« La Techno n’est plus un mouvement contre-culturel » Notre interview de Dave Clarke

VERSION FRANCAISE

Loin du statu quo, loin du consensus et de l’indifférence, Dave Clarke a toujours tracé sa route, n’a jamais troqué son intégrité contre une devise et n’a pas la réputation d’avoir sa langue dans sa poche. Après ses prises de positions sur les plague-raves DJs, son soutien apporté au travail d’Annabel Ross sur les violences sexuelles de Derrick May et Erick Morillo ainsi que l’invraisemblance des classements DJs, Guettapen invite la légende de la Techno anglaise afin de pourvoir continuer à parler de ces sujets au travers de nos questions; des questions portées sur des sujets sociaux, financiers, moraux et musicaux. Voici donc 1h30 d’interview retranscrites avec Dave Clarke. 

Guettapen : En tant que DJ engagé socialement, pourquoi est-il important pour toi d’être engagé sur des sujets politiques en tant qu’artiste ?

Dave Clarke : C’est un travail très délicat, car il semble que dans la communauté Dance Music, il est politiquement préférable pour les artistes de ne rien dire du tout (à moins que cela ne profite à leur carrière), et de grandir avec un historique musical qui implique du Punk, du Ska et du early Hip-Hop et autres formes sociales musicales conscientes, je sens qu’il n’est pas juste d’être silencieux. Le début de la House et de la Techno, dont j’ai fait partie quand c’est arrivé au Royaume-Uni, était naturellement politique. Il y avait une très mauvaise justice sociale et nous nous élevions contre cela, contre l’emprisonnement de Nelson Mandela, contre beaucoup de choses. Ce n’était pas la question centrale de la scène musicale, mais c’était un fort point de gravité. Donc, cela me semble naturel encore aujourd’hui.

Mais de nos jours, c’est très difficile pour beaucoup d’artistes, même s’ils ont une voix politique ou même s’ils ont quelque chose à dire. Malheureusement avec la montée des réseaux sociaux et des artistes guidés uniquement par des intérêts économiques ou leur évolution de carrière, nous avons ce que j’appellerais un « indicateur de la vertu économique », où les artistes élèvent la voix contre quelque chose APRÈS en avoir parlé avec leur équipe de relation-presse pour décider si cela doit être dit publiquement ou non, s’il est sûr de le faire et parfois d’être vu du bon côté de la barrière pour gagner financièrement d’une telle déclaration. Parfois, ce n’est peut-être pas une mauvaise chose à faire parce qu’ils ne veulent pas parler de quelque chose qu’ils ne comprennent pas, mais il semble être dans l’intérêt de l’artiste de ne rien dire; à moins qu’il n’y ait déjà un mouvement social en cours et un résultat notoire sur les réseaux sociaux, plutôt que de le dire avec son cœur, sa volonté propre.

Il est très rare de voir un artiste (bien que cela arrive, bien sûr) dire quelque chose depuis le début de l’événement en question, à moins qu’il n’y ait déjà un grand scandale en ligne. Puis ils prennent le train en marche. Il est aussi très possible que leur point de vue soit en réalité quelque chose auquel ils croient honnêtement, je ne dis pas qu’ils sont tous comme ça, mais très peu élèvent leur voix en premier ou deuxième ou troisième. Je pense donc qu’il est nécessaire de dire des choses. Et ce qui se passe systématiquement, c’est que vous avez des gens sur votre timeline qui disent : « Ferme ta gueule, et joue juste ta musique !» comme si vous étiez là comme un clown dans un cirque, faisant uniquement ce qu’ils ont envie (car la Techno n’est plus un mouvement de contre-culture) parce qu’en tant qu’humain, tu n’as pas le droit d’exprimer tes sentiments. Ce n’est pas comme si un artiste disait : « Fermez vos gueules et dansez ! », nous ne disons jamais cela. Et les gens l’oublient. S’ils n’aiment pas ce que vous dites : de un, ils peuvent le dire et le dire tout haut et de 2, simplement l’ignorer. Je pense qu’il est vraiment important d’exprimer ce que vous pensez parce que je ne vois pas comment la musique et la politique peuvent être dissociées.

