Récap : Lollapalooza Paris 2018

L’annonce avait marqué la fin d’année 2016 dans l’actualité musicale française, Lollapalooza allait débarquer à Paris ! Lollapalooza c’est quand même une marque de renommée internationale quand on parle de festivals de musique, principalement pour son édition américaine vieille de 25 ans et qui rassemble maintenant plus de 120 000 visiteurs par jour à Chicago depuis 2005.

Après une sublime première édition, Lollapalooza Paris était devenu en moins d’un an, l’un des festivals français généralistes les plus importants du marché. Avec un line up 2017 ultra impressionnant (avec notamment Lana Del Rey, Red Hot Chili Peppers, Liam Gallagher, DJ Snake ou encore IAM) et une première édition plus que réussie, Livenation avait déjà placé la barre très très haute.

Retour sur une édition 2018 encore une fois réussie !

La programmation

Le line up de l’édition 2018 était une nouvelle fois, très très impressionnant. Au programme de la scène électro : Diplo, Dillon Francis, Krewella, Paul K, Slander, San Holo, Excision, Droeloe, Taska Black ou encore l’excellente Rezz. Un line up très très solide certes, mais quasi exclusivement centré sur la Bass Music. Où sont l’Electro House, la House, la Deep, la Trance, la Techno et autres ? Même si Lollapalooza est un festival aux sonorités américaines, il en faut pour tous les goûts.

Autre point de discussion : l’absence totale de la scène française. Seul et unique français sur le line up électro, le Tourangeau Basstrick. Cela fait peu..

Si en plus vous êtes curieux musicalement et ouverts aux autres styles, pouvoir écouter dans un même événement la superstar du moment Dua Lipa, Travis Scott, Lil Pump, The Killers, Depeche Mode ou encore les légendaires Gorillaz, c’est un privilège rare qu’il faut tout de même souligner.

Le lieu / les scènes

L’event était de retour sur l’Hippodrome de Longchamp. Avant tout dédié aux courses hippiques, l’endroit n’est pas étranger aux évènements de ce type puisque c’est notamment là-bas que se déroule depuis un peu plus de 15 ans le festival Solidays. Situé dans le Bois de Boulogne, l’enceinte est vraiment massive et rappelle un peu Creamfields dans sa configuration : une grande zone ovale avec les différentes scènes à sa périphérie, stands de merch, nourritures et animations au milieu, mine de rien ça prenait un certain temps de circuler d’un bout à l’autre du site ! Un site qui accueillait donc pour l’occasion 4 scènes, celle qui nous intéresse avant tout ici était évidemment la fameuse Perry’s Stage, accueillant l’ensemble de la programmation électronique du festival.

C’était probablement la seule déception du festival l’an dernier, ça a été plutôt bien corrigé cette année ! La Perry’s Stage était cette fois couverte sous une tonnelle massive tout en longueur, et orientée différemment. Fini donc les problèmes de sons qui se parasitaient avec l’Alternative Stage de l’an dernier. Niveau équipement, la scène également nettement plus intéressante cette année. Assez simple dans son design avec ses panneaux LEDs rectangulaires sur les côtés et le grand panneau carré central, elle était toutefois visuellement plus massive et bien plus intéressante pour le show. Sympathique amélioration donc ! Autre soucis malheureusement pas corrigé cette fois, le manque d’un revêtement au sol (hashtag EMF ?). Avec le sable, ça ne pardonne pas et dès le premier jour il était assez vite difficile de respirer, surtout avec les nombreux pogo dès le set de Valentino Khan.

La bonne idée des deux Mainstage côte à côte est toujours là. Cela permet de changer de set up d’un artiste à l’autre sans temps mort dans la programmation. Sauf quand l’un des artistes déborde sur son temps de show (coucou Nekfeu) et que les artistes de la scène adjacente (The Killers) décident de quand même commencer à jouer, ça donne alors un résultat assez inaudible et une scène assez surréaliste.

