Album Release : Steve Angello – Human [Size]

2 ans après l’annonce, 2 ans de travail en studio, le voici, le joyau attendu par le petit monde de la musique électronique : l’album de Steve Angello, baptisé « Human », est teinté d’une atmosphère sombre et lourde. Alors qu’en est-il ? Guettapen vous propose une critique, track by track.

Rejoice (feat. T.D. Jakes)

En ouverture de cet album, on retrouve un titre phare que les fans connaissent déjà bien, ‘Rejoice’. Ce morceau qui fait office d’introduction est aussi l’occasion de retrouver le chanteur de cette track, Thomas Dexter Jakes, télévangéliste américain, auteur, réalisateur et pasteur chrétien évangélique. Le morceau en lui-même est très solennel avec la présence de chœurs gospel et est appuyé par un bon sub qui débouche sur le drop ainsi que sur l’instrument principal de cet album : un Moog. La messe peut commencer.

Breaking Kind (feat. Paul Meany)

Issu de l’EP intitulé « Genesis », ‘Breaking Kind’ possède une grosse bassline bien stéréo et un rythme lent maitrisé. Comme nous l’avions dit dans un précédent article, cette track est caractéristique de la virtuosité du suédois dans l’utilisation des leads. Point intéressant de cette composition : sa ressemblance avec celles produites par Carpenter Brut, que l’on vous invite à découvrir si ce n’est pas déjà le cas (et en plus il est français !).

Flashing Lights (feat. Highly Sedated)

Pour cette troisième track, Steve Angello s’associe au groupe qu’il couve sur son label Size Records, et qui a d’ailleurs été l’un des seuls groupes à signer des tracks pendant une certaine période. Porté par un lead planant et mélodique, le morceau séduit dès la première écoute et les premières notes. Avec ‘Flashing Lights’, le suédois nous plonge dans un vide assez prononcé dans les breaks, où rien ne semble exister avant les 200 Hz, ce qui renforce la sensation ‘assommante’ au moment du drop.

Glory

Le retour des chœurs se fait soudainement. Le morceau est ainsi une balade purement instrumentale qui fait plaisir, avec une excellente vibe bien dark et en même temps mélancolique. L’ambiance générale du morceau est un mélange similaire à ce qu’aurait donné le remix par Gesaffelstein des morceaux de l’OST de Tron Legacy. Un régal auditif.

Grace

Des drums Breakbeat en intro se fracassent avec un passage très touchant à la guitare. Par contre, le drop est un mélange très bizarre entre une vibe Synthwave et une mélodie Big Room. Les textures du Moog sont jouissives mais la mélodie ne donne pas pleine satisfaction. Une track en demi-teinte, donc.

Are You (feat. WDL)

‘Are You’ est une nouvelle fois le mélange de plusieurs influences, tout en étant une composition originale du suédois. En effet, Steve Angello fait appel à des voix pitchées à la façon de Martin Garrix dans ‘Forbidden Voices’, à une bassline façon ‘Waters of Nazareth’ de Justice et à des drums qui restent les mêmes. L’auditeur est assez surpris à la fin d’entendre un sample dont la voix est française dire « Ok, parfait […] Combien de temps ? ». Une initiative qui nous fait penser à la track de Marcus Schossow, ‘Ulysses’, et que l’on peut apprécier par chauvinisme. Cela étant dit, difficile de comprendre pourquoi Steve Angello a voulu utiliser ce sample en particulier.

21:

Track composée d’une piste principale de percussions latino. Sérieusement, passez votre chemin sur cette track, car sauf présence d’une démarche artistique notable et évidente, on est en droit de se demander : Qu’est-ce que ça fout là, sérieusement ?

Lord

Le morceau livre ici une des plus grosses péripéties dans l’album. Avec une vibe très Dark, l’élément principal est une percussion analogique très typée Acid qui s’ouvre et se referme au rythme du filtre. Les textures sont un régal pour tout audiophile.

Wanna

Track très groovy, sans être très House. Des impacts très vocaux, ressemblant à des samples aux chœurs religieux qui parsèment l’album. Track assez répétitive.

The Kiss

Mêmes notes que « Rejoice » en intro. La track est très inspirée « TRON Legacy » dans les instruments, en plus répétitif. Très teintée « technologique » avec des sons aigus et réverbérés, la basse, une fois de plus un Moog, semble avoir fait des siennes. Quel honneur à cet instrument.

