Ce mercredi 13 décembre 2023, le gouvernement annonçait la mise en place d’une taxe appelant à la « contribution des plateformes de streaming« , dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024. Souhaitée par Emmanuel Macron et annoncée lors de la fête de la musique le 21 juin dernier, cette taxe entrera en vigueur en 2024. En ligne de mire, Apple Music, Amazon Music. Plus particulièrement, ce sont Spotify et Deezer qui sont concernés, dont le modèle économique repose exclusivement sur le streaming musical. Cette taxe s’élévera à 1,75% du chiffre d’affaires de ces plateformes.
« Spotify désinvestira la France »
Antoine Monin, DG de Spotify France, était au micro de France Info et déclarait que ‘L’adoption de cette taxe est vraiment un coup dur porté au secteur de la musique‘. Pour Antoine Monin cette taxe est ‘une monumentale erreur stratégique qui va à l’encontre des enjeux de souveraineté économique, culturelle et technologique européenne’. Pour l’instant, il n’a pas annoncé comment l’entreprise réagira et décidera d’absorber cette taxe. Mais selon lui, ‘Spotify désinvestira la France et investira sur d’autres marchés‘.
Antoine Monin ajoute également que ‘Le marché de la musique en France ralentit, il est en retard sur le Royaume Uni et l’Allemagne‘ et que ‘La France ne rattrapera pas son retard‘. Plus tard dans l’échange, lorsqu’on lui indique que cette taxe encouragera la culture, il annonce ‘DJ Snake […] n’a pas attendu le Centre National de la Musique pour avoir du succès‘ et que ‘le secteur musical en France se porte très bien’. Sous-entendu, Spotify serait plus légitime que le CNM pour développer le marché de la musique en France ?
Quels impacts sur les artistes ?
Chez Guettapen, nous souhaitons qu’un système plus équitable voit le jour. Nous souhaitons que les artistes aient davantage de contrôle sur leur art. Le cas Spotify est complexe, on a déjà évoqué ce sujet précédemment. Spotify reverse environ 70% de ses revenus aux ayants droit et le modèle économique reste très instable. Cette taxe pourrait se répercuter sur le prix des abonnements. L’impulsion politique de ce genre de réformes risquerait d’avoir des effets négatifs à long terme.
Spotify pourrait augmenter à nouveau ses prix et voir son nombre d’utilisateurs chuter. Ce qui entraînerait une baisse de revenus pour les artistes et une inefficacité de cette taxe. Comme le laissait sous-entendre Antoine Monin, Spotify pourrait autrement réduire la part reversée aux artistes, mais cela reste peu probable. Les majors Universal Music Group, Sony Music et Warner ont un statut quasi monopolistique. La marge de négociation de Spotify est ridicule face à eux.
Pour le moment, l’entreprise n’a pas communiqué autour de sa réaction à cette annonce. On va rester informés et vous tenir au courant. Bien que cette annonce semble positive pour les artistes, il se pourrait que les impacts à long terme ne le soient pas. Une hausse de prix pourrait entraîner une baisse du nombre d’utilisateurs. Ce qui aurait véritablement un impact négatif sur le revenu des artistes. Cela réduirait également l’efficacité de cette nouvelle taxe. Cependant, cela a le mérite de donner un coup de pied dans la fourmilière, le rapport de force entre les artistes et les plateformes de streaming joue en leur défaveur. Cela doit changer.
Peut-être qu’il incombe à nous, consommateurs de musique de prendre nos responsabilités. Nous oublions notre chance d’avoir les musiques de nos artistes à portée de main, depuis les plateformes de streaming. Cela a plus de valeur que 10€/mois. Ne croyons pas que souscrire à un abonnement premium sur ces plateformes soutient nos artistes favoris. La solution serait donc d’augmenter le prix des plateformes ? Probablement pas, Spotify par exemple n’est pas reconnue pour son engagement auprès de la cause artistique. Il est important de prendre conscience que l’industrie de la musique a besoin de changer, et pour cela, le consommateur a son rôle à jouer.
Mise à jour 20/12/2023 : Antoine Monin annonce sur son compte twitter que « Spotify France cessera de soutenir les Francofolies de la Rochelle et le Printemps de Bourges, à compter de 2024 ». Il annonce également que de nouvelles annonces suivront.