L’organisation

Dès les abords du festival c’est une gestion au poil avec un fléchage idéal et des zones de dépose minutes bien pensées. A l’intérieur, gestion des entrées-sorties, double Mainstage, stands de nourriture et bars à foison, un espace pour enfants, un lieu dédié à l’art culinaire supervisé par Jean Imbert, un espace presse parfait…. Les expertises conjointes de Lollapalooza et Live Nation ont fait des merveilles ce WE. Évidemment il y avait de la queue sur les stands de nourriture les plus prisés aux heures de pointe, mais c’est difficilement évitable dans un festival rassemblant autant de monde. Même l’espace cashless qui semblait avoir une queue interminable était finalement une formalité tant le nombre de guichets proposés était important (sauf en tout début de journée forcément). Bon point : l’erreur du premier jour de l’an dernier avec les toilettes a été retenue, et les heures d’attente constatées lors de la première édition ne sont plus qu’un lointain souvenir.

Le public / l’ambiance

Point inhérent au côté généraliste, le public n’avait pas grand chose à voir avec ce que l’on avait l’habitude de voir en festival EDM si on se baladait un peu dans l’enceinte du festival ! Beaucoup de familles avec enfants, d’amateurs de Pop / Rock, même si la moyenne d’âge restait globalement assez dans la norme. On est toujours autant frappé par le côté très cosmopolite des festivaliers. C’est simple, on avait l’impression de n’entendre parler presque que anglais autour nous ! L’effet de la marque Lollapalooza assurément. Encore une fois assez peu de déguisements et beaucoup de défilés façon Coachella, quand on revient d’un festival comme l’Electrobeach la semaine dernière, ça fait clairement un changement de style.

Le public sur la Perry’s Stage était en tout cas incroyablement chaud tout au long du WE. Avec cette programmation Bass quand même assez particulière, la scène n’a jamais été pleine à craquer (et c’est tellement agréable pour bouger tranquillement), mais les festivaliers venus connaissaient parfaitement les artistes sur scène. Pogo, murs de la mort, headbang à foison et petits déhanchés sur le Moombahton de Dillon, l’ambiance était absolument géniale de bout en bout.

Les sets

On va se concentrer sur les sets des DJs passés sur la Perry’s Stage mais on insiste une nouvelle fois sur le fait que ça valait vraiment le coup de faire un tour sur l’ensemble des scènes du festival. Soyez curieux et ouvrez votre horizon musical ! The Killers ont proposé un show très abouti malgré Nekfeu qui a grignoté leur planning, Vald a foutu un bordel monstrueux sur la Alternative Stage et on a également pu savourer la douce voix de Dua Lipa. Mais retournons à la fameuse Perry’s Stage.

Ghastly

Membre éminent de la nouvelle scène Bass américaine, aux côtés notamment de Jauz, NGHTMRE, Marshmello, Slushii et Ekali programmé juste avant lui, c’était la première fois que nous voyions Ghastly en live. Et celui-ci ne nous a pas déçus avec un set très énergique dans lequel il a alterné entre Dubstep, avec notamment ‘Level Up’ de Slushii, Bass house avec la monstrueuse ‘Vibin’ de Hasbtrakt, et Drum’n’Bass. Tous les styles y sont passés avec même un petit passage Future Bass avant de finir. Les gens présents dans la tente ne s’y sont pas trompés avec une excellente ambiance tout au long du set avec également des visuels travaillés. Une bonne manière de démarrer notre journée marathon sur la Perry’s Stage.

Valentino Khan

Toujours aussi puissant en live, Valentino Khan a été fidèle a sa réputation pour ce Lolla avec un set 2018 toujours aussi musclé dans lequel le pilier de la scène Trap & Bass oscille entre une partie Bass House en milieu de set et d’autres plus énervées avec au menu des gros drops Jungle ou Trap. Khan, comme a son habitude, n’a pas peur de monter régulièrement en BPM avant d’offrir en final sa toute dernière ‘Lick It’ et ses visuels assez improbables.

San Holo

San Holo était l’un des gros guest de la Perry’s Stage pour cette journée du samedi, où il a délivré un set d’une heure très rythmé. Equipé de sa guitare électrique, San Holo a su mettre l’ambiance en reprenant les solos de ses meilleurs titres (We Rise, Light, One Thing, etc…), leur donnant une belle énergie supplémentaire. L’artiste en a également profité pour teaser quelques titres de son nouvel album, qu’il vient tout juste de terminer, et qui étaient plutôt prometteurs. On a découvert des titres très mélodiques, davantage dans l’émotion que la puissance. On a tout de même hâte d’en entendre plus et de découvrir cet album dont la date de sortie n’est toujours pas connue.

