Découvrez notre avis sur le premier album de la Swedish House Mafia

Un retour plus que laborieux

On risque de le répéter plusieurs fois, mais c’est un grand jour pour le monde de la musique électronique. La Swedish House Mafia d’Axwell, Sebastian Ingrosso et Steve Angello sort en ce vendredi 15 avril son tout premier album. Que vous soyez fan du trio ou non, les trois suédois auront véritablement marqué toute une génération dès leur arrivée sur le marché à la fin des années 2000. C’est avec un style très euphorique et fédérateur qu’ils auront réussi à imposer un genre alors très peu répandu à l’époque.

Leave The World Behind’, Miami 2 Ibiza’, ‘One’, ‘Save The World’, ‘Greyhound’, ‘Antidote’, ’Don’t You Worry Child’, en l’espace de quelques années et de quelques tracks, la Swedish House Mafia aura provoqué un véritable raz de marée dans la sphère électronique (et pas que). La Progressive House atteindra alors son point culminant et Axwell, Sebastian et Steve en seront les rois. Que ça soit ensemble ou bien en carrière solo, rien n’arrêtera la vague suédoise. Aujourd’hui encore, des morceaux comme ‘In My Mind’, ‘Calling’, ‘Reload’ ou encore Payback font véritablement office de références. 

L’annonce de la séparation en 2012 laissera un arrière-goût amer auprès des fans totalement désemparés. Où est donc passé l’album tant attendu ? Les années passent et sont rythmées par une succession de nouvelles modes, laissant la Progressive House orpheline… Jusqu’à ce fameux retour à Miami en mars 2018. Et après une succession de déceptions (tournée décevante suite à des annulations à répétitions, et des tensions internes peu dissimulées) une question se posait : qu’en est-il vraiment de la Swedish House Mafia ? Cette fragilité criante au cours des trois années suivantes, ainsi que les tentatives de produire de nouveaux sons pour définitivement relancer la machine SHM auront longtemps été infructueuses.

Passés chez SALXCO en début d’année, les suédois ont enfin trouvé une relation ou du moins un timing propice au lancement de leur deuxième carrière. Le groupe souhaite se mettre en danger, changer d’univers et faire peau neuve. Le premier album de la Swedish House Mafia est alors annoncé. ’Paradise Again’ sortira le 15 avril prochain

‘Paradise Again’, le paradis enfin retrouvé ?

Il était attendu, très attendu, ‘Paradise Again’ est sans doute un opus qui marquera quoi qu’il arrive l’histoire de la musique électronique. En ayant choisi un naming pareil, la SHM semble finalement être en paix, semble s’être retrouvée, semble finalement de retour. 17 titres composent l’album pour un total d’un peu plus d’une heure de musique, voilà qui devient rare de nos jours et d’autant plus appréciable. Malgré une liste de guests assez restreinte, l’ensemble reste finalement très qualitatif. The WeekndA$AP Rocky, Sting ou encore la talentueuse 070 Shake se partagent donc l’affiche aux côtés de Seinabo Sey & TY DOLLA $IGN.  

Nous avons eu le privilège de pouvoir écouter en avance et autant vous dire que nous étions assez nerveux en ouvrant le lien. On ne sait pas trop à quoi s’attendre à la suite de ces derniers mois. Vont-ils une nouvelle fois décevoir ? Surprendre ? Bref il est 2h37 du matin, le premier titre se lance, nous voilà au paradis, encore. ‘Time‘ nous plonge immédiatement dans le bain avec un excellent morceau opening. Une certaine nostalgie se dégage clairement de ce superbe vocal. « Takes time to know where you heart is at », oui, les choses prennent du temps, mais la SHM est bien là, et ce premier titre est une belle réussite. 

On ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour ‘Don’t You Worry Child’ à l’écoute des premières notes du second morceau ’Heaven Takes You Home’. C’est une nouvelle fois très mélodique et tapant dans les émotions. Finalement assez loin de ce que nous avaient proposé les suédois jusqu’à présent depuis leur retour. Le vocal angélique de Connie Constance est une véritable merveille. On comprend très vite pourquoi Sebastian Ingrosso l’a annoncé comme son morceau favori de l’album. L’esprit Swedish House Mafia découle parfaitement de cette splendide production. 

On retrouve Jacob Mühlrad, auteur de l’incroyable ‘One Symphony’, sur ‘Jacob’s Note’ qui sert principalement d’introduction pour ‘Moth To A Flame’ qu’on ne présente plus. On a en revanche, quelque peu du mal à se laisser embarquer par ‘Mafia’ qui marque une rupture radicale avec ce début d’album enjoué. Ambiance résolument dark, presque glauque et surtout très cyberpunk dans l’approche. Moui, pourquoi pas. ’Frankenstein‘, que l’on avait découvert à l’Ultra Europe en 2018, est un mix des genres très intéressant. Les avis divergent dans la team, et ce, malgré les quelques modifications apportées depuis. Le flow d’A$AP Rocky en revanche colle ici toujours parfaitement à cette production hybride. 

