Relocaliser le métier de DJ en France pour réduire l’empreinte carbone ?

La scène musicale électronique mondiale pollue. Elle pollue vraiment beaucoup. Elle pollue assez pour que des organisateurs français, artistes, collectifs, techniciens … songent à entamer des actions inédites. C’est ce que rapportent nos confrères de Tsugi dans cet article. En effet, un rapport émanent de Clean Scene fait état d’une émission mondiale 35 000 tonnes de CO2 de la part de la scène électronique. La source des chiffres de cette étude est malheureusement invérifiable, même si la méthodologie expliquée reste correcte, alors on encourage nos lecteurs à redoubler de vigilance quant à leur véracité, en rajoutant aussi que cette étude n’est pas validée dans un comité de lecture en vue d’une publication scientifique officielle (on en parlera plus en détails lors d’un prochain Dossier). « CEPENDANT ! », comme dirait Humble Bundledore, nous pouvons lui donner le gage de bonne volonté d’alerter sur le phénomène.

Source : Clean Scene

Il n’empêche que des associations comme La Sphère Electronique, Le Collectif des Festivals, le Festival Astropolis , Music Declares Emergency France et bien d’autres lancent le projet fou de réformer les codes de la vie festive française. Comme l’écrit nos formidables collègues de Tsugi, « Les participants [à cette consultation] seront conviés à une première visioconférence fin avril pour déterminer ensemble les modalités concrètes de cette expérimentation. Un groupe de travail pionnier sera ensuite créé pour développer cet outil. ». Parmi les thèmes proposés, on y trouve le regroupement des artistes internationaux afin de prendre en charge de façon commune « leur cachet et hébergement » en faisant en sorte qu’un maximum de lieux en France puisse les accueillir pendant une période donnée, avec une véritablement optimisation des déplacements, « faire d’autres dates dans les régions avoisinantes en se déplaçant en train plutôt qu’en avion.« ; et on aborde aussi le cas des artistes frontaliers / nationaux / locaux qui pourraient bénéficier du réseau créé par cette initiative pour pouvoir jouer dans un nombre de lieux définis, avec une optimisation, là encore, de leurs déplacements en train.

Gare de Limoges, pour illustrer les trains. Comprenez-vous ?

Cette initiative peut alors déboucher sur un gestion inédite du spectacle en France, prenant enfin en compte le climat dans l’équation. On peut également se poser la question sur les gros festivals français comme l’EMF, l’E-Wax, I Love Techno ou l’EPK … Seront-ils de la partie si jamais cet ensemble de règles se concrétise ? Car oui, ces contraintes environnementales vont peser dans les décisions internes de ces grands groupes. Les questions qui nous viennent avec une tel projet peuvent alors être alors :

Va-t-on assister à une relocalisation de métier de DJ en France ? Car environnementalement parlant, un artiste local coutera « climatiquement » moins cher à un festival que Don Diablo par exemple. Un Adam Beyer sera bien plus polluant que Laurent Garnier, ou Dirty South le sera plus que Pete K. Jusqu’à quel point, au nom du climat, les organisateurs d’événements de musique électronique vont-ils faire l’effort de booker des artistes français venant en train plutôt que des DJs internationaux venant en avion ? Et comment évaluer en amont la non-émission carbonique de ces décisions ? Peut-on alors imaginer un « quota carbone » physiquement mesurable pour clubs et festivals ? Les questions et décisions hypothétiques seront éminemment politiques, quelle que soit l’administration derrière. Mais les mettre enfin sur la table est une initiative à saluer et à soutenir.

No Music On A Dead Planet