G : Quelle est l’opinion d’un artiste engagé comme toi sur les artistes non engagés ? Penses-tu que certains DJ superstars pensent vraiment comme toi mais qui sont eux-mêmes prisonniers de leur propre cage dorée, dans leur confort excessif et menés à la baguette par leur management ?

D.C : C’est une prise de position très dure qui est présentée ici, de globaliser les autres artistes dans un ensemble unique, et de dire : « c’est évident que ceci ou que cela ». Parce qu’à moins d’en avoir la certitude absolue, on ne peut pas dire cela. Certes, vous pouvez écouter votre instinct, qui est différent de la connaissance pure « c’est factuellement vrai / c’est faux ». Mon instinct me dit plutôt : « ce management s’inquiète de mettre leurs artistes dans une situation où, intellectuellement, ils ne peuvent pas s’expliquer par eux-mêmes. » Je pense que ce qui se passe,  c’est que beaucoup de managers savent que la cancel culture rôde (et dans certains cas en bénéficient) et peut être une chose dangereuse pour leur business. Donc, si un artiste dit quelque chose qui n’est pas en accord avec les 60% de l’opinion publique, c’est peut-être la fin de sa carrière, aussi simple et rapide que cela.

Je pense donc que l’équipe managériale de l’artiste (à moins que l’artiste ne soit un penseur, un intellectuel) l’empêchera de parler de quoi que ce soit, parce que cela leur donnera un nouveau problème à gérer. Il y a donc la question de la cancel culture et le problème de l’absence de débat. Le débat est un outil bidirectionnel très important pour prendre conscience de quelque chose dont vous n’étiez peut-être pas au courant, et qui peut par la suite changer votre perspective lorsqu’on vous présente des faits. Sans débat, vous avez la polarisation (qui est le principal outil des réseaux sociaux, l’archétype Jules César : « Diviser pour mieux régner »), et vous vous retrouvez dans une position où les gens s’insultent les uns les autres pleins, remplis de colère et de cris. J’ai eu la chance d’avoir eu un très court cours de débat à l’école, d’avoir une position à tenir, comme un exercice, même si vous étiez d’accord ou non, afin de savoir comment défendre votre idée et prendre en considération les arguments opposés.

Cela n’existe plus, même dans l’arène politique. J’ai vraiment haï Margaret Thatcher, mais elle avait une opinion, une conviction politique et vous pouvez choisir d’être d’accord ou en désaccord avec cela. Et si vous regardez le débat d’elle et de William Buckley, vous ne voyez pas de positions et attitudes oppressives et véhémentes (bien qu’ils aient été évidemment similaires dans bon nombre de postures). C’est tellement facile maintenant d’insulter gratuitement, parce que vous n’êtes pas physiquement dans la pièce que l’autre pour exprimer votre opinion, tout en sachant que vous pouvez vous en éloigner également. Et je ne parle pas de violence physique, mais de contact visuel, les yeux dans les yeux. Et c’est fini maintenant,. L’engagement politique se fait en temps réel mais plus distancé qu’avant et cela crée une latence. La proximité physique a disparu.

Alors maintenant tout le monde fait semblant d’aller vers le statu quo, de Sarkozy à Macron, en passant par les DJ et la musique qui pensent que même s’ils « n’offensent » personne, ils peuvent prétendre être les champions de la scène et du peuple, mais au moment où ils prennent une décision ou une position, il y a un outrage et ils reculent. Ce qui se passe avec les politiciens se produit avec le divertissement et beaucoup d’autres facettes de nos vies. On trouve rarement des groupes de personnes avec une voix forte, nous n’avons plus qu’une direction vers le consensus via les sondages via la stratégie des réseaux sociaux, comme Reflex l’a dit dans son single « The Politics of Dancing » :

The politicians 
Are now DJs
The broadcast was spreading 

Station to station
Like an infection
Across the nation 

G : En prenant en considération ta pensée, considères-tu que les artistes ne veulent pas débattre ou n’ont pas/plus le temps de débattre?

