Récap : Tchami à l’Olympia

Hier était un grand jour pour Martin Bresso, aka Tchami. Comme tout artiste français, se retrouver avec son nom inscrit avec les célèbres lettres rouges sur la façade de l’Olympia est un très bel accomplissement que peu d’artistes de musique électronique français ont atteint. Dernièrement, on peut penser à Michael Canitrot et sa soirée So Happy In Paris, Fakear ou évidemment DJ Snake en début d’année. Cela reste donc un fait rare et une étape majeure dans la carrière de Tchami qui le marquera à coup sûr. Du coup, comme pour toute grande occasion, la majeure partie du milieu de la musique électronique française s’était réuni pour assister aux Confessions du prêtre Tchami : on pouvait croiser dans la salle parisienne des artistes comme Klosman, Tony Romera ou encore les Lumberjack, mais aussi les équipes de Fun Radio, sur place pour une première mondiale, une interview de Tchami après son concert. Les Moksi ont aussi été aperçus. Petit retour sur cette soirée qui va probablement autant marquer Tchami que son public du soir.

La salle / la scène

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L’Olympia, peut-être la salle parisienne la plus connue, qui a vu passer des artistes du monde entier, tout le monde connait, pas la peine de vous faire l’affront de vous la présenter à nouveau. La salle du boulevard des Capucines s’était pour l’occasion parée de 6 belles grands lettres rouges qui frappent dès que l’on arrive sur les lieux : T C H A M I. Voilà bien 6 lettres qu’il était difficile d’imaginer là ne serait-ce qu’il y a deux ans et qui montre la belle progression de la carrière du français. L’Olympia qui pour l’occasion n’affichait pas la queue interminable qu’on lui connait habituellement. L’entrée était quasi immédiate, ce qui pouvait paraitre inquiétant au premier abord et laisser penser à un évènement vide, cela n’a finalement pas été complètement le cas on va y revenir.

La scène de l’Olympia était pour le coup équipée assez simplement en terme de quantité d’équipements. Peu de jeux de lumières, pas d’effets pyrotechniques, quelques canons de CO2 au final utilisés assez rarement. Une scène qui peut paraitre assez sommaire au premier abord mais cela n’a pas été gênant loin de là. Pour le warm up de Malaa, elle s’articulait essentiellement autour de 3 panneaux à LED rectangulaires posés sur la largeur derrière l’artiste cagoulé. Les écrans diffusant des visuels assez sommaires pendant son set. Mais c’est un warm up donc il est normal de ne pas en prendre plein les yeux immédiatement et la scène faisait bien son taff.

On est vraiment rentrés dans le vif du sujet visuellement pour le set de Tchami. Encore une fois, en terme de nombre d’équipements, ça restait assez simple, mais alors en terme d’atmosphère ressentie c’était vraiment atypique et magnifique. Les quelques écrans à LED placés derrière Malaa avaient laissés place à 5 grands écrans en forme de vitraux de cathédrale, placés eux-mêmes devant des rangées d’environ 6 lyres. La régie de Tchami affichant aussi des visuels pour un rendu d’ensemble vraiment saisissant. De la fosse, on avait vraiment l’impression d’un prêtre en train de célébrer une messe dans une cathédrale. Avec ces magnifiques visuels de vitraux en plus, le rendu d’ensemble était vraiment exceptionnel et original pour une soirée électro. Félicitations pour cette scénographie parfaitement travaillée en accord avec le personnage de Tchami.

Le public / l’ambiance

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Crédit Photo 📷 @EvaVolle

L’ « avantage » avec Tchami, et on insiste bien sur les guillemets, c’est qu’il n’est pas encore une superstar au même titre que son camarade du crew Pardon My French DJ Snake. Ainsi, on peut être sûr que le public qui se rend à ses événements est un public adepte de son son et connaisseur, pas un public qui va grimacer en se prenant son premier ‘Ocho Cinco’ dans la figure alors qu’il attendait ‘Lean On’. Cela s’est vérifié avec une ambiance qui est montée crescendo au fil du warm up de Malaa et qui faisait plaisir à voir pendant la performance de Tchami. Toute cette foule tapait volontairement des mains au rythme des tracks, sautait sur les drops les plus énergiques, chantait les morceaux les plus connus.

