Chaque été, Lyon devient l’écrin d’un rendez-vous culturel à la fois prestigieux et singulier : Les Nuits de Fourvière. Fondé en 1946, ce festival pluridisciplinaire investit les sites antiques de la colline de Fourvière, notamment le théâtre romain et l’Odéon. Il mêle avec finesse théâtre, danse, cirque, cinéma et musique. Tout cela en misant sur une programmation à la fois populaire et exigeante.
Les Nuits de Fourvière, un rendez-vous exceptionnel à Lyon
Depuis près de 80 ans, Les Nuits de Fourvière ont accueilli des artistes d’envergure internationale, tous styles confondus. On y a vu passer Radiohead, Nick Cave, Massive Attack, PJ Harvey, Thom Yorke, The Smile, Ben Harper, Stromae, ou encore Arctic Monkeys. Du côté de l’électronique, le festival a notamment reçu Laurent Garnier, Agoria, Rone, Vitalic, Bonobo, Justice. Et surtout dans des formats souvent pensés pour sublimer l’expérience live.
L’édition 2025, qui s’est déroulée du 2 juin au 26 juillet, n’a pas dérogé à la règle. Avec plus de 140 représentations tous formats confondus, dont près de 40 concerts, elle a confirmé l’équilibre délicat entre tradition artistique et ouverture contemporaine. Le tout dans une ambiance intimiste et immersive. Et c’est d’ailleurs ce qui fait toute la particularité de ce festival à part dans le paysage culturel français!
Une programmation musicale audacieuse et ouverte à l’électro
Bien que résolument pluridisciplinaire, Les Nuits de Fourvière accordent une place croissante à la musique électronique… Notamment dans ses formes les plus audacieuses! Cette année encore, plusieurs artistes ont marqué les esprits par des prestations électro de haut vol.
Dès le 10 juin, le toujours imprévisible Marc Rebillet a électrisé le théâtre antique. Un live mêlant improvisation vocale, groove spontané et humour absurde. Puis, le 21 juillet, le public a assisté à un véritable événement : la venue de Kraftwerk. Pionniers absolus de la musique électronique, les Allemands ont livré un show audiovisuel millimétré, mêlant projections 3D, vocodeurs rétrofuturistes et rythmiques mécaniques devenues cultes. Mais c’est sans doute le 25 juillet, avec Gesaffelstein, que l’électro a atteint son point culminant. Et nous vous proposons de revivre cela en détail dans la suite de ce récap !
Gesaffelstein, une carrière plus que remplie
Sa carrière est jalonnée de collaborations majeures. The Weeknd (« Lost in the Fire », « Hurt You »), Pharrell Williams et aussi Lady Gaga sur Mayhem, en plus de plusieurs EP ou projets comme Novo Sonic System (2019) ou TW2052 avec KayCyy (2023). Mais c’est bien avant ça, peu après 2010, qu’il a été révélé au grand jour, grâce à ses titres solos, créés dans un univers totalement unique. On notera Opr et Pursuit, repris de nombreuses fois à la télévision et au cinéma. Ainsi, en 2025, Gesaffelstein est loin d’être seulement un producteur studio. Il incarne une expérience live radicale et immersive, magnifiée par son univers visuel et sonore.
Au printemps 2024, Gesaffelstein révélait Gamma, son troisième album solo. Ce projet marque son retour après un silence chronique de cinq ans, et fait le lien avec sa patte Techno industrielle emblématique. En 2025, il a embrayé sur une tournée baptisée Enter The Gamma, confirmant dans plusieurs grands festivals (Ultra Miami, EDC Las Vegas) l’ampleur de sa présence live mondiale. En France, il s’est produit notamment à We Love Green (7 juin) et au festival Beauregard (5 juillet). Et le voilà de retour dans sa ville natale, 3 semaines plus tard.
Une scénographie millimétrée
Pour démarrer cette soirée, nous avons retrouvé le DJ producteur français The Hacker aux platines. Un set de 45 minutes parfait pour se mettre en jambes et se plonger dans l’univers Techno. Véritable vétéran de la scène, on a adoré redécouvrir certains de ses classiques des années 2000, comme Flesh & Bone. Mais nous avons aussi fait de belles découvertes, avec Turborave, l’un de ses récents titre, ou bien Waving Man de Djedjotronic.
La nuit tombe, et la scène se met en place. Tout est millimétré, et la rapidité d’exécution est assez impressionnante : un grand bravo à l’équipe technique ! On se retrouve face à un grand escalier, avec au bout, quelques piliers, et bien sûr, des cristaux. Le tout, en noir. L’aspect brillant de l’entièreté de la scène nous donne tout de suite une certitude : les lumières et lasers vont clairement nous épater !
Le prince noir a voulu remettre les pendules à l’heure
Le prince noir débarque, avec une aura digne des plus grands showmans. On va essayer de ne pas dire de vulgarités, mais… BORDEL, quelle claque ! Le producteur lyonnais, enfin de retour chez lui, a offert un show dense, sombre et cinématographique, à l’image de son esthétique unique. Une performance radicale, à la fois sensorielle et hypnotique. Gesaffelstein ne nous laisse pas une seule seconde de répit, et enchaîne les morceaux Techno les plus sombres de son répertoire. Le tout, avec une élégance tout bonnement exceptionnelle.
Les jeux de lumières sont mûrement réfléchis, les lasers ricochent sur chaque paroi, les yeux du prince noir nous intriguent : le show est tout simplement dingue. Étonnamment, nous n’entendrons pas sa collaboration avec Lady Gaga, ou même les autres titres qu’il a produit pour elle. Même chose pour The Weeknd, un seul titre sera joué, et uniquement la version instrumentale… Avant de retourner dans des morceaux gras. Sa mission était claire : tout casser ! Et bien sûr, la foule est en délire à l’arrivée de ses classiques Pursuit, OPR ou Viol.
Mais globalement, on a rarement vu autant d’énergie pour un show live. Merci pour ces 1h15 de pur plaisir, ô prince noir !
