Focus : Defected Records, le label House qui a survécu au boom EDM

La vie des labels peut prendre de nombreuses directions. Aujourd’hui au cœur de l’actualité, Defected Records impressionne et se positionne en acteur majeur de la remontée de la House parmi les styles les plus prisés du marché électronique actuel. Cette forme ascendante, peu l’auraient envisagé il y a quelques années encore, et cela malgré plus de 20 ans d’existence pour la maison. Le magazine Billboard revient sur ce parcours aussi glorieux que mouvementé au sein d’une interview avec son boss et fondateur Simon Dunmore.

Lancé en 1998 par Dunmore, auparavant DJ et A&R pour le label AM:PM, Defected a rapidement profité du paysage musical britannique particulièrement fertile, porté par une scène club dynamique et une bonne exposition de la House et de la Dance Music en général sur les radios nationales.

Dès sa première année d’exercice, Defected Records place 8 titres dans le Top 40, et c’est en 2001 que le label initialement financé par le Ministry of Sound obtient son premier titre #1 des charts du Royaume-Uni avec « Another Chance » de Roger Sanchez. Defected aura ainsi vu passer des noms tels que ATFC, Bob SinclarDennis Ferrer, Inner City ou Mark Kinchen (MK) au sein de ses rangs durant de fructueuses années.

« Il y a eu des moments où nous ne sommes pas passés loin de faire banqueroute »

Malgré une excellente santé tout au long de ses premières années, un phénomène massif a frappé l’ensemble de l’industrie sans épargner Defected. Au tournant dans années 2010, ce que l’on appelle désormais le « boom EDM » a profondément bouleversé le paysage électronique, attirant un public nouveau et massif notamment en Amérique du Nord. Cette évolution a fortement favorisé le développement de genres tels que la Big Room ou la Dubstep pour ne citer qu’eux, dont les styles s’opposent radicalement à celui de Defected.

Le label a ainsi vu son activité connaitre un net recul, tandis que la plupart des producteurs délaissaient la House traditionnelle de Defected afin de rejoindre des mouvements plus prometteurs.

« Les artistes qui signaient chez nous ont soudain commencé a produire des titres pour les sortir sur le label d’Axwell, ou ceux sur lesquels ils voulaient s’identifier. »

Cependant, Simon Dunmore explique qu’en laissant passer l’orage et en restant fidèle à son concept d’origine, Defected a réussi à survivre et même à resurgir sur le long terme. Malgré leur succès, les nouvelles tendances n’auront pas totalement éliminé le public House, et tandis que nombreux désertaient le navire, la persistance et la cohérence de Defected s’est vue récompensé par un lien renforcé avec sa communauté, que ce soit pour les fans ou les artistes restés fidèles au style Defected.

Autre point positif du boom EDM sur le long terme, on peut observer que la plupart des jeunes qui ont découvert l’univers électronique durant cette période sont désormais ceux qui peuplent les events Defected, analyse malicieusement Dunmore.

Cette perte relative de visibilité et de revenus n’a pas empêché Defected de poursuivre une direction artistique authentique, avec les sorties notables du remix de Solomun pour « Around » de Noir & Haze ou encore celui de Larse pour Candi Staton. Cette volonté de persister se concrétise par le rebrand visuel et esthétique du label en 2013 par Trevor Jackson pour le 15ème anniversaire de Defected.

La renaissance progressive du label se confirme pleinement en 2017 avec la sortie du mega-hit « Cola » de Camelphat et Elderbrook. Avec des centaines de millions de streams et une nomination aux Grammy Awards, ce succès cinglant est vital pour un label tel que Defected, qui se doit de scorer un hit tous les deux on trois ans afin de pouvoir réinvestir les revenus générés dans de nouveaux talents, staff et infrastructures. Un titre comme « Cola » permet d’autre part de prouver la force de frappe du label auprès des producteurs pouvant être tentés de signer chez ce dernier.

Vingt ans après son lancement, Defected est encore debout et semble plus puissant que jamais. Plus qu’un simple label, c’est un véritable univers qui s’est créé autour de la marque, avec le développement de plusieurs sous-labels tels que Glitterbox et DFTD, de radioshows, d’un merchandising fructueux et d’une présence sur de nombreuses soirées et festivals à l’image de Defected Croatia et Defected London.

Simon Dunmore reconnaît lui-même traverser une période faste, et malgré que la saison à Ibiza ait été rude pour beaucoup de clubs et d’hotels, le boss du label affirme s’en être très bien sorti pour  sa part. Au delà de l’événementiel, Defected a scoré 5 titres au top #1 Beatport global depuis juillet, dont le désormais viral « Joys » de Roberto Surace qui aura résonné à Ibiza tout l’été.

Retrouvez l’interview de Simon Dunmore pour Billboard dans son intégralité ici.

do not reuse
Simon Dunmore

AGZ