Nous étions à la première édition de Defected Malta

Defected Records est un monument de la scène House Music. Fondé par Simon Dunmore en 1999, le label multitâche a accueilli moult signatures mythiques (MK, Bob Sinclar, Roger Sanchez, CamelPhat). La marque britannique est donc une valeur sûre quand il s’agit de faire découvrir la House et de prédire la mouvance prise par le courant. Le label s’est depuis développé et a lancé ses propres événements, dont les festivals au même nom.

Si leurs événements sont en grande partie localisés au Royaume-Uni, leurs itérations européennes existent. Il est donc possible de trouver une résidence Glitterbox (au HÏ) et Defected (à Eden) à Ibiza, ou un festival en Croatie (aux Gardens of Tisno). 2022 se plaçait sous le signe de la nouveauté, car la bande à Dunmore s’est installée durant 3 jours sur l’île de Malte. Nous y étions. C’est l’heure du récap.

Les lieux/scènes

Qui dit île méditerranéenne dit soleil. Bien que prévu en octobre, le festival a bénéficié de la douceur du climat. Ainsi, la baie de Saint-Paul a accueilli les danseurs sans réserve. De la House sans limites sous 25-27° à cette période de l’année… ça fait du bien !

Le festival commençait à midi, ce qui laissait la matinée pour visiter Malte. Entre Mdina, le village Marsaxlokk et ses superbes plages, l’île est au croisement de multiples cultures (italienne, phénicienne, européenne). Un vrai petit paradis, sur lequel a compté le crew du label anglais pour proposer son expérience festive. On vous recommande d’y passer la semaine afin de visiter le plus de choses possibles.

Les stages

Intéressons-nous aux lieux. Defected Malta se déroulait sur 3 sites :

  • UNO Malta, l’un des clubs les plus connus de l’île, accueillait la majeure partie des festivités.
  • Café del Mar, pour une scène en pool party le samedi après-midi.
  • Fort St-Elmo, un ancien château-fort pour une scène Glitterbox le dimanche.

Chaque lieu se trouvait à 20 minutes l’un de l’autre en voiture. Un système de navettes était également mis en place pour permettre aux festivaliers de rejoindre les enceintes facilement. Nous avons pour notre part privilégié les VTC (à partir de 10 euros/trajet, rentable dès 2 personnes !). Des boat parties étaient également proposées.

UNO a ainsi été le centre de notre festival. Le club proposait à peu près toutes les déclinaisons du label (Sondela, Glitterbox, Classic House Company). Nous avons également adoré la pool party à Café del Mar. Nager dans une piscine à débordement sur la mer, siroter un cocktail en écoutant de la House Music n’a nul équivalent dans le monde. Néanmoins, nous n’avons pas pu nous rendre à Fort St. Elmo, car la scène n’accueillait plus de festivaliers dès 16h. Ceci, en vue de protéger le site. Cela ne nous a pas empêché de profiter comme il se doit de notre aventure maltaise !

Côté scéno, rien à signaler de particulier. Celle-ci était minimaliste (les lieux étant loués pour la plupart, protégés pour Fort St. Elmo). Des écrans LED, banderoles et décorations estampillées Glitterbox ou Defected paraient les lieux. Les lights étaient répartis en quantité suffisante et le canon à CO2 a été sollicité les 3 jours durant. Seuls les Gorgon City ont bénéficié d’une scénographique spécifique, en raison de la sortie récente d’Olympia.

Une programmation 100% House

Une LU full House

Avant toute chose, il faut préciser que les événements Defected ne sont pas les plus mainstream en termes de line-up. La programmation s’adresse à une clientèle d’initiés, qui saura autant apprécier les dernières releases que de chanter Can’t Get Enough de Soulsearcher (1er morceau sorti par le label). Pour autant, la programmation de cette itération était clairement au-dessus de pas mal de festivals sur le marché. Pour cause, elle conjuguait habilement légendes du milieu à heavyweights du moment. Le tout, en mettant en avant les newcomers et les habituelles têtes d’affiche de Defected.

Ainsi, les sets étaient divers et variés, mais tous qualitatifs et uniques en leur genre. Ferreck Dawn, Gorgon City, Sam Divine, et autres Melé côtoyaient Kerri Chandler, Eats Everything ou encore David Morales. Un régal pour les aficionados de House, qui ont pu voyager dans le temps et dans les styles. Sans compter sur la présence de DJs rares en Europe (Harry Romero notamment !). Côté sets, leur unicité était affirmée, mais certains classiques revenaient d’un set à l’autre. Nous n’avons néanmoins pas boudé notre plaisir.

On sent que Defected Malta a pris exemple sur son expérience croate pour constituer ce line-up. Ce dernier pouvait ne pas être accessible au premier quidam. Mais une fois immergé dedans, celui-ci pouvait ressortir converti aux arcanes de la House.

L’ambiance

Glitterbox rappelle le message de la musique : inclusif, sans distinction quelconque.