Superbe ambiance rien à dire, et ambiance d’autant plus appréciable que Tchami n’a pas besoin de faire le showman au micro pour entrainer son public. C’est un artiste qui dégage naturellement un calme et une humilité évidente, tout en ayant une vraie présence scénique impressionnante sans avoir besoin d’en faire des caisses derrière sa régie. Et ça c’est un vrai talent aussi.

La seule inquiétude qu’on pouvait avoir en début de soirée concernait le remplissage de l’Olympia. En effet, au début du set de Malaa, la fosse n’était qu’à moitié pleine. Elle a fini par se remplir progressivement pour être aux 3/4 pleine pour le set de Tchami. Ça laissait au final de la place pour respirer et danser, ce qui n’était pas désagréable, et surtout ça ne s’est pas ressenti sur l’ambiance dans la salle. Tout cela montre que malheureusement ce n’est pas si facile que ça de remplir une salle de concert.

Les sets

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La soirée s’est donc ouverte sur une première partie qui était presque aussi attendue que la tête d’affiche : le mystérieux Malaa, qu’on aimerait lui aussi voir plus souvent dans l’hexagone. Sa notoriété est elle aussi en pleine croissance, preuve en est sa récente tournée nord américaine dont il était la tête d’affiche, en compagnie de l’artiste canadienne Rezz. Le cagoulé du crew PMF nous a délivré le set qu’on attendait de lui. Un savant mélange de House, Tech House et Bass House, pour un univers toujours assez sombre faisant la part belle à la bass. Tous ses titres les plus connus y sont évidemment passés, de ‘Notorious’ à ‘Diamonds’, mais aussi un remix du ‘Ocho Cinco’ de Snake et Yellow Claw qui a réveillé la foule d’un coup ainsi que plusieurs autres nouveautés croustillantes. Car il faut avouer que si le niveau d’ensemble du set était vraiment très bon, naviguant entre plusieurs composantes de la House, l’univers de Malaa peut paraitre monotone au bout d’un moment. Ajouté au fait que le niveau sonore manquait de puissance à ce moment là, ça manquait parfois de plus de patate. C’était néanmoins une bonne entrée en bouche à Tchami.

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L’univers musical de Tchami a pas mal évolué depuis ses débuts. D’abord fer de lance d’une Future House très funky et dansante, on le voit depuis un moment s’orienter aussi vers des sonorités plus sombres et crades, à l’image du catalogue de son label Confession, qui fait parfois dans le très expérimental. On a eu droit hier soir à vraiment tout l’éventail de l’univers de Tchami, qui nous a fait voyager à travers toute sa carrière et ses influences. Du catalogue Confession à foison évidemment, avec du Dombresky, du Malaa évidemment, du Loge21… Surtout du Loge21 ! ‘Drop That’ et leur prochaine ‘Flip The Funk’ sont toujours des énormes claques en live. C’est toujours un plaisir également de savourer quelques notes du classique ‘Pjanoo’. Mais Tchami est aussi allé chercher dans ses premiers succès avec les inévitables remix de ‘Go Deep’ et ‘You Know You Like It’ qui l’ont fait connaitre et qui sont toujours aussi jouissifs, mais aussi ‘After Life’, ‘Shotcaller’, ‘Turn It Up’ ou ‘Untrue’. Les deux derniers enchainés juste après les passages de sa fameuse chorale gospel qui ont été les clous de la soirée. Toujours dans son univers de cathédrale, la présence de ces chanteurs a été un vrai bonheur pour les oreilles mais aussi pour les yeux avec leur énergie ultra communicative sur scène.

En conclusion, Tchami a su délivrer un show à son image. Tout en efficacité et en discrétion, on a même eu l’agréable surprise de le voir prendre le micro à la fin pour remercier son public. Une ode à la House sous toutes ses formes, un univers scénique qu’on ne voit qu’avec lui, et une technicité de mix vraiment rare sur le marché pour un set vraiment très dynamique sans vraie coupure et qui a su nous surprendre plus d’une fois avec des cuts qu’on ne voyait pas venir. Pour tout ça, il n’y a que deux mots simples à ajouter : merci Tchami !

Bulbi