour faire le closing du festival ? Sans faire injure aux excellents Slander, en terme de renommée ce n’est pas au niveau des DJ Snake, Diplo, Illenium ou Eric Prydz vus par le passé.
Mais ce que l’on apprécie de notre côté beaucoup à Lollapalooza, c’est que cette programmation plutôt pointue et très orientée ramène toujours un public expérimenté et connaisseur. Même si pas toujours en nombre, la foule a su faire honneur à tous les artistes venus se produire. Avec en point d’orgue évidemment le set de Knock2, où la fosse se sera transformée en véritable zone de guerre. Si vous n’êtes pas amateurs de pogos, ce n’était clairement pas le moment de rester sous la Perry !
Des artistes au niveau !
Et niveau musique ça a donné quoi au final ? Tout d’abord, désolé pour les artistes non mentionnés, on n’a malheureusement pas pu assister à l’ensemble des sets et arriver dès l’ouverture. On a par exemple raté les sets de Koos et Imanu. Ce dernier ayant transformé son set en b2b surprise avec Nitepunk et Asdek, alors que The Caracal Project qui devait jouer avec lui s’est tristement blessé avant le festival. On a également dû faire l’impasse sur William Blanke, pour la première fois en France.
Vendredi
Sur le premier jour, le highlight aura été évidemment le set de Rezz. Avec son univers toujours aussi particulier, entre tempo très lent et déflagrations de basse, la canadienne aura conquis la foule. En jouant notamment plusieurs morceaux de son dernier EP « It’s Not A Phase », accompagnée d’un univers visuel toujours aussi travaillé, elle aura comme a son habitude hypnotisé le public. Elle avait pris la suite logique de Deathpact, dans une continuité de styles totalement cohérente.
Le mystérieux artiste masqué aura instauré une petite touche de live avec des pads de batterie électronique. Grâce notamment à ses collabs avec Zeds Dead ou Rezz justement, il aura livré un set explosif. Les ambiances les plus énergiques auront été probablement pour les Dirtyphonics et les déjantés Gentlemens Club. Entre Drum’n’bass, Dubstep, Bass House, les deux groupes auront navigué sans temps mort entre toutes les composantes de la Bass Music.
Samedi
Le samedi aura été marqué par la performance de DJ Diesel, le nom de scène de l’ancienne star NBA, Shaquille O’Neal. Une performance surprenante, tenant plus du show que du DJ set. C’est simple, n’allez pas le voir si vous attendez de la technique DJ. Par contre, si vous voulez une débauche d’énergie ininterrompue, des drops dubstep à foison sans pause, un Shaq en mode MC qui invite des gens sur scène tout le long du set, foncez. Ça aura en tout cas fonctionné sur une Perry Stage pleine et en fusion. Moins de succès malheureusement pour l’excellente CloZee. Qui peut être tête d’affiche à l’Ultra Miami en Mars, et se retrouver devant à peine une centaine de personnes au début de son set à Lollapalooza Paris.
Elle l’avoue elle même fataliste au début de son set d’ailleurs. « Il y a des artistes très talentueux à l’autre bout du festival, même moi je ne jouais pas je serais allée les voir ». Difficile de lutter en effet avec un set à cheval sur les performances de Lil Nas X et Rosalia. De notre côté, on aura adoré son set, qui présentait bien son magnifique dernier album « Microworlds ». Avec des ambiances très orchestrales et euphoriques aussi bien que des côtés plus Bass. Mention spéciale le samedi également pour Peekaboo, proche collaborateur Skrillex.
On a particulièrement savouré le moment où il a joué leur collab’ à venir « Baddas » d’ailleurs. Kygo avait lui les honneurs de la Mainstage et du show qui va avec. Un DJ Booth bien surélevé, et une ambiance très tropicale avec des palmiers, sont set aura été parsemé de pyros et effets lumineux en tout genre. Musicalement on a eu un peu de mal à s’y retrouver dans le fourre tout du début, mais quand il ramène des chanteurs et se pose au piano, c’est là qu’on retrouve le Kygo qui nous fait tant planer.
Dimanche
Le dimanche aura été le meilleur jour du festival. Avec certains des sets les plus marquants, mais aussi les ambiances les plus chaudes du WE. On va commencer évidemment avec l’artiste qu’on attend le plus avec CloZee, le phénomène Knock2. Il était ardemment attendu par tout le public. Et ça s’est senti tout au long de son set avec un public en ébullition, et à l’énergie inépuisable ! Knock2 a parfaitement démontré pourquoi il buzzait autant depuis un an maintenant. Un set entre Bass House et Trap en fusion parfaite, reprenant tous ses plus gros titres. Avec en point d’orgue évidemment, « dashstar* », son titre iconique tourne encore dans nombre de tracklist.
Tony Romera aura également délivré l’un de nos sets favoris du WE, dans un style radicalement différent. Car oui, le « boucher » s’est assagi ! Il joue maintenant entre des ambiances Tech House et des touches Progressive, avec un groove inimitable. Moments forts ? Son intro sur sa prochaine collaboration avec Low Steppa, un remix inédit de « Rock Your Body » de Justin Timberlake au groove délicieux, et une fin en apothéose sur « Epilogue », l’un de nos titres de l’année, et « Le Monde de Demain » en mashup avec « We Are Mirage » de Prydz. Magistral ! Niveau Tech House, on se sera également régalés en début de journée avec le talentueux Bleu Clair.
Il a su instaurer une vibe bien groovy sous la tente. Mosimann est lui un showman toujours aussi impressionnant, jonglant de façon bluffante entre scratch, synthé, chant et batterie. Les amateurs de Bass Music ont retrouvé leurs marques en fin de journée grâce aux Slander. Pour un bon gros closing, dans un style entre mélodique et dubstep diablement efficace. Nos moments phares du set auront été les passages de « Love Is Gone » et « All You Need To Know » (dommage pas de « First Time »…).
Une édition 2024 « spéciale »
Difficile de savoir quel sentiment avoir après cette édition de Lollapalooza Paris du coup quand on y va essentiellement pour la scène électronique. Beaucoup d’excellents sets, mais une fréquentation de la Perry en baisse sans que l’on sache trop l’expliquer. Si nos oreilles se sont régalés, on espère retrouver très vite cette ambiance de feu qu’on avait tant appréciée les années passées et que l’on a retrouvée que épisodiquement le WE dernier. On note en tout cas et apprécie l’effort du festival pour faire évoluer son événement par petites touches.
Il y a eu l’agencement de certaines scènes dont on a déjà parlé, mais la Perry Stage a aussi vu sa configuration légèrement évoluer avec des des dispositions d’écrans enfin différentes et surtout quelques uns accrochés au plafond pour un effet sympa. Pour 2024, les organisateurs ont teasé une édition « spéciale », probablement à cause des JO qui empêchera la tenue du festival dans son format habituel au Bois de Boulogne. Nouvelle date, nouveau lieu, affaire à suivre ! On prend dans tous les cas déjà rendez-vous pour cette édition 2024.
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