Defected Malta se démarque encore une fois des autres festivals par son public. Il s’agit d’un public anglo-saxon, qui est bouillant et connaisseur. Sa moyenne d’âge est supérieure à la normale observée et se rapproche de celle d’un événement A State of Trance. Cette indication faite, nous pouvons tout de suite l’oublier. En effet, la communion entre jeunes et moins jeunes se fait sans souci. Ceci grâce aux hits House que tout le monde chante à tue-tête. Quelle joie de voir le public fredonner les paroles de Finally de Kings of Tomorrow lors du sunset, puis de se déhancher sur B.O.T.A. de Interplanetary Criminal !

Bon point également, c’est que nous retrouvions les mêmes têtes tous les jours. Cela conférait une atmosphère intimiste à l’événement, et renforçait notre sentiment d’être dans une bulle durant 72h.

L’organisation

Côté organisation, il faut dire que Defected maîtrise son sujet. Les bracelets étaient à récupérer à des endroits précis de la ville. Les points de collecte étaient ouverts à des horaires convenables pour pouvoir en bénéficier. A noter que si le festival s’étendait du vendredi au dimanche, récupérer votre bracelet le jeudi permettait d’assister à une superbe pre-party à l’hôtel Bora Bora … ! En outre, nous n’avons jamais attendu plus de 3 minutes pour quoi que ce soit. Qu’il s’agisse de rentrer dans le festival, commander une bière, ou pour acheter du merch… Côté prix, on est sur des standards UK, et nous avons trouvé ça raisonnable mais pas forcément accessible pour tous. Prévoyez un peu large pour profiter du festival comme il se doit.

Un vrai plaisir, qui s’explique par le fait que le festival était réservé à 4000 personnes seulement. Nous avions donc deux certitudes. La première était de bénéficier d’une fluidité quasi-constante dans nos mouvements sur site. La seconde, celle d’avoir à nos côtés des festivaliers fans du style Defected. Un cocktail gagnant, qui nous a clairement charmés. Par exemple, nous avons pu voir une Mainstage bondée sur le set de Sam Divine… mais moins remplie sur Gorgon City. En effet, le duo affrontait Kerri Chandler qui jouait sur une autre scène.

Aussi, le nom ne fait pas tout, et c’est peut-être l’un des plus beaux points de ce festival.

Nos sets préférés

Nous avons assisté à plusieurs sets, de styles différents. Nos oreilles ont été bénies par la House hédoniste revendiquée par le label au D majuscule. Nous en avons retenu certains qui ont été, selon nous, particulièrement remarquables.

Ferreck Dawn

Quelle progression de la part du Néerlandais ! Nous l’avions découvert sur Spinnin Deep en 2015. Force est de constater que Ferreck Dawn a pris une superbe envergure. S’il n’était pas le headliner de la pool party à Café del Mar, il a volé la vedette au moyen d’une prestation unique. Son set combinait ses dernières sorties avec des classiques et des morceaux vedettes du label.

Sam Divine

Idem, quelle évolution pour celle qui a commencé en tant qu’acheteuse/chineuse de vinyles, et dont la rencontre avec le crew Defected lui a octroyé son surnom de « First Lady of Defected ». La voix des podcasts du label est passée de host à véritable tastemaker. Pour preuve, elle a réussi à remplir la Mainstage pour sa performance. Par ailleurs, il s’agissait du set le plus fréquenté en termes de population. Cela s’explique par le fait que l’anglaise a une connaissance parfaite du catalogue Defected, et son rôle d’ambassadrice s’est juxtaposé sur sa qualité de productrice. Elle a joué un set exemplaire.

Melé

Nous étions déjà fans de la House tribale du liverpuldien avant d’assister (pour la première fois) à son set. Disons-le ouvertement : il s’agit là du set qui a le plus enflammé le UNO Malta. Le style inimitable de Melé a contribué à magnifier le Day 3 du festival. A l’instar de ce moment où Groove la Afrika et Pasilda ont retenti dans l’enceinte du club maltais. Melé a installé une ambiance comme rarement vue en festival, et tous les danseurs se déhanchaient au rythme des sonorités tribales et percussions de l’anglais.

Gorgon City

Aurait-il pu en être autrement ? Ils ont tout simplement rappelé à Malte qui ils étaient : l’un des dance acts les plus demandés du moment. Le duo a proposé un set ultra calibré, l’un des seuls qui a franchi les frontières de la House pour s’aventurer dans les tréfonds de la Techno et les confins de la Melodic Progressive. 2h durant lesquelles le temps s’est figé. Kye et Matt ont aussi joué les titres iconiques de leur carrière puis défendu les hits de leur album, ‘Olympia’. Ils ont fait un sans-faute.

Synthèse

House heads, si d’aventure vous voulez prendre des vacances en Octobre et profiter d’un festival 100% House, Defected Malta est fait pour vous. Une organisation au poil, une line-up chiadée ainsi que des lieux emblématiques de l’île ont fait de cette première édition un véritable succès. Nul doute que les équipes Defected ont pris note de cela, en vue de proposer une expérience encore meilleure les 6 et 8 octobre 2023, pour la deuxième édition du festival.

Un merci tout particulier à Valentine Baron, qui a été d’une aide précieuse dans le cadre de la couverture média de ce festival

Mino
Grooves endiablés et douceur mélodique rythment mes journées. Je passe également des disques avec l'équipe après les 39h.