Rezz

Probablement le meilleur set du festival avec Excision ! La jeune canadienne, de retour sur Paris pour la première fois depuis son premier passage au Trabendo il y a un peu plus d’un an, a proposé un set totalement hypnotique qui a littéralement envouté le public de Lollapalooza. Avec toujours de fortes influences Heavy / Nu Metal (Marilyn Manson, Linkin Park et une petite dose de Rage Against The Machine), REZZ en a évidemment profité pour teaser son album qui sort très prochainement. Dès l’intro, on a eu le droit à ‘HEX’, sa collab’ avec 1788-L totalement destructrice pour poser les bases. La dernière ‘Flying Octopus’ et ‘Witching Hour’ y sont évidemment passés également et on a tout autant apprécié les petites connexions avec Madeon (son Evil Edit de ‘Shelter’ et l’excellente ‘Stupid’). Tout en basse et tempo lent, REZZ a totalement emporté son public, énorme set !

Paul K

Après l’excellent set de Rezz, l’enchaînement avec Paul K nous a laissés complètement sur les rotules. L’ambiance est encore monté d’un cran vu l’excellente popularité dont jouit le DJ allemand dans notre pays. Le live a été assez simpliste, une caméra posée au dessus de la gigantesque console de Paul qui alternait entre les plans sur lui et sur la table de mixage. Les tableaux LEDs sur le côté nous rappelant juste que le producteur berlinois était là pour la promotion de son dernier album Parts of Life. Quand au live, il a été absolument incroyable. Jouant à un BPM légèrement plus élevé que d’habitude, Paulo a attaqué sans transition sur le mythique ‘Sky & Sand’ avant de conclure bien évidemment sur ‘Aaron’. Et alors qu’on s’attendait à un set où il jouerait majoritairement les tracks de son dernier album, celui-ci n’en aura finalement joué que 3 alternant avec ses meilleurs titres. On aura ainsi eu le droit à ‘Torching/Gigahertz’, d’une lourdeur phénoménale, et surtout à ses remixes de Stromae ‘Te Quiero’ et ‘Mad World’. Une folie totale, on aura même vu un sit-down improvisé sur ‘Aaron’.

Diplo

En clôture du Day 1 de la Perry’s Stage, Diplo a montré une nouvelle fois sa fantastique capacité à s’adapter et à envoûter une foule. En effet, le patron de Mad Decent a délivré un peu plus d’une heure de mix alternant entre nombreux genres aussi incohérents et WTF que possible. Passant d’une Trap lourde à de la Tech House raffinée en passant par de nombreux clins d’œil au rap français (ce qui pouvait déranger sur une scène électro), sans oublier ses innombrables classiques radiophoniques, l’américain a parfaitement su tenir son rôle. L’ambiance sous le dôme fut assez incroyable pendant tout le set avec un public très important venant de toute part afin d’assister au show de Diplo (probablement le moment du WE où la scène était la plus pleine). La team Guettapen ayant assisté à son set à l’Electrobeach Music Festival, on était agréablement surpris du fait que le set soit bien différent de festival en festival dans un laps de temps aussi court. Le contrat est pleinement rempli et on félicite ce mastodonte de la musique électronique moderne.

Droeloe x Taska Black

Très bonne surprise de retrouver ces nouvelles perles de la scène néerlandaise (Taska Black est belge) à l’affiche de Lollapalooza. Les trois valeurs montantes qui crèvent l’écran sur le label Bitbird de San Holo -mais aussi sur Monstercat pour DROELOE ou STMPD pour Taska Black- ont réussi une superbe prestation en début de journée avec un set alternant Future Bass et Chill Trap dans un mood excellent, le tout porté par des visuels de qualité, on en redemande.

SLANDER

Il n’était même pas encore 17h mais les SLANDER ont quand même décidé de balancer du très très lourd sous la tente de la Perry’s Stage avec un set absolument sauvage. Si ça a commencé en douceur avec les quelques notes de piano de ‘Lose Yourself’ d’Eminem en intro, la fosse s’est très vite transformée en un pogo géant ininterrompu du début à la fin du set, qui s’est conclu sur un mur de la mort géant. Pour animer tout ça, les SLANDER ont alterné la Trap qui les a fait connaître avec le Dubstep qu’ils affectionnent tout particulièrement maintenant, balayant un large spectre de leur discographie, de leur remix sur ‘We Like To Party’ de Showtek qui les a fait connaitre en 2014 à leur collab’ avec Basstrick ‘Drop It’. Pour l’occasion, ils ont d’ailleurs fait monter sur scène le français, qui jouait la veille sur la même scène. L’une des plus chaudes ambiances du WE, avec également de grosses touches de Rap US entre Eminem, Drake, Post Malone et Usher.

