Entre Miami Music Week et Ultra, récit d’une semaine au soleil

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Presque devenu un rituel pour nous, nous étions pour la seconde année consécutive la semaine dernière à Miami. Pour la Miami Music Week d’une part, mais évidemment également pour couvrir l’édition 2023 de l’Ultra Music Festival. Toujours placé fin mars, le festival marque traditionnellement le coup d’envoi de la nouvelle saison de festivals. Rendez-vous incontournable de la scène électronique, comme toute la Miami Music Week, c’est là que tout le secteur de la scène électronique se retrouve et que les artistes ont l’habitude de déballer leurs grosses nouveautés pour l’année à venir. Alors, comment s’est passé cette nouvelle édition de ce festival emblématique ? Après une édition 2022 qui a ravi tout le monde par le retour du festival à Bayfront Park après 4 ans d’absence, l’édition 2023 lui a-t-elle permis de reprendre une marche avant ?

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Retour sur la Miami Music Week

Avant d’entrer dans le vif du sujet de l’Ultra, on voulait vous faire également un rapidement retour sur la Miami Music Week, dont l’Ultra fait partie intégrante et arrive comme la cerise sur le gâteau. Semblable à l’Amsterdam Dance Event, la MMW propose sur une semaine toute une série d’événements, concerts, pool partie et soirées en clubs, dans toute la ville. Il est important d’en parler quand on parle de l’Ultra car la MMW fait vraiment partie intégrante de l’expérience à Miami. En particulier cette année où la programmation de la semaine était vraiment incroyable et vous permettait de voir une quantité impressionnante d’artistes de qualité. Pour un budget conséquent néanmoins, ce n’est pas à négliger. Il y a quelques événements intéressants gratuits (notamment à l’Oasis Wynwood), mais la plupart vous couteront au minimum 50/60 $, et encore, si vous êtes assez vifs pour prendre les premiers billets mis en vente sans attendre les line up.

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De notre côté, on a pu découvrir sur la semaine les événements à Factory Town. Très grand site ressemblant à une usine désaffectée, nous y avons assisté à des soirées Afterlife et Elrow d’anthologie. Entre les shows du label de Tale Of Us qui buzz énormément en ce moment, et la programmation de folie de Elrow (Chris Lake, Lee Foss b2b Mau P, MK b2b Sonny Fodera….), on s’est vraiment régalés. Côté pool parties, la Defected en particulier a su nous ravir par son ambiance très festive au Sagamore, plus convivial que le plus VIP Hyde Beach où nous avons pu assister à la pool party de Vintage Culture. Mais on vous décrira toute la semaine plus en détails dans notre vlog à venir, rentrons maintenant dans le vif du sujet.

L’Ultra reprend sa marche en avant

On est déjà vendredi donc. Arrivés quelques jours avant et avec déjà plusieurs pool parties et soirées dans les jambes, il est temps d’attaquer le gros de la semaine, l’Ultra Music Festival. C’est la troisième fois que nous avons l’opportunité de couvrir l’événement et on retrouve très vite nos marques sur le site du festival. Avec toujours le même agencement sur le site assez petit de Bayfront Park, on peut rapidement faire un petit tour complet du festival. Première bonne surprise, des scènes ont évolué ! C’était en effet notre principal déception entre 2018 et 2022, où le festival avait plutôt régressé là-dessus avec la perte de la géniale scène Arcadia. Mais cette fois les deux scènes les plus « basiques » du festival ont trouvé une structure un peu plus consistante. La UMF Radio se voit dotée de nouveaux écrans ronds sur les côtés pour un rendu d’ensemble très sympa. Mais le plus gros changement est pour la scène The Cove. Désormais beaucoup plus haute et de forme triangulaire, avec les visuels qui défilent sur les 3 côtés, le rendu d’ensemble est absolument génial !

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Côté Mainstage là aussi pas déçus. Celle de 2022 n’était pas restée dans les mémoires, celle de 2023 le sera beaucoup plus. Sorte de mix des meilleures éditions du festival, elle propose un DJ booth particulièrement surélevé, sur un fond d’écrans LEDs formant une sorte de vortex du plus bel effet et rappelant la scène de 2015. Comme d’habitude, de nuit c’était absolument dantesque et les amoureux de LEDs ont pu s’en donner à coeur joie ! La Megastructure s’est elle vue également dotée de nouveaux éléments avec ces différentes mini structures en forme de parallélépipèdes rectangle qui montaient et descendaient du plafond de la scène. Quelques changement minimes côté Worldwide également avec des nouvelles structures LEDs carrées au plafond, pour quelques lumière supplémentaires bienvenues.

