Martin Garrix sort son premier album studio, intitulé ‘Sentio’

Martijn Garritsen a une carrière stratosphérique, à seulement 25 ans. Immense tube (Animals), label indépendant (STMPD RCRDS), side-projects aux directions diverses (AREA 21, YTRAM) … le Dutch touche à tout, et lorsqu’il le fait, ça se transforme en or. Il était donc dans la suite logique des choses que celui-ci propose, à l’instar de bon nombre de ses collègues, son propre album studio. La pratique s’est en effet répandue au sein de la scène EDM. Il n’est alors pas surprenant de voir Garrix proposer sa propre itération, du moins pour son projet solo. En effet, le 12 novembre 2021, il sortait, avec Maejor, son tout premier album sous AREA21. L’album était attendu: par la fanbase, la scène, mais surtout par le principal intéressé.

J’étais en possession de tellement de musique de club, et après les confinements, on aurait dit que les gens voulaient faire la fête et avoir l’esprit léger à nouveau. L’album contient des morceaux radio-friendly, mais également du son Garrix plus agressif. Je ne voulais pas que les fans attendent les versions studios de ce qu’ils ont entendu à Ultra (Miami), c’est pour cela que nous avons sorti les morceaux à la semaine juste après le set. Je suis super content que les tracks soient enfin disponibles pour tous. Mon premier album, c’est fait !

Martin Garrix

Le ton est donné : l’album conviendra donc aux fans qui attendaient certains morceaux mais également aux autres, qui lancent les productions du hollandais en cuisinant ou en conduisant. 11 morceaux sont donc là, pour une durée de 35 minutes et 23 secondes, précisément. Qu’en est-il ?

Les morceaux que nous connaissions déjà

L’album est introduit par Follow, la maxi-collab entre Garrix et Zedd. Beaucoup cherchent à commencer un album avec une intro plus calme, ou pour donner un point de fixation à l’auditeur. Le Dutch n’en à que faire : les choses sérieuses, c’est dès le début. Nous aimons toujours autant le morceau, qui fait preuve de punch et lance parfaitement le LP.

Il s’agit donc d’un album qui ne racontera pas une histoire en particulier. Non, il s’agit d’un album résolument club, voire festival, car les bangers electro s’enchaînent sans discontinuer. Mesto, Vluarr et Brooks sont conviés sur Limitless, Reboot et Quantum respectivement, qui sont des morceaux typiquement estampillés Garrix et STMPD. Nous retrouvons en effet un build-up avec un gimmick vocal un 16-bit, avant un drop electro house puissant mais qui ne nous surprend pas. Des compositions sympa (surtout Reboot), mais qui ne sortent pas forcément du lot.

Survient ensuite Good Morning, en featuring avec les Matisse & Sadko. Les Russes sont des habitués du label et des collaborations avec Martin Garrix (tout le monde se souvient de Won’t Let You Go !). Ici, la formule change, et on obtient l’un de nos morceaux préférés de l’album. Le trio s’éloigne ici de leurs carcans Progressive EDM et proposent un titre Electro House si gras que vos artères s’en boucheront. Pas étonnant que ce soit ce morceau qui serve d’intro aux sets du Dutch ! Une accalmie survient avec Starlight, réalisé avec les DubVision et Shaun Farrugia, morceau qui fait honneur à la Progressive EDM, et que nous avons déjà traité lors d’un précédent article.

Que serait cependant Martin Garrix sans son sens de la loyauté et de la famille ? Il était inconcevable que celui-ci ne convie pas son ami de toujours, Julian Jordan. C’est chose faite sur le track Funk. Ne vous fiez pas du tout au titre de celui-ci. Exit la bassline groovy et les paillettes, les deux compères nous plongent dans un océan d’obscurité et un morceau empli d’électro et de synthés métalliques. Son sidekick Justin Mylo fait également son apparition juste après sur Find You, en featuring avec Dewain Whitmore. L’anthem Progressive EDM fait son retour, et le morceau nous colle des frissons. La voix de Whitmore y est assurément pour quelque chose. Enfin, Garrix convie Blinders sur Aurora, qui reste dans la même veine que Find You, en un peu plus punchy.

Seulement 2 ajouts, mais de taille !

La sortie officielle de l’album coïncide avec le reveal de deux nouveaux morceaux, qui ne sortaient pas à la semaine comme les autres.

DubVision fait son retour sur le tracklisting du morceau avec Oxygen. Disons-le clairement. Ce morceau est le meilleur de l’album. Il était déjà demandé à cors et à cris par les fans depuis le Live on Dutch Waters de 2020. L’attente a été longue, mais quel pied de découvrir la version studio de cet Anthem Progressive. Et avec un A majuscule! Les breaks sont absolument sublimes et nous replongent dans la golden era de la Progressive. En effet, ce titre aurait totalement pu sortir sur Axtone, à l’époque. Le vocal de Jordan Grace y est pour beaucoup, tant il porte la composition. Les DubVision ont assurément posé leur patte sur ce drop, puissant et plein d’émotions.

L’album s’achève sur If We’ll Ever be Remembered, en collaboration avec Shaun Farrugia, qui prêtait déjà sa voix sur Starlight. On sent ici la conclusion du LP, avec ce début à la guitare acoustique. Un break et un drop Progressive typiquement connotés Garrix s’y adjoignent. Cela donne un morceau totalement radio-friendly, qu’il faudra s’attendre à écouter partout cet été. Il sort donc au bon moment.

Un bon album qui manque de surprise

‘Sentio’. Percevoir, ressentir, dans la langue de Molière. Martin Garrix s’est attelé à donner l’entièreté de ce qu’il avait à son auditeur, c’est incontestable. L’album est homogène et bien produit. La récurrence de certains producteurs et vocalistes permettent de fixer des repères. La plupart des morceaux demeurent très agréables à l’écoute. Cependant, seule une poignée de ceux-ci sort véritablement du lot, à l’instar d’Oxygen, Follow ou Good Morning.

Néanmoins, 11 morceaux et 35 minutes et demi, c’est peu dans le monde de l’album électro. On regrette également de ne découvrir au final que deux morceaux, qui constituent … la fin de l’album. Blâmons le timing et le rythme de sorties à la semaine de la grande majorité des autres compositions pour cela. Autrement, la surprise aurait été complète, et l’album plus inattendu.

Cela n’enlève cependant rien à la qualité de cet album, surtout venant de la part d’un artiste aussi médiatisé que Martin Garrix. Celui-ci n’a pas cédé à la facilité du featuring avec des superstars pour s’assurer un succès commercial, qu’il rencontrera à coup sûr. Il a préféré s’appuyer sur ses ressources : celles de son label, ses amis et vocalistes proches. Un fonctionnement en famille, qui fait plaisir à voir mais surtout à entendre. Nul doute que beaucoup de ces tracks seront dans ses prochains sets. Alors, entrainez-vous, en vue de pouvoir les chanter à tue-tête aux prochains festivals.

Mino
Grooves endiablés et douceur mélodique rythment mes journées. Je passe également des disques avec l'équipe après les 39h.