God

On y retrouve des violons bien mis en avant, track très symphonique dans le break. Le drop explose littéralement au visage avec une grosse puissance. Drums, Bass, Lead et Chords nous emmènent loin. Meilleure track de l’album.

I Know

Avec une intro qui ferait envier Kanye West à son époque « Yeezus », ‘I Know’ représente ce que Steve Angello sait faire de mieux. Le drop accrocheur au rythme maitrisé porté par un lead au reverb exacerbé est une recette simple mais diaboliquement efficace. Cette douzième track expérimentale où la puissance de chaque élément est bien exploitée est une réussite.

Freedom (feat. Pusha T)

Un autre morceau déjà connu puisque celui-ci a fait partie de l’EP « Inferno ». On continue quoiqu’il en soit sur une superbe lancée en termes de tracks qualitatives. Avec le vocal de Pusha T – qui a également collaboré avec Axwell /\ Ingrosso – ‘Freedom’ est une nouvelle fois l’illustration de l’influence de Gesaffelstein sur cet album. La puissante basse du morceau risque de faire de gros dégâts et occupe tout l’espace possible.

Fire

Grosse vibe Synthwave à la Carpenter Brut. Les drums et les synthés donnent un rythme similaire à « God ».

Heroes

Le lead passé dans un Phaser refait son apparition. Le drop fait carrément penser « Genesis » de Justice. La place de la bassline est toujours centrale et très wide, très stéréo. 2nd drop avec un synthé aux sonorités de guitare électrique rock bien gras.

Shifter

Les mêmes notes que « Rejoice » réapparaissent le temps du premier break, ce qui peut relever du mystère à propos de cette mélodie omniprésente qui plane sur l’album. Retour des chœurs très « plucked » ce coup-ci, ajouté par une grosse satisfaction avec ces basses de plus en plus perçantes dans le mix. Dommage que le drop soit si linéaire.

Paradiso

Mélodie bien complexe lors du premier break. Retour des violons, on notera quand même la cohérence très respectée de l’album, niveau sonorités et textures. Le drop fait très « Progressive House », donc on est content. C’est ce genre de mélodie qui nous manque en ce moment. Excellent morceau.

Dopamine (feat. Barns Courtney)

L’intro de ce morceau ressemble à s’y méprendre à du Woodkid. Les références que cet album dégagent sont tout bonnement somptueuses, nombreuses et de qualité notoire. Cette track est plutôt énergique comme le suggère son titre, ‘Dopamine’. Cela étant dit, le drop est sans grand intérêt, quelque peu fade, et ressemble à ce que l’on a déjà entendu auparavant sur certains morceaux de l’album.

Break Me Down

Joué pour la toute première fois à Coachella, ‘Break Me Down’ est incontestablement un morceau phare de l’album. Dans celui-ci, la voix omniprésente dans le break est remarquablement mise en avant par le piano qui l’accompagne. A l’instar du précédent titre ‘God’, le drop jaillit avec une incroyable puissance qui nous exploserait presque à la figure. La mélodie est ultra catchy et les pads enrobent le tout tel un nappage sur un gâteau. La saw wave du Moog est ici sur un piédestal.

Eros

N’y allons pas par 4 chemins : la petite balade qu’offre « Eros » est la même que celle de « Make Love » de Daft Punk (encore eux !!). La même boucle sur 4:07 qui, de par sa répétition, vous embarque dans une petite balade dans un cratère lunaire, silencieux, inhabité …

Nothing Scares Me Anymore (feat. Sam Martin)

Anciennement connu comme étant « Feel Like Heaven », le vocal ici est plus pop, avec un drop très axé sur les pads et les chords, toujours soutenu par la basse.

Conclusion

Cet album s’est fait attendre de pied ferme, et franchement, il ne déçoit pas car, en dépit de ses défauts (et il y en a !), la cohérence, la recherche sonore, le voyage au travers de ces 21 titres vaut clairement le détour de par la rareté d’une telle expérience dans la musique électronique. Donc, Steve, continue comme ça mais innove d’avantage tout en gardant cette cohérence dans ton univers.

Beatport

Scorch X Electron