Autre semi nouveauté bienvenue, les shows drones ! Entrevus l’an dernier en closing et sur le show de Kygo, ils ont été ressorti plus régulièrement cette année pour un effet « waouw » immédiat. Une production d’ensemble de très haut niveau donc, pour shows conséquents. On apprécie également l’attention donnée à la propreté du festival et au recyclage.

Budget conséquent à prévoir

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On constate également quelques animations supplémentaires comme un stand de confection de bracelets, dans un esprit très « PLUR » cher au public américain. Et une offre en nourriture légèrement plus étoffée. Par contre, les prix élevés sont toujours là ! C’est là le principal frein à l’événement, surtout pour le public européen qui souhaiterait faire le voyage. En plus du billet pour le festival au tarif déjà conséquent (entre 400 et 500 $ avec les frais, selon les phases de vente), du prix du trajet et des logements sur place, les consommations au festival sont également difficilement abordables, comme souvent dans le pays. Comptez 15 $ pour une bière et 12 $ pour un hot dog avec des frites par exemple pour vous donner une idée. Si vous comptez profiter un minimum de la Miami Music Week en plus de l’Ultra, on vous conseille de compter au moins sur un budget de 2000 euros la semaine. On a conscience que ce n’est malheureusement pas à la portée de tout le monde, mais l’expérience vaut le coût.

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Ça n’a pas empêché le festival d’afficher complet dans les dernières heures avant le début de l’événement. Malgré tout, on a moins eu l’impression d’être à l’étroit que les autres années. Simple impression ou vraie information on ne saurait trop vous dire, mais en tout cas on a eu nettement moins de difficultés que lors de nos deux premières expériences sur place pour circuler. Ce qui est appréciable ! Armez vous toute de même de patience pour rentrer dans le festival si vous arrivez aux heures de pointe, en particulier le premier jour. Le festival draine en tout cas toujours un public très international. Les américains sont évidemment présents en majorité, mais on croise toujours autant de sud américains, asiatiques, et, dans une moindre mesure, d’européens.

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Un public toujours aussi chaud sur la mythique Worldwide Stage, notamment sur le set de ISOxo sur lequel on reviendra plus tard. Côté Mainstage ça ne bouge pas trop. Comme tous les festivals de la planète, c’est là que vous trouverez essentiellement le public intéressé par les tubes les plus connus. Côté ambiance survoltée, ça n’a pas changé ça se passe donc toujours essentiellement côté Worldwide, mais aussi Live Stage et UMF Radio. La Megastructure propose elle une ambiance plus intimiste et immersive du fait de la programmation musicale, mais un public toujours à l’unisson devant les DJs proposés. Ah et très bon point. Les éventails qui « claquent » sont ENFIN presque en voie d’extinction !

Et musicalement alors, ça a donné quoi ?

Rudgr

Chaque année, l’Ultra propose des performances inédites sous forme de b2b. Et il y en avait quelques uns qui nous faisaient sacrément envie cette année. On pense à Armin Van Buuren b2b Ferry Corsten ou Dom Dolla b2b Vintage Culture par exemple pour ne citer qu’eux. On est également particulièrement friand de la programmation de la Live Stage en général, même si on doit avouer qu’elle nous a un peu laissés sur notre faim cette année. Même si on y a quand même passé le plus clair de notre temps le premier jour. Le temps d’y savourer tout d’abord le live des excellents Kasablanca, le dernier projet de Shaun Frank. Une ode à la Progressive, majoritairement composée de leurs propres titres, parfaite pour débuter sous le soleil de Miami.

Dans un style opposé, on a pu faire la découverte de la française CloZee sur la même scène et ce fut une belle claque ! Avec des sonorités d’abord très Dark Electro au tempo assez lent, elle rappelle évidemment Rezz, mais elle y glisse plusieurs touches Bass différentes qui donnent à ses sets une dimension plus singulière. Avec un show porté par des visuels aussi atypiques que splendides, elle nous a totalement conquis et on ne serait que trop vous conseiller de foncer la voir cet été car elle passe en France. Elle précédait d’ailleurs Rezz sur la Live Stage. Pas de quartier, la canadienne ouvre directement avec « HEX » et explose tout sur son passage. Toutes les plus grosses cartouches de son catalogue y passent, ainsi que quelques belles nouvelles IDs !