D.C : Je pense qu’ils sont trop inquiets, c’est un problème sociétal et pas seulement un problème d’artiste. Donc, ils prennent la décision politique du statu quo. Si le management allait voir l’artiste et lui disait : « Regarde … Tu peux parler de ce sujet, mais sache que tu peux potentiellement recevoir un revers de médaille à propos de ta pensée et que cela pourrait avoir un effet destructeur sur ta carrière », alors, ton silence devient un aveu de complicité. J’ai parlé des DJs jouant en plague-raves sur mon feed, mais en sachant très bien que cela nuirait à ma carrière, être black-listé par les sociétés de managements en coulisses. Ils utilisent alors la cancel culture comme un outil à leur avantage, et ce en toute discrétion parce qu’ils ne veulent pas parler de morale qui pourrait affecter leur chiffre d’affaire. « Vous ne devez pas parler poliment d’une position d’artiste préjudiciable » si la remise en question de vos bookings est la règle numéro une.

G : Ta position d’artiste élevant ta voix pour sensibiliser les gens à ces problèmes te fait-elle te sentir seul ?

D.C : Est-ce que je me sens seul ? Oui, mais c’est comme ça que j’ai choisi d’être. Ou du moins, ce qui m’a choisi. Je ne suis même pas sûr que je pourrais être une autre personne. Je me sens seul avec ces questions (bien qu’il y ait quelques autres artistes audacieux et les médias qui soulèvent ces questions, et maintenant certains magazines commencent à révéler ces histoires) mais je pense qu’il est sage de parler. À titre d’exemple, en ce qui concerne ce qui s’est passé récemment en Inde, ce qui est triste, c’est que cela s’est produit 12 mois après que nous avons pris connaissance de la COVID. Après ce que nous avons vu dans nos pays européens, qui ont des infrastructures médicales plus avancées et une population moins dense, nous avons vu l’effet du COVID dans nos hôpitaux européens. Alors, comment peut-on se poser et penser : « Oh, l’économie indienne est ouverte, c’est une opportunité fantastique d’y aller ! » ? Comment pouvez-vous penser cela, sans aucun semblant d’analyse ? C’est physiquement impossible. Donc, deux réponses possibles : soit l’artiste ne croit pas que la COVID existe, soit il s’en fout. Et parce qu’il n’y a pas de questions à ce sujet, de leur avis sur la question dans leurs interviews, nous ne connaissons pas la réponse. Nous connaissons seulement les personnes qui y sont allés. 

Lorsque vous enquêtez sur ces journalistes qui ont couvert ces concerts indiens, vous découvrez qu’ils ont posté fin mars « Tout va bien ! » et rien d’autre par la suite, genre : « Oups, désolé, j’avais tort ». On peut les voir comme les complices des artistes qu’ils couvrent. La presse Dance n’en parle même pas et s’ils font ne serait-ce qu’allusion au sujet, les artistes refuseront de parler à nouveau à ce magazine (encore une forme de cancel culture). Par conséquent, les magazines eux-mêmes ont peur de perdre leur audience à qui ils parlent, car ils n’ont pas de base financière indépendante en raison du modèle économique des réseaux sociaux, encore une fois. C’est un problème énorme. Les magazines de Dance Music du Royaume-Uni ne parlaient pas du Brexit avant le Brexit, et se sont faits dessus seulement après avoir réalisé à quel point il est difficile pour les artistes britanniques de jouer à l’extérieur et les artistes européens de jouer à l’intérieur du Royaume-Uni. Maintenant ils « défendent » la cause, mais personne n’en a parlé avant. Ils se disent que maintenant « Oh merde ! Il faut en parler ! ». Et c’est là où nous en sommes maintenant … Une véritable vision éditoriale manque parce que les journalistes sont là à vouloir écrire sur des sujets difficiles mais en mettant uniquement l’histoire présente avant, sans aucune rétrospective.

