Album Release : Joris Voorn nous dévoile enfin son 4ème album, sobrement intitulé « Four »

Nous l’attendions fermement, chez Guettapen, et le voilà enfin dans nos oreilles : « \\\\ » (comprenez Four), le nouvel album tant teasé par Joris Voorn est enfin dans les bacs, avec son lot de nouveaux tracks à découvrir, ses morceaux déjà sortis, et ses réinterpretations. Qu’en penser ?

Légende hollandaise de la techno, fort de près de 20 ans de carrière, Joris Voorn lève enfin le voile sur cet album. Depuis le début de sa carrière, le style du dutch a beaucoup évolué. Il est lentement passé d’une techno très underground, estampillée froide et industrielle de type Detroit Techno, à une house beaucoup plus profonde et mélodique, comparable à celle pratiquée par son meilleur ami, Rune Reilly Kölsch. Le fondateur des labels Green et Rejected Music dévoile donc ici un LP dans lequel il exprime sa vision de l’underground moderne, principalement inspirée par les musiques électroniques européennes des années 1990

Petite précision liminaire : nous ne parlerons pas en détail de Ryo, Dark, Messiah ou de la magnifique Antigone, chacun de ces tracks disposant déjà de son article détaillé du fait de leur sortie anticipée en tant que promo pour l’album.

L’album démarre alors sur Never, sorte de mini ballade introductive en douceur. Le morceau ne décolle jamais … et tant mieux ! Il pose en réalité les bases mélodiques de l’album et nous immerge dans le monde du néerlandais. Suit District Seven que nous redécouvrons dans un Broken Mix. Le morceau original était une pépite Melodic House, cette nouvelle version offre une alternative breakbeat/electronica du plus bel effet. Le tout en conservant les chords du track original. On valide !

Life constitue un véritable voyage mélodique comme Joris sait les faire : les strings du morceau sont tout à fait remarquables et nous transportent instantanément. Qui disait qu’on avait besoin de drops pour ressentir la musique ? Un interlude parfait entre Ryo et …

Polydub, qui, hors les morceaux déjà connus, est le premier morceau heavy techno de l’album. Les 50 premières secondes d’introduction posent l’ambiance, avant que kicks et snares ne prennent le relais et lancent le morceau. Il s’échappe de Polydub comme un air de MPX309, morceau légendaire de Voorn : rythme accéléré, petits gimmicks vocaux … et le second drop confirme notre impression. Une petite bombe comme on les aime, et qu’on s’empresse désormais de retrouver dans ses sets

Mano calme le jeu, tout comme le fait Antigone après Polydub, et replonge dans ce que Joris produit le plus en ce moment. C’est-à-dire : un très beau morceau deep house crescendo très mélodique et uplifting, pendant lequel il fait appel à des sonorités naturelles (bruits de ruisseaux, piaillements d’oisillons). Une sensation de paix intérieure se dégage de ce morceau.

This City fait office de premier featuring, avec la voix de Lazarusman. Celui-ci, avec le break, nous appelle à nous faire confiance (« how can you be alone, when you have yourself? »), juste avant que le drop n’insiste sur le propos, tout en accélérant le rythme. Fun fact, les paroles du track ressemblent à celles employées par Marie Davidson dans son track « Work It » (magnifiquement remixé par Soulwax cet été, soit dit en passant).

On enchaîne avec la désormais connue Dark, puis Too Little Too Late, avec Underworld en guest. Le morceau commence très bien, avec une vocale éthérée avec un effet robot qui marche toujours lorsqu’il s’agit de l’apposer sur un track tech house/techno un tantinet mélodique. Et puis, à un moment, le morceau décide, après une lente progression mélodique, de se lancer avec une combinaison kick/claps/snares qui tombe à pic lors du second drop. La composition se transforme alors en diamant poli, avec un vocal qui n’abandonne pas et persiste à nous transporter toujours plus haut. On sent également que ce morceau partage des influences avec District Seven niveau production. Rien de plus normal, tant la qualité d’un album se juge de par son homogénéité et sa capacité à ne pas tomber dans la redondance.

Planet Nine fait ici office d’interlude, et annonce la fin prochaine de l’album. Est-ce là une référence à Interstellar ? On pourrait le penser, tant la BO du film a été reprise par les producteurs mélodiques. Dans tous les cas, le morceau use de sonorités spatiales, et nous projette dans une sorte d’espace-temps suspendu, où fermer les yeux équivaut à se prendre une décharge de chair de poule. La fin du morceau fait penser à un atterrissage. Petit bémol, car le morceau finit un peu vite. Atterrissage pas trop en douceur, certes, mais ce n’est pas un crash. Tant mieux.

Le LP se conclut par deux morceaux : Blanky, composition electronica drivée au piano par Michiel Borstlap, puis Shallows, qui fait brutalement chuter le BPM, comme pour dire : « merci à tous, mais toutes les bonnes choses ont une fin, et ce voyage arrive à terme« . La mélodie, nostalgique au possible, en appelle à nos sentiments, et nous laisse sur ce fameux goût de fin, où l’on se met à réfléchir à l’expérience vécue après ces 14 morceaux.

En définitive, que retenir de « \\\\ » ? Qu’il s’agit d’un album qui vient du coeur. Et qu’il est grand, le coeur de monsieur Voorn, au vu de ce qu’il nous a proposé en 1 heure 4 minutes. Il ne s’agit pas d’une pile de morceaux déjà sortis auparavant : le néerlandais n’a pas hésité à mixer des tracks taillées pour le club avec des compositions plus personnelles. En bref, Joris Voorn a partagé une partie de son intimité avec nous. Avec la délicatesse et l’humilité des grands. Bravo !

Amine & Loys

Mino
Grooves endiablés et douceur mélodique rythment mes journées. Je passe également des disques avec l'équipe après les 39h.