Dans les autres sets marquants de la journée, il y a évidemment eu le fameux Armin Van Buuren b2b Fery Corsten, malheureusement trop court (seulement une demi heure) ! Un petit cours d’histoire de Trance très (trop) condensé, avec du Gouryella et du System F pour ravir les oreilles. Les deux légendes ont ravi une Worldwide Stage bien compacte pour l’occasion. Côté Mainstage, c’est Martin Garrix qui aura marqué la journée. Comme d’habitude pour son passage à Miami, le néerlandais et ses équipes avaient préparé un show visuel très fort mais aussi une tracklist avec des nouveautés. Il y a évidemment sa nouvelle collaboration avec Alesso, « Look Inside Our Hearts ». De notre côté on a surtout flashé sur l’énergie de l’excellente ID d’intro avec Seth Hills et de la nouvelle Blinders jouée après le passage de Zedd. On note également une nouvelle collab’ avec DubVision de toute beauté. Un gros set parfaitement calibré Mainstage. Et merci pour « It Gets Better », quelle claque sur une scène pareille. A noter également ce jour là un beau set de Hardwell sur la UMF Radio en mode nostalgie. On volontairement passé notre tour HOLO, qu’on a déjà pu voir pas mal de fois, mais ça valait manifestement le coup avec des nouveaux visuels.

Un Day 2 mémorable

Mais LE jour du festival restera le second pour nous. D’abord grâce à la performance d’Alesso sur la Mainstage. C’est simple, le suédois nous a retournés. De la puissance, de l’émotion, des IDs en pagaille, des classiques inoubliables, un show visuel en conséquence, la performance Mainstage par excellence. Avec en prime quelques mashups très très bien sentis. On pense en particulier à « Turn On The Lights » avec « Somebody To Use » ou encore l’incroyable « Everything You Have Done » avec « Nillionaire » (l’ID qui suit est tout aussi dingue). Si vous ne l’avez pas encore écouté, jetez vous sur ce set de folie. Tout comme sur l’excellent b2b entre Dom Dolla et Vintage Culture, parfait mix entre le côté House/Tech House du premier et la touche Melodic du second. Malheureusement en même temps que le HI-LO b2b Testpilot dont on n’aura pas pu profiter assez pour vous donner un avis pertinent sur le sujet, un peu comme pour Dubfire b2b Kölsch.

Sur la Worldwide, le phénomène ISOxo a littéralement tout explosé devant une foule en fusion. Trap, Bass House, Dubstep, Tech House, tout y est passé et on comprend mieux pourquoi Skrillex en a fait un de ses proches collaborateurs dernièrement. Plus tôt dans la journée, Afrojack a servi un « Nick Van De Wall Throwback Set » mémorable pour les nostalgiques de Dirty Dutch, quand Deathpact et Malaa ont pris admirablement la suite de ISOxo sur la Worldwide. Le succès de Malaa aux USA est d’ailleurs toujours aussi impressionnant, le public hurlant sur « Notorious » étant un de nos grands moment du festival. Fin de ce Day 2 sur un superbe set de Joris Voorn sur la Cove avec les buildings en fond, pour une dernière touche de magie.

Rukes

Sur le dernier jour, on retient un très bon Oliver Heldens b2b Tchami, malheureusement avec un son extrêmement fort sur la Mainstage dur à supporter (un problème pas isolé sur les 3 jours). Mais aussi une nouvelle place laissée à la Drum’N’Bass au festival avec des performances remarquées de Dimension et Wilkinson. Mais le set qui aura fait parler est évidemment celui de la Swedish House Mafia. De notre côté, on n’a pas trop compris le temps mis pour installer de la nouvelle scénographie qui n’aura que peu apporté au final. Un show d’ailleurs visuellement assez minimaliste, très porté sur le rouge, qui aura beaucoup fait parler. Ça allait au final assez bien avec l’orientation musicale au final elle aussi très club/minimaliste, avec des nouveaux morceaux et des reworks de leurs classique. Une performance osée pour un closing de Mainstage, là où un public attend plus souvent une explosion d’émotion et des lights dans tous les sens. Leur set aura visiblement été mieux reçu par les spectacteurs en livestream que dans la fosse.

Et après ?

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L’Ultra a son identité propre et semble s’y complaire sans vouloir concurrencer un Tomorrowland sur un terrain où le festival belge sera de toute façon compliqué à aller chercher. Mais on a particulièrement apprécié la volonté affichée par le festival cette année à faire monter en gamme certaines de ses scènes un peu trop basiques. L’incroyable cadre de Miami sera toujours là pour le festival (si les habitants du quartier le laissent tranquille), et sa programmation de qualité également. Le festival peut néanmoins encore améliorer l’expérience sur place en faisant monter en gamme les infrastructures autres que les scènes. Si vous avez le budget pour, on ne saurait une nouvelle fois que trop vous conseiller de foncer passer une semaine à Miami, où il est impossible que vous ne trouviez pas d’artiste à votre goût. Et c’est bien ça l’essentiel au final, la musique !