G : Quels sont les « vrais magazines », pour toi ?

D.C : En France, ça semble être Trax que je lis via les outils de traduction en ligne parce que je ne parle qu’un tout petit peu de français, mais pas assez pour tout comprendre. Leurs premières de couverture parlent de choses qui doivent être discutées. Et sur les réseaux sociaux, Trax a un engagement supérieur à Resident Advisor. J’ai donc l’impression que Trax est une lecture intéressante et importante.

G : À votre avis, comment les artistes nouveaux et à venir peuvent-ils se faire entendre sans être cancel par le système du « juste milieu », du statu quo ? Quels sont tes conseils?

D.C : C’est simple : soyez vous-même. Vous ne pouvez pas être quelqu’un d’autre. Cela vaut pour la créativité, mais aussi pour la voix que vous portez. Ayez votre propre voix. Bien sûr, aussi, quand vous commencez la musique, vous n’êtes pas au courant de ce que vous voulez être ou ce que vous deviendrez, mais soyez juste qui vous êtes. Si vous devenez un grand artiste et que vous avez une équipe autour de vous, basez-la sur le soutien, le débat, le respect mutuel et sur ce que vous voulez accomplir en tant qu’artiste et non en tant que marchandise, parce que je vois beaucoup d’artistes impressionnables très contents être contrôlés par un manager.

La preuve du succès qu’ils obtiendront est : « Regardez l’argent que nous gagnons, on fait vraiment les choses bien. » par opposition à « On se débrouille très bien, regarde tout le respect que nous avons parce que nous sommes justes et innovateurs sur le plan musical ». Tout dans cette arène n’est maintenant que transaction financière, basée sur combien d’argent vous valez. La question est devenu seulement monétaire et pas sur l’ensemble des indicateurs. Je dirais aussi ceci : ne soyez pas un artiste si vous voulez la gloire et la fortune, parce qu’alors, vous ne serez pas un artiste mais un produit, une marchandise. Mais si vous voulez devenir un produit en l’assumant, ce n’est pas un problème. 

G : Tu es aussi très préoccupé par le féminisme sur le plan social. Te considères-tu féministe? Comment se battre à leurs côtés et gagner leur respect, comme Annabel Ross et Louisahhh par exemple ?

D.C : Je ne me qualifierais jamais de féministe, je me qualifierais d’humaniste parce que je veux vraiment l’égalité pour tous. Et je parle en tant qu’homme. Mais oui, je suis très fâché quand je vois une femme gagner moins qu’un homme pour le même travail etc … Je vois Louisahhh comme une femme et en tant que personne, qu’égale. Nous pouvons apprendre l’un de l’autre et je l’appelle pour des conseils sur des choses liées à divers sujets aussi. Annabel est une figure importante aussi, j’ai été de son côté de l’histoire pour aussi mettre en avant un visage de confiance, crédible aux yeux du grand public sur la question des agressions sexuelles historiques au sein de cette industrie. 

G : Mais quand tu vois, lors des TOP 100 de DJs, seulement 13 femmes et 5 à 6 personnes noires, tu vois bien qu’il y a aussi un problème systématique.

D.C : Ok, le TOP 100 DJ Mag est devenu honteux, je pense que beaucoup de gens le ressentent. J’étais dans le TOP 100 il y a de nombreuses années, en 2003-2005. Et c’était (ou du moins semblait) différent parce que c’était voté par des gens qui votaient par courrier physique, avec du papier, donc c’était beaucoup plus local. DJ Mag est maintenant une franchise. Comment peut-on avoir un TOP 100 DJ en pleine pandémie ? Vous pouvez avoir le TOP 50 Producers, mais un TOP 100 DJs n’a aucun sens. Ok, il y avait quelques streams, mais ça n’a aucun sens. C’est le porte-étendard de la franchise, parce que la marque DJ Mag existe dans différents pays et je pense que le TOP 100 DJs est le fer de lance sur lequel la franchise compte. Ils ont donc dû continuer.

