Encore relativement peu développé il y a quelques années, le marché de la musique électronique a explosé dernièrement avec désormais une industrie qui voit ses chiffres augmenter de manière exponentielle: les nombre de streams et de fans atteignent désormais facilement les millions, tout comme les revenus annuels des DJ les plus efficaces.
La gestion de la carrière d’un artiste aspirant à atteindre ou à sa maintenir aux sommets de la scène « EDM » n’a donc plus grand chose à voir avec ce qu’elle fut par la passé, ne serai-ce que par l’importance des enjeux et l’ampleur du marché, mais surtout parce que la nature de ce dernier s’est révolutionnée. A l’ère du digital, un manager compétent se doit de maîtriser tous les aspects de la carrière des artistes: Direction Artistique, Deals avec les labels, Communication, Branding, Gestion des réseaux sociaux, Gestion/Création des sociétés liées à l’activité légale des artistes, Mise en place de Diverses stratégies digitales, Promotion, Partenariats avec les marques etc.)
A l’image d’un secteur jeune et ultra-dynamique, l’émergence de très jeunes artistes (jeunes de par leur âge comme de par l’ancienneté de leur carrière) qui accèdent rapidement aux sommets coïncide avec la prise en main de ces talents par des managers tout aussi jeunes et visionnaires, parfaitement à l’aise au sein d’une scène ou tout semble possible. Subsistent également des acteurs d’expérience qui ont su rester à la page et maintenir le statut des artistes qu’ils pilotent avec confiance depuis de longues années.
Tour d’horizon des têtes pensantes qui se cachent derrière les artistes internationaux les plus rentables du moment: de Calvin Harris, Skrillex et Zedd, jusqu’à Diplo, The Chainsmokers et Marshmello, en passant par Steve Aoki, Tiesto et Martin Garrix mais aussi des français à l’image de David Guetta, DJ Snake et Kungs, quels sont les managers les plus influents de la planète électronique?
Adam Alpert (Disruptor)
Qui de mieux placé que l’architecte du plus gros succès de 2016 pour occuper la première place? En à peine 1 an, Adam Alpert (et son partenaire Enes Kolenovic) a fait passer The Chainsmokers de « simple » DJ headliners aux Etats-Unis (que nous avions interviewés alors qu’ils remplissaient à peine les 2000 places du Yoyo à Paris) au statut de hitmakers internationaux, écrasant les records les plus fou des célèbres charts Billboards que ce soit en longévité ou en nombre de singles entrants (seuls les Beatles et les Bee Gees peuvent rivalisent dans ce domaine).
Poussé par Disruptor (faisant office de management et de label sous licence de Sony) The Chainsmokers ont ainsi remporté un grammy award et ont généré plusieurs dizaines de millions de dollars l’an passé selon Forbes. Disruptor managent d’autres DJ américains tels que Lost Kings, Vanic, Young Bombs ou encore les prometteurs hollandais The Him.
Scooter Braun (SB Projects)
Gros bonnet de l’industrie du management, SB Projects, la société de Scooter Braun avale tout sur son passage et compte désormais parmi ses rangs des noms comme Martin Garrix, David Guetta ou encore Steve Angello qui viennent garnir une liste déjà fournie en artistes pop (Justin Bieber, PSY, Ariana Grande, Black Eyed Peas, Kanye West ou Usher).
Tandis que Scooter Braun a dernièrement offert à Bieber une certaine crédibilité grâce à ses featurings remarqués avec Jack Ü, Major Lazer et DJ Snake, la réussite nouvelle du management dans la musique électronique revient à Michael George, artist manager chez SB Projects. C’est lui qui a repéré Martin Garrix dès l’âge de 16 ans et qui le pilote aujourd’hui encore.
Moe Shalizi (Redlight)
Repéré par Borgore, Moe Shalizi, encore inconnu il n’y a pas si longtemps, a fait discrètement ses armes sur le label Buygore avant de lancer son propre groupe d’artistes qu’il a aujourd’hui fait grimper jusqu’aux sommets. Son plus grand fait d’armes: Marshmello, un producteur Trap parmi d’autres sous le nom de Dotcom qui a fait le choix de disparaître afin de lancer un nouveau projet ambitieux dirigé à la perfection par Shalizi qui a fait de Marshmello une véritable machine de guerre en seulement quelques mois. Ultra-populaire sur les réseaux sociaux et désormais bankable au point de collaborer avec Selena Gomez. Marshmello a été classé par Forbes parmi les 10 DJ générant le plus d’argent dans le monde en 2016.
Outre Marshmello, Moe Shalizi guide sa petite troupe d’artistes (Slushii, JAUZ, Ookay, Ghastly et Sikdope) dont fait désormais part le géant Tiesto, preuve de l’attractivité de Shalizi. Ce dernier officie chez Redlight, une méga-structure qui compte parmi ses rangs Borgore, Cedric Gervais, Duke Dumont, ODESZA ou encore Ferry Corsten.
Steve Goncalves (Guess Agency)
Vous l’aurez surement compris, notre sélection récompense particulièrement les managers derrière les nouvelles success-story qui rythment l’évolution de la scène ces dernières années. On retrouve ainsi parmi la masse de projets qui inondent le marché, une poignée d’artistes qui ont été capables d’exploser en un temps record (1 an suffit pour certains comme The Chainsmokers ou Marshmello) et ces performances sont forcément le fruit d’une gestion parfaitement maîtrisée de la part des têtes pensantes des projets, qui sont parfois les artistes eux-mêmes mais plus souvent les managers.
