Créé pendant la pandémie, le concept 100% électronique du plus grand festival de l’Est continue d’évoluer. Les Eurockéennes 2023 de juillet dernier ont été un franc succès après une édition 2022 plutôt compliquée. Mais au-delà du format estival, les organisateurs portent une réelle importance aux Résidences Secondaires. Nous en avons notamment discuté avec Kem Lalot, programmateur des Eurockéennes. Après une édition originale en extérieur pendant la pandémie, l’événement s’est finalement installé au cœur de la grande halle des Eurockéennes.
Nous avons suivi l’événement depuis ses débuts. Cette année, la Résidence Secondaire fêtait sa 3ème édition indoor. Comment évolue-t-elle ? Quel est notre ressenti vis-à-vis de cet événement ? Débriefons ensemble !
Le lieu est-il adapté à l’envergure de l’événement ?
Novembre 2021 : les Eurockéennes officialisent la Résidence Secondaire dans ce tout nouvel espace. Dédié initialement au stockage d’une grande partie du matériel nécessaire au festival se tenant le premier week-end de juillet, les organisateurs souhaitaient lui donner un tout autre visage. Et pourquoi pas en faire également un lieu de vie et de fête ? Sur le papier, tout les éléments semblent réunis : un gros espace intérieur atypique, des organisateurs qui maîtrisent parfaitement le sujet et des festivaliers toujours prêts à danser. Et effectivement, il faut le dire, après trois éditions dans ce lieu : ça marche !
Lors de chacune des trois Résidences Secondaires, le lieu a évolué pour remédier aux défauts de l’édition précédente. Après tout, savoir gérer plus de 100 000 personnes en extérieur, n’induit pas forcément qu’il sera aisé d’en gérer quelques milliers en intérieur. Que ce soit au niveau des flux, de la restauration, des effets de scènes, on ressent clairement l’envie de bien faire dans l’organisation globale, et c’est très plaisant.
Cette année encore, la démesure de la grande halle était bien mise en avant, notamment grâce à l’éclairage disposé de part et d’autre de l’espace. On apprécie également la jauge maximale de l’événement qui, même atteinte, laisse quand même beaucoup de place dans la halle ou en extérieur. En bref, c’est un cadre atypique, mais totalement propice à une bonne soirée entre amis sous le signe de la musique électronique.
La recette utilisée pour la programmation est-elle bonne ?
Depuis le départ, la Résidence Secondaire fait se côtoyer de multiples univers électroniques. Avec un spectre musical varié, les Eurockéennes veulent proposer un événement à large spectre, qui plaira au plus grand nombre tout en poussant à la découverte de certains artistes/groupes. House, Techno, Afro, Shatta, Hardstyle, Trance : il y en a pour tous les goûts. Et ce, chaque année.
Par exemple, lors de l’excellente première, en 2021, nous avons eu droit à Salut c’est cool, Bakermat, Bob Sinclar et Paloma Colombe. Pour la sublime seconde édition, en 2022, ce sont Kungs, Mila Dietrich, Tcheba et Vladimir Cauchemar qui avaient retourné la grande halle. Parmi tous ces noms, on remarque une certaine prédominance de House et de Techno, mais comme précité, les registres environnants ne sont pas pour autant boudés. En 2023, la recette continue de perdurer, pour notre plus grand bonheur. Le 30 septembre dernier, Mr. Oizo, Trinix, Roland Cristal, Marina Trench, Canelle Doublekick et Natoxie se sont partagés l’affiche.
Point important à relever : à la Résidence Secondaire, on invite majoritairement des artistes francophones, de différents horizons, aux carrières renommées et/ou en cours d’écriture. L’ouverture d’esprit que l’on retrouve dans la programmation de l’édition estivale est bien présente ici également, et c’est, selon nous, un point fort de l’événement. Malheureusement, il a encore du mal à convaincre. Les 2 premières éditions ont affiché complet, mais la troisième n’a pas eu cette chance. Mettons cela sur le compte des têtes d’affiche qui n’ont malheureusement pas été jugées suffisamment prestigieuses par les festivaliers.
Que retenir de cette 3ème édition ? Et au global ?
Bien entendu, un événement complet n’est pas nécessairement synonyme de réussite, et inversement. Le lieu est validé, la recette utilisée pour fabriquer la programmation également, et les retours des festivaliers sont positifs, et ce, depuis la première édition. Finalement, n’est-ce pas le plus important? Alors on espère que cette troisième édition, la seule n’ayant pas affiché complet, ne changera pas cette belle recette au profit de la facilité et du commercial plus vendeur. Nous manquons cruellement d’organisations historiques comme les Eurockéennes, sachant prendre des risques pour créer de nouveaux concepts, alors on ne veut pas les perdre!
La folie de Roland Cristal pour l’ouverture des hostilités était un excellent choix, notamment avec ‘La Pantera’, titre qui nous fait beaucoup rire. On a énormément apprécié le set de Marina Trench qui transpirait la House Music comme on aime. Ensuite, l’ambiance pour Natoxie était assez spéciale et très (trop ?) décalée par rapport au reste des représentations. Le duo Trinix s’est fait remarquer grâce aux multiples mashups et remixes joués, permettant de connecter avec les différentes époques et les différents univers musicaux. Pour la fin, Canelle Doublekick s’est occupée de déchaîner l’énergie restante dans la foule avec une Techno bien colérique.
Mais on notera surtout l’excellente prestation de Mr. Oizo. Nous en attendions beaucoup, et nous avons été comblés. Entre classiques du producteur, titres intemporels et morceaux connus, la grande halle a tremblé. L’énergie était folle et il en est de même pour le mix. Aux Eurockéennes, c’est ‘Positif’ : vous êtes vraiment des animaux !
Une nouvelle fois, la Résidence Secondaire réalise un bel événement. Encore merci à l’organisation pour les invitations. Nous ne nous sommes pas ennuyés, loin de là, et on espère remettre ça bientôt !