Le truc que j’ai trouvé tout aussi bouleversant dans ce graphique l’an dernier, outre leur manque de diversité, est leur « alternative » TOP 100. La majorité des personnes dans le haut du classement étaient des DJs qui ont joué dans les plague-raves. Cela signifie qu’ils ont été récompensés pour ça. Donc DJ Mag est devenu complice des plague-raves par inertie, ce qui est ridicule. On vit également une fausse diversité. C’est littéralement une diversité commercialisable. Elle est commercialisée par des hommes blancs, d’âge moyen, bourgeois, éditeurs de magazines et managers. Où est la diversité dans la rédaction ? Où est la diversité dans le management ? Vous pouvez voir et discuter sur les DJs sur scène, mais pas sur les personnes dans les coulisses du pouvoir, invisibles. Et parce qu’invisibles, cette situation est toujours profitable à cette caste détenant le pouvoir. N’oublions cependant pas la Minimal Techno qui est arrivée en 2005 et qui a complètement white-wash la scène Techno. On doit au final pouvoir avoir droit à une véritable diversité.

G : À ton avis, où se situe le tournant entre la scène que tu as connue par le passé et la scène actuelle ?

D.C : Comme je l’ai dit plus tôt, c’est à partir de la Minimal Techno, arrivée du Canada, que la scène a été white-washée. Je l’ai appris de Jeff, Robert, de Underground Resistance, de Blake. J’étais dans la Techno avant qu’on l’appelle « Techno », quand cela s’appelait encore de la Chicago House, la version Dub de ce que faisait Frankie Knuckles, The Hot Mix 5 , Mike Dunn, Steve Poindexter etc … Quand c’est arrivé au Royaume-Uni, nous n’étions pas seulement totalement conscients de l’influence noire de cette musique, nous la célébrions ouvertement. Puis, la Minimal est arrivée. Je n’ai pas aimé la façon dont elle a été commercialisé. Puis, la New Techno est arrivée, avec un visage plus commercialisable encore, plutôt que basée sur son contenu musical réel.

Enfin, est venue l’EDM, avec cet horrible manque de talent sur scène, avec toute la machinerie derrière elle, de la pyrotechnie aux gâteaux, et toutes les conneries qui détournent le regard du public sur ce qui se passe vraiment. J’ai dit il y a environ 8 ans : « La gestion et le marketing de l’EDM viendront bientôt dans la Techno ». La logique et le modèle étaient déjà là. Donc, quand la bulle EDM a éclaté, ses méthodes de management est venu prendre le contrôle de la Techno et est devenu « la Business Techno ». Le white-washing était alors total. On ne parle plus de contre-culture. Cela n’existe plus du tout dans cette scène. Il y a encore de la musique formidable et beaucoup de grands DJs, c’est pourquoi je joue encore leurs morceaux à la radio et dans les concerts, mais 85% de ce qui est appelé « Techno » maintenant, c’est tout sauf de la contre-culture. C’est honteux, ce qui est arrivé. Peut-être que devons-nous fonder un nouveau genre et nous séparer de cette Business Techno …

Merci de ton temps et de ta franchise.

ENGLISH VERSION

Far from the status quo, far from consensus and indifference, Dave Clarke has always made his way, has never traded his integrity for a currency and does not have the reputation of having his tongue in his pocket. After taking positions on the DJs plague raves, his support for the work of Annabel Ross reporting on the sexual violence of Derrick May and Erick Morillo and the implausibility of the DJs rankings, Guettapen invites the legend of English Techno in order to be able to continue to talk about these subjects through our questions; questions on social, financial, moral and musical subjects. So here’s the hour and a half of interview transcribed with Dave Clarke.

Guettapen : As a socially engaged DJ, why is it important for you to be vocal on political subjects as an artist ? 