Changement de registre avec ‘Don’t Go Mad’ qui nous renvoie directement dans les belles années de la french touch. Groovy, oldschool dans l’approche, et redoutablement efficace, cette production est un véritable banger. On retourne 15 ans en arrière avec cette fantastique mélodie nous rappelant la légendaire ‘Nothing But You’. Le morceau reste en tête et semble être parti pour être l’une des prochaines sorties du trio. ‘Paradise Again’, ‘Home’ et ’19.30’ se caractérisent comme des titres interlude, plus expérimentaux, parfois cinématographiques comme pour ‘Paradise Again’ notamment. Comme pour ‘Mafia’, on salue l’initiative, mais on se laisse difficilement emporter.

Lifetime’ semble tout de suite plus logique dans sa DA dans l’univers de cet album. ‘Calling On’ est le seul morceau de l’album non co-produit avec Desembra mais avec l’un des meilleurs artistes du moment : Fred Again. On était très curieux de voir ce qu’allait donner une telle collaboration entre ces univers pourtant différents. Et bien les frissons sont de sortie mes chers amis ! C’est prenant du début à la fin et le build up amenant sur le deuxième drop est une véritable merveille qui vous fera monter au paradis, encore ! Clairement un de nos titres coup de coeur.

Nouveau changement de registre avec cet enchaînement ‘It Gets Better’, ‘Redlight’ ‘Can U Feel It’. Et si la véritable DA de l’album ne se jouait pas ici ? On augmente le tempo, on éteint les lumières, on branche les néons et on sort les lasers. ‘It Gets Better’ sonne finalement parfaitement à sa place dans cet album rompant quelque peu la confusion qui régnait lors de sa sortie. ‘Can U Feel It’ est absolument monstrueuse. La puissance du kick sur le premier drop déboîte absolument tout sur son passage. Pas de doute, au vu de la clarté de celui-ci, on est bien face à une production de la Swedish House Mafia. Ça tape comme il faut, là où il faut, on se régale enfin à taper du pied. 

La fin de l’album approche désormais à grands pas et ‘Another Minute’ sonne déjà comme un début de conclusion. 070 Shake au vocal réalise une performance absolument remarquable et nous prend aux tripes. Malheureusement, le morceau ne décolle jamais au point de prendre une ampleur qu’il aurait mérité d’avoir. Le morceau se termine brutalement et nous voici déjà au 17e et dernier morceau de Paradise Again. 

For You’ se lance, et quelque chose se passe dès les premières secondes. On écoute, on ne bouge plus, on sent son cœur battre (plus que d’habitude), les poils se lèvent, le souffle est coupé. Le coup de cœur est donc immédiat. Quel bijou, mais quel bijou ! 5 minutes 22 d’émotions pures et dures. Il se dégage une certaine sensibilité, une poésie, un sentiment, un amour, une rupture, une passion de ce titre qu’on ne saurait le décrire plus qu’on ne le fait actuellement. Quelle conclusion. Quelle outro. Merci messieurs. C’est aussi pour ce genre de production bouleversante qui fait que la Swedish House Mafia est ce qu’elle est.

Qu’en retenir ?

Il est vrai qu’on ne savait pas vraiment à quoi s’attendre avec la sortie de cet album. La pression était si importante sur les épaules de nos trois suédois. Un premier album est quelque chose qui marquera à jamais, encore plus lorsque l’on se nomme Swedish House Mafia. Mais alors que proposer pour rester crédible auprès des fans de premières heures tout en montrant une nouvelle facette aux curieux. Comment trouver cette maturité tant recherchée ? Après plusieurs jours d’écoute, le résultat de ce grand retour est plus que satisfaisant dans l’ensemble. La fausse route est écartée et on approuve cette belle prise de risque.

Paradise Again’ dégage du très très bon, mais également du moins bon. L’ensemble est excellemment bien produit, les productions sont lisses, peut-être un peu trop pour que l’album ne s’emballe et prenne une véritable ampleur. Certains titres auraient mérité un traitement différent pour véritablement marquer les esprits. Plusieurs DA se croisent au sein de l’album rendant l’ensemble parfois assez confus. On arrive parfois à se poser la question suivante : quel est le nouveau style de la Swedish House Mafia ?

Il manque une touche forte et moins aseptisée, contrôlée pour découvrir la véritable identité de cette nouvelle SHM qu’on trouve malgré tout mûrie et très agréable à écouter. Ce n’est pas un album taillé pour les festivals comme beaucoup pourrait le penser, ou l’espérer. C’est le genre d’opus à écouter plusieurs fois pour comprendre et apprécier l’univers dévoilé. On finit par découvrir un album somme toute de grande qualité avec notamment quelques excellents morceaux. Le but ici est de mettre le passé de côté sans pour autant l’oublier. On ne pourra qu’apprécier en plus ce voyage proposé depuis la Suède jusqu’aux portes du paradis qui semble désormais plus que jamais, de nouveau ouvertes.

« Paradise Again » – Swedish House Mafia

Ruben
You'll see me crying while dancing.