On vous en parlait récemment, la vente aux enchères de l’album du DJ américain 3LAU lui a permis de récolter 11,7 millions de dollars. Cette vente est un peu particulière, car c’est la première vente d’album sous forme de token non-fongible (NFT). C’est le sujet du moment, beaucoup d’artistes semblent prendre le train en marche. Par exemple, Steve Aoki prévoit de vendre ses prochaines œuvres sous forme de NFT. Qu’est-ce qu’un NFT et est-ce révolutionnaire ?
Une technologie basée sur la blockchain
Pour fonctionner, un NFT doit s’appuyer sur une blockchain. La première blockchain à avoir vu le jour a été créée en 2008 et sert de support à la cryptomonnaie Bitcoin. Cette technologie permet de sécuriser des transactions. Très simplement, une blockchain est une chaîne de blocs constitués d’informations numériques : les informations de la transaction, les informations des parties prenantes de la transaction et les codes permettant de distinguer les différents blocs. Lorsqu’une transaction a lieu, celle-ci est vérifiée par un réseau d’ordinateurs et ajoutée à un bloc.
Partant de ce constat, il est possible d’appliquer tout type de fonctionnalité à une blockchain. Une transaction peut correspondre à un transfert d’argent, mais également à un transfert d’information. Par exemple, le vote électronique pourrait se reposer sur la technologie blockchain, et ainsi rendre les résultats des élections incontestables, infalsifiables et consultables par tous. Mais nous nous égarons, revenons-en aux NFT.
Qu’est-ce qu’un NFT ?
Pour comprendre ce qu’est un NFT, il faut comprendre le principe de fongibilité. Les principales monnaies et cryptomonnaies sont dites fongibles, c’est-à-dire qu’elles sont interchangeables contre un actif du même type. Une pièce d’un euro pourra toujours être interchangée contre une autre pièce d’un euro, il en est théoriquement de même pour un Bitcoin. Les NFT (Non-Fungible Tokens) ou tokens non-fongibles quant à eux, ne sont pas interchangeables. Chaque NFT a une valeur unique.
Prenons un autre exemple d’actifs non fongibles qui nous est familier à Guettapen: un billet de festival. Tous les billets ont la même caractéristique de base, ils nous donnent accès au festival, mais chaque billet a ses propres caractéristiques. Chacun est adossé à un propriétaire différent, il peut s’agir d’un pass 1 jour, d’un pass Week-End, en GA, en VIP, etc…
Il en est de même pour les NFT. Grâce à la blockchain, il est possible de distinguer un token d’un autre et d’associer chaque token à une information numérique (image, vidéo, musique, personnage de jeux vidéos, etc…). Ainsi, le NFT associé à une œuvre assure l’authenticité de celle-ci. Celui qui possède le NFT possède l’œuvre. C’est ainsi que récemment, l’artiste Beeple a récemment vendu une œuvre digitale pour 6,6 millions de dollars.
Quelles applications dans l’industrie de la musique ?
Quelles solutions offrent le NFT ?
Comme on vous l’annonçait, 3LAU a récolté 11,7 millions de dollars avec la vente de son album. C’est la première fois qu’un album est vendu sous la forme de NFT. Cela ouvre-t-il la porte à une multitude d’opportunités pour l’industrie de la musique ? Les NFT sont-ils une révolution ? Difficile à affirmer. Pour des artistes disposant d’une visibilité, le modèle de vente aux enchères peut rapidement permettre de lever des sommes importantes. Cependant, un tel modèle avantage uniquement aux fans les plus riches, capables de remporter les enchères. Un constat que nous livre Lane 8 dans ce tweet.
Grosse annonce : au lieu de faire un NFT, de se soumettre aux ultra riches tout en excluant les fans qui m’ont aidé à me développer, tout ça pour faire de l’argent rapidement, j’ai décidé que je vais juste… continuer à sortir ma musique pour tout le monde de la manière habituelle.
Lane 8
En revanche, les NFT sont un excellent moyen de créer des certificats d’authenticité pour les œuvres des artistes. Ils pourraient ainsi protéger leur travail plus efficacement. Il est cependant difficile de garantir que les NFT vont permettre aux artistes de retrouver leur indépendance. Les jeunes artistes doivent toujours se reposer sur les labels leur apportant énormément de visibilité. Il est difficile pour eux de mettre en place une vente aux enchères similaire à celle réalisée par 3LAU.
Comme c’est régulièrement le cas dans l’univers des cryptomonnaies, des effets de mode apportent une réponse démesurée à certains projets. Il se pourrait que les NFT en soient victimes. Plutôt que de prendre dans le train en marche, il est plus judicieux de profiter de la visibilité qu’apportent les NFT sur la blockchain. Ce ne sont en réalité qu’un des nombreux outils que nous propose la technologie de chaîne de blocs, capable de révolutionner l’industrie de la musique.
La blockchain, une révolution
De nouvelles innovations sont en train de changer les codes de cet écosystème. Par exemple, Deadmau5 annonce la création d’une plateforme permettant aux artistes d’être rémunérés instantanément. Ils seront rémunérés sous forme de cryptomonnaies lorsque les auditeurs jouent leurs morceaux, sans intermédiaires.
Un autre projet appelé Utopia Genesis Foundation projette de simplifier le paiement des droits d’auteur grâce à la blockchain et redonner plus de pouvoir aux artistes. Il faut savoir que l’industrie de la musique, malgré son appétence pour les nouvelles technologies, conserve des préceptes très archaïques. Par exemple, le fonctionnement fondamental des droits de publications reste inchangé depuis l’invention de la presse à imprimer de Gutenberg et l’impression de la première partition en 1529. De manière générale, le versement des royalties est entouré de flous. Ces versements sont souvent basés sur des estimations, des moyennes ou des législations manquant de clarté. Utopia Genesis cherche à apporter de la visibilité et de la transparence à tous les acteurs du monde de la musique en se basant sur la blockchain. À l’aide de smart contracts, ils seraient en capacité d’automatiser le versement des droits d’auteur à leur juste valeur.
Le mot de la fin
L’engouement récent pour les NFT apporte un vent de fraîcheur et une visibilité sur les problèmes que rencontre l’industrie de la musique. C’est une excellente chose, mais il faut comprendre que cela n’est pas une finalité. Cela doit être le déclencheur de plus grandes actions. Révolutionner un tel écosystème prend du temps, une mode temporaire ne sera pas suffisante. Il faut soutenir les initiatives à long terme.