Dave Clarke : It’s very tricky work, because it’s seems that in the Dance community it is politically better for artists to not say anything at all (unless it benefits their career), and growing up with a musical background which involves Punk, Ska and early Hip Hop and other socio-aware musical forms, I feel it is not right to be quiet. 

The beginning of House and Techno, which I was part of when it came over in UK, was naturally quite political. There was a lot of social mis-justice and we would raise our voices against this, against Nelson Mandela in prison, against many things. That wasn’t the centre point of the music scene but it was a strong gravity point. So it still feels natural to me, but nowadays, that’s very hard for many artists, even if they have a political voice or even if they have something to say, and sadly with the rise of social media and artists led by the economic interests or their management, we have a what I’d call « economic virtue signaling », where artists raise their voice against something after talking with their their team and PR to debate if it should be said or not, if it is safe to do so and sometimes to be seen on the right side of the line to gain financially from such a statement.

Occasionally it may not be a bad thing to do because they don’t want to say something unthought of and off the cuff, but it seems to be in the artist’s advantage to actually not say anything unless there is already a movement and has a result on social media as opposed to saying it from their heart. It’s very rare to see an artist (although it does happen of course) saying something from the beginning unless there is already a big outrage online, then they jump in and ride on the coat tails. It’s very possible that their point of view is actually something they honestly believe, I’m not saying they are all like this, but very few raise their voice as the first or second ones. So I feel it’s necessary to say things. And what automatically happens is you’ll have people on your feeds saying « STFU, and just play music » as if you are there as a clown in a circus doing only what they require (and because this is predominately not a counter culture movement any more) because as a human being, you have no right to express your feelings. It’s not like an artist will say « hang on a minute, STFU and just dance », we never say that. And people forget that. If they don’t like what you say : 1) they can say it and speak up or 2) ignore it. I think it’s really important to speak your mind because I don’t see how music and politics can be dissociated. 

G : What’s the opinion of an engaged artist about non-engaged artists ? Do you think some superstar DJs actually think like you but are prisoners of their own golden cage, in excessive comfort and ruled by their management ? 

D.C : It’s a very hard line presented here about other artists as a whole, and to say « it’s obvious this, or it’s obvious that » because unless you have direct knowledge, you can’t say that. You can listen your instinct, which is different from B&W knowledge. My instinct would say « this management is worried about putting various artists into a situation where, intellectually, they can’t explain for themselves. » I think what happens is a lot of management know the cancel culture is there (and in some cases benefit from it) , and can be a dangerous thing for their asset. So if an artist says something that isn’t in the 60% of public opinion, that may well be the end of their career, that simple and that quick. So I think management (unless the artist is a deep intellectual thinker), will stop the artist speaking about anything or if they do without any depth because it will give them an issue later on. So you have the issue of cancel culture, and the problem of the lack of debate. Debate is a very important two way tool to become aware of something you possibly were not aware of and subsequently can change your perspective when presented with facts. Without debate, you have polarisation (which is the main tool of the social media companies, the archetypal Julius Caesar “Divide and Conquer” strategy), and you end up in a position where people insult each other full of anger and shouting. I was lucky enough to have had a very short debate course at school, to be given a position to hold on something, as an exercise, even if you’d agree with it or not, in order to find out how you defend your idea and learn from the other side.

That doesn’t exist anymore, even in the political arena. I fully despised Margaret Thatcher, however she did had an opinion, it was a political conviction and you can choose to agree or disagree with that. And if you watch the debate of her and William Buckley, you don’t see any oppressive and vehement positions and attitudes (although they were obv similar in thinking in many areas). It is so easy now to shout because you’re not physically in a room with someone to express your opinion knowing you can walk away from that. And I don’t talk about physical violence, but eye-to-eye contact, mind-to-mind. And that’s gone now, the engagement is in real time but more distant than before and that creates a latency, because it may feel in real time on the clock but the real proximity part has disappeared. So now everyone pretends to go for the middle ground, from Sarkozy to Macron, to DJ’s and music feeling that whilst they are not “offending” anyone they can claim to be the champion of the stage and the people, and the moment they take a decision or a position there is an outrage and they backtrack, and what is happening with politicians happens with entertainment and many other facets of our lives. You seldom find groups of people with a strong voice anymore, just a direction towards consensus via polling through social media strategy, as Reflex once said in their hit single “The Politics of Dancing” : 

