3 ans après notre dernier Grand Angle, et la sortie de la Magic Tape 100, Stephen Fasano, plus connu comme The Magician, a atteint aujourd’hui un point de maturité. Présent sur la scène depuis plus d’une décennie, le Belge avait annoncé son premier album et ainsi laissé place à une excitation certaine. Depuis le lancement de sa carrière solo en 2009, l’auteur du remix de I Follow Rivers a enchaîné les hits (Jalisco, Sunlight, You & Me), en plus de continuer son format Magic Tape et de gérer son label, Potion Records. Plus qu’un DJ/producteur, The Magician est un réel trendsetter.
Aussi, la sortie ce 8 novembre 2024 de l’album « VOYAGE« , son tout premier, est évocatrice : Stephen Fasano propose de nous emmener avec lui à travers un trajet auditif résumant ses 25 ans de présence et d’influences sur la scène musicale électronique.
Une ode à ses origines
Premier constat frappant après la première écoute de ce 14 titres : The Magician est demeuré fidèle à ses influences. Entre Indie, Italo-Disco, 80-90s Electro Pop et House (avec un accent très French Touch), le Carolorégien s’est plu à composer un album délicat et esthétique.
Délicat, dans la mesure où ses collaborations avec Sofiane Pamart et le producteur Samaran ont permis de forger l’identité musicale globale de Voyage.
Esthétique, car l’on remarque instantanément la beauté des sonorités et des paroles. En sus, bien évidemment, des illustrations de l’album, signées Werlen Meyer Studio. On le sait : Stephen Fasano a toujours conjugué musique et art visuel afin d’offrir la meilleure expérience possible à ses fans et auditeurs.
On le sent par ailleurs dès l’intro TOGETHER : un côté Vladimir Cosma se dégage, avec une ballade italo très marquée. S’ensuit SUPERFLY, premier « réel » morceau en featuring avec Bipolar Sunshine. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est diablement catchy. Entre la touche très 80s du synthé, le côté Electro-Pop vintage assumé, et le refrain, c’est un superbe début. Le hit est déjà assuré.
On passe ensuite à KNIGHTS OF HEAVEN, qui a fait office de morceau promotionnel avant la sortie de l’album. The Magician a, pour l’atmosphère de ce titre, voulu rendre hommage aux bandes originales des super-héros de son enfance : ce qui donne un morceau assez épique dans sa composition, très cinéma-compatible.
Ce qui se rapproche des propos qu’il nous tenait déjà en 2021 … NEVER ALONE réinsuffle un côté plus dance à l’album, avec un titre entre House et Pop. La prestation vocale d’Alioth donne un côté très optimiste, et ce refrain, fédérateur, vous restera en tête.
On enchaîne avec le titre éponyme : VOYAGE. Le tempo est ici plus lent, comme pour prendre le temps de regarder à travers la vitre et de contempler le paysage qui s’offre à nous lors de cette épopée. Les influences rétro/italo sont encore plus marquées, selon nous, sur ce titre de plus de 3 minutes qui passe si vite, qu’on se le remet juste un peu, ayant un petit goût de « reviens-y ». L’album fait une escale par l’Amérique, avec USA.
Pour l’occasion, The Magician a convié Jake Shears, le chanteur de Scissor Sisters, afin de dérouler un superbe titre Italo/Disco. Notre véhicule musical embarque ensuite sur MELODIC AVENUE, en collaboration avec NAMPA, un titre Italo au tempo plutôt lent mais qui respecte à la lettre les codes du genre : vocal filtré, synthés old-school, chant permanent. Le seul anachronisme que l’on peut repérer est que The Magician et NAMPA semblent s’être inspirés de Busy Earnin de Jungle sur la fin du refrain. Un bel hommage, qui fait le pont entre deux périodes distinctes.
L’interlude CHILDHOOD ressemble à un plongeon, durant le voyage, dans les souvenirs du producteur, avec cette mélodie inspirant la nostalgie. Les effets vocaux d’enfants derrière permettent d’ailleurs une immersion totale … avant un retour à la réalité. Benvenuto in Italia ! Stephen Fasano nous propose Estate 1997 IN ITALIA (été 97 en Italie). Le morceau respire la dolce vita et l’art de prendre son temps.
Quoi de mieux, encore une fois, que de l’italo-disco avec un vocal en italien de Phra, pour transmettre ce message et ainsi honorer ses origines ? Nous adorons le morceau, qui réussit à mettre l’italo sous les projecteurs en 2024, sans dénaturer le genre.
On passe ensuite à MYSTERY, le titre en collaboration avec Boy Matthews, lequel est le single de l’album. On comprend pourquoi : on retrouve la patte radio-compatible de The Magician, avec un vocal entraînant et lancinant accompagnant une production très catchy. LIFE OF THE PARTY, qui prend la suite, est dans la même veine. Le résultat demeure le même : des titres que l’on se plaira à reprendre à tue-tête, tant ils constituent des odes au lâcher-prise.
La fin de l’album est marquée par un virage très cinématographique dans sa conception. Un peu comme si un filtre 16/9 entourait subitement votre vue. OUTLAND ralentit le tempo, encore une fois, pour nous laisser le temps d’apprécier encore plus le voyage sur ses dernières minutes.
Entre changements de pitch, d’instruments, adjonction d’effets, et solo de piano mélancolique à la fin, on sent bien que le voyage touche à sa fin. C’est ainsi que se lance BELONG, qui adopte des allures de track rock, (avec une influence très typée Depeche Mode) qui pourraient parfaitement composer le générique d’une série US.
Néanmoins, le voyage a atteint sa destination. Les crédits de fin défilent, avec en arrière-fond ce que sait faire de mieux Stephen Fasano : de la magie. THE MAGIC est la soundtrack de ces crédits de fin, et pour les sublimer, The Magician a fait appel à Sofiane Pamart, ainsi qu’à la jolie voix de Romuald, afin d’enchanter un peu plus ces ultimes secondes, et laisser des paillettes dans nos vies. Le tout, pour que nos cœurs battent au même rythme que celui que l’on perçoit subrepticement dans les dernières secondes du morceau
Un périple en première classe
14 titres, 42 minutes. C’est peut-être un peu court, mais que la pérégrination est jouissive ! The Magician a souhaité nous emmener dans son univers, entre influences passées et présentes pour nous sortir de notre quotidien. Les collaborations de prestige sur l’album, son identité sonore, ainsi que son homogénéité font assurément de VOYAGE l’un des albums de cette fin d’année.
25 ans après le début de sa carrière, The Magician délivre donc un premier album studio qui respire le projet chéri et couvé de la première à la dernière minute. Cette générosité se ressent lors de l’écoute, et nous enveloppe chaleureusement. On vous invite donc à attacher vos ceintures, prendre place confortablement dans vos sièges, et vous laisser attirer par ce formidable trip.