En ce qui concerne donc les ascensions éclaires, comment passer à côté de celle du crew Pardon My French. Mené par le français Steve Goncalves et son agence « Guess », DJ Snake, Tchami, Malaa et Mercer ont tous les 4 pris une ampleur considérable en un temps limité, que ce soit sur la scène mainstream pour Snake ou plus underground à l’image de Malaa, mais toujours avec une complémentarité bien exploitée entre le quatuor.
Mark Gillespie et Dean Wilson (Three Six Zero)
En activité depuis 2007, le groupe Three Zero Six dirigé par le duo Gillespie-Wilson s’est progressivement imposé comme un poids lourd du marché avec une première signature de renom en la personne de Calvin Harris, aujourd’hui (et depuis plusieurs années) DJ le plus bankable de la planète avec des résidences à Las Vegas évaluées à plusieurs millions.
Après de partenariats avec Roc Nation qui ont permis à de grosses collaborations de voir le jour (« We Found Love » de Calvin Harris avec Rihanna, ou « Calling » d’Ingrosso & Alesso avec Ryan Tedder de One Republic), Thee Zero Six continue d’être un incontournable du management avec comme clients des gros noms tels que deadmau5, Knife Party/Pendulum, Frank Ocean, Will Smith, Travis Scott mais aussi des pointures underground telles que Attlas, Yousef, Sasha ou Nic Fanciulli.
Tim Smith (Blood Company)
Gros morceau du marché américain, Tim Smith possède un CV blindé et surtout bourré de qualité avec notamment l’étiquette de co-fondateur du prestigieux label OWSLA. Si Tim Smith est à l’origine d’OWSLA, c’est parce que son projet Blood Company manage Skrillex en personne, mais aussi d’autres noms renommés de la scène électronique: Zedd, Kill The Noise, l’Allemand Boys Noize (et donc le projet Dog Blood avec Skrillex), Jack Ü (Skrillex et Diplo) Mija, Vindata ou encore Mr.Carmack. Des artistes dont la qualité n’est plus a prouver et que Blood Company a réussi à faire passer du statut de simples talents au rang d’icônes.
Kevin Kusatu et Andrew Mcinnes (TMWRK)
Tandis que la branche Dubstep de la scène américaine est plutôt incarnée par Tim Smith (Skrillex, Kill The Noise, OWSLA etc) celle de la Trap semble revenir à Kevin Kusatu et Andrew Mcinnes. Les deux fondateurs du groupe TMWRK ont une panoplie impressionnante d’artistes de ce genre sous leur coupe: Diplo ainsi que son groupe Major Lazer, Dillon Francis, A-Trak, Flosstradamus, Dyro, What So Not, Valentino Khan, Cashmere Cat, mais aussi les mythiques Justice ou encore la chanteuse MØ.
Capables de mettre en place des succès digital tels que les albums de Major Lazer, Cashmere Cat ou MØ tout autant que des productions audiovisuelles (le documentaire « Give Me Future » des Major Lazer ou encore la série « What Would Diplo Do »), TMWRK tiens une place incontournable aux US.
Matt Colon et Lawrence Vavra (DECKSTAR)
Racheté au début d’année 2017 par le James Grant Group, le management Deckstar fondé par Matt Colon et Lawrence Vavra constitue un des acteurs majeurs du marché, et notamment aux Etats-Unis. Fondé notamment autour du fantasque Steve Aoki, le roster de Deckstar s’est considérablement développé aux fil des années avec la prise en charge de 3LAU, Porter Robinson, Datsik, Deorro ainsi que des européens Showtek et Don Diablo voir des pointures hors-electro (Blink -182 et récemment Louis Tomlinson)
Amy Thomson (ATM MANAGEMENT)
Avec sur son CV les noms de Kanye West, Chase and Status et surtout la Swedish House Mafia, la discrète Amy Thomson est toujours aussi influente avec comme projet principal la carrière d’Axwell^Ingrosso ces dernières années. L’agenda de la boss d’ATM a récemment connu du mouvement avec le récent départ du suédois Alesso mais aussi l’arrivée de la star française DJ Snake.
Edouard Taieb et Romain Cloiseau (UNITY)
Dernier détour par la France avec l’autre Succes-Story tricolore. 18 fois disque de diamant (meilleur export français en 2016 devant David Guetta) sur son premier single, la réussite phénoménale de Kungs est devenu le plus gros coup réalisé par le management Lillois Unity Group créé par Edouard Taieb et Romain Cloiseau.
Après une implantation réussie dans la Deep-Melodic House depuis plusieurs années (Michael Calfan, Fabich, Addal, Naxxos, Mozambo) le projet français prouve aussi qu’il est capable de façonner des succès mainstream à l’image de Kungs mais aussi de Klingande.
Nous aurions aussi pu parler de: Little Empire Music (Galantis, Kaskade, CID…) MusicAllStars (Sam Feldt, Curbi, Mike Williams, Lucas & Steve), Sorted Management (Hardwell, Julian Calor, Manse), SDM (Robin Schulz, HUGEL) etc.
AGZ