The politicians 
Are now DJs
The broadcast was spreading 

Station to station
Like an infection
Across the nation 

G : Knowing that, do you consider that artists don’t want to debate or do not have the time to debate ? 

D.C : I think they are too worried to, this is a societal issue not just an artist problem. So they take the political decision to stay in the middle ground. If management would go to the artist and say « Look … You can talk about this but be aware you may receive a backlash about your position and this can have a destructive effect on your career ». So then, your position is complicity through silence. I talked about plague rave dj’s on my social feed knowing it would damage my career, being blacklisted by their management behind the scenes, again they use cancel culture as a tool, this time in supposed stealth because they do not want to talk about morals that affect their bottom line. “You must not talk politely about an artists position detrimentally” if it may affect your book ability is the unwritten rule. 

G : Does your position in raising your voice to raise awareness of issues make you feel alone ? 

D.C : Do I feel alone in this ? Yes, but that’s the way I chose. Or at least, that chose me. I’m not even sure I could be a different person. I feel alone with these issues (although there are a few other bold artists and media feeds that raise these issues and now some magazines are starting to do stories) but I think it’s wise to speak out. As an example, with what happened recently in India, what is sad is that was 12 months after we became aware of COVID. After what we saw what was happening in our European countries which have stronger medical infrastructures, less density in population, we saw the effect in our European hospitals. So, how can someone can sit down and think « Oh, their economy is opened, that’s a fantastic opportunity to go there ! » How can you think that, without any semblance of an analytical mind ? It’s physically impossible. So two answers : the artist doesn’t believe COVID exists or the artist doesn’t care. And because there is no press coverage of their mindset via interview, we don’t know the answer. We just know people who went there. When you investigate the journalists that have covered these Indian gigs you figure out they posted at the end of March « Everything’s fine » and nothing, like : « Oops, Sorry, I was wrong », you can see them in the same complicit way as the artist they are covering. The main dance press doesn’t analyse this and if they even hint at talking about an artist in such a way, that artist will refuse to talk to that mag anymore (again cancel culture). Therefore the magazines themselves are scared of losing the people they talk to, because they have no independent financial base any more due to social media yet again. It’s a massive issue. UK Dance music mags were not talking about Brexit before Brexit and were caught with their pants down and only after they “realise” how hard it is for UK acts to play outside and European artists to play inside the UK and now they “champion” the cause. So, no one talked about this before and now they are like « Oh shit ! We must talk about it ! ». And this is where we are at now … I miss true editorial vision (because the journalists are there wanting to write about tough subjects) and putting the story out there before and not retrospectively. 

G : Which are the « true magazines », for you ? 

D.C : In France it seems to be Trax, I read via the online translation tool because I only speak a tiny bit of French, but not enough to understand everything. Their headlines talk about things that must be talked about. And on Social Media, Trax has a bigger engagement than Resident Advisor has. And I feel like Trax is interesting read and is important. 

G : In your opinion, how can new and upcoming artists raise their voice without being cancelled by the « middle ground » system ? What is your advice ? 

D.C : It’s simple : be yourself. You can’t be anyone else. That goes for creativity but also with voice. Have your own voice. Of course, also, when you start music, you are not about what you want to be or what you’ll become, be just be who you are. If you get into the position of being a bigger artist and having a team around you, base it on support, on debate, mutual respect and on what you want to achieve as an artist not a commodity, because what I see are a lot of hungry impressionable artists being controlled by a manager, and the proof of success they will get is : « Look that money we make, we are doing really well. » as opposed to « We are doing really well, look at that respect we have due to being fair and innovative musically ». Everything in that arena now is a financial transaction, based on how much money you’ve made. It became only about money and not the bigger picture. I’d say also this : don’t be an artist if you want fame and fortune, because then, you’re not an artist but a product. And if you want to become a product admitting it to yourself, that’s not a problem. 