RL Grime

Beaucoup trop rare en France, l’un des premiers barons de la scène Trap américaine (aux côtés de Baauer, Diplo, Flosstradamus etc) aura constitué l’une des grandes richesses de ce line up 2018.
Toujours aussi côté outre-atlantique, l’américain a entamé très fort avec sa redoutable « Era » en intro avant de délivrer un set consistant, maîtrisé en tombant rarement dans les clichés Trap & Bass de la scène actuelle, mixant pas mal de titres hip-hop avec ses drops toujours aussi mystiques.
Que ce soit sur « Tell Me », « Kingpin », « Reims », « Core », « The Hills (Remix) » ou encore ses plus récentes « Stay for It » et « I Wanna Know » en final, l’américain a su dérouler son impressionnante discographie pour notre plus grand plaisir.

Dillon Francis

Juste après RL Grime, c’est au tour de Dillon Francis de prendre les commandes de la Perry’s Stage. L’ayant déjà vu plusieurs fois sur scène et notamment il y a quelques mois lors de son passage au Yoyo à Paris, on savait relativement à quoi s’attendre avec l’américain. Sans surprendre il n’a néanmoins pas déçu. Les pics de son set restent pour nous les moments où il joue ses plus gros titres comme l’inégalable ‘Need You’ avec NGHTMRE ou ‘Get Low’ avec DJ Snake. De gros passages Moombahton évidemment, voire même un peu dancehall par moment, dans lesquels son remix sur ‘Mi Gente’ s’est parfaitement inséré. Une ambiance ultra dansante qui a bien pris sur le public très international de Lollapalooza. Dillon en a également profité pour jouer plusieurs titres de son prochain album à venir, de ‘Ven’ à ‘Sexo’ en passant par ‘Look At That Butt’. A noter que les visuels de l’américain sont toujours aussi délirants et WTF !

Krewella

Curieuse programmation pour les sœurs Jahan qu’on aurait plutôt imaginées un peu plus haut dans la timetable, juste avant RL Grime par exemple. Ça ne les a pas empêchées de taper fort avec de gros passages Hard / Psy donc un passage un peu WTF avec un mix entre le titre ‘Tunak Tunak Tun’ de l’indien Daler Mehndi (célèbre notamment sur Internet pour son clip) avec du Kayzo… Pourquoi pas ! Un set assez décousu au final sur la longueur mais qui se démarque évidemment par les longs passages au micro des Krewella pour chanter. Pas le set qui nous marquera le plus.

Excision

C’est l’une des claques de cette édition 2018. Très très rare dans l’hexagone, le canadien Excision était donc présent à la deuxième édition de Lollapalooza Paris. Et quel kiff ! Le roi du dubstep aux US a tout simplement retourné la Perry’s Stage, malheureusement moins full que la veille pour Diplo. Outre son set dubstep puissant et ultra efficace, dans lequel on peut retrouver ses plus gros succès, c’est surtout ses visuels et l’utilisation des lights qui nous ont bluffés. Absolument incroyable ! On a rarement vu un artiste et une équipe technique gérer autant dans ce domaine. On conseille grandement de voir au moins Excision dans votre vie, juste pour apprécier la splendeur des visuels de ses sets !

Conclusion

En conclusion, on tient vraiment à féliciter Lollapalooza et Live Nation pour cette seconde édition parisienne. Une organisation une nouvelle fois parfaitement rodée et qui tire des leçons de l’an dernier. Il reste à continuer dans cette logique d’amélioration en proposant notamment un revêtement au sol de la Perry’s Stage l’an prochain. Avec une météo cette fois au rendez-vous contrairement à l’an dernier, l’événement a été une nouvelle fois un succès, rameutant des amateurs de musiques de tous horizons dans l’enceinte de Longchamp. Un peu plus de diversité dans la programmation musicale de la Perry’s Stage l’an prochain et ce sera parfait !

La team Guettapen

Crédit Photos 📷 S.Camelot