G : You are also very concerned about feminism on your socials. Do you call yourself a feminist ? How do you fight alongside them and gaining their respect, like Annabel Ross and Louisahhh for example ? 

D.C : I’d never call myself a feminist, I call myself a humanist because I really want equality for everyone. And I’m speaking as a man. But yes, I get angry when I see a woman earning less than a man for the very same job etc… I see Louisahhh as a woman and as a person/ equal, we can learn from each other and I call her for advice on things related to various subjects too. Annabel is an important figure as well, I raised her side of the story (Investigative Journalism) to put forward a trusted face to the bigger public audience for the issue of historic sexual assaults within this industry. 

G : But when you see, during TOP 100 DJ pols, only 13 women and 5 to 6 black people, you know there is obviously a systematic problem. 

D.C : Ok so, the DJ Mag TOP 100 is now disgraceful, I think many people feel this. I used to be in the TOP 100 many years ago, in the 2003-2005. And it was (or perhaps seemed) different because it was voted by people who posted their votes by physical mail, with physical paper, so it was much more local. The DJ Mag thing is a franchise. I mean how can you have a TOP 100 DJs in the middle of a pandemic ? You can have the TOP 50 Producers, but a TOP 100 DJs makes no sense, at all. Ok, there were some streams, but it doesn’t make any sense. It’s a franchise leading device, because the DJ Mag brand exists in different countries and I believe that the TOP 100 Djs is the flag that the franchise is held upon. So they had to keep that going.

The thing I found the equally upsetting in that chart last year, aside from their lack of diversity, is their « alternative » TOP 100. The majority of the people in the top numbers were DJs that played at plague raves. So that meant they got rewarded for playing those gigs. So DJ Mag became complicit with plague raves by default, which is ridiculous. We also are going through some fake diversity now. It’s literally marketable diversity. It’s marketed by white, middle age, middle class males, editors of magazines and management. Where is the diversity in editorial ? Where is the diversity in management ? You can debate about the people on stage, but not the hidden people in power, that is not visible, and because it is not visible it is still profitable to the same power base . Let’s not forget the Minimal Techno that came in 2005 completely white-washed the Techno scene. In the end there needs to be top to tail real diversity. 

G : In your opinion, where’s the turning point between the scene you have known and the actual scene ? 

D.C : Like I said, it’s when Minimal Techno came in from Canada and white-washed the scene. It took away the focus from the original black movement. I learnt from Jeff, Robert, from Underground Resistance, from Blake. I was into Techno before it was called « Techno » when it was Chicago House, the dub version of what Frankie Knuckles was doing, The Hot Mix 5 , Mike Dunn Steve Poindexter etc… When it came over to the UK, we were not only totally aware of the black influence of that music, we celebrated it openly. And then, Minimal happened. I didn’t like the way it was marketed. Then, New Techno happened, with a more marketable face rather than the actual musical content within it. And then came EDM, with this horrendous lack of talent on stage, with all the machinery behind it from pyrotechnics to cakes and all the bullshit in-between that deflects the publics vision of what’s really going on. 

I said around 8 years ago : « EDM management and marketing will come to Techno very soon ». The logic and template was already there. So, when the EDM bubble burst, the management style came in to take over Techno and became « business Techno ». The white-wash was now complete. We don’t talk about counter-culture anymore. It doesn’t exist at all in that scene. There is still some great music and many many great DJs out there, that’s why I still play on radio and gigs, but 85% of what’s is called Techno now, is anything but counter-culture. It’s disgraceful how it happened. Perhaps we have to make a new genre and split apart from that Business Techno. 

Thank you from your time and your straight talk, Dave.